Job. Tobie.

Auteur : Par un groupe de pères et de mères de familles | Ouvrage : Histoire Sainte illustrée .

Temps de lec­ture : 9 minutes

XX

Colette est seule au logis. Il lui faut encore se rési­gner chaque jour à quelques heures de chaise-longue à l’ombre d’un bos­quet d’o­li­viers. Et par­fois, mal­gré la vaillance de son sou­rire, elle a des ins­tants de « cafard » ; il lui semble alors qu’elle ne mar­che­ra plus jamais tout à fait comme avant son accident.

Aujourd’­hui, c’est tout juste si elle ne cède pas un peu au décou­ra­ge­ment, quand, à tra­vers un buis­son, paraît le mince visage de Yamil.

S’ou­blier pour pen­ser aux autres, Colette sait que c’est le remède à tous les maux ; elle dit :

— Est-ce Maria­nick qui t’envoie ?

— Oui, dami­selle. Maria­nick dire : Va, toi moins ter­rible après…

Et le petit Bédouin prend un sou­rire heu­reux, mais dont la malice n’est pas exclue.

Colette rit aus­si, puis, conciliante :

— Alors mets-toi là, sur la natte. Seule­ment que vais-je te raconter ?

Colette se plonge dans un monde de réflexions. Tout à coup elle se décide :

— Je vais te dire deux his­toires , qui sont très belles toutes les deux, et qui font encore par­tie de l’His­toire Sainte.

Yamil reste immo­bile, mais un rayon­ne­ment de bon­heur éclaire le ton bistre de son étrange petite figure.

— Donc, il y a bien, bien long­temps, vivait un homme très bon. Il s’ap­pe­lait . Il était riche, avait une nom­breuse famille, si bien que son bon­heur était complet.

Au milieu de toutes ses joies, Job ser­vait Dieu avec une admi­rable , ce qui met­tait le démon en rage, et le démon osa dire au Bon Dieu : « Job te sert parce que tu as béni l’œuvre de ses mains et que ses trou­peaux couvrent la terre. Mais étends la main, touche à ce qui lui appar­tient, et on ver­ra s’il ne te mau­dit pas .»

Le Bon Dieu connais­sait le cœur de Job ; sans hési­ter, il per­mit au démon de le ten­ter, pour voir s’il res­te­rait fidèle.

Alors, on vint apprendre à Job que ses trou­peaux étaient détruits par un peuple voi­sin, que ses ser­vi­teurs étaient tués.

Le mes­sa­ger de mal­heur par­lait encore, qu’un autre arrive disant : « Le feu du ciel a détruit tes bre­bis et ce qui res­tait de tes serviteurs. »

Job le juste tourmenté par sa femmeUn troi­sième mes­sa­ger accourt ; il annonce qu’un grand vent a secoué les quatre coins de la mai­son ; qu’elle s’est écrou­lée, ense­ve­lis­sant tous les enfants du pauvre Job.

Alors, dans sa dou­leur épou­van­table, que crois-tu, Yamil, que Job ait dit aux messagers ?

— Li dire trop mal­heu­reux, vou­loir mou­rir aus­si, pas pos­sible pour pauvre Job res­ter seul sur terre.

— Non, ce n’est pas ça que Job a dit. Écoute :

« Le Sei­gneur m’a­vait tout don­né, le Sei­gneur m’a tout repris. Que le Sei­gneur soit béni ! »

— Yamil pas com­prendre. Tu dis, damiselle ?

— Que Job, au lieu de se fâcher, de mur­mu­rer ou de se déses­pé­rer, a accep­té, en la bénis­sant, la volon­té du Bon Dieu.

— Ça, trop beau pour Yamil.

— Et pour­tant, mon petit, ce n’est pas tout. Puisque Job res­tait fidèle après la perte de ses enfants et de ses biens, le démon obtint encore de Dieu la per­mis­sion de le ten­ter davantage.

La lèpre enva­hit le corps de Job ; per­sonne ne vou­lait plus s’ap­pro­cher de lui. Ses amis et sa femme lui repro­chaient sa soumission.

Yamil a un geste de recul, comme si un lépreux venait d’en­trer. Il connaît la lèpre, cette chose ter­rible qu’on ren­contre si sou­vent en Orient et qu’on fuit avec horreur.

— Li mort, je pense, tant mieux, li plus souffrir.

— Mais non, mon Yamil. Job a accep­té la lèpre comme il avait accep­té la ruine, parce que tout lui venait de la main de Dieu, qu’il aimait.

Alors, le Bon Dieu a jugé que l’é­preuve avait assez duré. Il a ren­du à Job tous ses biens et d’autres encore. Il lui a don­né sept fils et trois filles, et, en récom­pense de sa fidé­li­té, la vieillesse de Job fut plus heu­reuse que ne l’a­vait été sa jeunesse.

Et c’est là ma pre­mière his­toire. Voi­ci main­te­nant la seconde.

Beau­coup plus tard, quand les Israé­lites furent faits pri­son­niers par Sal­ma­na­sar, l’un d’entre eux fut conduit à la ville de Ninive.

