Sainte Barbe

| Ouvrage : La revue des saints .

Temps de lec­ture : 18 minutes

Vierge et martyre à Nicomédie (+235)

Fête le 4 décembre.

SAINTE Barbe (Bar­ba­ra, dans les langues orien­tales Var­va­ra) n’ac­com­plit sur terre qu’une bien courte mis­sion, car elle avait à peine seize ans quand, vrai­sem­bla­ble­ment en 235, elle fut mar­ty­ri­sée. Elle n’en jouit pas moins, dans la suite des siècles, d’une immense, d’une mer­veilleuse popu­la­ri­té, et elle est encore l’ob­jet d’une dévo­tion universelle.

Origine illustre de sainte Barbe.

En dépit de cer­taines com­pé­ti­tions, il paraît dif­fi­cile de ne pas admettre que sainte Barbe naquit, vécut, et fut mise à mort à Nico­mé­die, capi­tale de la Bithy­nie (aujourd’­hui Ismidt, en Tur­quie d’A­sie), bien plu­tôt qu’à Hélio­po­lis d’É­gypte (ou de Syrie) et, sur­tout, qu’en Toscane.

Les docu­ments les plus auto­ri­sés la pro­clament issue d’une tige royale. D’a­près un Mis­sel du Mans et le Bré­viaire de la col­lé­giale de Beaune, elle des­cen­dait, comme Marie et Jésus, de la race de Jes­sé, et, selon une chro­nique des Char­treux de Cologne, sa mère était la fille aînée d’une Romaine, Repé, et de Théo­phile, fils de Mar­cel­lus, fils lui-même d’A­gap, un roi qui, au temps de la ruine de Jéru­sa­lem par Ves­pa­sien et Titus, avait épou­sé Esther, jeune Juive d’une grande beauté.

Quant à son père, Dios­core (en grec, fils de Jupi­ter), c’é­tait un riche satrape, païen très ardent, com­plè­te­ment inféo­dé à l’empereur Maxi­min, le per­sé­cu­teur. Aus­si, doit-on tenir pour fan­tai­siste l’é­pi­sode gra­vé sur une image ancienne de Confré­rie avec cette légende : « Sainte Barbe est donée à une nou­risse chrestienne. »

Les auteurs dépeignent Barbe comme une ado­les­cente aux che­veux blonds, joi­gnant tous les charmes phy­siques à tous les dons de l’esprit.

Barbe devient chrétienne.

Dési­reux qu’elle ne fit pas trop vite son choix par­mi les sei­gneurs qui convoi­taient sa main et vou­lant la sous­traire au pro­sé­ly­tisme des chré­tiens, Dios­core séques­tra sa fille dans un châ­teau fort pour­vu, d’ailleurs, de tout le luxe que com­por­tait sa haute condi­tion. Il y ajou­ta une pis­cine dont il sui­vit la construc­tion avec un soin jaloux, fixant lui-même l’o­rien­ta­tion des deux fenêtres qui devaient l’éclairer.

En outre, pour culti­ver les brillantes qua­li­tés intel­lec­tuelles qui flat­taient sa vani­té pater­nelle, il assu­ra à Barbe les leçons des maîtres les plus répu­tés, qui lui firent étu­dier les poètes, les ora­teurs et les philosophes.

L’es­prit péné­trant de l’a­do­les­cente fut frap­pé de l’ab­sur­di­té des ensei­gne­ments du paga­nisme sur la plu­ra­li­té des dieux et dis­tin­gua très vite, par­mi ces gros­sières erreurs, les véri­tés fon­da­men­tales des tra­di­tions pri­mi­tives, qui l’é­le­vèrent à la notion d’un Dieu unique et sou­ve­rain. Consciente de l’i­na­ni­té de tout ce dont on l’en­tou­rait, Barbe se refu­sa à s’in­cli­ner plus long­temps devant les divi­ni­tés dont on lui van­tait la puis­sance, et, pres­sée par sa foi nais­sante, elle trou­va le moyen de faire par­ve­nir au célèbre Ori­gène un mes­sage pour le sup­plier de venir la fortifier.

Impa­tiem­ment atten­due, la réponse du grand doc­teur d’A­lexan­drie fut appor­tée par un de ses dis­ciples, qui fut reçu avec les plus grands égards et par­vint à pré­pa­rer la néo­phyte au bap­tême sans être inquié­té par l’en­tou­rage de celle-ci, car on le consi­dé­ra comme un méde­cin appe­lé de l’é­tran­ger pour lui don­ner des soins.

