Catégorie : <span>Et maintenant une histoire I</span>

Auteur : Demetz L. | Ouvrage : Et maintenant une histoire I .

Temps de lec­ture : 6 minutes

Histoire pour les enfants - le blé et l'eucharistie - batteuseLes hommes battent le grain. Pierre regarde avec fier­té ce flot de fro­ment doré que déverse au sol la puis­sante batteuse.

Dans le vrom­bis­se­ment du moteur, les lourdes gerbes sont hap­pées avec force, vidées de leurs grains, et retombent lasses et vides.

Le beau blé s’ac­cu­mule en tas, sans arrêt ; on le vanne et on en rem­plit les grands sacs ven­trus qui attendent.

Pierre en met un coup avec son père et les ouvriers. De toute la force de ses douze ans, il manie la pelle avec habileté.

« Quel métier de chien ! J’ai l’go­sier sec », cla­baude le gros Louis qui vient battre uni­que­ment parce qu’il sait que Maître Renaud soigne son monde et qu’il y aura un mou­ton à manger.

Pierre s’est redresse comme une flèche : il aime déjà son futur métier et ne le lais­se­ra pas dépré­cier par personne.

« Tu ne sais pas ce que tu dis, Louis. Pense que sans nous l’hu­ma­ni­té mour­rait de faim. Le pays compte sur les pay­sans ; il faut que nous soyons dignes de sa confiance. »

Inter­dit, le gros Louis grogne encore pour le compte de son gosier altéré.

Pierre se remet à la besogne pen­dant que Louis par­le­mente avec ses insé­pa­rables can­nettes de bière, ali­gnées contre le mur.

Histoire pour la jeunesse - Pains et bléTout en rem­plis­sant son sac, Pierre réflé­chit comme tous les pay­sans réflé­chissent. Il se dit qu’il ne conver­ti­ra pas Louis aujourd’­hui et qu’il vaut mieux beso­gner que dis­cu­ter. Mais les der­niers mots adres­sés à son cama­rade lui reviennent à l’es­prit… mou­rir de faim.

Sans la terre,

Auteur : Falaise, Claude | Ouvrage : Et maintenant une histoire I .

Temps de lec­ture : 7 minutes

Fuir les persécutions - Sacrement de confirmation - la nuitIl y avait vingt minutes que Sonia ram­pait. Ses épaules étaient main­te­nant dou­lou­reuses, ses genoux et ses coudes en sang. Elle s’ar­rê­ta une minute pour res­pi­rer, mais le fit sans ouvrir la bouche pour que son souffle pré­ci­pi­té ne fit pas de bruit. Cepen­dant, elle ne per­mit à son oreille, ten­due vers l’é­pais­seur de la nuit, nul répit : une minute d’i­nat­ten­tion pou­vait les perdre, elle et Michki.

Tout à coup, la lune sor­tit de der­rière un nuage comme un bal­lon du fou­lard appa­rem­ment vide d’un pres­ti­di­gi­ta­teur. Alors la fillette tres­saillit : à moins de vingt mètres d’elle sur un talus natu­rel, un homme était assis. Du moins la sil­houette mas­sive et floue pou­vait-elle être prise pour celle d’un homme.

« Mère de Dieu, protège-nous ! »

D’une main un peu ner­veuse, Sonia tira sur la ficelle qui la liait au bras de son frère, apla­ti comme elle dans les herbes, quelques pas en arrière. Le coup était net, unique. Le petit bon­homme n’eut pas besoin de comp­ter : cela vou­lait dire : « dan­ger ». C’é­tait la pre­mière fois, depuis leur départ, que sa jeune guide lui pas­sait un tel mes­sage. Cha­cun des pré­cé­dents l’a­vait inuti­le­ment ému, le temps entre le pre­mier et le second coup lui ayant paru chaque fois une éter­ni­té. Cette fois-ci il ne s’é­tait, au début, pas trop inquié­té. Mais quand il eut com­pris que la ficelle ne sau­te­rait pas de nou­veau sur son bras, il sai­sit que le moment de leur des­tin avait sonné.

« Mère divine, pro­tège-nous ! », mur­mu­ra, comme l’a­vait fait celui de Sonia, le cœur du petit Ukrainien.

Auteur : Demetz L. | Ouvrage : Et maintenant une histoire I .

Temps de lec­ture : 5 minutes

Catéchisme - le sacrement de l'ordreElle n’é­tait point riche, la vieille Maria… Durant de longues années, ses mains s’é­taient dur­cies au labeur de la terre, et main­te­nant elle pou­vait faire le bilan d’une rude vie de tra­vail, mais non pas celui d’un bas de laine gon­flé d’é­cus. Pour­tant, dame Maria n’é­tait pas dépen­sière. Elle savait se conten­ter de peu : le lait de sa chèvre, les œufs de ses poules et les légumes de ses champs avaient bien suf­fi durant de longues années à la sub­sis­tance de sa vie courageuse.

