Temps de lecture : 2 minutesLes ennemis de Jésus voulaient sa mort. Aussi, à chaque instant, ils lui tendaient des pièges, afin de pouvoir l’accuser. Ils vinrent un jour lui dire : « Maître, vous êtes droit et enseignez la vérité ; nous est-il permis ou non, de payer le tribut à César ? » Jésus connaissant leur fourberie,…
Et maintenant une histoire ! Posts
La terre est un miracle de beauté en ce jour d’automne. On ne peut la décrire. Les mots ne suffisent pas. Il faut regarder et sentir. Les grands châtaigniers sont légers, légers, la moitié de leurs feuilles sont à terre, toutes dorées, comme dans le jardin du Paradis. À travers les arbres on voit le ciel bleu. Quelques feuillages rouges se détachent sur les autres.
Madeleine qui a repris sa robe de fillette, mange sa part de tarte avec un plaisir si évident que Marcel le taquin ne peut manquer de le remarquer.
MARCEL
Pour un martyr, tu as l’air rudement gourmande !
MADELEINE (malicieuse)
Tu ne me feras pas mettre en colère ce soir ! Vois-tu, je suis affamée. C’est fatigant tous ces rôles où on pleure.
MARCEL (gentiment)
C’est ce que j’ai pensé. Tiens ! voilà encore de la tarte, j’en ai pris deux morceaux pour toi.
MADELEINE (ravie)
Oh merci ! (Elle saisit le morceau.)
MARCEL (après un silence)
Papa était là pour la fin de la pièce.
MADELEINE
Je l’ai vu. Il pleurait.
MARCEL
Comme tout le monde.
MADELEINE
J’aime autant qu’André ne soit pas venu. Être malade c’est déjà triste. Mieux vaut l’égayer.
MARCEL
Maman viendra à la Bénédiction.
UNE VOIX LOINTAINE DANS LE BOIS
Madeleine, Marcel ! venez vite !
CINQUIÈME SCÈNE
Le rideau se lève. Il n’y a rien sur la scène. Nous allons assister au martyre du P. Pro et de ses compagnons. C’est M. le Curé qui va expliquer tout ce qui se passe.
M. LE CURÉ (debout à gauche du rideau)
La scène représente le jardin de la prison entouré de grilles. Au milieu une allée toute ensoleillée aboutit à un bosquet. Une foule arrive derrière la grille.
(Un groupe s’avance.)
M. LE CURÉ
Voici des policiers. Au milieu d’eux se trouve l’Inspecteur Général Roberto Cruz.
(Un autre groupe avance avec des appareils photographiques.)
M. LE CURÉ
Voici des photographes. Vous voyez que l’Inspecteur Général les fait installer lui-même. Il veut qu’on puisse garder le souvenir de cette exécution. Là-bas est la porte de la prison. Un policier la garde. Les prisonniers ne savent rien encore.
(La porte s’ouvre.)
Le P. Miguel Pro paraît, il achève de s’habiller. Il aperçoit la foule, les policiers. On ne lui a pas dit qu’il allait mourir. Il le devine, et se redresse.
LE POLICIER (à voix basse)
Pardonne-moi.
LE P. PRO (de même, souriant)
Si je te pardonne ? je te remercie.
LA FOULE
Le voilà !
UNE FEMME
Comment le sauver ?
UNE AUTRE
Oh ! Père Pro, vous qui avez mis tant d’âmes en Paradis ! La vôtre ira tout droit.
LE POLICIER
Silence !
L’INSPECTEUR CRUZ
Amenez le peloton d’exécution.
( Six soldats arrivent, marchent au pas vers le bosquet qui termine l’allée.)
M. LE CURÉ reprend la parole
Le Père avance lentement, en silence, il prie. On entend la voix de sa sœur Anne-Marie qui supplie les policiers de la laisser passer pour s’approcher de lui. On la repousse. Elle sanglote… Le Père Pro continue d’avancer dans le jardin ensoleillé. Derrière les grilles la foule s’écrase. Le Père frôle l’Inspecteur Cruz, le cigare aux lèvres et son état-major. Non loin les journalistes convoqués aussi par l’Inspecteur. Les photographes braquent leurs appareils.
LE P. PRO, (il marche droit, les mains jointes. sans un frémissement. Aux policiers qui l’entourent : )
Attendez un instant.
