CXXXIII. Marie-Madeleine au tombeau.

Auteur : Ségur, Comtesse de | Ouvrage : Évangile d’une grand’mère .

Temps de lec­ture : 5 minutes

Marie-Made­leine, la pauvre péche­resse conver­tie, la fidèle et cou­ra­geuse chré­tienne du Cal­vaire, pous­sée par son amour pour Jésus, sor­tit de Jéru­sa­lem le dimanche matin avant même le lever du soleil. Elle vou­lait aller pleu­rer près du tom­beau de son bon maître, s’ex­po­sant ain­si aux insultes des sol­dats qui gar­daient le corps.

Pen­dant qu’elle allait au tom­beau, le Christ était res­sus­ci­té ; et lorsque Made­leine arri­va au petit jar­din qui entou­rait le sépulcre, les gardes s’é­taient déjà enfuis et Made­leine vit avec stu­pé­fac­tion la porte ouverte et la pierre enlevée.

Pierre roulée et tombeau vide PaquesElle jeta un regard rapide dans l’in­té­rieur du caveau, et croyant qu’on avait enle­vé le corps, elle cou­rut pré­ci­pi­tam­ment au Cénacle aver­tir Pierre, qui était déjà consi­dé­ré comme le Chef des Apôtres. Pierre et Jean sor­tirent aus­si­tôt et cou­rurent vers le tom­beau. Made­leine les sui­vit de loin.

La Sainte Vierge, près de laquelle Made­leine était venue cher­cher Pierre et Jean, res­ta seule dans sa demeure ; et ce fut alors que, d’a­près une pieuse tra­di­tion, son Fils ado­rable lui appa­rut comme à la pre­mière, la plus digne des créa­tures, et comme ayant droit à la pre­mière et à la plus grande part de son amour.

Pierre et Jean cou­raient au sépulcre, ne com­pre­nant rien aux paroles de Made­leine. Saint Jean, qui était jeune, cou­rait plus vite que saint Pierre. Il arri­va le pre­mier, se pen­cha à l’en­trée du caveau, et vit en effet que l’in­té­rieur était vide.

Jean n’o­sa pas entrer avant Pierre, que Jésus avait dési­gné d’a­vance comme Chef de l’É­glise. Pierre arri­va, des­cen­dit les marches qui condui­saient au caveau funé­raire, et s’as­su­ra de la véri­té. Le lin­ceul qui avait entou­ré le corps du Sau­veur était encore là, et les linges qui avaient enve­lop­pé la tête du Fils de Dieu étaient pliés et dépo­sés à part.

Les deux Apôtres oubliaient, dans le trouble de leurs pen­sées, la pro­messe de la  ; et croyant, eux aus­si, qu’on avait empor­té le corps de leur Maître, ils furent rem­plis de frayeur, et ils épou­van­tèrent les autres dis­ciples en leur racon­tant ce qu’ils avaient vu.

Remar­quez tous ces détails, mes enfants ; ils montrent, jus­qu’à l’é­vi­dence, l’ab­sur­di­té des Juifs lors­qu’ils pré­ten­dirent que les Apôtres avaient enle­vé le corps du Sei­gneur. Les Apôtres n’y pen­saient même pas, et ne vou­laient pas croire à la pos­si­bi­li­té de la résurrection.


CXXXIV. Jésus apparaît à Madeleine.

Marie-Made­leine avait sui­vi Pierre et Jean quand ils vinrent au sépulcre. Après leur départ, elle s’a­ge­nouilla près de ce tom­beau qui lui rap­pe­lait de si dou­lou­reux et de si chers sou­ve­nirs, et elle se mit à fondre en larmes.

Puis elle s’a­van­ça de nou­veau jus­qu’à l’ou­ver­ture du sépulcre, et elle aper­çut, de chaque côté de la pierre sur laquelle avait été dépo­sé le corps divin, deux Anges sous l’ap­pa­rence de deux jeunes hommes vêtus de blanc.

La vue de ces deux Anges fit peu d’im­pres­sion sur Made­leine, absor­bée dans sa dou­leur, et dont la vue était trou­blée par les Larmes.

« Femme, lui dirent les Anges, pour­quoi pleures-tu ?

— Je pleure, répon­dit Made­leine, parce qu’on a enle­vé mon Sei­gneur, et que je ne sais où ils l’ont mis. »

Pen­dant qu’elle par­lait encore, elle entre­vit auprès d’elle, un peu en arrière, un homme qu’elle crut être le jar­di­nier char­gé du soin d’en­tre­te­nir le Saint Sépulcre. Sans se retour­ner et sans le regar­der, la pauvre Made­leine lui dit en pleurant :

« Si c’est vous qui l’a­vez empor­té, dites-le moi, et indi­quez-moi où vous l’a­vez mis. » 

Marie-Madeleine et le Christ au tombeau - giotto

Une voix, bien connue l’ap­pe­la par son nom : « Marie ! »

Elle tres­saillit, et, levant les yeux, elle recon­nut son ado­rable Sau­veur. Dans le pre­mier élan de sa joie, ardente dans son amour comme dans sa dou­leur, elle se pré­ci­pi­ta à ses pieds pour les bai­ser. Mais Jésus, pour modé­rer ces trans­ports, lui dit :

« Ne me touche pas, je ne suis pas encore mon­té vers mon Père ; mais va trou­ver mes frères, et dis-leur que je vais à mon Père et à votre Père, à mon Dieu et à votre Dieu. »

Petit-Louis. Com­ment Notre-Sei­gneur, qui était Dieu, appelle-t-il Dieu le Père son Dieu ?

Grand’­mère. Parce qu’il était vrai­ment homme en même temps qu’il était vrai­ment Dieu. Comme homme, Jésus-Christ adore Dieu, prie Dieu, obéit comme nous. C’est en ce sens que Dieu est le Dieu de Jésus-Christ.

Made­leine obéit à l’ordre de son Maître, et, le cœur plein de joie, elle cou­rut au Cénacle annon­cer aux Apôtres la résur­rec­tion de Jésus. Mais ils ne la crurent pas.

Éli­sa­beth. C’est éton­nant que les Apôtres ne veuillent pas croire à la résur­rec­tion qui leur avait été annon­cée tant de fois par Notre-Sei­gneur lui-même, et que Marie-Made­leine venait leur confir­mer. Vrai­ment, ces Apôtres ne méri­taient pas tout l’a­mour et les bon­tés de Notre-Seigneur.

Grand’­mère. Les Apôtres étaient encore des hommes igno­rants et faibles ; ils n’a­vaient pas reçu le Saint-Esprit ; ils n’a­vaient pas reçu les grâces extra­or­di­naires que Dieu accorde à ses Prêtres. Vous ver­rez ces mêmes hommes faibles, igno­rants, timides, deve­nir des hommes élo­quents, ins­truits, cou­ra­geux ; ils conver­ti­ront des mil­liers d’incrédules.

Coloriage - Jésus apparaît à Marie-Madeleine après la Resurrection


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