V. Le livre

Auteur : Roguet, A.-M., O.P. | Ouvrage : Jacques et Françoise découvrent la messe .

Temps de lec­ture : 10 minutes

Les prières de la messe : Le missel d'autelLe Père — Nous avons par­lé de tous les objets qu’on pose sur l’au­tel et qui font com­prendre qu’il est la table d’un sacri­fice : la croix enca­drée de cierges et le calice avec la patène. Il nous reste à par­ler d’un der­nier objet très impor­tant qui a sa place sur l’au­tel. Jacques, c’est un objet qui inté­resse par­ti­cu­liè­re­ment le ser­vant de messe…

Jacques — Le , qu’il faut trans­por­ter au bon moment, et qui est rude­ment lourd !

Le Père — Mais oui. On pour­rait se deman­der pour­quoi il faut un livre pour célé­brer un sacri­fice en forme de repas ?

Fran­çoise — C’est vrai. On nous dit tou­jours que ce n’est pas poli d’ap­por­ter un livre ou un jour­nal à table.

Le Père — Parce que, à table, on ne doit pas man­ger sans s’oc­cu­per des autres, comme un égoïste, mais il faut par­ti­ci­per à la conversation…

Jacques — A condi­tion de ne pas par­ler la bouche pleine.

Le Père — Évi­dem­ment. Le livre pla­cé sur l’au­tel per­met pré­ci­sé­ment la conver­sa­tion avec Dieu. Com­ment appelle-t-on, d’un seul mot, la conver­sa­tion avec Dieu ?

Fran­çoise — La prière. Mais on peut par­ler avec Dieu sans paroles, sans livre, rien qu’a­vec son cœur.

Les prières de la messe. Le

Le Père — C’est juste. Mais quand on est réuni, quand on doit prier ensemble, il faut bien que la prière se fasse avec des paroles fixées d’a­vance. Il y a beau­coup de prières dans le mis­sel. Savez-vous pourquoi ?

Jacques — Parce que nous fai­sons à la messe ce que Jésus a fait à la Cène. Et Jésus a beau­coup prié à la Cène, avant et après.

Le Père — Eh oui ! Avec ses Apôtres, il a même chan­té des psaumes en se ren­dant au jar­din des Oli­viers. Le prêtre se sert du mis­sel pour dire des prières qui res­semblent à celles de Jésus. Ce sont sur­tout la et le Canon — une longue prière qui se dit à chaque messe presque sans chan­ge­ment. (« Canon » signi­fie dans ce cas ce qui est réglé, fixé.)

Eplication de la messe pour le catéchisme - Jésus priant au Jardin des OliviersLes prières du Canon se trouvent au milieu du mis­sel. Pour les lire, le prêtre met le mis­sel en biais et tout près de lui afin de les suivre des yeux, sans s’é­loi­gner du calice et de l’hos­tie qui demeurent tou­jours au centre de l’autel.

Fran­çoise — Alors, si le Canon se trouve au milieu du mis­sel, qu’est-ce qu’il y a au com­men­ce­ment et à la fin ?

Le

Le Père — Les prières qui changent et qu’on appelle le propre. Au début il y a le propre du temps qui sert sur­tout le dimanche.

Jacques — Les dimanches d’Avent et de Carême où la cha­suble est violette…

Le Père — En signe de pénitence.

Jacques — Noël, Pâques et les dimanches qui suivent, où la cha­suble est blanche…

Le Père — En signe de joie, de lumière et de victoire.

Fran­çoise — Et tous les dimanches d’é­té, comme main­te­nant, où la cha­suble est verte…

Le Père — En signe d’es­pé­rance, comme les champs qui ver­dissent avant la moisson.

Couleurs litrugiques selon le calendrier liturgique : rouge pour les martyrs

Et après le Canon, on trouve dans le mis­sel le propre des saints, qui sert sur­tout en semaine, selon le jour du mois où l’on fête tel ou tel saint…

Fran­çoise — Par exemple saint Fran­çois, le 4 octobre, et sainte Fran­çoise, le 9 mars. Et leur messe se dit en blanc…

Le Père — Parce qu’ils sont glo­rieux dans le ciel, comme le Christ ressuscité.

Jacques — Mon patron, on le fête le 25 juillet, et un autre saint Jacques (le petit), le 11 mai. Tous les deux se fêtent en rouge…

Le Père — Qui est la cou­leur du feu et du sang, du Saint-Esprit, des Apôtres et des martyrs.

Les trois oraisons

Dans le propre, il y a sur­tout trois orai­sons qui changent. La pre­mière s’ap­pelle la ou orai­son sur l’as­sem­blée (« col­lecte » signi­fie ras­sem­ble­ment). Elle demande à Dieu les grâces qui sont en rap­port avec la fête du jour. Le prêtre la dit après le pre­mier Domi­nus vobis­cum adres­sé à haute voix au peuple, qui doit se tenir debout, comme chaque fois que le prêtre le salue ou prie solen­nel­le­ment en son nom.

Fran­çoise — A quoi est-ce qu’on voit que le prêtre prie en notre nom ?

Le Père — A ce qu’il com­mence la prière par Ore­mus : prions, à la pre­mière per­sonne du plu­riel, ce qui montre qu’il ne prie pas tout seul, mais avec tous les fidèles.

La deuxième orai­son variable, qu’on trouve dans le propre, est la qu’on appelle aus­si orai­son sur les offrandes. Elle parle sur­tout de l’of­frande du pain et du vin, et de l’of­frande de nos cœurs qui doit l’ac­com­pa­gner. Elle se dit à voix basse, mais les fidèles sont invi­tés à s’y unir par l’Orate, fratres, qui pré­cède, et par la conclu­sion Per omnia sae­cu­la sae­cu­lo­rum, qui se dit aus­si à haute voix, avant la Préface.

