Temps de lecture : 2 minutesNul n’est prophète en son pays. Jésus s’en aperçut. Les gens de Nazareth, qui l’avaient vu travailler comme un simple charpentier, étaient devenus jaloux de sa célébrité, surtout les grands et les notables, qui voyaient leur compatriote environné d’une gloire toute neuve. Et ils étaient irrités de voir qu’il ne…
Étiquette : <span>Persécution</span>
Des coups violents contre la porte. Des hommes armés qui crient d’une voix furieuse : « Ouvrez ! ouvrez tout de suite ! » Est-on revenu au temps des origines du Christianisme, à l’époque des Persécutions, lorsque les gardes des empereurs romains faisaient la chasse aux baptisés ? Non. On est en France, en l’année 1793, c’est-à-dire au plein de la tragique période de la Révolution. Il y a plus de trois ans qu’à Paris le peuple révolté s’est emparé de la Bastille, et certains disent qu’une nouvelle époque de l’histoire a commencé ce jour-là. Il y a quelques mois que, dans la douleur ou la stupeur de la nation, le roi Louis XVI a gravi les marches de la guillotine et que le bourreau a montré à la foule sa tête ruisselante de sang.
— Ouvrez ! ouvrez donc ou nous enfonçons la porte ! Dans combien de villes de France, jusque dans les plus petits villages, de telles scènes ne se reproduisent-elles pas ? Combien de familles sont ainsi réveillées en sursaut, et combien se retrouveront, une heure plus tard, père, mère, grands-parents, enfants, serviteurs, entassés dans la cellule d’une prison, attendant de comparaître devant le Tribunal révolutionnaire qui les jugera et qui, peut-être,très souvent, trop souvent même, condamnera maints des membres à monter, eux aussi, les degrés de la sinistre machine qu’a inventée le docteur Guillotin ?
Quels crimes ont-ils commis ? Que leur reproche-t-on ? Bien souvent celui-ci : d’avoir caché des prêtres. C’est que, depuis deux ans, la Révolution fait la chasse au clergé. Pourquoi ? Parce que ses chefs ont la haine du Christianisme et veulent l’arracher du sol de la vieille France. Dans maints endroits, des équipes de furieux se sont ruées sur les églises les plus vénérables, les cathédrales les plus magnifiques, ont brisé les têtes des statues, parfois même entrepris de démolir pierre par pierre les nefs. Les prêtres sont traqués, ou plutôt sont traqués tous ceux d’entre eux qui ont refusé de prêter serment au gouvernement sacrilège, ce que le Saint Père le Pape a défendu. Comment vivent-ils donc, ces malheureux que toute la police pourchasse ? En se terrant, en se cachant sans cesse. Le passeport qu’il faut désormais pour voyager en France, ils ne l’ont pas. Aucun moyen pour eux de gagner leur vie. Seule peut les sauver la charité courageuse de quelques familles catholiques acceptant de les abriter en secret, mais, pour ces chrétiens, c’est, s’ils sont pris, la prison, le procès, la mort presque à coup sûr : abriter un prêtre « réfractaire » est un crime aux yeux de la loi.
Tout cela, d’innombrables enfants catholiques de France le savent. Il n’est famille chrétienne où les garçons et les filles n’aient entendu parler de ces événements tragiques, et des dangers qu’eux aussi peuvent courir.
Dans leurs jeunes âmes, l’héroïsme des enfants sublimes des premiers siècles de l’Église est revenu. Innombrables aussi sont, parmi eux, ceux qui sont résolus à tout braver, à exposer leur vie pour demeurer fidèles à la foi de leur baptême. Des enfants, qui n’étaient pas des saints, des enfants comme tous les autres, ont, au cours de cette douloureuse période qu’on appelle la Terreur, été les dignes descendants des Martyrs. Imaginons deux d’entre eux ; regardons les faire : leur exemple ne sera point perdu.
