Des histoires pour le Carême
Ayant pour thèmes : Carême, Sacrifice
La croisade de René Gaillou
Ce jour-là il n’y avait pas d’école, pour cette bonne raison que c’était le jeudi et, qui plus est, le Jeudi-Saint. Il faisait un joli temps et ne croyez pas que ce soit pour allonger mon histoire que je me mets à vous parler de la pluie et du beau temps. Pas du tout. Il y a des cas où l’on peut dire : le temps n’est pour rien dans l’affaire, mais, ici, le temps y est pour beaucoup. Car, et vous le comprenez, si le temps avait été mauvais il y a bien des chances que je n’aurais pas promené mes rhumatismes par les chemins, au risque de rentrer trempé, guené, comme on dit chez nous, sans un fil de sec sur le dos. Si le temps n’avait pas été joli, René Gaillou non plus ne serait pas sorti, ses parents ne l’auraient pas laissé, pour promener ses cochons… Allons bon, voilà le gros mot lâché ! Il m’en coûtait de l’écrire. Il …
lire la suite…Il est allé jusque là
On ne sait pas très bien comment ça a commencé, mais actuellement ça y est. Pourtant, elle marchait bien, l’équipe Saint-Jacques. Ses membres avaient du cran ; je ne sais pas si tu fais six kilomètres à pied pour aller à ta réunion d’équipe ; en tout cas, eux les faisaient. D’ailleurs, quand on connaît Paul, le chef, ça se comprend : un petit gars de 12 ans, avec un sourire qui lui fait le tour de la figure, des mollets bien plantés qui ne savent que courir, des yeux qui voient tout ; et quand il commande, eh bien ! il ne bégaie pas. Comme ce n’est jamais à lui qu’il pense, ses équipiers l’aiment bien. Et puis, ce qu’on peut avoir du plaisir avec lui ! À chaque réunion, c’est un nouveau jeu ; et toujours de bonnes idées pour le coin, pour la route, pour faire lire le journal, pour… on n’en finirait pas de le dire ; c’est à se demander où il les cherche. Donc, l’équipe …
lire la suite…Le secret de Jean
Depuis quelque temps déjà, M. le Vicaire trouvait que Jean avait changé ; il semblait que quelque chose n’allait pas. Lui, si gai autrefois, presque trop, il devenait morose, triste. Un jour, que M. le Vicaire expliquait le malheur qu’il y a à commettre le péché mortel, qui nous conduit en enfer pour toujours, Jean s’était mis à pleurer à chaudes larmes. Il avait essayé de se cacher derrière un camarade, mais les yeux de M. le Vicaire l’eurent bientôt découvert. « Qu’est-ce qui peut bien lui faire tant de peine ? » se demanda M. l’Abbé. Après la leçon, les enfants se disputaient l’honneur de porter la serviette du prêtre. Ce jour là, Jean lui rendit ce service et l’accompagna jusqu’à la maison. Arrivé à la cure, Jean ne fut pas étonné d’entendre M. le Vicaire l’inviter à entrer chez lui ; c’était l’habitude. « Eh bien, mon petit Jean, assieds-toi un instant, dit M. le Vicaire en avançant une chaise. Et maintenant, dis-moi ce qui te fait …
lire la suite…Le fou de Notre-Dame : Le Père Kolbe, martyr de la charité
C’était au camp de concentration d’Oswiecim, en Pologne, durant l’occupation allemande. Parmi les prisonniers de ce « Camp de la mort » se trouvait le Père Maximilien Kolbe, franciscain, bien connu pour son merveilleux apostolat par la presse. Son ardent amour envers la Vierge Immaculée l’avait fait surnommer le fou de Notre-Dame. Le 17 février 1941 une auto noire avait stoppé devant la porte de son couvent. Des membres de la fameuse Gestapo en étaient descendus et avaient demandé à voir le Père. « Loué soit Jésus-Christ », leur avait-il dit sans se troubler. « C’est toi Maximilien Kolbe ? » glapit l’un des bourreaux. « Oui, c’est moi. » « Alors, suis-nous ! » Et le bon Père n’était plus revenu. Emmené tout d’abord à la prison de Varsovie où il avait été battu jusqu’au sang par le Schaarführer, furieux de le voir revêtu de son habit franciscain, il fut transféré à Oswiecim le 12 mai suivant. Il devait y rester trois mois, presque jour pour jour. Vers la fin de juillet 1941, un des compagnons de captivité du …