Une tra­di­tion res­pec­table veut que ce sacre­ment ait été admi­nis­tré à Barbe avec un concours de cir­cons­tances mira­cu­leuses. Tan­dis qu’elle était en prières, deman­dant à être puri­fiée de ses fautes, une source abon­dante aurait jailli devant elle, se divi­sant en quatre par­ties avec la forme d’une croix. Saint Jean-Bap­tiste lui aurait alors appa­ru et l’au­rait bap­ti­sée, comme il fit autre­fois pour les Juifs dans les eaux du Jour­dain. Puis, Jésus-Christ l’au­rait favo­ri­sée de sa pré­sence, lui pré­sen­tant une palme et un anneau d’or et lui disant : « Je viens au nom de mon Père vous prendre pour mon épouse. » 

Plu­sieurs de ceux que leur foi condui­sit à cette source y trou­vèrent, dit-on, la gué­ri­son de leurs maux.

Dios­core était au loin, ayant été char­gé par l’empereur du com­man­de­ment d’une impor­tante expé­di­tion mili­taire. La nou­velle chré­tienne put à son aise mani­fes­ter son mépris pour les faux dieux en ren­ver­sant et en bri­sant les idoles qui peu­plaient sa demeure. Elle attes­ta la viva­ci­té de ses croyances en tra­çant du pouce de sa main droite le signe de la croix sur une colonne de marbre où s’en serait conser­vée l’empreinte, tan­dis que la marque de son pied droit res­tait visible sur une dalle. Dans son enthou­siasme pour la Sainte Tri­ni­té, elle contrai­gnit même, affirme-t-on, les ouvriers à per­cer dans la muraille de sa pis­cine une troi­sième fenêtre.

En même temps, elle s’a­don­nait à toutes les pra­tiques de la charité.

Le martyre.

Au retour de son expé­di­tion, Dios­core s’in­quié­ta de ces bou­le­ver­se­ments. Il apprit que tout s’é­tait fait par l’ordre de sa fille qu’il som­ma de lui expli­quer sa conduite. Celle-ci en prit occa­sion pour s’af­fir­mer chré­tienne ; pour lui expo­ser avec une cou­ra­geuse fran­chise la vani­té du paga­nisme ; pour lui dire la subli­mi­té des mys­tères de la reli­gion qu’elle venait d’embrasser ; pour lui décla­rer que les trois fenêtres qui lui don­naient la clar­té d’un même soleil repré­sen­taient les trois Per­sonnes de la Tri­ni­té, source unique de la vraie lumière. Barbe rai­son­nait avec tant de grâce et de sim­pli­ci­té que son père ten­ta d’a­bord de la dou­ceur pour la détour­ner du chris­tia­nisme, lui pro­po­sant un brillant mariage si elle retour­nait au paga­nisme. Elle lui répon­dit qu’elle pré­fé­rait la beau­té incom­pa­rable de la vir­gi­ni­té, qu’elle s’é­tait pro­mise au Christ, qu’elle ne vou­lait que lui comme époux, et que toutes les cou­ronnes de la terre ne valaient pas celle qui l’at­ten­dait là-haut.

Trans­por­té de colère, Dios­core vou­lut immé­dia­te­ment immo­ler son enfant à ses dieux : tirant son épée il se pré­ci­pi­ta sur elle. Elle par­vint à s’é­chap­per ; dans sa fuite, à tra­vers la cam­pagne, un rocher s’en­tr’ou­vrit pour lui per­mettre de trou­ver asile dans une grotte, dont des ronces mas­quaient l’entrée.

Mais cette retraite fut indi­quée par un ber­ger qui, du reste, en châ­ti­ment de sa tra­hi­son, fut chan­gé en un bloc de marbre tan­dis que ses bre­bis étaient trans­for­mées en sauterelles.

La fugi­tive, éper­due, est sai­sie bru­ta­le­ment, acca­blée de coups, fou­lée aux pieds, traî­née par les che­veux. Les menaces, les vio­lences n’ar­ri­vant pas à la vaincre, elle est conduite au pré­teur Mar­cien, pour être trai­tée selon toute la rigueur des lois.