(Il s’agenouille, les bras croisés sur la poitrine, la tête humblement penchée, tire une petite croix et la baise, se redresse, fait face au peloton, ouvre les bras en croix.)
Vive le Christ-Roi !
Temps de lecture : 2 minutesToute la religion se résume en ces deux préceptes : Aime Dieu, aime ton prochain. Ces deux commandements, d’ailleurs, n’en font qu’un ; car si nous aimons nos frères, c’est par amour pour Dieu et non pas pour eux-mêmes. Jésus regarde comme fait à lui-même, tout ce que nous aurons fait au…
QUATRIÈME SCÈNE
M. LE CURÉ
Le 13 novembre 1927 dans la belle promenade de Mexico, le bois de Chapultepec, une bombe était jetée sur l’automobile d’Obregon, le prédécesseur de Calles. Personne ne fut atteint, les assaillants purent s’enfuir. On arrête le chauffeur blessé qui mourut peu après et un passant, un ouvrier indien, Jean Tirado. Et trois jours plus tard, sans aucune enquête, on arrêtait le P. Miguel Pro, son frère Humberto, l’ingénieur Segura et une dame Montès de Oca, sous le prétexte qu’ils étaient les auteurs de l’attentat.
Les voici en prison avec quelques autres catholiques, entre autres Thomas de la Mora, un jeune garçon de 15 ans, ardent soldat de l’Action Catholique.
(Le rideau se lève. Le canapé et les fauteuils de M. le Curé ont disparu, ils sont remplacés par des bancs et des tables et sur une affiche il y a écrit en grosses lettres : Prison.)
LE P. PRO (joyeux)
Eh bien, je n’ose pas l’avouer, mais je me repose ici. Je n’en pouvais plus. Pourtant le Maître sait bien que je voudrais épuiser la grâce de mon sacerdoce.
HUMBERTO
J’ai enfin dormi moi aussi et je suis content. Jour et nuit sur mon vélo pour appeler les catholiques ! j’avais tellement sommeil ! et toi, Segura ?
SEGURA
Moi je suis en souci de mes ouvriers. On m’a arrêté brusquement. J’ai laissé sur ma table des papiers, des lettres, des affaires en train…
LE P. PRO
Laisse, Segura, Dieu y pourvoira.
HUMBERTO
Et puis on va nous relâcher tout de suite, c’est certain. On sait très bien que ce n’est pas nous qui avons jeté les bombes.
LE P. PRO
Bien sûr ! Mais ce n’est pas une raison. Écoute.
Mme MONTÈS DE OCA, bondissant (c’est Sabine, elle est coiffée avec un grand peigne et une mantille).
… Écoutez ! écoutez quoi ? Sûrement on nous relâchera. (Avec une colère qui monte.) On n’avait pas le droit de nous mettre en prison sans l’ordre d’un juge, et on n’a point d’ordre de juge. On n’a pas le droit de nous mettre au secret. Nous avons le droit de demander un avocat et nous n’en avons point. Nous avons le droit d’être confrontés avec nos accusateurs et nous ne les avons pas vus. Nous avons le droit de citer des témoins à décharge. Rien n’a été fait selon la loi. Je connais les lois mexicaines. Je proteste, je proteste, je proteste !
THOMAS (en admiration)
Oh ! Madame, comme vous parlez bien !
(En Thomas de la Mora on ne peut manquer de reconnaître Madeleine. On n’a pu trouver un jeune garçon pour ce rôle tout en vivacité et en ferveur. Alors M. le Curé a accepté que Madeleine le tienne, et elle y est parfaite.)
Mme DE OCA
Je parle bien parce que je sais ce que je dis. (Poliment.) Mais, mon Père, vous alliez raconter quelque chose. Pardon, je vous ai interrompu.
LE P. PRO
Oui. J’ai appris dans mes courses beaucoup de choses que personne ne raconte, mais qui seront connues un jour… Écoute, Humberto. Tu connaissais Antonio Acùma Rodriguez, comme toi volontaire dans l’armée du Christ ?
HUMBERTO
Oui.
LE P. PRO
Il arrivait de Santiago distribuant partout des mots d’ordre, chargé d’une mallette pleine de munition de feuillets exhortant les catholiques à une résistance fière et tenace.




