Catégorie : <span>Et maintenant une histoire I</span>

Auteur : Demetz L. | Ouvrage : Et maintenant une histoire I .

Temps de lec­ture : 6 minutes

Histoire d'un jeune garçon - Village de campagneBer­nard a huit ans. C’est un robuste petit cam­pa­gnard. Il a le teint hâlé, les joues rouges comme les pommes d’a­pi, de grands yeux lumi­neux. Bien plan­té, l’air déci­dé, il se pose là. Comme tout le monde il a ses défauts et ses qua­li­tés. Heu­reu­se­ment, son petit cœur géné­reux sait trou­ver d’in­gé­nieuses res­sources pour répa­rer les déboires cau­sés par son carac­tère entier et entê­té, comme l’est celui de tout pay­san qui se respecte.

C’est un heu­reux petit gar­çon, Ber­nard. Il habite avec sa maman et son petit frère Michel une gen­tille mai­son au vil­lage de Châ­tel-Saint-Ger­main. Une mai­son qui garde toute l’âme du pas­sé, une vraie mai­son aux murs épais, aux solives appa­rentes, au toit de tuiles rouges.

A côté, il y a l’é­cu­rie avec les trois chèvres : la grosse Rous­sette et sa petite fille Biguette, et Blan­chette qui est la pro­prié­té de Ber­nard. Pour­tant quelque chose manque au bon­heur du petit gar­çon : depuis quinze mois, son papa est par­ti aux 

Auteur : Marie-France | Ouvrage : Et maintenant une histoire I .

Temps de lec­ture : 4 minutes

Un poste frontière.

récit de courage d'une jeune fille - Poste de douaneJe ne sais plus où, mais qu’im­porte ? Bien que ce ne soit pas la guerre, tous les poli­ciers ont été aler­tés : des espions sont signa­lés dans la région. Ils peuvent se pré­sen­ter d’un moment à l’autre.

A quoi les recon­naî­trait-on ? C’est le propre de tous les espions d’ar­ri­ver vêtus comme le com­mun des mor­tels et de res­sem­bler aux plus inno­centes gens. Les poli­ciers vont donc avoir à ouvrir l’œil… le bon… et nul ne pas­se­ra sans mon­trer patte blanche.

Voi­ci, dans la longue file des can­di­dats au pas­sage, une frêle jeune fille : 17 ans à peine, de grands yeux noirs, l’air d’une encore. Pour­tant, une grande volon­té se révèle dans son regard.

Sa valise est lourde. Com­plai­sam­ment, un homme s’est offert à la lui por­ter ; elle a accep­té – ce sont des ser­vices qu’on ne refuse pas quand ils sont offerts de bon cœur, et Michèle a les bras fatigués.

Deux offi­ciers de police scrutent à la loupe le pas­se­port de 

Auteur : Fourré | Ouvrage : Et maintenant une histoire I .

Temps de lec­ture : 6 minutes

Joyeuse, une troupe de jeunes gar­çons sor­tit du stade en se bous­cu­lant. Il y avait la Clau­dius, Dona­tien, Fla­vius, Mar­cus, tous fils de nobles familles romaines… Et les enfants dis­cu­taient ferme entre eux des jeux du matin.

lecture mome - Bas-relief d'un tombeau d'enfants jouant

« Moi, décla­ra Fla­vius, la pro­chaine fois, je lan­ce­rai si bien le disque qu’il dépas­se­ra le but de la lon­gueur de mon bras !

- Bah ! Tu pré­tends tou­jours faire mieux que les autres. N’empêche que tu n’es même pas capable, j’en suis sur, de nous dis­tan­cer à la course, répli­qua Dona­tien avec feu.

- Qu’en sais-tu ? Essayons. »

Et, s’é­tant mise en ligne de départ, la bande, au signal, s’en­vo­la en direc­tion du forum…

Tout à coup, Dona­tien, qui avait pris la tête, ralen­tit l’allure.

« Oh ! Qu’est-ce qui se passe, là-bas ? Regar­dez toute cette foule… Vite, allons voir. »

Jouant des coudes et des mains, les quatre gar­çons eurent tôt fait de se frayer un che­min et d’ar­ri­ver au pre­mier rang du cercle des badauds.

Sur le sol gisait un pauvre noir ensan­glante, le corps cri­blé de coups de lanières. Des sol­dats, armés de leur fouet, un mau­vais rire aux lèvres, s’en allaient. Dans la foule, quel qu’un expliqua :
« C’est un esclave qui a vou­lu se sau­ver. Son maître l’a fait châ­tier comme il le méritait.
– Nous sommes trop bons pour eux. Ils ont chez nous le gîte et le cou­vert, qu’ont-ils besoin de plus ? Et puis, nous les ache­tons suf­fi­sam­ment cher ! »

Le sup­plice était ter­mi­né. Len­te­ment, indif­fé­rente, la foule s’é­cou­la, entraî­nant avec elle Fla­vius, Dona­tien, Claudius.

Seul, Mar­cus res­tait, droit, le visage bou­le­ver­sé, inten­sé­ment ten­du vers le pauvre être qui gémissait…

« Alors, quoi, tu viens ? On conti­nue la course. Mais qu’est-ce que tu as ? deman­da sou­dain Fla­vius en posant un regard inter­ro­ga­teur sur son compagnon.