— Où ça, Ninive ?

Colette fait un geste vers le nord-ouest :

— Là-bas,… loin, très loin. Cet homme s’ap­pe­lait . Avec un grand cou­rage, il est res­té fidèle à Dieu, cha­ri­table envers les autres Israé­lites, qu’il ense­ve­lis­sait quand ils mou­raient, mal­gré la défense de Salmanasar.

Bible des enfants - Tobie ensevelit les morts

Un acci­dent le ren­dit aveugle. Comme autre­fois pour Job, c’est à qui lui conseille alors d’a­ban­don­ner sa reli­gion ; mais Tobie tient bon et ne cesse de redire sa Foi en Dieu.

Cepen­dant, il se sen­tait bien malade et crut qu’il allait mou­rir. Il fait alors venir près de lui son fils, qui s’ap­pe­lait aus­si Tobie, et lui donne d’ad­mi­rables conseils, entre autres celui-ci :

« Honore ta mère tous les jours de ta vie ; ne laisse jamais l’or­gueil domi­ner dans ton cœur ni dans tes paroles, car c’est par lui que tous les maux ont commencé. »

Ensuite, il fut déci­dé que le jeune Tobie ferait un long voyage, bien au delà de Ninive, au pays des Mèdes.

— Pour­quoi li envoyer là ?

— Parce que là-bas, un homme, — qui se nom­mait Gabé­lus, — devait de l’argent à la famille de Tobie. Il fal­lait aller lui deman­der de le rendre, et le vieux Tobie, malade et aveugle, s’in­quié­tait de voir son fils par­tir seul pour un pareil voyage.

Tobie et l'ange Raphael Mais voi­là qu’un jeune homme de belle allure, ayant l’air très sérieux et très bon, s’offre à accom­pa­gner le jeune Tobie.

Ils font route ensemble ; arri­vés au bord du Tigre, Tobie, qui se lavait les pieds dans l’eau, vit un énorme pois­son s’a­van­cer vers lui, comme pour le dévo­rer. Mais son com­pa­gnon le ras­su­ra ; ensemble ils tuèrent le pois­son, le vidèrent, en firent rôtir la chair ; mais le guide dit à Tobie : « Conserve le cœur, le fiel et le foie, car ce sont d’u­tiles remèdes. »

Tobie ne se dou­tait pas que ce com­pa­gnon de voyage était un ange, envoyé de Dieu pour le conduire.

— Un ange, mais lis anges, toi dire à Yamil pas avoir corps, ni pieds, ni mains.

— Tu as rai­son, les anges n’ont pas de corps ; mais, quand Il les envoie sur la terre, Dieu leur per­met d’ap­pa­raître sous la forme humaine, de res­sem­bler aux hommes, pour qu’ils puissent se faire comprendre.

L’ange Raphaël, qui accom­pa­gnait Tobie, gar­da cette appa­rence tout le temps du voyage. Il condui­sit Tobie chez Raguel, un cou­sin de son père, lui conseilla d’en épou­ser la fille, et, pen­dant les fêtes du mariage, alla tout seul cher­cher l’argent de Gabé­lus. Puis on revint joyeu­se­ment à Ninive.

Le vieux Tobie et sa femme Anne trou­vaient le temps bien long. Anne allait tous les jours s’as­seoir sur une petite hau­teur, guet­tant le retour de son fils. Enfin, un jour, elle le recon­nut. C’é­tait lui, là sur la route, et son petit chien le devan­çait en remuant la queue. Quelle joie !

Tobie rend la vue à son père - ange RaphaelÀ peine arri­vé, sur l’ordre de son com­pa­gnon de route, le jeune Tobie frot­ta les yeux de son père avec le fiel du pois­son et le vieillard recou­vra la vue. Songe, Yamil, au bon­heur de cette famille.

L’Ange alors par­la : « Bénis­sez le Dieu du Ciel. Ren­dez-Lui gloire parce qu’Il a exer­cé envers vous sa misé­ri­corde »… « Parce que vous étiez agréables à Dieu il a fal­lu que vous soyez d’a­bord éprou­vés ». Et puis, il ajou­ta : « Je vais vous décou­vrir la véri­té, je suis l’ange Raphaël, l’un des sept qui nous tenons en pré­sence de Dieu, » ce qui vou­lait dire qu’il était un des plus grands par­mi les anges.

Peux-tu ima­gi­ner, Yamil, la sur­prise et la recon­nais­sance de Tobie et de ses parents. Ils se pré­ci­pi­tèrent trem­blants aux pieds de l’ange, mais il leur dit : « La paix soit avec vous ! » Quand ils se rele­vèrent, lui avait disparu.

— Li plus jamais revenu ?

— Non, sa mis­sion ter­mi­née, il était retour­né au Ciel.

Les yeux de Yamil sont tristes et puis s’éclairent :

— Si Yamil bon, li aller au ciel et li voir l’ange de Tobie ?

— Par­fai­te­ment. Seule­ment, pour cela, il faut deve­nir très sage, tu sais.

Coloriage Job rétabli dans sa prospérité
Job réta­bli dans sa prospérité

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