* * *
— Ouvrez, ouvrez tout de suite !…
Les cris et les coups ont réveillé Jacques et Jeanne, dans les deux petites chambres voisines qu’ils occupent, au second étage de la maison paternelle. L’un et l’autre ont couru à la fenêtre, ont jeté un coup d’œil dans la rue et, immédiatement, ils ont compris. Ils ont reconnu les bonnets rouges, les longs pantalons tombant sur les galoches, les piques et les fusils. Et ils savent, sans qu’on ait besoin de le leur expliquer, pourquoi tous ces hommes sont là.
La porte de communication s’ouvre entre les deux chambres, Jeanne surgit, saisit son frère par le bras.
— Tu as entendu ? Tu les as vus ?
— Oui, qu’allons-nous faire ? Si nous montions sur le toit ? Ils ne nous trouveraient pas.
— Jacques ! tu veux te sauver ?… Tu ne penses pas au Père ? Il n’a peut-être pas entendu, lui. Il va être pris. C’est lui certainement qu’on recherche.
— Oui, tu as raison. Il faut le prévenir.
— Et papa, et maman, et grand père ?…
Mais Jacques, maintenant, est décidé :
— Il faut aller prévenir le Père. C’est plus important.
Depuis plus de six mois, il est caché là, dans la petite pièce mansardée que le haut toit dissimule. Jamais il n’est sorti ni dans la rue ni dans le jardin. Personne n’a pu le voir. Qui donc a su sa présence ? Ces gens-là ont vraiment des mouchards partout ! Et, depuis six mois, le Père a célébré, chaque matin, sa messe, tout simplement sur une table, dans une salle écartée. Il a consacré les hosties, comme s’il avait été à l’autel de son église, et toute la famille a, malgré les défenses officielles, continué à recevoir régulièrement la sainte communion.
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Saint Tharcisius.
Tharcisius répondait la Messe au Prêtre qui la célébrait, lorsque celui-ci demanda quelqu’un pour porter l’Eucharistie à un malade, comme c’était alors l’usage. L’enfant s’avance :
« Tu es trop jeune, mon fils, lui dit le Prêtre, c’est une mission aussi périlleuse que sainte. Si les païens te rencontraient, qu’adviendrait-il de toi ? Il faut être prêt à tout souffrir, même la mort, plutôt que de livrer ce dépôt sacré !
— Mon Père, répond Tharcisius, ne craignez pas de me confier le Sacrement du Corps du Christ, je vous réponds de le porter saintement et de le garder avec fidélité. J’endurerais mille morts plutôt que de me le laisser arracher ! »
Devant ce courage, le Prêtre, après avoir levé les yeux au ciel, bénit l’enfant et suspendit à son cou la sainte custode qui contenait le Corps de Jésus-Christ.

Revêtu d’un long manteau qui cachait son précieux trésor, Tharcisius, les mains croisées sur sa poitrine, partit en bénissant Dieu de l’honneur qui lui était fait. Pressant avec ferveur son Jésus sur son cœur, il marchait sans lever les yeux. Des païens, ennemis acharnés du Christ et de ses disciples, apercevant cet enfant si recueilli, enveloppé d’un long manteau, se doutent de sa mission :
« C’est, bien sûr, un chrétien ! Que porte-t-il ainsi avec tant de gravité ? »
Aussitôt, Tharcisius est entouré, arrêté.
« Montre-nous ce que tu portes ainsi ? »
Pas de réponse. Ils essaient d’ouvrir les mains croisées sur la poitrine. Impossible : Avec des forces décuplées, l’enfant étreint son trésor ! Alors, ivres de colère, ils le menacent de mort s’il ne leur montre pas, à l’instant même, ce qu’il cache ainsi ; mais offrant à Dieu le sacrifice de sa vie, Tharcisius, les yeux levés au ciel, serre plus étroitement sur son cœur son Seigneur et son Dieu !
Les barbares alors l’assassinent à coups de pierres et d’épée, et d’une main sacrilège veulent s’emparer du trésor si bien défendu.
Temps de lecture : 10 minutes
Charité envers le prochain.
Toutes les fleurs sont écloses, l’atmosphère est tiède, le soleil dans un ciel sans nuage, et les oiseaux s’égosillent à qui mieux-mieux, lançant sous les ombrages du parc leurs chants clairs comme des sources : tout invite à la joie ; le cœur le plus fermé ne peut rester insensible au charme de cette fin de printemps. Plus que partout ailleurs, c’est jour de joie dans la maison de Patricia dont on fête aujourd’hui les seize ans.
