Séjour dans le désert. Le mont Sinaï. — Les Commandements de Dieu

Auteur : Par un groupe de pères et de mères de familles | Ouvrage : Histoire Sainte illustrée .

Temps de lec­ture : 12 minutes

XIII

— Yamil cou­ri avec petite damiselle.

Nicole, hési­tante :

— Maman l’a défendu.

— Li maman sor­tie ; li sau­ra pas.

Et Yamil esquisse le plus ten­tant des entrechats.

Nicole, de plus en plus hésitante :

— Je serai grondée.

— Yamil pas dire, petite dami­selle non plus.

Là-des­sus le petit Bédouin se met à dan­ser autour de Nicole, avec une sou­plesse digne du meilleur numé­ro d’un cirque.

Nicole n’y tient plus et la pour­suite commence.

Mais Yamil ne se contente plus de cou­rir, il fait à l’a­dresse de Nicole des gri­maces qui l’exas­pèrent et, par des sauts invrai­sem­blables, lui échappe indé­fi­ni­ment. Bien­tôt com­plè­te­ment dépas­sée, Nicole hurle, et sa colère est déchaînée.

Colette, de son lit, voit pas­ser les deux enfants et devine à leur allure éche­ve­lée qu’ils sont capables de toutes les sot­tises. Elle essaye de domi­ner le vacarme et crie fermement :

— Nicole,… viens ici !

Mais Nicole n’en­tend rien ou ne veut rien entendre. Elle ren­verse les chaises qui sont devant la porte du ves­ti­bule, agrippe un bout de la robe de Yamil au moment où il passe devant elle, s’arc-boute pour l’ar­rê­ter. Yamil tire de toutes ses forces en sens inverse et la robe se déchire brus­que­ment. Au moment où elle craque, les deux petits perdent l’é­qui­libre. Nicole tombe sur le dos, par-des­sus le tas de chaises sens des­sus des­sous, et Yamil va don­ner contre la fenêtre du ves­ti­bule avec une si belle vio­lence, qu’il brise un car­reau et se coupe profondément.

Devant le désastre et le sang qui com­mence à cou­ler sérieu­se­ment sur la nuque de Yamil, les deux enfants sont dégrisés.

On devine la suite. Yamil, en sen­tant pas­ser l’iode sur la plaie, regrette pas­sa­ble­ment son esca­pade, sans par­ler du compte qu’il fau­dra rendre au retour du maître de mai­son et de ce qui s’ensuivra.

Nicole, qui expie en péni­tence sa course folle, réflé­chit mélan­co­li­que­ment aux suites de la colère et de la désobéissance.

De toute la jour­née, elle n’au­ra pas la per­mis­sion de jouer, ni dans le jar­din ni ailleurs. Elle a déjà copié son verbe et appris ses leçons. Que faire main­te­nant ? Tri­co­ter jus­qu’à ce soir ? Ce sera long. Tiens, mais, si on allait chez tante Colette se faire racon­ter quelque chose de nouveau !

La bible - École du dimanche
Nicole agrippe un bout de la robe de Yamil.

— Toc… toc…

— Entrez. Ah ! c’est toi, Nicole. Es-tu enfin calmée ?

Nicole a bien envie de prou­ver que Yamil a eu tous les torts ; mais tate n’aime pas qu’on s’ex­cuse, et puis elle a tout vu,… alors ? Eh bien, alors, Nicole baisse le nez et ne répond pas.

— C’est du joli, reprend Colette avec un ton sévère qu’on ne lui connaît pas d’ha­bi­tude. Tu croyais déso­béir sans être vue ! Regarde dans quel état sont les chaises du jar­din. Penses-tu qu’elles se soient cas­sées toutes seules ?…

De fait, la pauvre Maria­nick est en train d’es­sayer de les remettre debout, mais deux pieds manquent à l’ap­pel et Nicole com­mence à com­prendre que sa sot­tise a des consé­quences qu’elle ne soup­çon­nait pas.