lire la suite…Les nattes couleur de lune
Renée s’engouffre dans le couloir sordide, et d’un solide coup de talon claque la porte au nez de toute cette joie de la rue pleine de gens pressés, riant de porter du bonheur en paquets roses et bleus, qu’ils accrocheront tout à l’heure à un sapin fleuri de lumière et d’argent. Car toute l’allégresse de Noël est dans la rue, dans les vitrines, sur les visages et dans les cœurs ; on la devine derrière chaque fenêtre blanchie ; on l’aperçoit par chaque porte qui s’entrouvre sur des pavés rutilants ou des brassées de houx et de gui, on la lit dans les yeux des parents qui se faufilent mystérieusement au sous-sol avec des paquets plein les bras ; elle éclate dans la démarche même des enfants qui semblent courir au-devant de la jubilation… Elle est partout, oui, partout, excepté dans son cœur à elle et dans cette pièce toute grise où elle va retrouver une pauvre femme – sa mère – qui tousse …
lire la suite…Pierre, soldat de chez nous
Charité envers Dieu Toute la journée le canon avait tonné sans arrêt, les mitrailleuses n’avaient cessé de crépiter et les balles de siffler. Il flottait dans l’air une âcre odeur de poudre. Le sang avait coulé, hélas ! Et le soir tombait sur le champ de bataille comme un immense apaisement. Profitant de la trêve, des brancardiers passaient, ramassant les blessés d’abord, les morts ensuite. Malgré leurs mouvements précautionneux, ils arrachaient des gémissements de douleur aux grands blessés qui gisaient sur le sol, fauchés par la tourmente. La nuit devenant dense, ils ne virent point un jeune soldat qui restait étendu à la face de Dieu, comme disait Péguy, au milieu d’un champ de blé à demi ravagé par la bataille. Au milieu des épis blonds couchés sur le sol, il était étendu, sans connaissance, un mince filet de sang coulant autour de sa tête douloureuse, de sa tête énergique de paysan. Dans le ciel, les étoiles s’allumaient les unes après les autres, semblant veiller ce terrien de vingt …
lire la suite…Pour trente billets
« C’est bien, dit l’officier, en considérant avec un étrange sourire le garçon debout devant lui ; nous allons voir… » Il se frotte les mains et, se penchant vers son secrétaire, lui parle bas. Guy Mercier réprime un soupir de soulagement. Eh bien ! grâce à Dieu, il ne s’en est pas trop mal tiré ; il a su éviter les embûches de l’interrogatoire, racontant, avec le plus de naturel possible, la petite histoire toute préparée qui doit lui servir d’alibi… Bien que soigneusement faite, la fouille n’a rien donné, et pourtant… Du bout de l’index, discrètement, Guy vérifie la présence du dangereux papier. C’est une vraie chance ! Si les Allemands avaient trouvé la cachette, l’affaire était claire… Tout de même, plus le garçon y songe, plus son arrestation lui semble bizarre… Il a été « cueilli » juste au premier tournant, comme si on l’attendait… Bah ! qu’importe, puisque l’aventure ne tourne pas trop mal ! « Mais enfin, songe le garçon, qu’attendent-ils pour me relâcher puisqu’il n’y a pas de preuves ?… » L’officier ne semble …
lire la suite…4. Caïn et Abel
Adam et Ève eurent beaucoup de fils et de filles. Les deux premiers furent Caïn et Abel. Le premier cultivait la terre et offrait à Dieu les fruits du sol, Abel élevait des moutons et sacrifiait au Seigneur les plus gras et les plus beaux. Dieu bénissait Abel et non pas Caïn qui, jaloux de son frère Abel, le tua
lire la suite…L’Émir et le Chevalier
