Les Juges : Josué, Gédéon, Samson

Auteur : Par un groupe de pères et de mères de familles | Ouvrage : Histoire Sainte illustrée .

Temps de lec­ture : 12 minutes

XV

La cha­leur devient intense, et Colette en souffre beaucoup.

Elle mai­grit, s’é­tiole. Autour d’elle on se pré­oc­cupe sans trop oser se le dire.

Un beau jour, le doc­teur arrive à l’im­pro­viste. Bour­ru, mais excellent ami, il entre comme chez lui et va direc­te­ment chez la malade.

— Ma petite dami­selle, comme dit votre Yamil, je vou­drais voir votre mère.

Colette, un peu éton­née, hèle Bru­no, qui, comme par hasard, déam­bule dans le ves­ti­bule, et l’en­voie à la recherche de maman.

Pauvre maman, elle accourt, déjà inquiète. Pour­quoi cette visite du docteur ?

Lui, l’ac­cueille en sou­riant avec malice, car il sait tout ce que pensent les mamans.

— Je n’ai pas l’air d’un por­teur de mau­vaises nou­velles, voyons, chère madame. Je crois, au contraire, vous en trans­mettre une bonne. Il est grand temps de me trans­por­ter cette petite fille hors de la zone de cha­leur qui com­mence à nous étouf­fer. Or j’ai un ami qui part avec toute sa famille pour la France et l’An­gle­terre. Six mois d’ab­sence, une grande mai­son à louer dans le Liban. Vos deux ménages peuvent y tenir. Les hommes ne seront pas loin de leurs affaires. Prix rai­son­nables et à débattre, parce qu’a­vant tout, nous vou­lons mettre là-dedans des gens sûrs.

Pré­ve­nez votre mari. Je l’at­tends ce soir pour conclure. Ça va ?

— Com­ment vou­lez-vous que ça n’aille pas, doc­teur, répond maman, dont le regard ému va du visage joyeux du méde­cin à la petite figure mince et pâlie de sa fille.

— C’est bon ! entendu !

Il fau­dra trans­por­ter le « colis » avec soin, pas de mou­ve­ments inutiles, et puis, j’i­rai vous voir là-bas.

Et le doc­teur dis­pa­raît comme il était venu. Quinze jours après, avec armes et bagages, toute la famille s’ins­talle en montagne.

Bru­no et Pierre pré­tendent imi­ter les dépla­ce­ments des Hébreux ; ils regrettent de ne pas avoir de tentes pour y cou­cher la nuit et ils essaient en vain de per­sua­der Maria­nick qu’elle doit faire la route à pied, en pous­sant ses trou­peaux devant elle, aidée de Yamil…

Les trou­peaux se com­posent d’un chat, de six poules et de cinq lapins, les­quels, bien mis en cage, par­viennent à la mai­son… hor­reur ! en automobile !

Dès le dimanche sui­vant, Ber­nard fait son appa­ri­tion, pour la jour­née. Il est enthou­sias­mé. Quel air léger,… quelle vue !

— Et tu as déjà moins pauvre figure, Colette. Attends un peu qu’on t’ins­talle bien, là, à l’ombre, avec tout cet hori­zon devant toi. Ça va jus­qu’en Pales­tine, ma parole !

— Jus­qu’en Pales­tine !… C’est un peu loin, mais tout de même c’est vaste et beau. D’i­ci, ce sera joli­ment plus facile de conti­nuer nos leçons aux petits.

— Mais cette fois, c’est moi qui racon­te­rai. Songe un peu, j’ar­rive de .

— Pas possible !

— Très pos­sible, au contraire, et j’en ai vu des sou­ve­nirs ! Nous étions un groupe d’a­via­teurs invi­tés aux manœuvres anglaises.

— Alors appelle les petits. Tu sais, ou plu­tôt tu ne sais pas, que nous avons tout dit, jus­qu’aux Juges.

— Jus­qu’à  ?

— Exac­te­ment.

— Alors ça va barder !

Ce bel entrain met de la lumière dans les yeux de Colette et sub­jugue les enfants accou­rus à l’appel.

— Regar­dez un peu, de ce côté, loin, très loin dans la direc­tion du sud. Là-bas, par der­rière la ligne d’ho­ri­zon, c’est la Terre pro­mise aux Hébreux.

Nicole et Bru­no font un effort magni­fique pour réa­li­ser cette chose éton­nante. Ils ouvrent des yeux énormes et croient voir les tentes du camp.

Josué et les israélites traversent le Jourdain avec l'Arche d'Alliance

— Un fleuve cou­lait au milieu de ce pays de Cha­naan. On l’ap­pelle le Jour­dain. Je l’ai tra­ver­sé avant-hier.

— Le même Jourdain ?

— Oui, Bru­no, le même Jour­dain. Seule­ment moi, je l’ai sur­vo­lé au nord, tan­dis que les Hébreux conduits par Josué, après la mort de Moïse, l’on atteint par le sud, et que, cette fois encore, il s’a­gis­sait de le tra­ver­ser sans moyens perfectionnés.