Les édits contre les chré­tiens étaient inexo­rables. Néan­moins le magis­trat a, tout d’a­bord, pitié d’une vic­time si jeune et si déli­cate, et s’ef­force, par des pro­messes, de la détour­ner de ce qu’il appe­lait sa superstition.

Barbe, res­tée inébran­lable, est livrée aux bour­reaux, et son sup­plice dure­ra trois jours, comme pour lui per­mettre d’of­frir une par­tie de son sacri­fice à chaque Per­sonne de cette Tri­ni­té qui a tant séduit son cœur.

Elle est fla­gel­lée jus­qu’au sang, rou­lée sur des frag­ments de vases bri­sés, éten­due sur des pointes d’é­pées ; ses plaies sont écor­chées par un rude cilice, ravi­vées avec du vinaigre et du sel. Elle reste comme morte ; on la jette alors dans le plus affreux des cachots.

Le Christ vint y visi­ter sa fian­cée, fer­ma ses bles­sures, rele­va ses forces et lui pro­mit de ne pas l’a­ban­don­ner dans sa lutte cou­ra­geuse pour sa foi.

Lors­qu’elle fut rame­née devant le tri­bu­nal, Mar­cien, la voyant aus­si saine dans son corps, invi­ta Barbe à recon­naître la puis­sance des dieux en les adorant.

— Com­ment, s’é­cria-t-elle, es-tu assez insen­sé pour croire que ces sta­tues faites de la main de l’homme aient opé­ré cette mer­veille ? Non, ce n’est point à elles, c’est au Fils du Dieu vivant que je dois ma gué­ri­son, et je souf­fri­rai avec joie pour gagner la récom­pense qu’il me réserve.

— Puis­qu’elle s’obs­tine, ordon­na le pré­teur, sus­pen­dez-la par les pieds, déchi­rez ses flancs avec des peignes de fer, brû­lez-les avec des torches ardentes.

Et comme tous ces tour­ments la lais­saient sou­riante, il com­man­da de lui frap­per la tête avec de lourds mar­teaux. Efforts inutiles ! Elle est comme ravie en Dieu qu’elle ne cesse d’in­vo­quer et sup­porte sans une plainte d’a­voir la poi­trine arra­chée avec des tenailles.

Enfin, on déci­da d’ou­tra­ger sa pudeur en l’ex­po­sant nue aux risées de la popu­lace. Dans cet état igno­mi­nieux, les bour­reaux devaient la pour­suivre à coups de fouet à tra­vers les rues de la ville. Mar­cien s’ap­plau­dis­sait de ce raf­fi­ne­ment de cruau­té, quand il entend cette prière : « Mon Sei­gneur et mon Roi, vous qui savez quand il vous plaît enve­lop­per la terre de nuées, cachez ma nudi­té afin que les infi­dèles n’aient pas sujet de faire des raille­ries de votre ser­vante ! » Aus­si­tôt, un vête­ment de lumière dérobe com­plè­te­ment le corps vir­gi­nal aux regards et des plumes rem­placent les fouets aux mains des exécuteurs…

Fati­gué de tor­tu­rer, Mar­cien pro­nonce la sen­tence de mort.

L’in­tré­pi­di­té de sa fille pen­dant cette atroce tra­gé­die n’a­vait fait qu’exas­pé­rer la rage de Dios­core qui, ayant récla­mé le triste hon­neur de la déca­pi­ter lui-même, la condui­sit sur la col­line voisine.

Là, Barbe s’a­ge­nouille, remer­cie Dieu de lui ouvrir, enfin, son para­dis et lui demande de lui accor­der que tous ceux qui recour­ront à son inter­ces­sion soient pré­ser­vés du « coup de la mort sou­daine » et assu­rés de ne pas mou­rir sans « avoir fait bonne confes­sion et reçu le céleste Via­tique ». Puis, sa tête est tran­chée… et son âme s’en­vole vers la gloire éter­nelle si héroï­que­ment gagnée.

Quant à son père, la peine de son crime ne se fait pas attendre. Dans le ciel sans nuages un éclair brille, le ton­nerre roule avec fra­cas, la foudre consume le misé­rable dont les cendres sont dis­per­sées par le vent.

Le corps et la tête de la vic­time furent recueillis par un chré­tien qui, les ayant embau­més, les trans­por­ta jus­qu’à Gélasse pour les sous­traire aux pro­fa­na­tions. C’é­tait, croit-on, en l’an 235.