Attention, les gars, je résume le jeu : conduits par l’Émir Noir, les Sarrasins ont enlevé un jeune chevalier du camp des Croisés et l’ont emprisonné dans un lieu inconnu. Le jeu débute au moment où ces derniers partent à la recherche de leur compatriote. Donc, vous autres, du camp des Croisés, désignez l’un d’entre vous qui jouera le rôle du chevalier et se mettra entre les mains des Sarrasins qui l’emmèneront et le cacheront le mieux possible. « On l’attache, chef ? – Qu’en pensez-vous ? – Oui, oui, comme cela il pourra essayer de se libérer, ce sera mieux ! – Alors, selon les conditions habituelles : empêcher le prisonnier de se sauver sans le brutaliser… d’accord ? – D’accord… – Vous avez dix minutes avant le coup de trompe pour préparer vos camps… Filez ! » Poussant des hurlements de Sioux, les garçons disparaissent dans les taillis. Chef Marc se retourne vers son adjoint : « Bon début, les gars sont accrochés : le jeu marchera bien. Tu ne trouves pas ?… Tu en fais une tête ?… – Hum !… répond l’autre… …
lire la suite…Les boucles d’oreilles de Louise
Charité Je me suis engagé à ne faire connaître ni le nom ni le pays de la petite héroïne de ce récit. Je puis toutefois certifier qu’il est absolument vrai. C’était en septembre 1899. Étant brancardier à l’hôpital des Sept-Douleurs, à Lourdes, je venais de lever de sa voiturette une pauvre enfant de 14 ans paralysée des deux jambes et du bras droit. Elle avait assisté à la procession du Saint-Sacrement et, avec toutes les précautions possibles, je l’avais transportée à nouveau sur son lit. J’allais m’éloigner pour m’occuper d’autres malades lorsque, de sa main encore valide, Louise, c’était le nom de la jeune infirme, me fit signe de m’asseoir près d’elle. — « Pas maintenant, répondis-je ; je n’ai pas le temps ! » L’enfant renouvela son geste : — « Si, asseyez-vous là, je veux ! » La pauvre petite m’avait dit cela d’un ton à la fois si énergique et si suppliant qu’il ne me restait plus qu’à obéir ! C’est ce que je fis… « Voyons, lui dis-je, parlez vite. Je suis très pressé ! — Oui, mais …
lire la suite…Vers la grande ville
Elle avait quatorze ans, elle était brune, très brune avec de longs cheveux ; elle vivait très heureuse chez elle, entre son papa et sa maman, dans une petite ville toute blanche, plantée au bord d’un grand lac transparent sous un ciel très bleu. Cela se passait il y a très, très longtemps, dans un pays d’Orient. Les bourgeons commençaient à éclater un peu partout et, de maison en maison, on s’aidait, on s’activait pour préparer le grand voyage que faisaient chaque année tous les habitants du pays vers la Grande Ville… Depuis deux ans déjà, la petite fille était de la partie. *** Enfin, le départ arrive. Ce matin-là, tous les enfants sont dans la rue : les aînés, leur baluchon sous le bras, courent partout. Les papas remplissent les sacs de provisions, les mamans confient une fois encore les petits, qui sont accrochés à leurs jupes, aux grand-mères et aux grands-pères trop âgés pour faire la route… Toute la journée, on marche sous le soleil. À midi, …
lire la suite…L’accident de la troisième arche
« Dis donc, André, si tu as envie de faire un tour avec nous, il reste une petite place sur la banquette. Tu nous aideras à décharger tout à l’heure. » C’est Raymond, le grand frère de Jacques, qui parle. André réfléchit une minute. Rien ne le retient pour le moment. Ça va rudement être chic cette petite promenade, sur le lourd camion. « Oui, pourquoi pas ? Par où passez-vous ? — Nous allons franchir le pont du Rhône, puis nous rejoindrons, sur la route de Valence, le hangar où nous devons décharger nos poutres. — Ça va ! En avant ! » D’un bond, André saute sur la banquette, à côté du frère de son ami. Ils sont dix maintenant sur le lourd véhicule qui s’ébranle avec un bruit de ferraille. « Inutile de parler ; pas moyen de s’entendre là-dedans. », crie le jeune homme. D’ailleurs, André n’a pas envie de parler. Il lui suffit de regarder, de respirer largement l’air chargé d’enthousiasme de ce matin de printemps. Quand Raymond, du seuil de la scierie, l’avait hélé, …
lire la suite…Le sacrifice d’Abraham