Jacques — Et la troi­sième oraison ?

Le Père — C’est la , ce qui signi­fie orai­son après la com­mu­nion. Le prêtre la dit sur le côté de l’au­tel comme il a dit la col­lecte, parce que ces deux orai­sons se font avant et après le sacri­fice, pour lequel le prêtre est au milieu de l’au­tel. C’est pour la post­com­mu­nion que tu rap­portes le mis­sel à droite, après que le prêtre a don­né la com­mu­nion, a lavé, essuyé et ran­gé le calice dont il n’a plus besoin. Dans cette prière après la com­mu­nion, le prêtre prie jus­te­ment pour que nous conti­nuions à vivre en bons chré­tiens après la messe, pen­dant toute la jour­née, et même pen­dant toute notre vie, jus­qu’à ce que nous allions au ciel, où il n’y aura plus ni messe ni communion.

Jacques — Ce sera triste.

Le Père —Mais non, gros bêta ; il n’y aura plus de com­mu­nion parce qu’on n’en aura plus besoin : on sera uni à Dieu éter­nel­le­ment, ce sera une com­mu­nion et une action de grâce éternelles !

Les lectures

Mais le mis­sel n’est pas seule­ment un recueil de prières. C’est aus­si un livre de lec­tures, dont les prin­ci­pales sont l’é­pître et l’évangile.

Jacques — Ah ! oui, mais ça c’est avant la messe.

Le Père — Com­ment donc ?

Fran­çoise — Puisque ça s’ap­pelle l’avant-messe !

Jacques — D’ailleurs, si on les rate parce qu’on est en retard, ça n’a pas d’im­por­tance. Pour­vu qu’on arrive à l’of­fer­toire, ça suffit.

Le Père — Hélas, c’est ce que s’i­ma­ginent trop de chré­tiens ! Il est vrai que, si l’on arrive en retard une fois ou l’autre, sans l’a­voir fait exprès, il suf­fit d’ar­ri­ver à l’of­fer­toire. Mais en réa­li­té, les lec­tures font vrai­ment par­tie de la messe. Reve­nons à la Cène.

La cène : institution de l'Eucharistie par Jésus

Jacques — Encore !

Le Père — Mais oui. La meilleure manière de com­prendre la messe, c’est tou­jours de la rat­ta­cher à la Cène. A la Cène, donc, Jésus nous a don­né l’ordre : « Faites ceci en mémoire de moi. »

Jacques — Qu’est-ce que cela signi­fie : en mémoire ?

Fran­çoise — Pour vous sou­ve­nir de moi. A la Cène Jésus sait qu’il va quit­ter ses Apôtres, qu’il va mou­rir. Il ne veut pas qu’on l’oublie.

Le Père — Soit. Mais si l’on se conten­tait de consa­crer le pain et le vin, même en accom­pa­gnant cela de belles prières, est-ce que cela nous per­met­trait de nous sou­ve­nir suf­fi­sam­ment de Jésus ? Or, c’est dans l’ que nous trou­vons le récit de la vie de Jésus, et aus­si ses enseignements.

En mémoire de moi

Saint Paul ecrivant les Epitres que l'on lit à la messeEt tout cet ensei­gne­ment de Jésus a été expli­qué, appro­fon­di par les Apôtres, dont nous lisons la pré­di­ca­tion — une pré­di­ca­tion par lettres — dans l’é­pître, d’un mot qui veut dire lettre, justement.

Vous voyez com­ment, pour célé­brer l’eu­cha­ris­tie, pour refaire la Cène vrai­ment « en mémoire de Jésus », nous avons besoin de relire l’É­van­gile, et même tout le Nou­veau Tes­ta­ment… et même l’An­cien Testament.

La messe c’est une offrande, un sacri­fice, un repas. Tout cela s’a­dresse à Dieu et s’ac­com­pagne donc de prière. Et pour que la prière soit vrai­ment une conver­sa­tion avec Dieu, il faut que nous écou­tions Dieu qui nous parle dans les lec­tures de la messe. C’est alors seule­ment que nous fai­sons vrai­ment mémoire de Jésus-Christ.

Jacques — Moi, je croyais que la messe c’é­tait la mémoire de la passion.

Le Père — Lis donc cette prière si impor­tante que nous avons déjà citée, car elle expose en quelques mots tout le sens de la messe. Le prêtre vient de consa­crer, il a répé­té l’ordre de Jésus : « Faites ceci en mémoire de moi » et il enchaîne, en s’a­dres­sant au Père :

Jacques, lisant — « C’est pour­quoi, fai­sant mémoire de la bien­heu­reuse pas­sion de votre fils bien-aimé Jésus-Christ, de sa résur­rec­tion d’entre les morts et de sa glo­rieuse ascen­sion au ciel, nous vous offrons cette hos­tie pure… »

Le Père — La messe, c’est une offrande, un sacri­fice qui a lieu aujourd’­hui, avec un pain nou­veau, un pain quo­ti­dien. Mais en même temps, c’est un mémo­rial : elle fait mémoire de tout ce que Dieu a fait pour nous par son Fils Jésus-Christ. C’est pour­quoi la messe ne peut pas se sépa­rer de l’É­van­gile et de toute la Bible.

Fran­çoise — Alors… j’es­saie­rai de ne plus arri­ver en retard.


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