Chapitre XX
Sur le talus moussu, le groupe attentif ne témoigne aucune lassitude. Yvon cependant consulte sa montre.
— Avez-vous le courage de m’accorder encore une heure ?
— Une, deux, trois, tant que tu voudras, répond Colette avec son entrain habituel.
— Oui, oui, fait écho le reste de la bande.
— Alors, en route, aux grandes allures, pour le presbytère.
Tout le monde à la fois crie :
— Pourquoi ?
— D’abord pour nous dérouiller les jambes. Ensuite, vous comprendrez.
En arrivant à la porte de la cure, surprise ! Bernard et Jean en sortent.
Les deux petits groupes, dont les mouvements n’ont rien de précisément calme, se heurtent presque et s’immobilisent nez à nez, pour se crier mutuellement, avec de grands rires : Que diable faites-vous là ?
Bernard et Jean, qui viennent de terminer la monture d’un arc de triomphe, font demi-tour ; et l’on rentre tous ensemble dans le jardin, où le bon vieux pasteur récite son chapelet fort tranquillement.
— Monsieur le Curé, dit Yvon, nous avons besoin de vous. Depuis deux jours, j’essaye d’expliquer la liturgie de la Messe à la petite jeunesse. Nous voici arrivés au Canon, mais là, voyez-vous, je voudrais vous passer la parole. Vous trouverez mieux que moi les mots qui conviennent, j’en suis sûr.
— Il faudra pourtant t’y mettre le jour où ton Évêque te donnera un poste, mais enfin, passe pour aujourd’hui. Venez tous sous la tonnelle ; il y fait bon.
Comme Bernard et Jean s’y installent, leur vieil ami les interpelle :
— Vous aussi… à votre âge ?
— Qui sait si nous n’en avons pas plus besoin que ces petits ? répond Bernard en regardant Pierrot et Nono, dont les physionomies reflètent deux petites âmes délicieuses.
— Alors, va pour tout l’auditoire. Tu disais, Yvon, que vous aviez étudié les premières parties de la Messe ?
— Oui, jusqu’à la Préface.
— Eh bien ! Jean, toi qui es si excellent enfant de chœur, dis-nous un peu ce que tu penses du dialogue qui précède cette Préface. Je ne t’apprends pas qu’il commence par les derniers mots de la Secrète que le prêtre prononce tout haut : « Dans tous les siècles des siècles… »
— Et nous répondons : « Amen. » Ensuite, c’est un dialogue :
« Que le Seigneur soit avec vous. »
« Et avec votre esprit. »
« Haut les cœurs. »
« Nous les tenons élevés vers le Seigneur. »
— Très bien, mais que signifient ces paroles ?
— Que le moment le plus solennel approche, qu’il faut essayer de penser uniquement aux choses divines qui vont s’accomplir là, tout près de nous, sur l’autel.
— Parfait ! Alors ! le prêtre ajoute : « Rendons grâce à Dieu. »
— Et nous répondons : « Cela est digne et juste. »
— Maintenant l’officiant redit : « Il est digne et juste de rendre grâce en tout temps et en tout lieu au Seigneur Saint, Père Tout-Puissant, Dieu éternel. »
Savez-vous ce que ces mots de louange rappellent tout spécialement ici ? Que Notre-Seigneur, avant d’instituer l’Eucharistie, « rendit grâce » à son Père. Et c’est ainsi que commence la Préface.
Selon la fête, les termes en varient un peu, mais le début et la fin sont toujours identiques. Les sentiments de reconnaissance, de louanges, contenus dans la Préface, passent par Notre-Seigneur, la sainte Vierge, les Apôtres, et finalement s’unissent au concert des Anges au Ciel : Sanctus, Sanctus, Sanctus ; Saint, Saint, Saint est le Seigneur le Dieu des armées.
Les fidèles répondent par les paroles triomphales, clamées jadis par les Juifs, quand Notre-Seigneur entra dans Jérusalem, le jour des Rameaux : Hosanna au plus haut des Cieux… Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur !
Avouez que tout cela fait monter nos âmes bien haut, loin de la terre, près du Bon Dieu.
— Ça c’est vrai, dit Annie. Mais, je le disais à Yvon tout à l’heure, monsieur le Curé, quand est-ce qu’on y pense ? J’avoue que ça ne m’enchante pas de me lever le matin, régulièrement, pour venir à l’église, et puis, quand j’y suis, j’ai bien au moins deux douzaines de distractions.
— Deux douzaines, plaisante Bernard, mes compliments ! J’ai très peur, pour ma part, d’en avoir treize à la douzaine.
— Vous n’êtes pas seuls, allez ! L’important est de ne pas les cultiver. Vous devinez ce que je veux dire. Ne pas les retourner dans tous les sens, mais d’un seul coup reporter sa pensée et son cœur vers l’autel.
