Le message de Fatima

Auteur : Neuville, E. de | Ouvrage : Revue Bernadette .

Temps de lec­ture : 11 minutes

1. Les visites de l’ange

LUCIA DOS SANTOS, âgée de 9 ans, et ses deux cou­sins, Fran­cis­co et Jacin­ta Mar­to, âgés de 8 et 6 ans, com­pa­gnons insé­pa­rables, se diri­gèrent, un jour de prin­temps 1916, vers la grotte d’une col­line voi­sine. Ils venaient d’y par­ve­nir lorsque Dieu leur envoya son ange. Un seul coup de vent en fut le signe pré­cur­seur, et aus­si­tôt, au milieu d’un groupe

de quelques oli­viers, les enfants remar­quèrent un jeune homme parais­sant 15 ans envi­ron, très beau et tout resplendissant. 

— Ne crai­gnez point, leur dit-il, je suis l’ange de la paix.

Puis il s’a­ge­nouilla et, se pros­ter­nant, incli­na son visage vers la terre. Les enfants l’i­mi­tèrent. L’ange fit, par trois fois, cette prière que les petits répétèrent : 

— Mon Dieu, je crois, j’a­dore, j’es­père et je vous aime. Je demande par­don pour ceux qui ne croient pas, n’a­dorent pas, n’es­pèrent pas et ne vous aiment pas. 

Il ajou­ta :
— Priez ain­si. Les Cœurs de Jésus et de Marie sont atten­tifs à votre sup­pli­ca­tion. Puis il dis­pa­rut. Les enfants ne dirent mot à per­sonne de cette

BD du message de Fatima - L'ange de Fatima, l'ange du Portugal invite les enfants à prier.

visite, et Lucia ne la révé­la que bien plus tard. Il revint au milieu de l’é­té, tan­dis que les enfants jouaient ensemble près du puits familial. 

— Que faites-vous ? leur dit-il. 

Et il ajou­ta :
— Priez, priez beau­coup ! Les Cœurs de Jésus et de Marie ont des des­seins misé­ri­cor­dieux sur

vous. Offrez conti­nuel­le­ment au Très-Haut prières et sacrifices. 

— Com­ment devons-nous faire des sacri­fices ? deman­da Lucia. 

L’ange répon­dit :
— Que toutes vos actions soient un sacri­fice et offrez-les en répa­ra­tion pour les péchés qui offensent Dieu et en sup­pli­ca­tion pour la conver­sion des pécheurs. Ame­nez ain­si la paix sur votre

pays. Je suis son ange gar­dien, l’ange du Por­tu­gal. Sur­tout, accep­tez et sup­por­tez avec sou­mis­sion les souf­frances qui vous sont envoyées par le Seigneur. 

Ain­si prit fin cette seconde visite céleste. À par­tir de ce moment, les enfants acce­ptèrent avec doci­li­té les mor­ti­fi­ca­tions que Dieu leur envoyait chaque jour.

2. Les visites de l’ange (suite)

Très Sainte Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit, je vous adore profondément, je vous offre les très précieux corps, sang, âme et divinité de Jésus-Christ présent dans tous les tabernacles du monde, en réparation des outrages, sacrilèges et indifférences qui l'offensent.

Les enfants s’é­tant ren­con­trés un matin, vers la fin de 1916, et ayant pris leur petit repas habi­tuel près de la grotte, y péné­trèrent pour y réci­ter le cha­pe­let et la prière de l’ange. Ils l’a­vaient répé­tée plu­sieurs fois lorsque, levant la tête, ils aper­çurent l’ange devant eux qui leur sourit

et leur fit signe de s’a­ge­nouiller. Il tenait à la main un calice sur­mon­té d’une hos­tie, qu’il lais­sa pour s’a­ge­nouiller lui-même à côté des enfants, et qui res­tèrent mys­té­rieu­se­ment sus­pen­dus en l’air. Il dit ensuite :
— Priez avec moi. 

Puis il incli­na son front vers la terre et les enfants l’i­mi­tèrent, répé­tant après lui, par trois fois,

les mots de la prière sui­vante :
— Très Sainte Tri­ni­té, Père, Fils et Saint-Esprit, je vous adore pro­fon­dé­ment, je vous offre les très pré­cieux corps, sang, âme et divi­ni­té de Jésus-Christ pré­sent dans tous les taber­nacles du monde, en répa­ra­tion des outrages, sacri­lèges et indif­fé­rences qui l’of­fensent ; par les mérites infi­nis de son Très Sacré Cœur et l’in-

ter­ces­sion du Cœur imma­cu­lé de Marie, je vous implore pour la conver­sion des pauvres pécheurs. L’ange se rele­va et les enfants l’i­mi­tèrent. Pre­nant le calice et l’hos­tie, il don­na l’hos­tie à Lucia, puis pré­sen­ta le calice à Fran­cis­co et à Jacin­ta en pro­non­çant les paroles sui­vantes :
— Rece­vez le corps et le sang de Jésus-Christ, cruel­le­ment ou-