Tate conti­nue du même ton :

— Va me cher­cher Bru­no. C’est tout à fait le moment de conti­nuer l’his­toire de Moïse, vous com­pren­drez pourquoi.

Nicole n’est qu’à moi­tié ras­su­rée. Il se pour­rait bien que l’his­toire fût un sermon.

Dix minutes plus tard, tou­jours sérieuse, Colette com­mence sans autre préambule :

— Nous avons lais­sé les Hébreux dans le désert. Là, ima­gi­nez l’in­quié­tude de Moïse, à la pen­sée de nour­rir tout un peuple dans un pays sans res­sources. Mais Moïse avait la Foi. Il était sûr que le Bon Dieu, qui avait déjà fait pour sau­ver son peuple des choses aus­si mer­veilleuses, ne l’a­ban­don­ne­rait pas.

Les Hébreux, bien loin d’i­mi­ter leur chef, mur­mu­raient, décla­rant qu’ils allaient mou­rir de faim et de soif, et deman­dant à retour­ner en Égypte.

— Mer­ci ! grogne Bru­no. Retour­ner pour être esclaves là-bas…

— Tu penses bien que Moïse leur a sévè­re­ment repro­ché leur manque de confiance, et puis il a prié. Aus­si­tôt un grand vol de cailles s’est abat­tu sur le désert, mais ce ne fut pas tout ; les nuits sui­vantes, le sol se cou­vrait d’une sub­stance blanche incon­nue. C’é­tait une nour­ri­ture extra­or­di­naire ; elle tom­ba chaque nuit pen­dant qua­rante ans, excep­té la nuit du sab­bat, qui cor­res­pon­dait à notre dimanche.

Bru­no, curieusement :

— Com­ment çà s’ap­pe­lait, cette affaire-là ? Ç’avait‑y bon goût ?

— Oui, la manne était bonne. Elle répon­dait aux besoins et aux goûts divers de tous ceux qui la man­geaient. Et puis, cette fois encore, elle repré­sen­tait d’a­vance quelque chose. Savez-vous quoi ? Non… Eh bien ! je vais vous le dire :

Elle repré­sen­tait l’Eu­cha­ris­tie, ce Pain du Ciel, que nous pou­vons rece­voir tous les jours dans la sainte communion.

Bru­no, logique :

— Oui, tate. Je com­prends bien, c’est beau, mais tu ne dis pas s’ils ont eu de l’eau, les Hébreux, dans le désert ? Parce que tu sais, man­ger sans boire, ça étouffe !

— Est-ce que le Bon Dieu fait les choses à moi­tié, voyons ?

Le mont Sinaï raconté aux enfants
Les cara­vanes passent ain­si actuel­le­ment au pied du mont Sinaï.

Il ordon­na à Moïse de frap­per le rocher de son bâton. Une source en jaillit qui ne tarit plus.

Au bout de trois mois, les Hébreux cam­pèrent au pied du mont Sinaï. Et c’est là, mes petits, que je veux vous arrê­ter un peu lon­gue­ment, avec moi, ce soir.

— Pour­quoi ? dit Nicole, dont l’in­quié­tude se réveille. D’a­bord où c’est le mont Sinaï ?

— Il domine un grand pla­teau, au sud du désert, pas très loin de la mer Rouge.

L’un des plus grands évé­ne­ments du monde eut lieu sur cette mon­tagne. Un jour le Bon Dieu appelle Moïse et lui dit :

— Tu par­le­ras aux enfants d’Is­raël et tu diras : « Vous avez vu ce que j’ai fait pour vous en Égypte et com­ment je vous ai (comme) por­tés sur des ailes d’aigle et ame­nés vers moi. Main­te­nant, si vous écou­tez ma voix et si vous gar­dez mon alliance, vous serez mon peuple par­ti­cu­lier par­mi tous les peuples. »

— Tu sai­sis ce que cela vou­lait dire, Nicole ?