Ceci dit, attention ! Nous voici au Canon. Avez-vous remarqué que la page du Missel est ornée d’une gravure représentant Notre-Seigneur en Croix ? Cette image n’est pas là sans raison. Laquelle ?
Colette s’empresse de répondre :
— C’est qu’on approche de plus en plus de l’instant pendant lequel va se renouveler le Sacrifice de la Croix.
— Parfaitement. Le Canon commence.
Timide, Nono murmure :
— Canon, quel drôle de nom !
— Il s’agit d’un mot latin qui signifie tout simplement règle, règlement. Tu vas tout de suite comprendre pourquoi. Le Canon est la partie la plus importante du Saint Sacrifice ; alors l’Église a décidé que cette partie ne changerait pas. Elle est réglée d’une manière invariable, afin que la consécration de l’Eucharistie soit absolument conforme à ce que Notre-Seigneur fit lui-même à la Cène, et ordonna à ses apôtres de faire en mémoire de Lui.
— Ah ! fait Nono avec un gros soupir, je crois que je commence à saisir un peu.
— Mais certainement, et bien mieux que tu ne le penses. Si tu savais comme je vois ça dans tes yeux ! D’ailleurs, à cet instant précis de la Messe, il y a quelque chose que tout le monde comprend. C’est le coup de sonnette de l’enfant de chœur. Il avertit qu’il faut se recueillir, mais là, pour tout de bon, et se mettre à genoux. Le prêtre entre lui-même dans un mystérieux silence. Il prie tout bas, il baise l’autel, il lève les yeux au ciel. Tous ces gestes nous indiquent qu’il s’établit alors une admirable conversation entre le Ciel et la terre par l’intermédiaire du prêtre.
C’est le moment d’obtenir beaucoup, j’allais dire tout ce dont on a besoin.
L’oraison qui commence par ces mots latins : Te igitur est une prière pour l’Église toute entière, pour Notre Saint-Père le Pape, pour notre Évêque, pour tous ceux qui sont chargés plus ou moins de la conduite des fidèles, et donc aussi (ayez bien la charité d’y penser) pour votre pauvre vieux Curé.
— Sûr qu’on y pensera, dit énergiquement Nono.
— Quand je disais que tu comprends tout, reprend en riant monsieur le Curé.
Écoute encore. Nous voici au Memento des vivants. Memento veut dire souvenir. Souvenons-nous de tous ceux que nous aimons. C’est l’instant précieux pendant lequel les trésors du Bon Dieu nous sont plus grand ouverts que jamais. Puisons à pleines mains, pour nos parents, nos amis ; distribuons ces trésors jusqu’au bout du monde.
— Oh ! fait Nono stupéfait.
— Mais oui, bien sûr ! Nous devons alors élargir notre cœur, prier pour les missions, les missionnaires des terres les plus lointaines, pour les fidèles persécutés en tant de différents pays, pour tous ceux qui souffrent, pour tous ceux qui ne connaissent pas le Bon Dieu et même pour ceux qui le renient.
Pensez surtout aux enfants ou aux jeunes de votre âge, auxquels on essaye d’arracher la Foi, qui seule conduit au Ciel. Vous pouvez beaucoup pour eux, vous qui êtes comblés de grâces. Vous n’avez pas le droit de garder pour vous tant de trésors.
Si vous priez comme cela, croyez-vous avoir autant de distractions ?
— Tiens ! déclare Colette, bien sûr que non.
— Et quand ensuite nous arrivons à cette partie du Canon qui nous unit à l’Église du Ciel, en évoquant le souvenir de la sainte Vierge, des saints, des saintes, songeons à leur gloire, à leur bonheur. Demandons-leur de nous aider à aller chanter au Ciel avec eux un jour !
Voyez-vous, c’est avec notre Foi qu’il faut approcher de ce « Mystère de Foi » qu’est la Messe, mais aussi avec notre cœur il faudrait deviner, goûter ce « Mystère d’amour ».
Colette interrompt, une flamme dans le regard :
— Quelquefois, je pense que tous nos anges gardiens sont là, à côté de nous, prosternés, attendant la Consécration. Ce que ça doit être joli, une église avec tous ces anges à côté des petits enfants, des hommes, des vieilles bonnes femmes !… Oh ! si on pouvait seulement les voir une fois ! Peut-être qu’après on saurait prier comme eux.
— Oui, ce serait une vision délicieuse ; mais, croyez-vous, ne regrettons pas l’obscurité de notre Foi, mes enfants. Si vous saviez comme elle est méritoire !