Mais ce fut comme pour la mer Rouge : les eaux se sépa­rèrent et les Hébreux pas­sèrent à pied sec.

Le fleuve fran­chi, le peuple de Dieu attei­gnit la petite ville de Gal­ga­la, où il célé­bra la Pâque ; ce jour-là, la manne ces­sa de tom­ber. Le désert était fran­chi, la terre désor­mais fer­tile, on n’en avait plus besoin,

C’est alors, écou­tez bien, que Josué déci­da de prendre la ville de Jéri­cho. Et figu­rez-vous que j’y étais hier.

— Tu arrives de Jéri­cho ! C’est tout de même pas une ville pareille à celle de Josué ?

— Atten­dez, sui­vez-moi bien. Je suis allé dans la petite ville actuelle, située au pied d’une chaîne de mon­tagnes que domine de sa masse sombre le mont de la Ten­ta­tion. Jéri­cho repose là, au milieu des sables, sorte d’oa­sis dans le désert, avec ses pal­me­raies et ses quelques vil­las. Mais en nous diri­geant vers le nord, nous avons ren­con­tré les ruines qui marquent l’emplacement de l’an­cienne Jéri­cho, celle que connut Notre-Sei­gneur. Et puis plus loin, dans la même direc­tion, d’autres ruines, décou­vertes par des fouilles et, celles-là, abso­lu­ment extra­or­di­naires. Ce sont les restes de Jéri­cho, la ville prise par Josué, et vous allez voir à quel point c’est captivant.

Quand les Hébreux sont arri­vés devant la ville, elle était entou­rée de murailles. Com­ment les franchir ?

Josué et la bataille de Jéricho

Josué fit sept fois le tour de la ville avec l’Arche d’Al­liance. Au sep­tième tour, il ordon­na de faire son­ner les trom­pettes et, au même moment, les murs de la ville crou­lèrent. Jéri­cho était prise.

Or, les fouilles récentes ont décou­vert ces murailles que l’on retrouve écrou­lées, dans la posi­tion même de leur chute, au ras du sol, et l’on voit encore les petites ruelles de la ville et des habi­ta­tions très petites, avec leurs cloi­sons en ruine.

— C’est incroyable ! dit Nicole.

— Vous com­pre­nez qu’à l’ar­ri­vée des Hébreux à Jéri­cho, tous les pays se liguèrent contre eux, et la guerre fut sévère. Le roi Gabaon s’al­lia seul au peuple de Dieu. Il allait suc­com­ber avec toute son armée, quand Josué accou­rut à son secours et écra­sa l’ennemi.

Mais la bataille se pro­lon­geait et la nuit allait venir. Pour ache­ver la vic­toire, il fal­lait y voir clair. Josué n’hé­site pas. Il sup­plie le Bon Dieu de pro­lon­ger le jour, il l’ob­tient et sa vic­toire est éclatante.

Il lui fal­lut encore sept années cepen­dant pour ache­ver la conquête de la terre de Chanaan.

C’est toute cette Pales­tine que nous avons par­cou­rue enfants, Colette, tu t’en sou­viens ? Elle est com­prise entre la Syrie, au nord, là où nous sommes en ce moment, et le désert qui rejoint l’Égypte.

— Inutile de pré­ci­ser, dit Colette en riant tout à fait. Nous connais­sons ce désert là ! Ma jambe sur­tout m’o­bli­ge­ra à en gar­der long­temps le souvenir.

Nicole s’a­gite un peu :

— Je vou­drais savoir qui a com­man­dé aux Hébreux après Josué.

— Pen­dant trois cents ans, qua­torze autres Juges se sont suc­cé­dé. Les plus impor­tants s’ap­pellent , , Héli et Samuel.

Bru­no, l’air vieux monsieur :

— Ils sont ennuyeux ou bien ils sont amusants ?

Ber­nard avec une mimique respectueuse :

— Écoute, mon cher, tu vas en juger avec toute ton expérience.

Bru­no, vexé, com­prend seule­ment qu’on se moque de lui, et s’en­ve­loppe de digni­té silencieuse.

Nicole, elle, s’impatiente :

— Avec tout ça, tu nous laisses en plan ! Alors, Gédéon, qu’est-ce qu’il a fait ?

— La guerre. Sept fois de suite les Hébreux, aux­quels on donne main­te­nant le nom d’Is­raé­lites, — vous savez, en sou­ve­nir de Jacob et de l’ange ? — ont été réduits en ser­vi­tude, parce que, mal­gré la défense de Dieu, ils s’al­liaient avec des voi­sins infi­dèles. Ils épou­saient des ido­lâtres et eux-mêmes fina­le­ment aban­don­naient le Bon Dieu. Chaque fois, une inva­sion enne­mie les punis­sait, chaque fois ils se repen­taient et, chaque fois, Dieu, dans sa bon­té, les sauvait.