tra­gé par l’in­gra­ti­tude des hommes. Expiez leurs crimes et conso­lez votre Dieu. Lorsque Jacin­ta eut vidé le calice, l’ange se remit à genoux, tenant le calice dans ses mains, se pros­ter­na et incli­na son front vers la terre. Les enfants firent de même, et l’ange recom­men­ça la même prière que les enfants répé­tèrent très dou­ce­ment, ne la

sachant pas encore très bien, et l’ange dis­pa­rut. Les mois pas­sèrent. Pen­dant ce temps les enfants devinrent ber­gers. Voi­ci com­ment cela se pro­dui­sit. La sœur de Lucia, Caro­li­na, avait la charge du petit trou­peau fami­lial. Ayant atteint 13 ans, elle fut appe­lée à d’autres tâches, aus­si Lucia devint-elle ber­gère à sa place

3. Première apparition de la Vierge (13 mai 1917).

Les enfants Marto emmène paître leur mouton avec Lucie

EST-IL extra­or­di­naire que la Mère de l’A­gneau ait tou­jours, depuis Beth­léem, mon­tré sa pré­di­lec­tion pour les bergers ? 

Frans­cis­co et Jacin­ta étaient déses­pé­rés d’être pri­vés de leur chère com­pagne de jeux. Ils

allèrent trou­ver la mère de Lucia pour la sup­plier de leur per­mettre d’ac­com­pa­gner sa fille aux champs, mais leur tante le leur refu­sa. Aus­si les deux enfants firent-ils le siège de leur mère jus­qu’à ce qu’elle leur confiât son petit trou­peau. Ce fut pour Jacin­ta le com­men­ce­ment de nom­breuses dif­fi­cul­tés. Les moutons,

n’é­tant pas habi­tués à elle, refu­saient de la suivre, bien qu’elle les appe­lât tou­jours dou­ce­ment, jus­qu’à ce que, pour les gagner, elle par­ta­geât avec eux son déjeu­ner. Ain­si, Lucia et ses cou­sins se ren­con­traient-ils chaque matin au tour­nant de la route et, inva­ria­ble­ment, les petits posaient à l’aî­née la même question :

L'apparition de Fatima en BD : Les petits Bergers arrivent à la Cova da Ida

— Où mène­rons-nous les mou­tons, aujourd’hui ? 

La réponse de Lucia était tou­jours la même :
— Dans le champ de mon père, à la Cova da Ida. 

Cette déci­sion prise, les trois enfants sui­vaient pen­dant près de 2 kilo­mètres le che­min rabo­teux qui les menait à la Cova. Le pays alen­tour était aride et rocailleux. Seul, cet endroit offrait

quelques arbres et un peu d’herbe. Les mou­tons satis­faits, les enfants man­geaient leur fru­gal repas, com­po­sé de pain et de fro­mage, peut-être quelques grappes de rai­sin de la vigne des Mar­to. Ensuite, ils réci­taient le rosaire fami­lial, car ils étaient éle­vés dans cette belle habi­tude por­tu­gaise de la réci­ta­tion quo­ti­dienne par la famille de la prière à Marie.

Le 13 mai 1917 était une jour­née enso­leillée. Les enfants, comme d’ha­bi­tude, s’en allèrent à la Cova. Ils étaient sans doute par­tis très tôt de chez eux, car en mai la cha­leur com­mence à être très forte et il est néces­saire d’emmener paître les mou­tons le matin, pour leur évi­ter la fatigue, sur­tout aux jeunes agneaux.

4. Première apparition (suite).

BD : Apparition de ND de Fatima aux enfants

COMME à l’or­di­naire, les petits ber­gers s’é­taient ins­tal­lés pour déjeu­ner et jouer après avoir choi­si l’en­droit pro­pice pour faire paître leur trou­peau. Ils étaient occu­pés à ras­sem­bler les cailloux pour la construc­tion d’une petite mai­son lors­qu’un éclair les fit sur­sau­ter. Ils pen­sèrent aus­si­tôt à ras­sem­bler les

mou­tons pour ren­trer, crai­gnant l’o­rage, mais ils s’a­per­çurent que le ciel était clair ; puis, un deuxième et un troi­sième éclair parurent. Sou­dain, les enfants aper­çurent une belle Dame au-des­sus d’un chêne vert. Elle leur fai­sait signe et les regar­dait affectueusement. 

— Ne crai­gnez rien, dit-elle, je ne vous ferai pas de mal. Après un ins­tant, Lucia prit la

parole et deman­da à la Dame : 

— D’où venez-vous ?
— Je viens du ciel, fut la réponse.
— Qui êtes-vous ? Que vou­lez-vous ?
— Je veux, mes enfants, que vous veniez ici, le 13 de chaque mois, jus­qu’en octobre. Je vous dirai alors qui je suis. 