Tenez, ça me rappelle un souvenir. Au moyen âge, un saint Abbé, qui s’appelait Hugues de Saint-Victor, avait très souvent demandé à Notre-Seigneur la faveur de le voir à la Messe. Un matin, ô bonheur ! voici l’Enfant Jésus qui se pose sur le corporal, à la place de l’Hostie consacrée. Le bon Abbé pense en mourir de joie. Mais l’Enfant divin lui dit : « Hugues, tu as perdu un grand mérite en voulant me voir avec les yeux de ton corps »… et Il disparut.[1]
Je suis sûr que, malgré sa joie, le saint Abbé dut infiniment regretter de ne pas s’être contenté de croire à la parole de Dieu.
— Pauvre Abbé, reprend Colette hésitante, il avait tout de même eu de la chance !
M. le Curé sourit :
— En tous les cas, mes enfants, comme le Bon Dieu ne fera pas de miracle pour nous, tâchons, par la fermeté de notre Foi, de mériter pour le Ciel une admirable vision, et pour cela, entrez avec moi dans le détail de ce qui va suivre.
Qu’as-tu remarqué, Jean, des gestes du prêtre, juste avant la Consécration ?
— Vous étendez les mains sur le calice et l’hostie, monsieur le Curé.
— Et par là, je désigne à la Majesté Divine la Victime Sacrée qui va s’immoler pour les péchés du monde. Jésus va prendre la place de tous les pécheurs, la nôtre, et il va de nouveau, comme au Calvaire, s’offrir à son Père pour nous sauver.
Alors, vous qui êtes là, comme la Sainte Vierge, les saintes femmes et saint Jean au pied de la Croix, priez Dieu avec moi de fixer nos jours dans la paix, de nous délivrer de l’enfer, de nous sauver.
Encore un léger coup de sonnette. Cette fois nous touchons à la Consécration. Je fais de nouveau le signe de la Croix sur le calice et l’hostie, je demande à Dieu qu’ils deviennent pour nous le Corps et le Sang de Jésus, son Fils Bien-Aimé et, penché sur l’autel, dans le recueillement le plus profond, je renouvelle la Cène.
Je fais ce que Jésus a fait. Comme Lui, je prends dans mes mains le pain, c’est-à-dire l’hostie, comme Lui je lève les yeux vers le ciel, et c’est Lui qui dit par mes lèvres : « Ceci est mon Corps. »
C’est fait ! Il n’y a plus de pain. C’est Jésus vivant qui est là, à la place du pain.
Alors je l’élève au-dessus de l’autel, pour que vous puissiez tous l’adorer en répétant le bel acte de Foi de saint Thomas : « Mon Seigneur et mon Dieu. » L’enfant de chœur sonne pour vous y inviter.
Puis je continue à reproduire exactement ce que fit Notre-Seigneur à la Cène. Je prends le calice, comme Il le prit « dans ses mains saintes et vénérables » ; je rends grâce à Dieu avec Lui et je prononce de nouveau ses propres paroles :
« Ceci est le Calice de mon Sang, le Sang de la nouvelle et éternelle alliance (Mystère de Foi) qui sera répandu pour vous et pour la multitude en rémission des péchés. »
J’ajoute les dernières paroles de Notre-Seigneur : « Toutes les fois que vous accomplirez ce mystère, faites-le en, mémoire de Moi. »
Jésus est là, vivant, tout entier dans le calice, comme Il est tout entier dans l’Hostie, et je l’élève pour que vous lui redisiez votre adoration et votre Foi : « Mon Seigneur est mon Dieu. »
Petit Pierre, qui écoute tant qu’il peut, voudrait encore mieux comprendre :
— Je sais bien, monsieur le Curé, que les paroles : Ceci est mon Corps, ceci est mon Sang, sont celles de Jésus.
— Et tu te demandes comment il se fait que je les prononce en son nom. Ceci, mon petit, c’est le pouvoir miraculeux accordé au Prêtre par ces autres paroles de Notre-Seigneur : « Faites ceci en mémoire de moi. » Yvon t’a déjà dit comment, dans quelques jours, Monseigneur, tenant la place des premiers Apôtres, lui communiquera ce pouvoir surnaturel qui nous vient ainsi directement, depuis les premiers jours de l’Église, de Jésus-Christ Lui-Même.
C’est Nono qui maintenant réclame :
— Quand Jésus est là, à la place du pain et du vin, qu’est-ce que vous faites, monsieur le Curé, pour le remercier d’être venu ?
— A la bonne heure, mon petit gars. Tu penses à remercier. Si peu y songent !
Pour entourer de respect et d’honneur Jésus venu sur l’autel, le prêtre l’adore par une génuflexion profonde, avant de l’élever à votre propre adoration ; de plus, si c’est une grand’messe, on encense la Sainte Hostie et le Calice pendant l’Élévation.
