Action de Grâce et vocation

Auteur : Par un groupe de pères et de mères de familles | Ouvrage : À la découverte de la liturgie avec Bernard et Colette .

Temps de lec­ture : 5 minutes

Conclusion


Caval­cades, fan­fares, guir­landes, chants, que tout cela a donc été joyeux !… Mais com­ment dire la fête des âmes ?

Ces joies-là ne s’expriment pas.

Qui donc était le plus heu­reux, de l’Évêque, qui consa­crait à Dieu trois nou­veaux Prêtres ; du bon et saint Curé, qui accom­pa­gnait à l’autel l’enfant de ses pré­di­lec­tions ; d’Yvon, qui réa­li­sait son rêve sacer­do­tal ; de tante Jeanne, qui com­mu­niait des mains de son fils ; de petit Pierre, qui accueillait Notre-Sei­gneur dans son âme d’enfant ;… de papa, de maman, de Maria­nick, de tous les autres enfin ?

Seule­ment, dans l’après-midi qui suit sa pre­mière Messe, Yvon n’arrive pas à sor­tir de son recueille­ment, alors que petit Pierre va, vient, saute au cou de sa mère, embrasse son père, inca­pable de taire sa joie exu­bé­rante, com­mu­ni­ca­tive, radieuse.

Seul, dans cette atmo­sphère de com­plet bon­heur, Nono reste fer­mé, presque triste. Tôt dans l’après-midi, il dis­pa­raît, et Yvon en éprouve un souci.

Cepen­dant, cette jour­née qu’on vou­drait rete­nir va pas­ser comme les autres… Le soir vient.

Dans la paix déli­cieuse de ces pre­mières soi­rées d’automne, Yvon s’échappe tout seul. Avant de se cou­cher, il veut retour­ner à l’église, remer­cier encore pour aujourd’hui, se pré­pa­rer pour demain, car désor­mais, de Messe en Messe, sa vie sera comme une fête perpétuelle.

Le long des haies, où les bruyères com­mencent à cou­rir toutes roses, il marche, l’âme per­due dans une gra­ti­tude sans nom. Toute sa vie passe devant lui…, longue suite de grâces de Dieu. Mais, désor­mais, il pour­ra remer­cier en « offrant Jésus ».

Voi­ci l’église. Petite église bénie de son baptême…et des fêtes d’hier et de celle d’aujourd’hui. Il entre. Il fait sombre,… mais quelle paix ! L’autel est là et le taber­nacle. Ici ou ailleurs, il sait que désor­mais il les retrou­ve­ra tous les jours.

Oh ! se mettre à genoux… se taire… ado­rer… rendre grâce.

Mais qu’est-ce que ce bruit léger ? Yvon écoute… On dirait quelqu’un qui pleure dis­crè­te­ment… mais où ? A la lueur de la lampe du sanc­tuaire, Yvon cherche à voir. Pas de doute, il y a une petite ombre là-bas devant l’autel de la Sainte Vierge.

Sans bruit, Yvon s’approche. Un enfant est là. La tête appuyée sur la balus­trade, il pleure dou­ce­ment, comme enva­hi d’une tris­tesse infi­nie. Un rayon de la petite lampe dore un peu sa che­ve­lure brune, et c’est un tableau exquis que celui de ce petit, réfu­gié au pied de la Madone, dont la blan­cheur se devine dans la pénombre, au-des­sus de lui.

Yvon, sans le recon­naître, est sûr que c’est Nono. Il murmure :

— Nono ! mon cher petit. Qu’est-ce que ce grand chagrin ?

— Oh ! m’sieu l’abbé… m’sieu l’abbé…

Et l’enfant, sou­la­gé par cette pré­sence amie, se jette tout bon­ne­ment dans les bras qui se tendent.

Quand il a pleu­ré là, tout son content, car Yvon n’interroge plus, il dit :

— J’ai trop de peine !

— Mais pourquoi ?

— Parce que je suis qu’un pauvre forain… qui sait rien. Papa et maman n’ont pas d’argent. Je pour­rai jamais apprendre, et pour­tant… j’oserai jamais vous dire… je sais bien que c’est fou…

— Mais c’est moi qui vais le dire, ce gros secret qui te pèse si lourd. Tu vou­drais deve­nir Prêtre, Nono, et tu croix que c’est impos­sible. Or rien, mon petit, n’est impos­sible à Dieu.

L’enfant lève vers Yvon un visage exta­sié ; ses yeux disent : Ne me trom­pez pas, surtout.

— Mais crois-moi donc ! Écoute un peu. Si le Bon Dieu t’appelle, ce que nous sau­rons plus tard, il ne peut pas te refu­ser les moyens de répondre à ses volon­tés sur toi. Et sa Mère, dont l’image est là, et que tu es venu prier, serait-il pos­sible qu’elle t’abandonnât ?
Et ma mère à moi, et moi-même, est-ce que nous ne ferons rien pour toi ?
Allons, viens avec moi, là, devant le taber­nacle et dis au Bon Dieu : Je serai Prêtre, si vous le vou­lez, Jésus. Je m’abandonne à Vous.

Ce que fut cette prière, on le devine.

En sor­tant, Nono, cram­pon­né à la main de son grand ami, avait retrou­vé une volu­bi­li­té incon­nue. Tous les rêves amas­sés en ces der­niers mois s’exprimaient presque à la fois, et l’enfant redi­sait indéfiniment :

— Alors, voyez-vous, si le Bon Dieu m’appelle, comme vous dites, je serai le « curé » des forains. J’irai faire le caté­chisme dans les rou­lottes. J’y por­te­rai le Bon Dieu. Peut-être que j’aurai une rou­lotte-cha­pelle, avec un moteur pour cou­rir plus vite d’une foire à l’autre. Ça mar­che­rait à toute vitesse ! et puis… oh ! m’sieu l’abbé, j’avais pas pen­sé à ça ! Et le rire suc­cède aux larmes. J’aurai des enfants de chœur !… Vous voyez ça !… Je leur ferai tout com­prendre, et gare au Sus­pi­ciatet à la Liturgie !

FIN

À la découverte de la liturgie traditionnelle
À la décou­vert de la litur­gie avec Ber­nard et Colette par un groupe de mères et de pères de famille

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