Le message de Fatima (suite)

Auteur : Neuville, E. de | Ouvrage : Revue Bernadette .

Temps de lec­ture : 10 minutes

Résu­mé. — Faites éta­blir dans le monde la dévo­tion à mon Cœur imma­cu­lé a deman­dé la Vierge aux trois petits voyants.

6. Troisième apparition (13 juillet 1917).

Fatima : 3è apparition le 13 juillet 1917

LES reproches encou­rus avaient convain­cu Lucia qu’elle était vic­time d’illu­sion et que le diable la trom­pait. Par contre, la confiance de Jacin­ta et de Fran­cis­co ne fut jamais ébran­lée. Lorsque le 12 juillet Lucia leur dit qu’il valait mieux recon­naître que

« tout était men­songe », leur riposte fut véhé­mente :
— Ne dis pas cela ! Ne vois-tu pas que tu mens et ce men­songe est un péché ? 

Elle leur conseilla d’al­ler seuls à la Cova, mais les petits furent effrayés et Jacin­ta se mit à pleurer. 

Cepen­dant, le matin du 13,

pous­sée par une force irré­sis­tible, Lucia se ren­dit elle aus­si à la Cova, où quelque cinq mille curieux se trou­vaient déjà. La Dame parut à la même heure et de la même manière. Elle recom­man­da de nou­veau la fré­quente réci­ta­tion du , mais cette fois comme moyen de hâter la fin de la guerre, « Seule, l’inter-

BD en ligne : les enfants de Fatima voient l'enfer

ces­sion de , dit-elle, peut obte­nir cette grâce pour l’humanité. » 

Lorsque Lucia lui deman­da son nom et un miracle, elle répon­dit :
— Conti­nuez à venir ici le 13 de chaque mois. En octobre, je vous dirai qui je suis, ce que je désire et j’o­pé­re­rai un miracle éton­nant afin que le monde entier puisse vous croire,

La Dame confia aux enfants ce jour-là un que Lucia ne fut auto­ri­sée à révé­ler en par­tie qu’à l’ap­proche de la Seconde Guerre mon­diale.
— Notre-Sei­gneur nous mon­tra, dit-elle, une grande mer de feu qui nous parut se trou­ver sous la terre. Au milieu de ses flammes se trou­vaient les démons et les dam­nés. Ils étaient comme des

four­naises trans­pa­rentes, flot­tant dans ce feu et bal­lot­tés par les flammes qui éma­naient d’eux. Cette vue ne dura qu’un ins­tant, mais sans le secours de notre Mère du ciel, qui dans la pre­mière nous avait pro­mis de nous emme­ner au para­dis, je crois que nous serions morts d’horreur.

7. Troisième apparition (suite).

APRÈS cette vision, la Vierge expri­ma le désir de voir éta­blir dans le monde la dévo­tion à son Cœur imma­cu­lé, gage de salut et de paix. Elle pré­dit la fin pro­chaine de la guerre, de nou­veaux châ­ti­ments dont une autre guerre « lors­qu’une lumière incon­nue paraî­tra dans la nuit » [1], des per­sé­cu­tions pour l’É­glise, et la conver­sion de la

Rus­sie, après la consé­cra­tion de ce pays, par le Pape, à son Cœur immaculé. 

De plus, comme elle leur avait recom­man­dé de se sacri­fier et de prier pour les pécheurs, à par­tir de ce moment, les trois enfants mul­ti­plièrent leurs péni­tences. Ayant trou­vé une corde, ils la divi­sèrent en trois par­ties et cha­cun la por­ta ser­rée autour de la taille. Sou­vent, il leur arri­vait de

don­ner aux pauvres le fru­gal repas qu’ils empor­taient aux champs. 

8. Quatrième apparition.

Le 13 août, 18 000 per­sonnes priant et chan­tant des can­tiques se ren­dirent à la Cova pour y attendre l’ap­pa­ri­tion, mais les enfants ne s’y trou­vaient pas. L’ad­mi­nis­tra­teur d’Ou­rem les avait kid­nap­pés et empri­son­nés chez

lui. La foule était furieuse. Sou­dain, un coup de ton­nerre reten­tit et un éclair déchi­ra le ciel ; le soleil pâlit, l’at­mo­sphère devint d’un jaune terne et un léger nuage se leva au-des­sus du chêne vert de l’ap­pa­ri­tion et dis­pa­rut au bout de quelques minutes. La foule fut ins­tan­ta­né­ment cal­mée et se dis­per­sa, reconnaissante. 