Res­tée veuve, sans enfant, elle n’a­vait pas vou­lu fer­mer son cœur à l’af­fec­tion. Elle avait adop­té Fran­çois, un petit voi­sin res­té, lui aus­si, tout seul sur la terre au soir d’un ter­rible orage qui avait lais­sé son papa et sa fou­droyés dans les champs à côté d’un cha­riot de foin.

Le petit était gen­tillet, bou­clé comme un ché­ru­bin, avec de grands yeux qui reflé­taient la pure­té du Bon Dieu.

Maria l’a­vait pris en disant sim­ple­ment : « Mon petit gars, c’est moi qui serai ta maman ! »

***

La vie est pénible pour une femme seule à la cam­pagne ; que de durs tra­vaux il lui avait fal­lu exécuter !

Rien ne rebu­tait dame Maria :

Auteur : Demetz L. | Ouvrage : Et maintenant une histoire I .

Temps de lec­ture : 7 minutes

C’est une humble cruche de grès, une cruche qui fait jaser tout le vil­lage de Vaux.

Légende - Histoire de vaillance et de courage - Tour du diable à VauxIl y a bien des mys­tères à Vaux, celui de la Tour du Diable, une tour en ruines toute cou­verte de lierre, où nul ne pénètre la nuit ; et puis il y a sur­tout le mys­tère de la cruche, celui dont tout le monde parle.

Oh ! cette cruche bleue et grise, qui trône en place d’hon­neur sur la che­mi­née de maître Pierre, juste en des­sous du cru­ci­fix, comme tout le monde la regarde !

Il est cer­tain qu’elle a dû avoir une car­rière tour­men­tée car elle n’est plus qu’un assem­blage de mor­ceaux savam­ment recollés.

Il paraît que cer­tains soirs, maître Pierre, le sym­pa­thique fer­mier, vient seul devant sa cruche : il la regarde très lon­gue­ment… bien soucieux.

Oh ! mys­tère. Après un cer­tain temps, tout à coup, la figure du fer­mier s’illu­mine, il s’en va…

Sa femme qui res­pecte la dite cruche ne laisse à per­sonne le soin de l’é­pous­se­ter ; aucune autre main que la sienne n’y touche.

Cette cruche de grès contient, au dire de maître Pierre, un grand secret.

Lequel ? Nul ne le sait.

***

Lecture pour la jeunesse - orage sur les champsEn ce soir de juillet, des pay­sans vont et viennent d’un air acca­blé sur les che­mins des champs ; ils se regardent quand ils se ren­contrent et n’ont qu’un mot à se dire :

« Tout est perdu ! »

Oui, tout est per­du. Il a grêlé.

En fin d’a­près-midi, après des heures suf­fo­cantes, l’o­rage a écla­té, le ciel s’est nappe d’un nuage cui­vré, et la grêle, ce ter­rible fléau, est tombée.

Elle est tom­bée bru­ta­le­ment, frap­pant sans pitié les pauvres plantes alan­guies. Main­te­nant les 

Auteur : Clairval, Cécile | Ouvrage : Et maintenant une histoire I .

Temps de lec­ture : 5 minutes

Récit Mission Catholique Mapeera-Nabulaga - 1881 (Ouganda)

Cin­quante-quatre degrés à l’ombre ! Une vraie fournaise.

Pour­tant le Père conti­nue la leçon. Quel mal, pour faire entrer quelque chose dans ces petites caboches tou­jours si dures et qui, ce soir, sont dode­li­nantes sur les maigres épaules qui les portent.

Le mis­sion­naire module sa voix savam­ment : de grands éclats suc­cèdent à des paroles à peine mur­mu­rées… Il marche, ges­ti­cule, s’ar­rête, repart.

En vain. Les petits yeux des enfants se ferment mal­gré eux, et de temps à autre une petite tête roule sur le dos­sier du banc où elle s’im­mo­bi­lise, vain­cue par la cha­leur et le sommeil.

Allons, ce n’est pas encore aujourd’­hui que le caté­chisme entre­ra sérieu­se­ment dans les jeunes et rebelles mémoires. Que faire pour sou­te­nir l’at­ten­tion de ces fils de la brousse ? Ah ! une his­toire. Mais puisque c’est l’heure des choses sérieuses, ce sera une his­toire vraie… Ne sont-elles pas les meilleures ?

Et le Père de conter celle de la Créa­tion : Dieu appe­lant au bon­heur, avec Adam et Ève, tous les hommes… met­tant à ce don une seule condi­tion : que cha­cun se pré­oc­cupe du bon­heur des autres avant de se pré­oc­cu­per du sien propre.
Le mis­sion­naire a trou­vé, pour dépeindre ce grand bon­heur très pur du Para­dis ter­restre, des mots qui font image, des mots bien adap­tés à son jeune audi­toire qui peu à peu s’é­veille et s’intéresse…

« Ah ! ce Para­dis ter­restre, comme on devait y être bien. Oui. Seule­ment il y a eu le serpent. »

Le ser­pent.

A ce mot, Jébu qui dor­mait comme un bien­heu­reux a sur­sau­té. « Ejo », le ser­pent, c’est