Joyeuse, une troupe de jeunes garçons sortit du stade en se bousculant. Il y avait la Claudius, Donatien, Flavius, Marcus, tous fils de nobles familles romaines… Et les enfants discutaient ferme entre eux des jeux du matin.
« Moi, déclara Flavius, la prochaine fois, je lancerai si bien le disque qu’il dépassera le but de la longueur de mon bras !
- Bah ! Tu prétends toujours faire mieux que les autres. N’empêche que tu n’es même pas capable, j’en suis sur, de nous distancer à la course, répliqua Donatien avec feu.
- Qu’en sais-tu ? Essayons. »
Et, s’étant mise en ligne de départ, la bande, au signal, s’envola en direction du forum…
Tout à coup, Donatien, qui avait pris la tête, ralentit l’allure.
« Oh ! Qu’est-ce qui se passe, là-bas ? Regardez toute cette foule… Vite, allons voir. »
Jouant des coudes et des mains, les quatre garçons eurent tôt fait de se frayer un chemin et d’arriver au premier rang du cercle des badauds.
Sur le sol gisait un pauvre noir ensanglante, le corps criblé de coups de lanières. Des soldats, armés de leur fouet, un mauvais rire aux lèvres, s’en allaient. Dans la foule, quel qu’un expliqua :
« C’est un esclave qui a voulu se sauver. Son maître l’a fait châtier comme il le méritait.
– Nous sommes trop bons pour eux. Ils ont chez nous le gîte et le couvert, qu’ont-ils besoin de plus ? Et puis, nous les achetons suffisamment cher ! »
Le supplice était terminé. Lentement, indifférente, la foule s’écoula, entraînant avec elle Flavius, Donatien, Claudius.
Seul, Marcus restait, droit, le visage bouleversé, intensément tendu vers le pauvre être qui gémissait…
« Alors, quoi, tu viens ? On continue la course. Mais qu’est-ce que tu as ? demanda soudain Flavius en posant un regard interrogateur sur son compagnon.
- Ma parole, on ne dirait pas que tu es des premiers au stade pour t’apitoyer ainsi à cause d’un peu de sang qui coule, continua Claudius. Tu ne veux pas ? A ta guise ! Seulement, tu ferais mieux de venir avec nous. Si un soldat te voyait, il pourrait tout supposer ! »
Marcus semblait ne pas avoir entendu. Puis, tout à coup, laissant ses amis interloqués de semblable audace, il s’approcha de l’homme qui venait d’ouvrir les yeux :
« Mon ami, tu souffres ? Ne bouge pas, je vais te soigner. »
Et, ayant déchiré un pan de sa tunique, il essuya le sang qui coulait des plaies.
Un pauvre sourire se dessina sur les lèvres décolorées… Le regard du blessé se posa sur l’enfant :
« Pourquoi me soignes-tu ? Nous autres esclaves, on nous traite toujours comme des bêtes…
- Parce que tu es