En ce temps-là, la France s’appelait la Gaule, et la Gaule était couverte de forêts.
Et il y avait, au plus profond de la grande forêt, un bûcheron qui vivait tout seul dans une hutte. Il s’appelait Carnutorix.
Il aimait les grands arbres de la forêt. Il les connaissait, et donnait des noms aux plus beaux. Lorsqu’il en abattait un, cela lui faisait beaucoup de peine. Et pourtant, il fallait bien puisque c’était son métier…
Près de sa hutte, se trouvait un vieux chêne tout tordu, au tronc énorme.
Il y avait des touffes de gui dans les branches. C’est rare, le gui du chêne. Tous les ans, les druides venaient le couper avec une faucille d’or, et ils offraient des sacrifices au génie du tonnerre. Carnutorix avait un peu peur des druides au mystérieux pouvoir : quand il les voyait venir, il se cachait. C’était une sorte de sauvage.
Carnutorix avait une sorte de couteau tranchant qu’un guerrier avait perdu en traversant la forêt. Il fallait aiguiser souvent ce couteau sur un bloc de grès.
Un jour, sans savoir trop ce qu’il faisait, le bûcheron eut une idée bizarre : dans un morceau de chêne bien dur, il se mit à tailler un personnage : une femme. Une femme portant un petit enfant dans ses bras. La statue était fort grossière. Carnutorix n’était pas un grand artiste, mais cette femme lui faisait penser à sa mère qui était morte quand il était tout petit.
Carnutorix eut une idée plus bizarre encore : il installa la statue dans le creux du chêne sacré. De temps en temps, il la regardait avec amour.
Un jour, le bûcheron entendit la voix d’un enfant qui l’appelait. Il n’aimait pas être dérangé dans sa solitude. Il grogna :
« Qui donc est venu se perdre par ici ? » Et en même temps, il se sentit envahi par une grande douceur et il trembla.
Il cherchait partout, et ne voyait personne. Mais voici que, levant les yeux, il aperçut la statue dans le creux du vieux chêne, et il lui sembla que celle-ci s’animait. Elle devenait très grande, et la femme était très belle et souriait ; elle présentait son enfant au bûcheron, et son enfant agitait ses petits bras.
Et l’enfant parla :
« Je vais