Étiquette : <span>13 mai</span>

Auteur : Maldan, Juliette | Ouvrage : Petites Vies Illustrées pour enfants .

Temps de lec­ture : 27 minutes

Jacinte, la plus jeune des trois voyants de , était une jolie enfant, brune, les traits régu­liers, avec des yeux vifs et pro­fonds. Intel­li­gente et fine, son bon cœur, son carac­tère tendre et doux la ren­daient aimable à tous.

Onzième enfant de la famille Mar­to, ses grandes sœurs et ses frères la choyaient à l’en­vi. Par­fois, Olim­pia, la mère, gron­dait ses aînés parce qu’ils gâtaient trop la petite. Mais au fond, les suc­cès de sa ben­ja­mine flat­taient et réjouis­saient son cœur.

Cette fer­vente chré­tienne avait tou­jours hâte de voir gran­dir ses enfants pour leur ensei­gner les prières et les pre­mières véri­tés de la reli­gion. Jacinte et son frère , de deux ans plus âgé, apprirent de leur maman à aimer Jésus et .

De temps en temps, la mère réunis­sait autour d’elle tous ses enfants pour une sorte de caté­chisme fami­lial. Le foyer d’O­lim­pia était pro­fon­dé­ment reli­gieux, comme celui de sa belle-sœur, Maria-Rosa, mariée à Anto­nio dos Santos.

Deux mai­sons basses et modestes, situées à quelques minutes du bourg de Fati­ma, abri­taient ces familles nom­breuses. À côté du logis, la ber­ge­rie, l’aire, puis le jar­din où le puits creu­sé dans le roc se cachait sous l’ombre épaisse des figuiers.

La maison de Jacinte à Fatima
La mai­son de Jacinte.

Dans chaque demeure, sur la muraille blan­chie à la chaux, le cru­ci­fix s’en­tou­rait d’i­mages pieuses devant les­quelles, chaque soir, parents et enfants s’a­ge­nouillaient pour la prière.

En cette contrée mon­ta­gneuse du , la popu­la­tion res­tait simple, chré­tienne, labo­rieuse. Le tra­vail était dur pour culti­ver la vigne et le blé dans les étroites bandes de terre encla­vées dans les rochers. Les trou­peaux qui brou­taient le long des col­lines consti­tuaient la richesse du pays. Pour les gar­der, beau­coup d’en­fants man­quaient l’é­cole et ne savaient ni lire, ni écrire.

Cette vie mono­tone n’é­tait cou­pée que par le repos du dimanche, vrai jour du Sei­gneur. Tous venaient à la messe, même les habi­tants des hameaux les plus écartés.

Fati­ma, loin des villes, avec des che­mins rocailleux, impra­ti­cables, res­tait comme un îlot pré­ser­vé au milieu du Por­tu­gal, sur lequel pas­sait une ter­rible vague d’im­pié­té et d’anarchie.

Cette nation, jadis très pros­père, alors rui­née, déchi­rée par les haines, le com­mu­nisme, les per­sé­cu­tions reli­gieuses, sem­blait cou­rir à l’abîme.

Certes, nul ne se dou­tait que des mon­tagnes obs­cures de Fati­ma, vien­drait, au Por­tu­gal, un mes­sage de paix et de résurrection !

Les bergers

Jacinte et son frère Fran­çois ne jouent qu’a­vec leur cou­sine dos San­tos, éle­vée comme eux par une maman qui veille sur la pure­té de son âme et place avant tout la fran­chise, la pro­bi­té, les ver­tus chré­tiennes. Lucie, née en 1907, est l’aî­née de ses cousins.

| Ouvrage : Petites Vies Illustrées pour enfants .

Temps de lec­ture : 18 minutes

Trois petits bergers

En l’an­née 1917, le tra­ver­sait une triste période. Diri­gé par un gou­ver­ne­ment qui per­sé­cu­tait la reli­gion, ce pays, divi­sé, rui­né, enva­hi par le com­mu­nisme, sem­blait aller à sa perte.

En même temps, les armées por­tu­gaises par­ti­ci­paient à la grande guerre, et, dans plus d’un foyer, on pleu­rait les sol­dats tom­bés bien loin, là-bas, sur une terre étrangère.

Récit des apparitions de Fatima raconté aux enfants
Un éclair, brus­que­ment, frappe leurs yeux.

À cette époque, le vil­lage de res­tait encore à peu près incon­nu. Situé à une cen­taine de kilo­mètres de Lis­bonne, ses modestes mai­sons se dres­saient sur les pentes de la mon­tagne d’Aire, dans une contrée par­ti­cu­liè­re­ment aride et rocailleuse. Pour­tant, cette région gar­dait le sou­ve­nir d’une écla­tante vic­toire, rem­por­tée en 1385, par le roi Jean 1er de Por­tu­gal, avec une poi­gnée de braves. Le roi, en recon­nais­sance, fit construire à cet endroit un beau couvent en l’hon­neur de de la Vic­toire. Il en confia la garde aux Domi­ni­cains. Ceux-ci répan­dirent autour d’eux la dévo­tion du saint . L’u­sage s’en était si bien conser­vé à tra­vers les siècles que, dans cette par­tie du pays, beau­coup de familles réci­taient encore fidè­le­ment le . Les petits enfants eux-mêmes, éle­vés dans cette habi­tude, aimaient à le dire.

* * *

Par une belle jour­née du prin­temps de 1917, trois ber­gers de Fati­ma gar­daient leurs mou­tons dans un champ nom­mé la Cova da Iria, qui appar­te­nait aux parents de l’un d’eux.