Sainte Barbe à Nicomédie.

La sépul­ture de sainte Barbe n’é­chap­pa pas à la dévo­tion des fidèles, et de nom­breuses gué­ri­sons révé­lèrent le tré­sor qu’elle ren­fer­mait, ain­si que le rap­porte au début du XVIIIᵉ siècle son bio­graphe, le P. Claude de Saint-Joseph, reli­gieux Carme.

Les citoyens de Nico­mé­die, écrit ce pieux auteur, voyant les fré­quents miracles qui se fai­saient de jour en jour au tom­beau, firent faire une belle boîte cou­verte de lames de fin or et enri­chie de plu­sieurs pierres, dans laquelle ils posèrent le corps et, quoique païens, le por­tèrent à leur temple et le sus­pen­dirent à la voûte avec des chaines d’or. Mais les chré­tiens ayant pris Nico­mé­die par un siège où il y eut beau­coup de bles­sés et tués par les infi­dèles, ils entrèrent dans leur temple… Il se ren­con­tra des bles­sés qui furent gué­ris sur-le-champ sans savoir d’où leur venait cette grâce Sainte Barbe déca­pi­tée par son père.; jus­qu’à ce que, remar­quant cette pré­cieuse boîte, ils apprirent d’un prêtre qui était auprès, qu’il y repo­sait le corps d’une vierge nommée 

Barbe… et pour­quoi ils l’a­vaient tant en véné­ra­tion. Les chré­tiens, au récit de ces mer­veilles…, firent appor­ter tous ceux qui avaient été tués, les­quels, aus­si­tôt, ressuscitèrent…

Ses reliques en Occident.

Au VIIe siècle, la célé­bri­té de ce tom­beau était très grande. Natu­rel­le­ment on se dis­pu­ta les reliques qu’il ren­fer­mait. Sui­vant l’o­pi­nion la plus pro­bable, elles furent trans­fé­rées à Constan­ti­nople et, de là, à Venise. 

Les pre­mières que pos­sé­da la France y furent appor­tées au milieu du XIe siècle par Robert, fils d’O­don Sti­gand, sei­gneur d’E­ra­jeul, au dio­cèse de Lisieux, lequel, en recon­nais­sance de la gué­ri­son de son autre fils, Mau­rice, fon­da le prieu­ré de Sainte-Barbe-en-Auge.

Déjà, depuis plu­sieurs siècles, tout l’O­rient était rem­pli de la gloire du nom de sainte Barbe qu’on hono­rait, notam­ment, à Edesse, à Constan­ti­nople, au Caire.

En Occi­dent, son culte, qui a lais­sé à Rome des traces remon­tant au VIIIe siècle, acquit, au Moyen Âge, un déve­lop­pe­ment consi­dé­rable. On invo­qua sainte Barbe contre l’im­pé­ni­tence finale ; on l’ap­pe­la : « Mère de la confes­sion ». La nature de la plu­part des nom­breux pro­diges dus à son inter­ces­sion jus­ti­fie qu’on l’ait consi­dé­rée comme la Sainte du Via­tique. Rien de plus cer­tain et de plus écla­tant, recon­naissent, en effet, les Bol­lan­distes, que les miracles obte­nus par l’in­vo­ca­tion de cette Sainte en faveur des moribonds.

Quelques miracles.

Dans son style d’une naïve sim­pli­ci­té, le P. Claude de Saint-Joseph en raconte quelques-uns :

Au pays de Hesse, il y tom­ba la tour d’un grand châ­teau sur une fille, laquelle se trou­va ense­ve­lie sous le poids d’une grande quan­ti­té de terre et de pierres qu’il y en avait assez pour char­ger deux cents char­rettes. On cher­cha d’a­bord un bon nombre d’ou­vriers pour débar­ras­ser et cher­cher cette fille. Ils avaient tra­vaillé tout le jour avec dili­gence, lorsque, sur le soir, ils enten­dirent la voix de cette fille qui criait : Je ne sau­rais mou­rir avant que je ne sois confes­sée et com­mu­niée, à rai­son des petits ser­vices de dévo­tion que j’ai ren­dus à sainte Barbe, laquelle me conserve pré­sen­te­ment en vie par la per­mis­sion de Dieu. Et aus­si­tôt qu’elle eut reçu les der­niers sacre­ments, elle expira.