Dans la cour, les bassins ont été remplis soigneusement et les jets d’eau jaillissent très haut pour retomber en fines gouttelettes sur les bras nus des fillettes rieuses qui devisent gaiement autour de la vasque de marbre…
« Mais où donc se cache Patricia ? Nous ne l’avons pas encore aperçue. », demanda Laura, une jolie brunette au visage mutin.
« Tiens, regarde, la voici.
— Ohé ! Patricia. »
Avec de grands gestes, Laura, Cécilia et Flavia appellent leur amie. Celle-ci rapidement a rejoint le groupe joyeux et qui s’extasie sur la beauté de la fête ; les jeunes filles se dirigent vers le parc, à l’extrémité duquel est installée la nouvelle volière : le magnifique cadeau d’anniversaire de Patricia. Devant les oiseaux au plumage éclatant, Laura ne peut retenir un « Oh ! » d’admiration.
« Que tu as de la chance, Patricia. », murmure Flavia avec une pointe d’envie.
* * *
Tard dans la nuit, la fête se prolonge. Au fur et à mesure que l’heure avance, Patricia sent monter en elle une immense joie, mais aussi un peu d’angoisse : si elle allait ne pas pouvoir sortir ! Les derniers invités ont franchi le seuil et l’on entend le bruit de leurs pas diminuer dans la nuit.
Patricia a rejoint sa chambre. La maison a retrouvé son calme ; aucun bruit ne trouble plus le grand silence de la nuit, si ce n’est le chant du rossignol qui s’égosille tout en haut du grand oranger.
Alors, lentement, Patricia revêt sa robe sombre et, furtive, se glisse dans le jardin. Son pas est si léger, que c’est à peine si le gravier crisse sous ses pieds. Le portail franchi, elle se hâte, la petite Patricia, elle se hâte dans les rues désertes. Parfois, une ombre furtive comme elle semble se diriger dans la même direction, mais sait-on jamais ? Alors, Patricia longe les grands murs d’un peu plus près, comme pour se confondre avec les pierres grises. Si vite elle a marché, que déjà elle aperçoit les cyprès du cimetière. Son cœur bondit de joie ; en ses yeux brille la flamme que seul un grand bonheur peut y allumer. Est-ce parce que Patricia a seize ans qu’elle est si heureuse ?
Temps de lecture : 20 minutes« Hé ! Gamin, d’où viens-tu ? demande un chef de la police à un garçon de 11 ans qui sort de la maison des Sœurs.
— Je viens d’aller apprendre mon catéchisme.

— Ton catéchisme ! Pas la peine ! Bientôt il n’y aura plus en Chine ni Sœurs, ni Pères, ni Église Catholique.
Et le petit chrétien de répondre magnifiquement :
— Mais moi, je suis chez moi en Chine ! Je resterai en Chine ! Et comme je suis chrétien, baptisé, catholique, il y aura encore l’Église Catholique en Chine ! ! »
Bravo petit Chinois !
Les fillettes ne sont pas moins intrépides. Celle-ci, dix ans, fait partie de la Légion de Marie.
« Tu vas signer contre la Légion de Marie.
— Jamais !
— Tu signeras !
— Mettez-moi en prison si vous voulez ; je ne signerai pas !
— Si tu vas en prison, on te coupera la tête.
— Coupez-moi la tête ; je ne signerai pas ! »
Cette fois, c’est une maman de six enfants, dont le mari, médecin, est depuis plus d’un an en prison comme chef de l’Action Catholique :
« Une bonne nouvelle. Nous allons relâcher votre mari ; il a enfin signé… une petite formalité toute simple… Signez vous aussi et dès que vous aurez signé, votre mari sera relâché. » (Signature qui équivalait à une renonciation à la foi chrétienne.)
La femme se lève, regarde les hommes et fermement leur dit :
« Vous mentez ! Je connais mon mari ; il n’a certainement pas signé. S’il le faisait et était libéré, j’irais prendre sa place ! »
Ce n’était qu’une ruse. Il n’avait pas du tout signé.