La manière dont Gédéon les tira d’af­faire n’est pas banale. Il s’a­gis­sait de repous­ser les Madia­nites. L’ar­mée des Hébreux avait peur, et Gédéon, mal­gré sa propre bra­voure, sen­tait l’an­goisse l’envahir.

Bible des enfants - Jéricho : Ils sonnèrent de la trompette.
Ils son­nèrent de la trompette.

Dieu vou­lut lui prou­ver qu’il ne devait mettre sa confiance qu’en Lui seul. Il lui ordon­na de ne prendre que trois cents hommes pour com­battre les Madianites.

— Pour lut­ter contre tous les autres ?

— Par­fai­te­ment, petite Nicou ; mais ces trois cents sol­dats se glis­sèrent autour du camp, tenant d’une main une cruche conte­nant une torche allu­mée, de l’autre une trom­pette. En même temps, ils bri­sèrent leurs vases et son­nèrent de la trom­pette. Les torches et le vacarme firent une peur bleue aux Madia­nites, qui se crurent cer­nés de toutes parts. Sur­pris dans leur som­meil, ils s’entre-tuèrent dans la nuit ou fuirent épouvantés.

Bru­no, les mains dans ses poches :

— Épa­tant ! Et après ?

Histoire sainte pour les enfants : Samson tue un lion

— Après, pas­sons à Sam­son. Cette fois, l’His­toire finit très tris­te­ment. Dieu avait don­né à Sam­son une force incroyable. Tout jeune encore, il étouf­fa dans ses bras un lion qui vou­lait le dévorer.

— Un lion ?

Les enfants sont épou­van­tés. Il a étouf­fé un lion !

— Bien mieux encore. Le Bon Dieu l’a­vait char­gé de repous­ser les Phi­lis­tins. Un beau jour, il se met en chasse et prend au piège trois cents renards. Il les attache deux par deux, ayant à la queue des torches allu­mées, et les lâche dans les champs des Phi­lis­tins. Vous voyez d’i­ci la course des pauvres bêtes affolées.

Ils incen­dièrent les blés et les vignes des Philistins.

Mais, dans un moment de lâche­té, au lieu de défendre leur sau­veur, les Israé­lites livrèrent Sam­son aux Philistins.

Nicole est indignée :

— C’est dégoû­tant ! Quelles vilaines gens !

— Y sont pas propres, tes Hébreux, ajoute Bruno.

Ber­nard sou­rit mélancoliquement.

— Vous en ren­con­tre­rez d’autres du même calibre, allez, en appre­nant l’His­toire. Et les Juifs, qui ont livré Jésus !

Mais reve­nons à Sam­son. Lié, gar­rot­té avec des cordes neuves, les Phi­lis­tins pen­saient bien le tenir. Il brise tran­quille­ment ses liens, empoigne une mâchoire d’âne, tue avec cette arme der­nier modèle un mil­lier de Phi­lis­tins et met les autres en fuite.

Nicole pirouette de joie :

— Oh ! que c’est bien ! Alors, c’est fini, ils les a tous rossés !

— Oh ! Nicole, pro­teste Colette.

— Mais non, il ne les a pas tous ros­sés, conti­nue Ber­nard. C’est là que l’his­toire devient triste. Don­nez-vous la peine de comprendre.

Avant la nais­sance de Sam­son, un ange était appa­ru à sa maman. Il lui avait dit qu’elle devrait consa­crer au Bon Dieu le petit gar­çon qu’Il lui enverrait.

On ne cou­pait pas les che­veux à ceux qui étaient ain­si consa­crés à Dieu. Sam­son avait donc gar­dé les siens longs.

Dalila coupe les cheveux de Samson

La force extra­or­di­naire dont il était doué dépen­dait de sa fidé­li­té à ce qu’il avait pro­mis à Dieu par sa consé­cra­tion. Or, il man­qua à sa pro­messe. Alors, une méchante femme, , qui avait réus­si à lui arra­cher son secret, lui cou­pa les che­veux pen­dant son som­meil et Sam­son ne fut plus qu’un pauvre homme, auquel on cre­va les yeux et qui fut condam­né à tour­ner la meule d’un moulin.

Nicole, les larmes aux yeux :

— Jus­qu’à sa mort ?

— Attends donc ! Dali­la n’a­vait pas pen­sé à tout. Les che­veux de Sam­son repous­sèrent et il sen­tait reve­nir sa force, car Dieu lui pardonnait.

Un jour, il n’hé­site plus. Il pénètre dans le temple des Phi­lis­tins, en ébranle les colonnes et le temple s’é­croule, ense­ve­lis­sant Sam­son avec trois mille de ses enne­mis et tous les chefs de leur nation.

Nicole, subi­te­ment conso­lée, tra­duit sa pensée :

— Je déteste Dali­la et tous les Phi­lis­tins et j’aime beau­coup Sam­son, tu sais, Bernard.

Coloriage de la bible - Samson détruit le temple des Philistins


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