CXXI. Jésus renvoyé à Pilate.

Auteur : Ségur, Comtesse de | Ouvrage : Évangile d’une grand’mère .

Temps de lec­ture : 8 minutes

Dès que le jour parut, Caïphe ras­sem­bla une seconde fois les Princes des Prêtres, les Anciens du peuple, les Scribes et les Pha­ri­siens. Ils inter­ro­gèrent de nou­veau Jésus, qui affir­ma encore qu’il était le Christ, le Fils de Dieu fait homme, Ils confir­mèrent la condam­na­tion à mort ; mais comme le gou­ver­neur romain pou­vait seul faire exé­cu­ter les condam­na­tions à mort, Jésus fut conduit au palais de Ponce , qui était gou­ver­neur de Jéru­sa­lem au nom de l’Em­pe­reur Tibère.

Pilate était un homme faible et égoïste ; il dési­rait plaire à tout le monde et il ne cher­chait pas à être juste dans ses jugements.

Il était envi­ron six heures du matin quand Jésus fut ame­né à son tri­bu­nal. Les Juifs accu­sèrent Jésus d’une foule de crimes et ils affir­mèrent qu’il se disait Roi de Judée, et qu’il mépri­sait l’au­to­ri­té de César Tibère.

Pilate inter­ro­gea Jésus ; il fut frap­pé de sa majes­té et de sa douceur.

« Es-tu Roi ? lui demanda-t-il.

— Oui ; répon­dit le Sau­veur, tu l’as dit, je suis Roi ; mais mon Royaume n’est pas de ce monde. Si mon Royaume était de ce monde, je serais envi­ron­né de ser­vi­teurs qui pren­draient ma défense. Je suis venu en ce monde pour rendre témoi­gnage à la vérité.

— Et qu’est-ce que la véri­té ? » deman­da Pilate. Mais sans attendre une réponse dont, au fond, il se sou­ciait peu, il s’a­van­ça vers les Juifs, et leur dit que ne trou­vant aucun crime en cet homme, il allait le ren­voyer à , Tétrarque de Galilée.

Armand. Qu’est-ce que c’est, Tétrarque ?

Grand’­mère. Un Tétrarque était un Roi d’une petite pro­vince. Hérode com­man­dait la pro­vince de Gali­lée, qui était une par­tie de la Judée ou Pales­tine. Et comme Pilate venait d’ap­prendre que Jésus était Gali­léen, il vou­lut se faire ami d’Hé­rode en lui ren­voyant un homme qui était de sa province.


CXXII. Jésus devant Hérode.

Jesus devant Pilate - Récit de la Passion pour les enfants Comtesse de Ségur

Hérode, Tétrarque de Gali­lée, était un prince cruel, orgueilleux et railleur, c’est-à-dire moqueur.

Il avait enten­du par­ler de Jésus comme d’un fai­seur de miracles, et il s’at­ten­dait, ain­si que ses cour­ti­sans, à lui voir faire des pro­diges. Mais le Fils de Dieu ne dit pas une parole en sa présence.

Hérode, mécon­tent et désap­poin­té, se moqua de lui, le regar­da comme un fou, et le fit revê­tir d’une robe blanche, ce qui, en Gali­lée, était le vête­ment des fous. Il lui fit mettre dans la main un long roseau en place du sceptre royal que portent les Rois, et il le ren­voya à Pilate, accom­pa­gné par une popu­lace gros­sière qui blas­phé­mait, qui l’in­sul­tait et le frappait.


CXXIII. Jésus ramené devant Pilate.

Les cla­meurs de ce peuple exci­té par les calom­nies des Pha­ri­siens et des Princes des Prêtres, atti­rèrent Pilate, qui inter­ro­gea de nou­veau Jésus ; mais le Sau­veur ne répon­dit plus rien.

Jacques. Pour­quoi ne répon­dit-il pas ? Il aurait peut-être convain­cu Pilate de son innocence.

Grand’­mère. Notre-Sei­gneur voyait le fond du cœur égoïste et lâche de Pilate ; il savait que la peur de l’Em­pe­reur et des Juifs l’empêcherait d’être juste. D’ailleurs, quand Pilate lui avait deman­dé : « Qu’est-ce que la véri­té ? » il ne s’é­tait même pas don­né la peine d’at­tendre la réponse du Sauveur.

Notre-Sei­gneur gar­da donc le silence, jugeant que toute parole serait inutile.

Pilate, voyant que Jésus ne disait plus rien pour sa défense, était fort embarrassé.

Louis. Il me semble qu’il n’y avait pas de quoi être embar­ras­sé. Il voyait que Jésus était inno­cent ; il devait le dire aux méchants Juifs, les chas­ser et pro­té­ger le pauvre Jésus contre leur méchanceté.

