Jacinte, la plus jeune des trois voyants de Fatima, était une jolie enfant, brune, les traits réguliers, avec des yeux vifs et profonds. Intelligente et fine, son bon cœur, son caractère tendre et doux la rendaient aimable à tous.
Onzième enfant de la famille Marto, ses grandes sœurs et ses frères la choyaient à l’envi. Parfois, Olimpia, la mère, grondait ses aînés parce qu’ils gâtaient trop la petite. Mais au fond, les succès de sa benjamine flattaient et réjouissaient son cœur.
Cette fervente chrétienne avait toujours hâte de voir grandir ses enfants pour leur enseigner les prières et les premières vérités de la religion. Jacinte et son frère François, de deux ans plus âgé, apprirent de leur maman à aimer Jésus et Marie.
De temps en temps, la mère réunissait autour d’elle tous ses enfants pour une sorte de catéchisme familial. Le foyer d’Olimpia était profondément religieux, comme celui de sa belle-sœur, Maria-Rosa, mariée à Antonio dos Santos.
Deux maisons basses et modestes, situées à quelques minutes du bourg de Fatima, abritaient ces familles nombreuses. À côté du logis, la bergerie, l’aire, puis le jardin où le puits creusé dans le roc se cachait sous l’ombre épaisse des figuiers.
Dans chaque demeure, sur la muraille blanchie à la chaux, le crucifix s’entourait d’images pieuses devant lesquelles, chaque soir, parents et enfants s’agenouillaient pour la prière.
En cette contrée montagneuse du Portugal, la population restait simple, chrétienne, laborieuse. Le travail était dur pour cultiver la vigne et le blé dans les étroites bandes de terre enclavées dans les rochers. Les troupeaux qui broutaient le long des collines constituaient la richesse du pays. Pour les garder, beaucoup d’enfants manquaient l’école et ne savaient ni lire, ni écrire.
Cette vie monotone n’était coupée que par le repos du dimanche, vrai jour du Seigneur. Tous venaient à la messe, même les habitants des hameaux les plus écartés.
Fatima, loin des villes, avec des chemins rocailleux, impraticables, restait comme un îlot préservé au milieu du Portugal, sur lequel passait une terrible vague d’impiété et d’anarchie.
Cette nation, jadis très prospère, alors ruinée, déchirée par les haines, le communisme, les persécutions religieuses, semblait courir à l’abîme.
Certes, nul ne se doutait que des montagnes obscures de Fatima, viendrait, au Portugal, un message de paix et de résurrection !
Les bergers
Jacinte et son frère François ne jouent qu’avec leur cousine Lucie dos Santos, élevée comme eux par une maman qui veille sur la pureté de son âme et place avant tout la franchise, la probité, les vertus chrétiennes. Lucie, née en 1907, est l’aînée de ses cousins.