Temps de lecture : 2 minutesJésus annonçait aux Juifs le miracle de l’Eucharistie, qu’Il devait laisser après lui. Il leur disait : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang, a la vie éternelle, et je le ressusciterai au dernier jour ». Beaucoup de ceux qui le suivaient, croyant qu’il allait leur donner à manger sa…
Étiquette : <span>Eucharistie</span>
Temps de lecture : 2 minutesUne foule immense avait suivi Jésus sur la montagne, fascinée par son regard et par ses paroles. La nuit allait venir, et ces gens n’avaient rien à manger. Jésus demanda aux Apôtres de voir, si, parmi ce monde réuni, ils ne trouveraient pas quelqu’un ayant un peu de nourriture. Ils…
La dernière charrette de foin venait d’être mise en lieu sûr.
Et puis ce fut l’orage, violent, brutal. Les éclairs succédaient aux éclairs. Déjà, l’énorme sapin de la cour du château avait été déraciné. Plus loin, la petite ferme du père Janicout flambait comme fétu de paille. Soudain, on entendit un fracas épouvantable, répercuté d’écho en écho : la foudre venait d’atteindre le clocher, le clocher de tuiles vernissées autour duquel se serraient les maisons. Une épaisse fumée, toute noire, montait dans le ciel encore plus noir, le tout traversé de lueurs rouges : les flammes. Le feu avait pris de partout à la fois.
Ils étaient deux qui avaient vu la foudre s’abattre sur l’église : Monsieur le Curé dans son presbytère, et Jean le jaciste dans sa maisonnette de la rue Haute. Deux qui avaient bondi ensemble dans la rue, l’un tout courbé sous le poids des ans et d’une existence mise au service des autres, l’autre, jeune, le visage tourné vers l’avenir. Deux, avec une seule pensée au fond du cœur : là-bas, dans « leur » église, le tabernacle… et le ciboire aux hosties consacrées.
Ils se sont retrouvés sur la place, avec la même angoisse dans le cœur, la même farouche volonté dans le regard. Autour d’eux, avec bruit, les secours s’organisent.
« Monsieur le Curé, je sais… mais je vous en prie, n’allez pas plus loin. Je suis jeune et n’ai pas peur. Je Le rapporterai. »
Et, sans attendre la réponse, Jean s’élance. Un cri parmi la foule : le grand portail d’entrée s’écroule, dans un jaillissement d’étincelles. Par où donc Jean va-t-il pénétrer dans l’église ? Il reste la petite porte basse. Elle est fermée, mais d’un grand coup d’épaule, et han ! il l’enfonce. La fournaise ! Une horrible fumée âcre qui étouffe, piquant atrocement et les yeux et la gorge. Un ronflement entrecoupé de crépitements. De grands éclairs rouges. L’incendie dans toute son horreur. Déjà Jean regarde plus loin. Dans cet enfer qui l’entoure, ses deux yeux très clairs se portent là-bas, vers le Christ de pierre qui domine la fournaise, le Christ aux deux bras étendus. Il semble protéger, dans la partie du chœur encore intacte, l’autel et le tabernacle. Le petit jaciste rampe sur le sol : c’est le seul moyen de ne pas être trop brûlé.
Des coups violents contre la porte. Des hommes armés qui crient d’une voix furieuse : « Ouvrez ! ouvrez tout de suite ! » Est-on revenu au temps des origines du Christianisme, à l’époque des Persécutions, lorsque les gardes des empereurs romains faisaient la chasse aux baptisés ? Non. On est en France, en l’année 1793, c’est-à-dire au plein de la tragique période de la Révolution. Il y a plus de trois ans qu’à Paris le peuple révolté s’est emparé de la Bastille, et certains disent qu’une nouvelle époque de l’histoire a commencé ce jour-là. Il y a quelques mois que, dans la douleur ou la stupeur de la nation, le roi Louis XVI a gravi les marches de la guillotine et que le bourreau a montré à la foule sa tête ruisselante de sang.
— Ouvrez ! ouvrez donc ou nous enfonçons la porte ! Dans combien de villes de France, jusque dans les plus petits villages, de telles scènes ne se reproduisent-elles pas ? Combien de familles sont ainsi réveillées en sursaut, et combien se retrouveront, une heure plus tard, père, mère, grands-parents, enfants, serviteurs, entassés dans la cellule d’une prison, attendant de comparaître devant le Tribunal révolutionnaire qui les jugera et qui, peut-être,très souvent, trop souvent même, condamnera maints des membres à monter, eux aussi, les degrés de la sinistre machine qu’a inventée le docteur Guillotin ?
Quels crimes ont-ils commis ? Que leur reproche-t-on ? Bien souvent celui-ci : d’avoir caché des prêtres. C’est que, depuis deux ans, la Révolution fait la chasse au clergé. Pourquoi ? Parce que ses chefs ont la haine du Christianisme et veulent l’arracher du sol de la vieille France. Dans maints endroits, des équipes de furieux se sont ruées sur les églises les plus vénérables, les cathédrales les plus magnifiques, ont brisé les têtes des statues, parfois même entrepris de démolir pierre par pierre les nefs. Les prêtres sont traqués, ou plutôt sont traqués tous ceux d’entre eux qui ont refusé de prêter serment au gouvernement sacrilège, ce que le Saint Père le Pape a défendu. Comment vivent-ils donc, ces malheureux que toute la police pourchasse ? En se terrant, en se cachant sans cesse. Le passeport qu’il faut désormais pour voyager en France, ils ne l’ont pas. Aucun moyen pour eux de gagner leur vie. Seule peut les sauver la charité courageuse de quelques familles catholiques acceptant de les abriter en secret, mais, pour ces chrétiens, c’est, s’ils sont pris, la prison, le procès, la mort presque à coup sûr : abriter un prêtre « réfractaire » est un crime aux yeux de la loi.