- Ma parole, on ne dirait pas que tu es des pre­miers au stade pour t’a­pi­toyer ain­si à cause d’un peu de sang qui coule, conti­nua Clau­dius. Tu ne veux pas ? A ta guise ! Seule­ment, tu ferais mieux de venir avec nous. Si un sol­dat te voyait, il pour­rait tout supposer ! »

Mar­cus sem­blait ne pas avoir enten­du. Puis, tout à coup, lais­sant ses amis inter­lo­qués de sem­blable audace, il s’ap­pro­cha de l’homme qui venait d’ou­vrir les yeux :

« Mon ami, tu souffres ? Ne bouge pas, je vais te soigner. »

Et, ayant déchi­ré un pan de sa tunique, il essuya le sang qui cou­lait des plaies.

Un pauvre sou­rire se des­si­na sur les lèvres déco­lo­rées… Le regard du bles­sé se posa sur l’ :

« Pour­quoi me soignes-tu ? Nous autres esclaves, on nous traite tou­jours comme des bêtes…

- Parce que tu es 

Auteur : Rougemont, Pierre | Ouvrage : Et maintenant une histoire I .

Temps de lec­ture : 9 minutes

Ne me deman­dez pas com­ment j’ai su cette his­toire. Lisez-la.

Histoire de martyrs Cristeros - Ville du MexiqueCette grande ville du pos­sède un lycée et, ce matin-là, Jacques Fer­val, treize ans, se tient dans un coin de la cour. C’est le fils du Consul fran­çais, récem­ment arri­vé, et c’est la pre­mière récréa­tion de Jacques au lycée. Aus­si, bien qu’il ne soit pas timide, il éprouve cette appré­hen­sion propre aux nouveaux.

C’est alors que Ramon Alva­rez s’est approché.

« Tu es nouveau ?

– Oui.

– Viens jouer avec moi.

– Oui…, mais les autres me laissent, pour­quoi t’oc­cupes-tu de moi ? »

Ramon met le doigt sur l’in­signe de la Croi­sade que Jacques porte à sa boutonnière.

« C’est à cause de cela. »

Puis il ajoute :
« Tu as de la chance d’être étran­ger… comme ça tu peux por­ter ton insigne. »

Tel fut le début de leur amitié.

***

– Trois semaines plus tard, Jacques, invi­té à pas­ser l’a­près-midi de congé chez son ami, était reçu par M. Alvarez.

« J’ai déjà eu l’oc­ca­sion de ren­con­trer votre papa, mon petit ami, expli­qua-t-il, et je suis heu­reux de vous savoir déjà lié avec Ramon. »

Et, pas­sant sa main sur la tête du petit Mexi­cain il ajouta :

« Je n’ai que lui, puisque le Bon Dieu m’a repris sa maman… Après tout, cela vaut mieux pour elle, étant don­né les tristes temps où nous vivons. »

Cette phrase, aus­si bien que la réflexion de Ramon à pro­pos de l’in­signe de la Croi­sade, fit que Jacques vou­lut en savoir davan­tage. C’est ain­si qu’il apprit quelle terrible 

Auteur : Roc, J. | Ouvrage : Et maintenant une histoire I .

Temps de lec­ture : 6 minutes

Il nei­geait depuis la veille. On ne voyait plus le che­min, ni le mur du pota­ger, ni les toits des ruches. Mais Mme Duteil ne se tour­men­tait pas. Elle avait arra­ché à temps les der­niers légumes, empaillé le tuyau de la pompe, mis le bois à l’a­bri, bou­ché le sou­pi­rail de la cave pour que les pommes de terre ne gèlent pas. Gestes de pré­voyance qu’elle accom­plis­sait seule depuis trois ans que son mari était en sana­to­rium. À la belle sai­son, un jar­di­nier venait l’ai­der ; l’hi­ver on s’en pas­sait. D’ailleurs il y avait Rosie, déjà forte pour ses treize ans.

Histoire pour le KT - Chalet sous la neige

Ce matin-là, un matin de neige, elle se déso­lait, Rosie.
« Un temps pareil pour l’ ; per­sonne ne vien­dra cher­cher notre « part à Dieu ».

Elle était si belle, la part de la  ! Sui­vant la volon­té de l’ab­sent, on la dou­blait main­te­nant afin de le repré­sen­ter dans ce geste d’of­frande. La pre­mière année, ça avait été la mère Che­nue qui en avait béné­fi­cié ; la seconde, Joa­chim, le tau­pier ; la troi­sième, un men­diant incon­nu. Mais à cette heure la mère Che­nue était à l’hos­pice et le tau­pier était mort. Quant à comp­ter sur un pauvre de pas­sage, il n’y fal­lait pas son­ger. La neige iso­lait la ferme aus­si sûre­ment que la mer une île.

« Que veux-tu, Rosie, papa com­pren­dra bien qu’a­vec le mau­vais temps… »

Et voi­là qu’a­vant que la mère eût ache­vé, Rosie avait cou­ru à son man­teau, enfi­lé de grosses bottes et jeté d’un seul trait :
« J’ai trou­vé à qui la don­ner notre part a Dieu ! Je vais faire un saut jus­qu’à la Mulotière… »

Mme Duteil sur­sau­ta. Rosie déci­dant elle-même de se rendre à la Mulo­tière, mais… mais…