— Oui, tate, je pense bien que le Bon Dieu rap­pe­lait tout ce qu’il avait fait pour sau­ver les Hébreux, et Il disait encore la pro­messe faite bien d’autres fois.

— C’est cela. Ensuite, Dieu ordon­na au peuple de se puri­fier, de se tenir à une dis­tance res­pec­tueuse du mont Sinaï, avec défense abso­lue d’en appro­cher davan­tage, sous peine de mort, puis il appe­la Moïse sur la montagne.

Alors, le mont Sinaï appa­rut envi­ron­né de feu, la mon­tagne trem­blait sur sa base, on enten­dait le ton­nerre, et des éclairs pas­saient, rayant le ciel de lueurs ter­ribles. Au milieu de ce bou­le­ver­se­ment, le son d’une trompe se fai­sait entendre de plus en plus fort. Et c’est alors que Dieu par­la à Moïse sur le som­met du mont et devi­nez ce qu’Il lui dit ?

Les deux petits regardent Colette inten­sé­ment. Qu’est-ce que le Bon Dieu a bien pu dire à Moïse ? Ils ne savent pas.

Colette sou­rit :

— Avez-vous appris les com­man­de­ments de Dieu ?

— Bien sûr.

— Alors récitez-les.

Nicole et Bru­no s’exé­cutent, mais tous les deux se demandent ce que viennent faire les com­man­de­ments dans l’his­toire de Moïse.

Ils sont stu­pé­fiés lorsque Colette ajoute :

— Eh bien, voi­là ce que le Bon Dieu a dit à Moïse sur le mont Sinaï.

— Voi­là quoi ? Les commandements ?

— Mais oui, petits igno­rants. À son peuple choi­si, char­gé d’of­frir au monde l’exemple de la vraie Foi, Dieu don­nait sa loi, et cette loi était conte­nue dans les dix com­man­de­ments. Elle devait ser­vir aux hommes jus­qu’à la fin du monde.

Aujourd’­hui comme alors, chaque fois que nous com­met­tons un péché, c’est parce que nous déso­béis­sons à cette loi de Dieu.

Pas plus tard que ce matin, Nicole, tu y as déso­béi avec Yamil, je ne dis pas gra­ve­ment, mais sérieusement.

Le qua­trième com­man­de­ment dit de res­pec­ter ses parents et de leur obéir. Or maman t’a cent fois défen­du, et for­mel­le­ment, de cou­rir et de jouer avec Yamil.

Tu vois donc que nos fautes, même celles des enfants, sont un peu ou beau­coup, selon les cas, une déso­béis­sance aux com­man­de­ments de Dieu.

Bru­no a un petit sou­rire modeste et triom­phant qui n’é­chappe pas à Colette.

— Il est encore défen­du de se réjouir du mal­heur des autres… À quoi penses-tu, Bruno ?

Bru­no devient cra­moi­si… Sans rien ajou­ter, tate continue :

— Évi­dem­ment, quand Moïse por­ta au peuple hébreu la loi de Dieu, c’é­tait sur­tout pour empê­cher les grands péchés que com­met­taient les hommes, per­pé­tuel­le­ment ten­tés d’i­mi­ter les peuples voi­sins, qui étaient tout à fait igno­rants des choses saintes et habi­tués à tous les crimes.

En réflé­chis­sant un peu, même si petits que vous soyez, vous ver­rez que les com­man­de­ments de Dieu ne font que rap­pe­ler à l’homme ses devoirs. Il a, dans son âme, quelque chose qui les lui fait connaître et qu’on appelle la conscience. Par exemple, il est clair que l’homme, créé par Dieu, doit ado­rer et aimer son Créa­teur et le pre­mier com­man­de­ment le lui rappelle.

Il est non moins clair qu’on doit res­pec­ter son Nom : deuxième com­man­de­ment ; et lui rendre les hom­mages qui lui sont dus : troi­sième commandement.

Tout enfant aime et res­pecte natu­rel­le­ment ses parents : qua­trième commandement.

