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| Ouvrage : Et maintenant une histoire II .

Temps de lec­ture : 5 minutes

La dis­cus­sion avait l’air sérieuse entre Pierre et Solange, ce soir-là. Que com­plo­taient-ils donc en ren­trant de l’école ?

Chapeau de la sainte Catherine, Catherinette« Demain, c’est la «  », disait Solange. Suzy m’a mon­tré le qu’elle a fait pour Jeanne. Il est très beau. C’est une cas­se­role en soie rose, avec des ciseaux fen­dus aux extré­mi­tés de la queue et un mètre de ruban pour nouer sous le menton.

— Crois-tu que Jeanne sera contente de la fête de demain ? Depuis quelque temps elle est si triste. Je me demande pourquoi ?

— Eh bien ! moi, je crois avoir com­pris. Te sou­viens-tu du jour où Madame Dubuis est venue à la maison ?

— Il y a un mois. Oui, eh bien ?

— Quand je suis ren­trée à l’é­cole, Jeanne avait les yeux rouges. Elle venait de pleu­rer. Depuis ce jour-là, elle est triste.

— Com­ment Madame Dubuis, si bonne, a‑t-elle pu lui faire de la peine ?

— Je vais te dire quelque chose ; mais tu ne le répé­te­ras pas. Tu le promets ?

— Comme si les gar­çons étaient des bavards ! Enfin, puisque tu le veux, je promets. »

Solange s’ap­pro­cha plus près, comme si elle crai­gnait d’être entendue.

« Tu connais Georges ?

— Le fils de Madame Dubuis ? Bien sûr, il n’y en a pas deux comme lui pour fabri­quer des sif­flets de châtaignier.

— Eh bien ! je crois que Madame Dubuis venait chez nous pour deman­der à Jeanne si elle vou­lait être la femme de Georges.

— Oh ! ce serait chic ! Et tu crois que Jeanne a dit non ?

Auteur : Lauriot-Prévost, Suzanne | Ouvrage : Et maintenant une histoire II .

Temps de lec­ture : 7 minutes

Sainte Catherine

La à Jager­nault, le , avait tou­jours, de mémoire d’homme, été bel­le­ment fêtée. Toutes les demoi­selles du pays qui avaient eu leurs vingt-cinq ans dans l’an­née étaient seules admises à venir coif­fer et fleu­rir la sainte.

Elles étaient sept, cette année-là, sept belles jeunes filles qui sem­blaient aus­si déci­dées qu’elles étaient fraîches et accortes : c’é­taient Lise et Made­leine, Ber­nine et Javotte, la grande Lino­lette, et Pacaude et Ginette.

Histoire pour la catéchèse des adolescents - Chapeau de la Sainte Catherine
Sta­tuette en bois sculp­té et poly­chrome, époque XVIII° : Ste Cathe­rine d’.

Made­moi­selle Emé­ren­tienne, La gou­ver­nante de Mon­sieur le Curé de Jager­nault, les avait réunies ce dimanche-là après les vêpres, pour s’as­su­rer de leur concours et les exhor­ter à faire bien les choses. Mais, à son grand scan­dale, elle se heur­ta à un refus.

« Or, ça, dit Lise d’un ton net, je n’en ferai rien cette année.

– Moi de même », dit Madeleine.

« Ne comp­tez pas sur nous non plus », s’é­crièrent à la fois Ber­nine et Javotte.

« Il me sera impos­sible de venir », dit Linolette.

Et Pacaude et Ginette par­lèrent de même.

« Qu’est-ce que cela signi­fie ? Per­dez-vous la tête ? » s’é­cria Made­moi­selle Emé­ren­tienne, confondue.

Les sept filles bais­sèrent le nez en pre­nant un air buté.

« C’est peut-être la crainte de res­ter filles qui vous fait hési­ter ? » deman­da Made­moi­selle Emérentienne.

« Que non, dirent les filles, nous savons bien que, coif­fant ou non sainte Cathe­rine, nous sommes assez ave­nantes et jolies pour