Assomption
« Ciel ! comme nous voilà faits !… »
Ils étaient partis endimanchés, vêtus de blanc ainsi que les lis des jardins et les marguerites des champs. Partis par une très longue route vers la Cité merveilleuse où leur père était roi, et où ils seraient princes.
Leur mère, sage et prudente, leur avait dit au départ :
« Prenez grand soin de vos vêtements immaculés : votre père n’y tolérerait ni tache ni accroc.
– Bien sûr ! » avaient répondu filles et garçons, gaillards et fanfarons.
Oui, mais…
En route, il leur avait pris fantaisie de s’amuser : ils avaient joué, ri, chanté, chahuté, et puis chahuté, chanté, ri et joué, comme des fous, dans la poussière des villes et dans la bouc des champs, sans regarder aux ronces du chemin, aux épines des buissons, sans se soucier le moins du monde de leurs beaux vêtements couleur de marguerites et de lis…
Ils n’y avaient point pensé.
Mais voici qu’en arrivant aux portes de la Cité, un rayon de sa lumière les toucha, dans lequel, soudain, ils se figèrent, transis.
« Ciel ! comme nous voilà faits ! » répéta le plus grand en écho.
Et le plus petit se mit à pleurer.
Et tous les autres à trembler.
Dans cette aube-là, qui ne ressemblait à aucune autre clarté mais les dépassait toutes, ils se sentaient eux-mêmes transparents et transpercés, honteux de leurs taches et de leurs trous, et de leur visage empoussiéré, le long duquel les larmes en dégoulinant faisaient des marbrures grises que leurs paumes étalaient.
Avancer ? Ils n’osaient.
Reculer ? Ils ne le pouvaient.
Un désir aigu de se cacher leur faisait porter leurs regards de tous côtés en quête d’un abri. Mais les rochers mêmes, en cette indicible transparence, étaient plus clairs que des diamants et leur servaient de miroirs. Les yeux fermés et leurs deux poings dessus bien serrés, ils voyaient encore ces taches et ces accrocs, et les soldats du roi qui arrivaient avec des mines dégoûtées pour…
…Pour quoi faire, mon Dieu ?
Dans la Cité de Beauté, il n’y avait place ni pour leurs souillures ni pour leurs trous ; sans que leur père l’ait dit, ils le savaient et se faisaient petits, tout minces, le plus minimes qu’ils pouvaient, afin de passer inaperçus. Mais dans ce jour de cristal une poussière même se voyait plus sûrement qu’une montagne dans notre soleil…
* * *
Le regard de leur père, soudain, pesa sur eux. Ils eussent voulu rentrer sous terre ; mais la terre aussi était pétrie de lumière…
Autour des coupables, serviteurs et soldats s’assemblaient, et les ministres autour du Roi, en cour de justice. Les pauvrets, ratatinés et transis, n’osaient lever les yeux ni souffler mot. Le silence était aussi grand que la lumière. La sentence allait tomber.
Mais ce silence étale, soudain, vibra d’un chaut suave et lointain, qui monta, monta par vagues, jusqu’à l’emplir d’une musique d’allégresse née de cent mille voix accordées. Et le regard du Roi, cessant de transpercer les enfants sales et loqueteux, se reposa, ravi, sur le cortège immense qui s’avançait pour le triomphe d’une Femme…
Une Femme qui était Lumière dans la lumière et miroir de toute clarté.
Une Femme plus belle que le jour et plus suave que le lis.
Si suave et si belle que le Roi l’avait envoyé chercher pour la faire Reine en sa ville et en tous ses domaines…
« Oh ! la belle Dame », murmura une toute petite fille parmi les enfants saisis.
« Et comme elle a l’air bon », répondirent les autres dans un souffle.
Mais voici que les harpes d’or s’arrêtaient de vibrer et les chœurs de chanter : le Roi s’avançait au-devant de la Dame.
« O Reine, dit-il,-vous voici désormais chez moi, Dame et Maîtresse sur toutes choses et toutes gens. »
La Souveraine inclina la tête gracieusement sous la couronne royale qu’il y déposait, et le concert, de nouveau, éclata dans la jubilation.
Le cortège, déjà, voulait se reformer pour son entrée dans la Cité.
Mais la Reine, souriante et assurée, fit signe que non, et qu’elle avait autre chose à faire avant.
Une chose qu’elle accomplirait toute seule et sans suivants.
Les serviteurs, les soldats, toute la foule regardaient sans comprendre cette Reine qui s’échappait de sa cour et courait, seule et pressée, par des sentes malaisées, vers quelques enfants sales et déguenillés…
Car elle venait, oui, vers les pauvres petits qui la regardaient, bouche bée, se demandant quelle attitude prendre et comment lui cacher leurs taches et leurs trous.
Mais elle, simplement, s’assit sur un rocher de diamant et, débarbouillant, lessivant et raccommodant ainsi que font toutes les mamans du monde, fit leur toilette en un instant, si habile et si tendre que la toute petite fille murmura à l’oreille de sa grande sœur :
« Pour sûr, c’est une Reine-Maman… »
* * *
Une Reine-Maman qui, sa tâche accomplie, rassembla les enfants en bande sous son grand manteau, et s’en revint joyeusement avec eux aux portes de la Ville…
« Entrons maintenant », dit-elle à sa cour.
Ainsi qu’en un conte merveilleux, le Roi sourit et la cour aussi. Sous le manteau de la Souveraine, les petits, avec elle, prenaient possession du beau royaume…
Toutefois ce n’est point ici un conte, mais une histoire vraie. Les noms des enfants étaient : Pierre, François, Jacqueline, Madeleine, Catherine, vous, et moi…
Et le nom de la Dame était : Marie.
Rose Dardennes.
Abbaye de Saint Maurice, le 14 07 2012
Merci pour votre site.
Je désirerai avoir plus d’images de la Vierge Marie à colorier pour les enfants.
Merci !
Dans les sites qui sont sur la page des liens, vous trouverez quelques coloriages de qualité. Particulièrement le site Transmettre et les deux liens du bas, appelé Images chrétiennes et Images de saints
Autrement, il y a l’incontournable Google images.
Bonnes lectures.