Per­sonne n’a le droit de tuer son pro­chain : cin­quième commandement.

Men­tir est défen­du : hui­tième com­man­de­ment. Tout le monde sait que le men­songe est très laid et, quand on a men­ti, on a honte.

— Alors, pour­quoi le Bon Dieu a‑t-il fait tout ce grand tapage pour apprendre à Moïse ce qu’on savait d’avance ?

— C’est qu’il y avait long­temps que cette loi natu­relle, gra­vée dans les âmes par le Bon Dieu, était comme effa­cée parce qu’on ne la sui­vait pas, et même on fai­sait le plus sou­vent tout le contraire. En la rap­pe­lant aux hommes dans les ton­nerres du Sinaï, Dieu vou­lait l’en­tou­rer de crainte, obli­ger les hommes à s’en sou­ve­nir avec frayeur, pour qu’ils y obéissent enfin.

Il y avait bien besoin de cette crainte et même elle ne suf­fi­sait pas. La preuve, c’est ce qui va se passer.

Bru­no, inquiet :

— Quoi encore ?

— Moïse remonte sur la mon­tagne. Là, Dieu lui donne pen­dant qua­rante jours des ordres complémentaires.

Nicole, un peu agacée :

— Des ordres com-plé-men-taires ?

— Qu’y a‑t-il de si extra­or­di­naire, mon petit Nicou ? Com­plé­men­taires, qui com­plètent les autres ordres, qui les expliquent, c’est tout. Et Moïse res­ta sur la mon­tagne qua­rante jours. Or vous ne devi­ne­riez jamais ce que les Hébreux ont fait pen­dant ce temps-là.

Nicole pense tout haut :

— Ils ont prié, peut-être ?

— Prié ! Ah bien oui ! Ils ont fait un veau d’or sem­blable à ceux qu’ils avaient vus chez les païens d’É­gypte, et ils se sont mis à l’a­do­rer et à dan­ser autour !

Ensemble, les deux petits protestent :

— Ado­rer un veau en or ?

— Ils l’ont vrai­ment ado­ré ? ils étaient donc fous ?

— Ima­gi­nez la déso­la­tion de Moïse.

Il redes­cen­dait de la mon­tagne, encore tout entou­ré de la lumière dans laquelle il avait eu la grâce de par­ler avec Dieu. Il tenait dans ses bras les tables de pierre, ces tables gra­vées par Dieu Lui-même et qui por­taient les dix com­man­de­ments. Et voi­là qu’au moment où il va les remettre à son peuple, il le trouve dan­sant autour du veau d’or.

« La colère de Moïse s’en­flam­ma, » il jeta les tables au pied de la mon­tagne et les bri­sa, puis il s’empara du veau d’or, le brû­la jus­qu’à le réduire en poudre ; enfin, réunis­sant des Hébreux fidèles, il leur ordon­na de châ­tier les coupables.

Trois mille d’entre eux sont tués ce jour-là.

Bru­no est très excité :

— C’est bien fait ! Dis, tate, je com­prends que Moïse était très fâché et le Bon Dieu encore plus, mais, tout de même, les tables étaient cas­sées, on ne pou­vait pas les raccommoder ?

— Eh ! non. Il a fal­lu que Moïse, sur l’ordre de Dieu, taillât deux autres tables dans la pierre, puis il mon­ta de nou­veau sur la mon­tagne, sup­pliant Dieu de par­don­ner à son peuple, et Dieu lui accor­da le par­don et gra­va de nou­veau sur les tables ses dix commandements.

Voi­là, mes petits. Demain, si vous êtes sages, je vous pro­mets la fin.

Nicole, dont les yeux rient :

— La fin de toute l’His­toire Sainte ?

— Non, far­ceuse, la fin de la vie de Moïse.

Moïse, encore enveloppé de lumière, descendait, portant les tables de la Loi.
Moïse, encore enve­lop­pé de lumière, des­cen­dait, por­tant les tables de la Loi.

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