Lucia deman­da :
— Vous venez du ciel ? Irai-je ?

ND de Fatima en BD : on traite Lucie de menteuse

— Oui, tu iras, mon enfant.
— Et ma cou­sine Jacin­ta ?
— Elle ira aus­si.
— Et le petit Fran­cis­co ?
— Lui aus­si, mais il devra dire beau­coup de chapelets. 

Après un silence, la Dame reprit :
— Vou­lez-vous vous offrir à Dieu et sup­por­ter toutes les souf­frances qu’il lui plai­ra de vous envoyer, en répa­ra­tion pour les

péchés qui l’of­fensent et pour deman­der la conver­sion des pécheurs ? 

— Oh ! oui, répon­dit Lucia.
— Vous aurez beau­coup à souf­frir, reprit la Dame, mais Dieu lui-même vous fortifiera. 

Et après un court silence :
— Mes enfants, réci­tez tou­jours le cha­pe­let avec grande dévotion.

Puis, se tour­nant vers l’Est, elle disparut. 

Les enfants avaient déci­dé de ne par­ler à per­sonne de cette appa­ri­tion. Mais Jacin­ta ne sut gar­der sa langue et bien­tôt les deux familles furent au cou­rant. Lucia fut trai­tée de men­teuse par sa mère. Heu­reu­se­ment qu’elle pou­vait comp­ter sur le récon­fort de ses cou­sins dans cette ter­rible épreuve.

5. Deuxième apparition (13 juin 1917).

BD en ligne : O mon Jésus, pardonnez-nous, sauvez-nous du feu de l'enfer, amenez toutes les âmes au ciel, surtout celles qui ont le plus besoin de miséricorde !

C’ÉTAIT la fête de saint Antoine de Lis­bonne [1], chère entre toutes aux cœurs por­tu­gais. Cepen­dant, Lucia avait déci­dé d’ac­com­pa­gner ses cou­sins à la Cova. Des curieux les y sui­virent. Après la réci­ta­tion du cha­pe­let, Lucia dit sou­dain :
— Nous avons vu l’é­clair ! Et les trois enfants tombèrent

à genoux. La Dame parut comme en mai. Lucia prit la parole :
— Que dési­rez-vous ?
— Conti­nue, répon­dit-elle à réci­ter le cha­pe­let comme tu viens de le faire, pour la fin de la guerre. Après le Gloire au Père de chaque dizaine, tu ajou­te­ras ces invo­ca­tions : O mon Jésus, par­don­nez-nous, sau­vez-nous du feu de l’en­fer, ame­nez toutes les âmes au ciel, sur­tout celles qui

ont le plus besoin de misé­ri­corde !
— Nous emmè­ne­rez-vous bien­tôt au ciel ? deman­da Lucia.
— Oui, je pren­drai bien­tôt Fran­cis­co et Jacin­ta, mais tu devras res­ter sur la terre un cer­tain temps. Je désire que tu apprennes à lire ; Jésus veut se ser­vir de toi pour me faire connaître et aimer. Il désire éta­blir dans le monde la dévo­tion à mon Cœur immaculé.

Bande Dessinée : ND de Fatima enseigne aux petits bergers à prier

— Alors, je res­te­rai seule ?
— Non, ma fille, je ne t’a­ban­don­ne­rai pas. Mon Cœur imma­cu­lé sera tou­jours ton refuge et la voie qui te condui­ra à Jésus. 

À ce moment, la Dame ouvrit les mains qu’elle tenait jointes et mon­tra aux enfants son cœur bles­sé ; ils virent alors une lumière brillante qui se per­dait en Dieu. La Dame pour­sui­vit :
Mon enfant, vois mon Cœur entou­ré des épines que les hommes

dans leur ingra­ti­tude y ont pla­cées par leurs blas­phèmes. Toi, du moins, essaye de me conso­ler et dis-leur que je pro­mets d’ai­der à l’heure de la mort, avec les grâces néces­saires au salut, tous ceux qui, le pre­mier same­di de cinq mois consé­cu­tifs, se confes­se­ront et rece­vront la sainte com­mu­nion, réci­te­ront cinq dizaines de cha­pe­let et me tien­dront com­pa­gnie pen­dant quinze minutes en médi­tant sur les mys­tères avec

l’in­ten­tion de me faire réparation. 

Après un ins­tant de silence, elle reprit :
— Priez beau­coup et faites des sacri­fices pour les pécheurs. Beau­coup d’âmes vont en enfer parce que per­sonne ne prie et n’offre des sacri­fices pour elles.

Puis la vision disparut.

(À suivre)


  1. [1] Où il est né ; appe­lé ailleurs : de Padoue, où il est mort.

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