Grand’­mère. Cer­tai­ne­ment ; c’est ce qu’il aurait fait s’il avait été un homme hon­nête, cou­ra­geux et crai­gnant de mal faire ; mais Pilate était lâche, il avait peur de se faire des enne­mis et de perdre sa place de Gou­ver­neur de la Judée ; il vou­lut donc conten­ter les Juifs, sans pour­tant com­mettre une injus­tice trop visible à l’é­gard de Jésus, et il crut avoir trou­vé un moyen très-habile.

Il était d’u­sage qu’aux fêtes de Pâques le Gou­ver­neur romain accor­dât aux Juifs la grâce d’un condam­né à mort. Il y avait dans les pri­sons de Jéru­sa­lem un bri­gand célèbre, nom­mé Bar-Abbas, condam­né à mort pour ses crimes. Pilate espé­ra qu’en le pro­po­sant au peuple avec Jésus, tout le monde pré­fé­re­rait Jésus, car ce bri­gand était fort redouté.

Pilate rap­pe­la donc au peuple ras­sem­blé autour de son palais, quel était l’u­sage des fêtes de Pâques, et il leur deman­da s’ils vou­laient déli­vrer Bar-Abbas ou Jésus.

Les Pha­ri­siens exci­tèrent si bien la foule que presque tous crièrent à Pilate :

« Non, pas Jésus, mais Bar-Abbas.

— Et que ferai-je de l’autre ? dit Pilate.

— Qu’il soit cru­ci­fié ! » voci­fé­rèrent les Juifs.

Ce qui est frap­pant et ce qui n’a pas été l’ef­fet du hasard, c’est que le nom hébreu de Bar-Abbas, signi­fie fils de roy. Jésus, Fils de Dieu, sau­vait ain­si d’une mort jus­te­ment méri­tée, le cou­pable Bar-Abbas, qui repré­sen­tait tous les cou­pables fils d’A­dam, tous les fils cou­pables de notre pre­mier père.


CXXIV. Jésus flagellé.

La flagellation du Christ - Histoire de la Passion pour les enfants

Pilate hési­tait de plus en plus.

« Mais je ne trouve aucun crime en cet homme, » répé­tait-il aux Pha­ri­siens et aux Juifs.

Et pour toute réponse, tous hur­laient plus fort :

« Cru­ci­fiez-le, crucifiez-le ! »

Le lâche Pilate, effrayé de leurs voci­fé­ra­tions, crut les apai­ser en leur annon­çant qu’il allait faire fla­gel­ler le Sei­gneur ; il croyait par là satis­faire leur rage et sau­ver Jésus de la mort.

Il le livra donc aux bour­reaux qui le traî­nèrent dans la cour du Prétoire.

Les sol­dats romains le dépouillèrent de la robe blanche qu’­Hé­rode lui avait fait mettre par déri­sion ; ils l’at­ta­chèrent à une colonne et le fouet­tèrent avec une cruau­té inouïe.

Sa chair sacrée fut bien­tôt déchi­rée par les lanières de cuir armées de pointes de fer dont se ser­vaient les Romains pour ces cruelles exé­cu­tions. Et quand sa chair fut en lam­beaux, quand ses os furent dépouillés, quand il eut reçu plus de trois mille coups de fouets et que les infâmes bour­reaux furent las de frap­per, ils délièrent Jésus, l’as­sirent sur une pierre, jetèrent sur ses épaules san­glantes un man­teau de pourpre, enfon­cèrent sur sa tête une cou­ronne d’é­pines dont les pointes lui déchi­raient la tête et le front, et lui remirent dans les mains le sceptre de roseau.

« Salut, ô Roi des Juifs ! » disaient-ils en rica­nant et en se pros­ter­nant devant lui. Et lui arra­chant le roseau des mains, ils lui en frap­paient la tête, puis ils le souf­fle­taient et le cou­vraient de crachats.

Voi­là, mes chers enfants, une par­tie des souf­frances qu’a vou­lu endu­rer Notre-Sei­gneur pour rache­ter nos péchés, pour nous sau­ver du démon. Et nous, ingrats et méchants, nous oublions sa , nous conti­nuons à l’of­fen­ser, nous pré­fé­rons notre plai­sir à son amour, et nous nous jetons dans une vie dis­si­pée, com­mode, agréable, cou­pable par son inuti­li­té, sans réflé­chir que nous nous per­dons et que nous ren­dons les souf­frances de Notre-Sei­gneur inutiles en ce qui nous touche. Notre ingra­ti­tude, notre légè­re­té ont été une des plus grandes peines du Sau­veur, car il nous aime et il ne peut nous sau­ver ; il souffre pour nous des tor­tures affreuses, et nous repous­sons son sacri­fice. Prions les uns pour les autres, mes chers enfants, afin que tous nous soyons rem­plis de recon­nais­sance et d’a­mour pour ce bon Sau­veur et que nous pro­fi­tions de ce qu’il a souf­fert pour nous réunir à lui dans le bon­heur éternel.

Coloriage du chemin de la Passion du Christ
Source : http://www2.prierenfamille.com/itineraires-de-la-passion-dessin/

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