Tout cela, d’innombrables enfants catholiques de France le savent. Il n’est famille chrétienne où les garçons et les filles n’aient entendu parler de ces événements tragiques, et des dangers qu’eux aussi peuvent courir.
Dans leurs jeunes âmes, l’héroïsme des enfants sublimes des premiers siècles de l’Église est revenu. Innombrables aussi sont, parmi eux, ceux qui sont résolus à tout braver, à exposer leur vie pour demeurer fidèles à la foi de leur baptême. Des enfants, qui n’étaient pas des saints, des enfants comme tous les autres, ont, au cours de cette douloureuse période qu’on appelle la Terreur, été les dignes descendants des Martyrs. Imaginons deux d’entre eux ; regardons les faire : leur exemple ne sera point perdu.
* * *
— Ouvrez, ouvrez tout de suite !…
Les cris et les coups ont réveillé Jacques et Jeanne, dans les deux petites chambres voisines qu’ils occupent, au second étage de la maison paternelle. L’un et l’autre ont couru à la fenêtre, ont jeté un coup d’œil dans la rue et, immédiatement, ils ont compris. Ils ont reconnu les bonnets rouges, les longs pantalons tombant sur les galoches, les piques et les fusils. Et ils savent, sans qu’on ait besoin de le leur expliquer, pourquoi tous ces hommes sont là.
La porte de communication s’ouvre entre les deux chambres, Jeanne surgit, saisit son frère par le bras.
— Tu as entendu ? Tu les as vus ?
— Oui, qu’allons-nous faire ? Si nous montions sur le toit ? Ils ne nous trouveraient pas.
— Jacques ! tu veux te sauver ?… Tu ne penses pas au Père ? Il n’a peut-être pas entendu, lui. Il va être pris. C’est lui certainement qu’on recherche.
— Oui, tu as raison. Il faut le prévenir.
— Et papa, et maman, et grand père ?…
Mais Jacques, maintenant, est décidé :
— Il faut aller prévenir le Père. C’est plus important.
Depuis plus de six mois, il est caché là, dans la petite pièce mansardée que le haut toit dissimule. Jamais il n’est sorti ni dans la rue ni dans le jardin. Personne n’a pu le voir. Qui donc a su sa présence ? Ces gens-là ont vraiment des mouchards partout ! Et, depuis six mois, le Père a célébré, chaque matin, sa messe, tout simplement sur une table, dans une salle écartée. Il a consacré les hosties, comme s’il avait été à l’autel de son église, et toute la famille a, malgré les défenses officielles, continué à recevoir régulièrement la sainte communion.
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Saint Tharcisius.
Tharcisius répondait la Messe au Prêtre qui la célébrait, lorsque celui-ci demanda quelqu’un pour porter l’Eucharistie à un malade, comme c’était alors l’usage. L’enfant s’avance :
« Tu es trop jeune, mon fils, lui dit le Prêtre, c’est une mission aussi périlleuse que sainte. Si les païens te rencontraient, qu’adviendrait-il de toi ? Il faut être prêt à tout souffrir, même la mort, plutôt que de livrer ce dépôt sacré !
— Mon Père, répond Tharcisius, ne craignez pas de me confier le Sacrement du Corps du Christ, je vous réponds de le porter saintement et de le garder avec fidélité. J’endurerais mille morts plutôt que de me le laisser arracher ! »
Devant ce courage, le Prêtre, après avoir levé les yeux au ciel, bénit l’enfant et suspendit à son cou la sainte custode qui contenait le Corps de Jésus-Christ.

Revêtu d’un long manteau qui cachait son précieux trésor, Tharcisius, les mains croisées sur sa poitrine, partit en bénissant Dieu de l’honneur qui lui était fait. Pressant avec ferveur son Jésus sur son cœur, il marchait sans lever les yeux. Des païens, ennemis acharnés du Christ et de ses disciples, apercevant cet enfant si recueilli, enveloppé d’un long manteau, se doutent de sa mission :
« C’est, bien sûr, un chrétien ! Que porte-t-il ainsi avec tant de gravité ? »
Aussitôt, Tharcisius est entouré, arrêté.
« Montre-nous ce que tu portes ainsi ? »
Pas de réponse. Ils essaient d’ouvrir les mains croisées sur la poitrine. Impossible : Avec des forces décuplées, l’enfant étreint son trésor ! Alors, ivres de colère, ils le menacent de mort s’il ne leur montre pas, à l’instant même, ce qu’il cache ainsi ; mais offrant à Dieu le sacrifice de sa vie, Tharcisius, les yeux levés au ciel, serre plus étroitement sur son cœur son Seigneur et son Dieu !
Les barbares alors l’assassinent à coups de pierres et d’épée, et d’une main sacrilège veulent s’emparer du trésor si bien défendu.