Assomption
« Ciel ! comme nous voilà faits !… »
Ils étaient partis endimanchés, vêtus de blanc ainsi que les lis des jardins et les marguerites des champs. Partis par une très longue route vers la Cité merveilleuse où leur père était roi, et où ils seraient princes.
Leur mère, sage et prudente, leur avait dit au départ :
« Prenez grand soin de vos vêtements immaculés : votre père n’y tolérerait ni tache ni accroc.
– Bien sûr ! » avaient répondu filles et garçons, gaillards et fanfarons.
Oui, mais…
En route, il leur avait pris fantaisie de s’amuser : ils avaient joué, ri, chanté, chahuté, et puis chahuté, chanté, ri et joué, comme des fous, dans la poussière des villes et dans la bouc des champs, sans regarder aux ronces du chemin, aux épines des buissons, sans se soucier le moins du monde de leurs beaux vêtements couleur de marguerites et de lis…
Ils n’y avaient point pensé.
Mais voici qu’en arrivant aux portes de la Cité, un rayon de sa lumière les toucha, dans lequel, soudain, ils se figèrent, transis.
« Ciel ! comme nous voilà faits ! » répéta le plus grand en écho.
Et le plus petit se mit à pleurer.
Et tous les autres à trembler.
Dans cette aube-là, qui ne ressemblait à aucune autre clarté mais les dépassait toutes, ils se sentaient eux-mêmes transparents et