La discussion avait l’air sérieuse entre Pierre et Solange, ce soir-là. Que complotaient-ils donc en rentrant de l’école ?
« Demain, c’est la « Sainte Catherine », disait Solange. Suzy m’a montré le bonnet qu’elle a fait pour Jeanne. Il est très beau. C’est une casserole en soie rose, avec des ciseaux fendus aux extrémités de la queue et un mètre de ruban pour nouer sous le menton.
— Crois-tu que Jeanne sera contente de la fête de demain ? Depuis quelque temps elle est si triste. Je me demande pourquoi ?
— Eh bien ! moi, je crois avoir compris. Te souviens-tu du jour où Madame Dubuis est venue à la maison ?
— Il y a un mois. Oui, eh bien ?
— Quand je suis rentrée à l’école, Jeanne avait les yeux rouges. Elle venait de pleurer. Depuis ce jour-là, elle est triste.
— Comment Madame Dubuis, si bonne, a‑t-elle pu lui faire de la peine ?
— Je vais te dire quelque chose ; mais tu ne le répéteras pas. Tu le promets ?
— Comme si les garçons étaient des bavards ! Enfin, puisque tu le veux, je promets. »
Solange s’approcha plus près, comme si elle craignait d’être entendue.
« Tu connais Georges ?
— Le fils de Madame Dubuis ? Bien sûr, il n’y en a pas deux comme lui pour fabriquer des sifflets de châtaignier.
— Eh bien ! je crois que Madame Dubuis venait chez nous pour demander à Jeanne si elle voulait être la femme de Georges.
— Oh ! ce serait chic ! Et tu crois que Jeanne a dit non ?