Mais n’oublions pas que Jésus est là, comme une Victime pour le salut du monde. Cette Victime, il faut l’offrir. Et le prêtre le fait en remémorant, en rappelant, « la Passion, la Résurrection, l’Ascension de Jésus ; » il offre à la divine Majesté « l’Hostie pure, l’Hostie sainte, l’Hostie sans tache, le pain sacré de la Vie éternelle et le Calice de l’éternel salut ». Il demande encore à Dieu d’agréer ces dons comme les sacrifices d’Abel, d’Abraham, de Melchisédech qui n’en étaient qu’une image. Puis il supplie que ces dons soient portés, comme par les mains des Anges, jusqu’au trône de Dieu.
Et puis, ayant prié pour les vivants avant la Consécration, il va maintenant intercéder pour les morts.
— C’est là qu’il faut prier pour Brigitte alors, dit André, les yeux soudain pleins de larmes, et pour papa et pour maman ?
— Bien sûr, mes chers petits, et si vous saviez prier ainsi à chaque Messe, du fond de votre cœur, que d’âmes du purgatoire vous devraient d’entrer plus vite au Ciel ! J’espère bien que celles auxquelles vous pensez n’y sont plus, mais il y en a tant d’autres !
— Quand vous avez fini le Memento des morts, monsieur le Curé, pourquoi vous frappez-vous la poitrine ?
— Pour avouer que je suis pécheur, Jean, et pour dire à Dieu que, nous confiant tous en sa miséricorde, nous Lui demandons de nous recevoir un jour parmi les saints du Ciel.
Ici, mes enfants, j’insiste. Je voudrais encore quelques minutes d’attention, mais là, sérieusement.
Depuis la Consécration, voyez-vous, le prêtre n’a cessé d’offrir Jésus, qui est là vivant. Il l’a offert comme un trésor sans prix, inépuisable, infini, pour tous les besoins de l’Église, je viens de vous le rappeler, pour les vivants et pour les morts.
Maintenant, par une nouvelle génuflexion, le prêtre va adorer le Saint Sacrement, puis, prenant la Sainte Hostie avec un respect infini, il trace avec elle, au-dessus du calice et devant, des signes de Croix, en prononçant ces paroles qui résument tout : « C’est par Lui (Jésus), avec Lui, en Lui que tout honneur et toute gloire vous appartiennent, ô Dieu le Père Tout-Puissant, en l’unité du Saint-Esprit. »
— Pourquoi dites-vous, monsieur le Curé, que ces paroles résument tout ?
— C’est qu’en effet rien ne peut plaire à Dieu, mes enfants, qu’à condition de passer par Notre-Seigneur. Je sais qu’on vous l’a dit et redit, mais vous ne le comprendrez jamais assez.
— On croit que c’est tout à fait « entré », gémit Colette, et puis, s’il fallait expliquer « pour de vrai », … comme dit Marianick…
M. le Curé sourit :
— Ah ! que l’explication est pourtant simple ! Tiens, penche-toi. Tout à côté de toi, dans l’herbe, il y a une petite tige de bruyère rose, bien jolie. Cueille-la. En rentrant, tu la donneras à ta maman. Crois-tu que ce petit bout de bruyère tout seul serait capable de faire plaisir à la mère ? Tu sens bien que sa joie viendra, non de la fleur, mais du cœur de Colette, qui la donne à maman.
— J’y suis !
— Nous y sommes ! crient des voix unanimes.
— Souhaitons que, cette fois, ce soit « entré pour de vrai » !
Donc, tout honneur et toute gloire ne seront jamais rendus à Dieu que par Jésus, avec Jésus et en Jésus.
Par Lui, nous nous offrons comme de pauvres petites choses, qui s’abritent, en quelque sorte, pour être recouvertes de son amour.
Avec Lui, parce que nous essayons de l’imiter, de devenir comme Lui, bons, obéissants, charitables et le reste.
En Lui, parce que vous savez bien que le baptême, en nous donnant la grâce, nous a unis à Lui. Mais ce dont vous n’avez pas idée, c’est de ce que peut être cette union merveilleuse.
Avez-vous quelquefois pensé au petit poisson qui nage dans le grand océan ? Il va, vient, se meurt, vit dans la mer immense qui l’enveloppe entièrement. Bien plus, bien mieux encore, notre âme en état de grâce vit en Dieu, dans cet Océan sans limites de beauté, de bonté et d’amour, où la Foi nous affirme que nous sommes plongés.
Ah ! si nous croyions cela vraiment ! Comme nous serions forts, courageux, confiants, heureux, et aussi combien nous saurions mieux prier !
Restons sur cette pensée, mes chers petits. D’ailleurs, vous avez à peine le temps de rentrer pour dîner. Prenez, comme vous dites, vos bottes de sept lieues.
Tandis qu’on s’ébranle, Nono glisse à l’oreille d’Yvon :
— Oh ! m’sieu l’abbé, c’est moi qui voudrait être vous !
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- [1] Ce miracle est cité par le P. de Cochem dans son volume « Explication du Saint Sacrifice de la Messe »↩
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