Pen­dant plu­sieurs jours, les enfants furent continuellement

ques­tion­nés et mena­cés ensemble et sépa­ré­ment. Mais ce fut en vain, et on les ren­dit à leurs familles. 

Le 19 août, tan­dis qu’ils fai­saient paître leurs mou­tons, cette fois à Valin­hos, non loin du vil­lage la Dame leur appa­rut. Elle leur dit : 

— Priez, priez beau­coup et faites des sacri­fices pour les pécheurs, car beau­coup d’âmes vont

en parce qu’il n’est pas offert de sacri­fices pour elles. 

Après son départ, Lucia cueillit la branche sur laquelle l’Ap­pa­ri­tion avait posé le pied et l’of­frit à sa mère. Lorsque celle-ci le prit, un doux et mys­té­rieux par­fum se répandit. 

9. Cinquième apparition.

LE 13 sep­tembre, 30 000 pèle­rins étaient à genoux à la Cova, lorsque Lucia s’écria : 

— Vous devez prier. 

À ce moment, l’at­mo­sphère devint d’un or terne et l’on vit un globe lumi­neux se dépla­cer dans le ciel. L’Ap­pa­ri­tion dit aux enfants de conti­nuer à réci­ter le cha­pe­let pour obte­nir la fin de la

guerre, et pro­mit qu’en octobre saint Joseph et l’En­fant Jésus l’ac­com­pa­gne­raient. Une pluie qui sem­blait être de roses blanches tom­ba et dis­pa­rut avant d’at­teindre le sol.

10. Sixième apparition (13 octobre 1917). 

Une foule de 60 000 per­sonnes s’est ren­due à la Cova. On

y trouve, mêlés à une majo­ri­té de pauvres gens, quelques cita­dins. Tous sont très recueillis et la plu­part ont pas­sé la nuit plu­vieuse sur le lieu même de l’ap­pa­ri­tion. Lucia a com­men­cé la réci­ta­tion du cha­pe­let. Tout à coup, elle s’écrie : 

— Elle arrive ! Tous à genoux ! 

On obéit en silence. Les enfants fixent un point du ciel. Un petit

nuage blanc visible par tous enve­loppe la Dame et les enfants. Lucia prend la parole : 

— Qui êtes-vous ? Que voulez-vous ? 

Je suis Notre-Dame du , répond la Dame, je veux ici une cha­pelle en mon honneur. 

Et elle renou­velle ses aver­tis­se­ments pré­cé­dents. Puis elle dis-

parut tan­dis que la pluie ces­sait. Le soleil qui brillait alors dans toute sa clar­té pâlit sou­dain et devint comme un large disque d’argent tour­nant à une vitesse folle et répan­dant par­tout des rayons mul­ti­co­lores, puis il oscil­la vers la terre. Sai­sie de stu­peur et d’ef­froi, la foule tom­ba à genoux. Enfin, l’astre reprit sa

place habi­tuelle. Pen­dant la danse du soleil, les enfants furent favo­ri­sés de la vision des mys­tères du Rosaire et par­ti­cu­liè­re­ment de la Sainte Vierge ayant à côté d’elle saint Joseph por­tant l’En­fant Jésus. Ain­si prirent fin les mer­veilleux évé­ne­ments de 1917.

11. Mort de Francisco et de Jacinto.

APRÈS l’ap­pa­ri­tion d’oc­tobre, on venait constam­ment cher­cher les voyants pour les inter­ro­ger. Mais ils étaient sou­vent à la garde de leurs mou­tons. Aus­si les Mar­to confièrent le soin de leur trou­peau à leur fils aîné, et les San­tos ven­dirent le leur. Les

enfants purent aller en classe, mais Fran­cis­co et Jacin­ta ne devaient pas y res­ter long­temps, la Vierge leur ayant révé­lé — on s’en sou­vient — leur pro­chaine mort. Ils s’y pré­pa­rèrent par le sacri­fice, sui­vant les conseils d’un saint prêtre qui leur disait : 

— Mes petits enfants, si vous avez envie d’un plat, n’y touchez

pas et pre­nez autre chose, offrant ain­si un sacri­fice ; si l’on vous inter­roge et que vous ne puis­siez répondre, c’est que Dieu le veut ain­si ; offrez-lui ce nou­veau sacrifice 

À la fin de la Grande Guerre, une épi­dé­mie connue sous le nom de grippe espa­gnole rava­gea l’Eu­rope. Tous les enfants de

Mar­to en furent atteints et Fran­cis­co sur­tout. Lucia venait sou­vent lui rendre visite. 