VII Mais, juste à cet instant, le chat de Marianick débouche à nouveau dans le jardin. La vanité de M. Bruno n’y tient pas ; il appelle Nicole et une véritable partie de cache-cache s’engage entre le chaton et ses deux amis. Nicole saute comme un cabri par-dessus les plates-bandes. Bruno se poste gravement aux passages prévus, en vain. Le chat, souple et rapide, passe entre leurs jambes, et ce sont des cris, des rires qui gagnent les aînés. Pierre est entré dans la course et Colette ne peut s’empêcher de prendre part au jeu, en encourageant les petits ; elle rit aux larmes quand Bruno, fauché par le chaton, tombe assis sur un tas de terreau, qui s’effondre avec lui. Alors, spontanée comme toujours, Colette se retourne vers sa mère : — Oh ! les enfants, maman ! Qu’est-ce qu’on ferait dans une maison sans enfants ? — Je n’y mettrais pas souvent les pieds, dit Bernard en allumant une cigarette. Quel tombeau ! — Et moi je n’imagine pas la vie sans eux, ajoute …
lire la suite…11. Sacrifice d’Abraham
Toutes les espérances d’Abraham reposaient sur son fils Isaac, lorsqu’une nuit, pour éprouver sa foi, le Seigneur demanda à l’heureux père, de lui sacrifier son fils chéri. Fidèle jusqu’à l’héroïsme, le vieux patriarche emmena le jeune homme au lieu désigné. Après trois jours de marche, il laissa en arrière les deux serviteurs et l’âne et s’avança seul avec Isaac vers la montagne du sacrifice. Isaac se laissa lier sur le bûcher et offrir au Seigneur. Au moment où Abraham allait frapper son fils, un ange arrêta son bras. Se retournant, il aperçut un bélier embarrassé par ses cornes dans un buisson ; il le prit et l’offrit à la place d” Isaac. — « Puisque vous m’avez obéi, dit le Seigneur, toutes les nations de la terre seront bénies par Celui qui sortira de vous ».
lire la suite…Anne de Guigné.
Oh ! le beau modèle eucharistique ! comme elle a bien su se sanctifier par la Communion, cette enfant bénie ! La COMMUNION était pour cet Ange de pureté un festin de joie. A tous ceux qui la considéraient, elle apparaissait alors transfigurée : « On eût dit, déclare un témoin, un ostensoir vivant qui s’avançait tout rayonnant d’amour. » Ceux qui ont vu cette virginale enfant revenir de la Sainte Table, ne l’oublieront jamais, plusieurs affirment que son visage prenait alors un éclat extraordinaire. Jésus transparaissait en son petit lis éclatant de pureté. Tout cela, c’était la récompense merveilleuse de sa générosité, de sa préparation toujours fervente à la sainte Communion. Quand le moment en approchait, rien ne pouvait la sortir de son recueillement. Un jour, la matinée était splendide et chaque brin d’herbe comme serti de diamants, la lumière s’accrochant à chaque goutte de rosée, Les hirondelles alignées sur les fils du télégraphe gazouillaient, tout était enchantement, et son frère, émerveillé, traduisait son admiration en …
lire la suite…Un combat mouvementé
Jusque-là, Jacques a été un petit gars très heureux. Et puis, brusquement, la maladie, cette sinistre visiteuse, est venue mettre sa vilaine main sur lui. En vain le docteur a ordonné les traitements les plus énergiques. En vain aussi, la maman de Jacques, si courageuse pour cacher son angoisse et sa peine, lui a prodigué les soins si délicats que seule une maman peut inventer. Rien n’y a fait : le petit gars n’a pu retrouver complètement la santé. Alors, il fallu prendre une décision, combien douloureuse pour tous : envoyer Jacques dans un établissement au bord de la mer où l’air du large, en même temps qu’un traitement approprié, lui redonnerait sa vigueur passée. Après une nuit bien pénible, tant il avait de chagrin de quitter les siens, et où cent fois au moins, il a demandé à l’infirmière qui l’accompagnait : « Dites, Madame, on n’est pas bientôt arrivés ? » Jacques a enfin rejoint cette grande maison située à l’extrémité de la côte et que de hauts …
lire la suite…Prières pour le petit malade