Le diable avait suf­fo­qué six Char­treux dans une grande quan­ti­té de neige, dont l’un était le P. Ardoin de Lor­raine, très dévot à sainte Barbe, lequel fut encore trou­vé en vie douze jours après la neige étant fon­due, quoi­qu’il n’eût rien man­gé pen­dant ces douze jours et qu’il eût endu­ré un froid très violent. Mais ayant reçu les der­niers sacre­ments de l’É­glise, en invi­tant ses confrères à la dévo­tion de sainte Barbe, il mourut.

Un bour­geois de Nimègue, au duché de Gueldre, nom­mé Rey­nold, très dévot à sainte Barbe dès sa plus tendre jeu­nesse, s’é­tait per­cé le cœur d’un coup de cou­teau ; néan­moins il eut le loi­sir de rece­voir les der­niers sacre­ments par l’in­ter­ces­sion de sainte Barbe.

Avant qu’il entrât en la Com­pa­gnie de Jésus, étant à Vienne, dan­ge­reu­se­ment malade chez un héré­tique, le bien­heu­reux Sta­nis­las Kots­ka était fort en peine com­ment il pour­rait rece­voir le sacré Via­tique. Il eut recours à sainte Barbe, très fidèle avo­cate en cette ren­contre, laquelle lui appa­rut la nuit sui­vante, accom­pa­gnée de deux anges qui le communièrent…

Le nar­ra­teur énu­mère encore d’autres mani­fes­ta­tions de la puis­sance de notre Sainte : gué­ri­son de diverses mala­dies ; un reli­gieux est déli­vré du nau­frage et un enfant mort est res­sus­ci­té ; quelques-uns se moquant de ceux qui avaient dévo­tion à sainte Barbe sont punis ; et il ajoute :

Tous ces pré­cé­dents miracles sont extraits d’un manus­crit authen­tique qui se conserve en la biblio­thèque des Révé­rends Pères Carmes de Bruxelles, ou des vies des Saints écrites par les RR. PP. Riba­de­nei­ra et Ros Weid, connue aus­si de M. Por­da­nus, du R. P. Binet et autres bons auteurs.

Son patronage.

En rai­son du châ­ti­ment infli­gé à son bour­reau, sainte Barbe fut, néces­sai­re­ment, invo­quée contre le feu du ciel. Cer­taines des cloches qu’on son­nait pour dis­si­per les orages reçurent son nom ou por­tèrent son effigie.

Si elle a grou­pé sous son égide ceux qui pré­parent les explo­sifs, ceux qui les emploient (prin­ci­pa­le­ment les artilleurs), ceux qui fabriquent les armes à feu, c’est parce que la poudre pro­duit des effets com­pa­rables à ceux de la foudre.

À ces « clients » se sont joints les pom­piers qui com­battent les incen­dies sou­vent allu­més par la foudre ; et, par exten­sion de l’i­dée du feu, les fon­deurs, voire les cuisiniers.

Se ser­vant, eux aus­si, de la poudre, mena­cés du feu gri­sou, en sou­ve­nir, sur­tout, du rocher qui s’en­tr’ou­vrit pour livrer pas­sage à la Sainte, les car­riers et les mineurs ont imi­té leur exemple, de même que les troupes du génie qui non seule­ment creusent des sapes dans le sol, mais encore construisent des for­ti­fi­ca­tions rap­pe­lant son château-fort.

Quant au patro­nage des ouvriers du bâti­ment et des archi­tectes, il était jus­ti­fié par les tra­vaux que sainte Barbe fit exé­cu­ter pour éclai­rer sa pis­cine de la « tierce fenêtre ».

Celui des fos­soyeurs, des employés d’é­glise (bedeaux, clercs, son­neurs, carillon­neurs) qui ont un rôle dans les céré­mo­nies funèbres s’ex­plique par l’as­sis­tance pro­mise aux mou­rants ; de même que celui des orfèvres (et des bat­teurs d’or), à cause des vases sacrés qui servent pour por­ter à ceux-ci le saint Viatique.

Il était natu­rel que, fleur de vir­gi­ni­té, la mar­tyre de Nico­mé­die fût la patronne des jeunes filles ; que, ardente à s’ins­truire, elle le fût des éco­liers, de plu­sieurs col­lèges, des libraires.