— Souffres-tu beau­coup ? lui deman­da-t-elle un jour. 

— Oui, répon­dit-il, mais je sup­porte tout par amour pour Notre-Sei­gneur et Notre-Dame. 

Mal­gré sa fatigue, il res­ta fidèle à la réci­ta­tion du cha­pe­let et à la prière de Notre-Dame.

Celle-ci lui appa­rut au début de sa mala­die et lui dit qu’elle l’emmènerait bien­tôt au ciel. Au bout de quinze jours, il put se lever et se rendre à la Cova. Mais il dut de nou­veau s’a­li­ter et c’est alors qu’il se pré­pa­ra à sa pre­mière Com­mu­nion. La céré­mo­nie eut lieu le 9 avril 1919. Fran­cis­co était tout rayon­nant de joie. Dans la nuit, il dit à Jacin­ta et à Lucia :

— Je vais au ciel et je prie­rai Notre-Sei­gneur de vous y ame­ner bientôt. 

Le len­de­main matin, le visage illu­mi­né d’un gra­cieux sou­rire, il dit à sa mère : 

— Regarde, maman, quelle belle lumière, là, près de la porte ! Et, peu après, il expi­ra dou­ce­ment. Il n’a­vait pas encore 11 ans.

Après la mort de son frère, Jacin­ta, malade elle-même, eut encore près d’un an à souf­frir. Notre-Dame lui appa­rut et lui dit qu’elle ne gué­ri­rait jamais, qu’elle souf­fri­rait beau­coup dans deux hôpi­taux dif­fé­rents et qu’elle mour­rait seule à Lisbonne. 

Dans les der­niers jours de sa vie, la Vierge vint sou­vent lui par­ler. Mais la nuit de sa mort, Jacin­ta fut pri­vée de la sainte Eucha­ris­tie, car elle était seule à croire à sa mort immi­nente. Elle exha­la pai­si­ble­ment le der­nier sou­pir, le 1920, dans sa dixième année. 

Lucia demeu­rait seule. Elle savait qu’il lui res­tait de nom­breuses années à vivre pour pro­pa­ger la dévo­tion au Cœur Imma­cu­lé de Marie. 

L’é­vêque de Lei­ria, qui lui témoi­gnait un pater­nel inté­rêt, prit des dis­po­si­tions pour qu’elle fût envoyée dans le nord du , à l’é­cole des Sœurs de Sainte-Doro­thée. Il vou­lait ain­si la sous-

traire à la curio­si­té insa­tiable des gens bien ou mal inten­tion­nés qui lui fai­saient subir toutes sortes d’in­ter­ro­ga­toires sur les évé­ne­ments de . Il lui fut très dur de quit­ter son foyer, les lieux où elle avait éprou­vé un si grand bon­heur et qu’elle ne rever­rait peut-être jamais. 

Quelques années plus tard, elle devien­dra Sœur converse dans la Congré­ga­tion des Sœurs de Sainte-Doro­thée, sous le nom de Sœur Marie des Dou­leurs. Elle vit tou­jours. Son idéal est de pas­ser inaper­çue, de demeu­rer igno­rée, et elle y réus­sit mer­veilleu­se­ment. Elle disait : « Je désire que plus Fati­ma sera connu, plus je demeure incon­nue. » Seules, ses supé­rieures savent qui elle est. Il semble que la Vierge lui appa­raisse encore et qu’elle lui trans­mette des mes­sages pour son uti­li­té per­son­nelle et pour le monde.

FIN

  1. [1] a cru recon­naître dans l’au­rore boréale du 25 jan­vier 1938 le signe annon­çant la deuxième guerre mon­diale.

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