Étiquette : <span>28 avril</span>

| Ouvrage : Le Courrier des Croisés .

Temps de lec­ture : 9 minutes

- Oh ! Bon­jour, chère amie ! Comme je suis contente de vous ren­con­trer ! Com­ment allez-vous ?

- Beau­coup mieux que les jours pré­cé­dents ! Le doc­teur de Révot m’a don­né un remède for­mi­dable. Mes maux de tête ont dis­pa­ru, comme par enchan­te­ment ! Me voi­là en pleine forme !

- Quelle mer­veilleuse nou­velle ! J’ai bien regret­té votre absence, l’autre jour, au dîner orga­ni­sé par la famille Pagé.

La vie des saints racontée au catéchisme - Saint Louis de Monfort- Com­ment donc c’est pas­sé cette fameuse soirée ?

- Ma foi, je n’ai pas fort appré­cié la fête. Figu­rez-vous que made­moi­selle Pagé et plu­sieurs de ses amis en sont venus à par­ler du brave Mon­sieur de Mont­fort. Sans aucune cha­ri­té, ils se sont mis à le cri­ti­quer, à le ridiculiser…

- Com­ment ? Ils se sont moqué d’un prêtre si dévot ? Mais pour quel motif ?

- Oh ! Ce n’est pas com­pli­qué ! Vous savez comme moi, le bien que fait ce saint prêtre dans toute la région. Il secoue tel­le­ment les âmes que beau­coup se conver­tissent et changent de vie. Il n’a pas peur de dire les choses.

Der­niè­re­ment, il a même osé cri­ti­quer la toi­lette d’une jeune demoi­selle en plein ser­mon. La mère de celle-ci était tel­le­ment furieuse que lorsque le bon père est sor­ti de l’église, la dame, en furie, s’est jeté sur lui et lui a don­né plu­sieurs coups de canne. Le bon Mon­sieur de Mont­fort n’a même pas essayé de se défendre, il a sim­ple­ment atten­du que la tem­pête se calme. Puis il a dit, avec beau­coup de dou­ceur : « Madame, j’ai fait mon devoir ; il fal­lait que votre fille fasse le sien ! ». Je pense que les solides leçons de ce saint homme dérange la men­ta­li­té de made­moi­selle Pagé et de ses amis !

- C’est évident ! Pour­tant tout ce que l’on raconte sur Mon­sieur de Mont­fort devrait les faire réflé­chir ! Pour moi, mon opi­nion est faite, c’est un saint ! Il suf­fit de suivre une de ses mis­sions pour en être convain­cue ! Vous sou­ve­nez-vous de celle qu’il a prê­ché dans l’église des domi­ni­cains l’an dernier ?

évangélisation des enfants : Saint Louis-Marie Grignon de Monfort et le Saint-Sacrement- Oh oui ! Pour rien au monde je ne l’aurai man­qué ! L’église était bon­dée, nous étions bien trois mille femmes à l’écouter… Je ne peux oublier la façon dont il nous par­la du rosaire ! Et son amour pour Notre-Dame…

- Vous a‑t-on racon­té dans quelle cir­cons­tance le bon père Gri­gnion de Mont­fort a pu prê­cher une mis­sion sur l’île d’Yeu, dernièrement ?

- Non ! Racon­tez moi…

-Eh bien, voi­ci ce qu’un ami de mon frère, marin de Saint-Gilles, nous a racon­té… Écou­tez-moi, c’est assez édifiant…

Mon­sieur de Mont­fort avait déci­dé de par­tir évan­gé­li­ser l’île d’Yeu. La chose était périlleuse car des cor­saires anglais, en ce début d’année 1712, infes­taient les parages. Arri­vé aux Sables‑d’Olonne, le mis­sion­naire cher­cha un patron de cha­loupe prêt à le mener sur l’île. Per­sonne ne vou­lut l’y conduire. Mais cela ne le décou­ra­gea nul­le­ment. Il prit le che­min d’un autre port bre­ton : Saint-Gilles. Là aus­si, les mate­lots refu­sèrent de le pas­ser. Le prêtre ne se tint pas pour vain­cu. Avant repar­tir vers La Rochelle, il pria avec grande fer­veur le rosaire, puis fit une der­nière ten­ta­tive. Il retour­na voir le patron de la plus grande cha­loupe du port, lui pro­mit, au nom du Ciel, que le voyage se pas­se­rait sans pro­blème puis le sup­plia tel­le­ment que le brave capi­taine finit pas accepter.