Elle a, de plus, été choi­sie comme patronne des mari­niers, des marins et de leurs navires, expo­sés à tant de risques ; patronne des bou­chers, dont la pro­fes­sion évoque son sup­plice san­glant ; patronne des femmes mariées, des por­te­faix, parce que cha­cun vou­lait être sous sa protection.

Enfin, son nom prê­tant à un facile jeu de mots, les arti­sans qui met­taient en œuvre des matières pre­mières comme les peaux, les soies, le crin, la laine, l’é­toupe, le fil, mirent sous la pro­tec­tion de sainte Barbe leurs cor­po­ra­tions de peaus­siers, pel­le­tiers, bros­siers, ver­ge­tiers, dra­piers, cha­pe­liers, tapis­siers, pau­miers, tis­se­rands, toi­liers, lingères…

La dévotion actuelle à sainte Barbe.

Beau­coup de ces mul­tiples patro­nages, témoi­gnages tou­chants de la confiance géné­rale en la Sainte qui comp­tait, du reste, par­mi les qua­torze « auxi­lia­teurs », ne sont plus que des sou­ve­nirs ; mais les artilleurs, les mineurs, les pom­piers sont res­tés fidèles à une tra­di­tion que la Révo­lu­tion ne put com­plè­te­ment inter­rompre, et il n’est peut-être pas de ville ni de bour­gade où le 4 décembre ne soit fêté de nos jours. Quand la nuée devient mena­çante, bien des lèvres, dans nos cam­pagnes, récitent la for­mule conju­rant sainte Barbe de détour­ner le ton­nerre. On l’in­voque aus­si contre la mort subite.

Des nom­breuses Confré­ries pour la bonne mort éri­gées sous le vocable de la Sainte, plu­sieurs ont sur­vé­cu. D’autres asso­cia­tions se sont créées dans le même but, par­mi les­quelles l’Ar­chi­con­fré­rie éri­gée à Plaim­pied par Pie X le 11 avril 1911, trans­fé­rée en 1914 à l’é­glise Sainte-Barbe à Bourges et qui rayonne par toute la France. 

Très fré­quen­tés sont encore les sanc­tuaires de sainte Barbe, notam­ment, pour ne par­ler que de notre pays, ceux de Saint-Mar­tin-de-Connée dans la Mayenne ; de Fay, dans les bois des envi­rons du Mans ; de La Car­neille, dans le dépar­te­ment de l’Orne ; de Ros­coff, au nord du Finis­tère… Le plus célèbre, le plus pit­to­resque, est celui qui, deux fois par an, attire des foules de pèle­rins au flanc de la col­line du Faouët, sur les confins de la Cor­nouaille. Enfin, la fête cor­po­ra­tive de la grande pro­tec­trice est désor­mais célé­brée solen­nel­le­ment à Paris, en l’é­glise Notre-Dame de Bonne-Nouvelle.

S. Pie V a recon­nu et confir­mé son culte en 1568.

Les figu­ra­tions de sainte Barbe sont innom­brables dans les églises, les musées, les biblio­thèques. La Sainte est recon­nais­sable à sa tour, repré­sen­ta­tion de sa demeure for­ti­fiée, et à la palme du mar­tyre. Sou­vent elle est munie du glaive, ins­tru­ment de son der­nier sup­plice, du livre des Écri­tures, d’un calice sur­mon­té de l’hostie.

On connaît cette prière qui figure au bas d’une estampe du gra­veur lié­gois Michel Nata­lis (XVIIe siècle) :

Sainte Barbe, priez pour nous
Jésus, votre admi­rable Époux,
Qui vous ché­rit d’un amour tendre.
Que par sa sainte Pas­sion
Il lui plaise de nous défendre
D’une mort sans confession.

Cte de Lapparent.

Sources consul­tées. : P. CLAUDE DE SAINT-JOSEPH, La Vie de sainte Barbe (Vesoul, Comte DE 1705). Abbé VILLEMOT, His­toire de sainte Barbe (Besan­çon, 1864). LAPPARENT, Sainte Barbe (Col­lec­tion l’Art et les Saints, Paris, 1926). (V. S. B. P., nos 3 et 723.)

Coloriage Sainte Barbe : 
Source : https://www.supercoloring.com/fr/coloriages/sainte-barbara

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