VI UNE heure passa ainsi, puis une autre. Jeanne s’appliquait aujourd’hui à faire toute chose avec plus de soin que d’habitude. Ne désirait-elle pas offrir son zèle en sacrifice pour l’inconnu « perdu » ? Apporter son petit tribut aux Saints, c’était la meilleure préparation pour la fête du lendemain. Et il y avait tant à faire dans la maison et au jardin. Au jardin, il fallait bien s’occuper un peu de ses frères. Ils étaient en train de construire dans le sable une grande forteresse. — Qui sera seigneur de la forteresse ? Et Jeanne, qui sera-t-elle ? Penchés tous trois au-dessus de leur château fort minuscule, ils avaient l’air de géants. Jeanne prit le rôle de la bergère. — Quel est le Dauphin ? François ou Bernard ? Ce n’était pas une simple bergère. Un morceau de carton remplaça le bouclier. La voilà prête au combat, prête à donner sa vie. Que le Dauphin espère. Elle chassera l’ennemi hors des frontières. — Je me confie à Dieu, dit Jeanne en se dressant devant Bernard. — C’est bien, ma Pâquerette du …
lire la suite…La main desséchée
« Comment, Oscar ! Tu ne manques pas seulement la messe, tu dis encore des mensonges ? … Tu m’as menti quatre fois maintenant, avant d’avouer que tu es allé jouer au football au lieu d’aller à l’église ! » M. le Curé avait l’air fâché. Il ne peut pas souffrir les mensonges. Oscar, le menteur attrapé, se serait volontiers caché derrière un banc ou aurait préféré disparaître complètement. En effet, c’est très désagréable d’être grondé devant toute la classe. « Va à ta place, dit enfin M. te Curé, tu devrais avoir honte ! Mentir, c’est vilain ! et pour un garçon qui se prépare à la première communion c’est doublement vilain ! Écoutez, mes chers enfants, je vais vous raconter une histoire afin que vous sachiez pourquoi un premier communiant ne doit pas tromper, ni tricher, ni mentir. L’histoire est bien vieille ; il y a 1500 ans qu’elle est arrivée. Je l’ai lue quand j’étais enfant, et je ne l’ai jamais oubliée. Pour mieux comprendre cette histoire, il faut …
lire la suite…La crèche de Nina
Elles s’en vont, Ninon, Ninette, Nina, jupette rouge et bonnet pareil, six petits sabots claquant sur la terre gelée. « Vite, vite, les sœurettes, car le jour baisse, dit Ninette, la plus sage. – Vite, vite, répond Ninon, la plus ardente, car un grand travail nous attend. – Vite, vite, murmure Nina, la plus douce, car Mère a dit qu’on ne s’attarde pas. » Et les six petits sabots martèlent en chœur : « Vite, vite, vite, vite, les petites sœurs. » Mais que c’est donc lourd, tout ce qu’elles portent, les sœurettes !… Et encombrant, donc !… Elles en ont plein les poches, et plein le giron, dans les mains, dans les bras et jusque sous le menton… Il y a du gui, de la mousse, du houx, du lierre, de la paille, du foin et du sapin… À peine voit-on, dans toute cette verdure, trois frimousses rondes et rouges comme des pommes d’api, éclairées de blanches quenottes et de petits yeux de souris… « Elle sera belle, notre crèche… – Et grande, donc… avec un …
lire la suite…La chèvre du sacrifice
Bernard a huit ans. C’est un robuste petit campagnard. Il a le teint hâlé, les joues rouges comme les pommes d’api, de grands yeux lumineux. Bien planté, l’air décidé, il se pose là. Comme tout le monde il a ses défauts et ses qualités. Heureusement, son petit cœur généreux sait trouver d’ingénieuses ressources pour réparer les déboires causés par son caractère entier et entêté, comme l’est celui de tout paysan qui se respecte. C’est un heureux petit garçon, Bernard. Il habite avec sa maman et son petit frère Michel une gentille maison au village de Châtel-Saint-Germain. Une maison qui garde toute l’âme du passé, une vraie maison aux murs épais, aux solives apparentes, au toit de tuiles rouges. A côté, il y a l’écurie avec les trois chèvres : la grosse Roussette et sa petite fille Biguette, et Blanchette qui est la propriété de Bernard. Pourtant quelque chose manque au bonheur du petit garçon : depuis quinze mois, son papa est parti aux colonies …
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