Étiquette : <span>Pardon</span>

Auteur : Dardennes, Rose | Ouvrage : À l'ombre du clocher - 1. Les sacrements .

Temps de lec­ture : 5 minutes

Pénitence.

Non, pour sûr, ils ne l’au­ront pas ! Elle est à nous : nous la gar­de­rons ! affirment les gens de Durhaut en des­cen­dant la côte.

— Non, pour sûr, ils ne l’au­ront pas ! clament les gens de Dur­bas en mon­tant la côte.

Récit pour illustrer le pardon - Menhir de Roche-BruneDepuis vingt ans, les deux vil­lages se dis­putent la pos­ses­sion d’un grand men­hir roux, plan­té aux confins des deux ter­ri­toires. Jamais ils n’ont pu s’ar­ran­ger. Aujourd’­hui, pour la der­nière fois, ils vont s’as­sem­bler autour de cette trop fameuse Roche-Brune pour essayer de régler le litige : ain­si l’ont deman­dé maires et curés dans les deux vil­lages. Mais, en route, les vieilles ran­cunes se raniment.

— Ceux de Dur­bas nous ont trai­tés de voleurs, de canailles ! Les voleurs, ce sont eux qui veulent nous prendre le men­hir ! ron­chonnent les Dur-hautains.

— Plu­tôt ! explosent les Dur­bas­siens. Ils vont voir de quel bois nous nous chauf­fons, ces Dur-hau­tains, ces malo­trus, voleurs de rochers ! Ah ! on va voir ce qu’on va voir !…

Hélas ! « on va voir » cer­tai­ne­ment des choses tristes et laides…

Les délé­gués des deux com­munes se rangent au-tour du men­hir. Durhant au-des­sus ; Dur­bas en dessous.

— Roche-Brune est à nous !

— Men­songe ! elle nous appartient !

— Voleurs !

— Canailles !

Auteur : Didelet, A.-M. | Ouvrage : Et maintenant une histoire II .

Temps de lec­ture : 11 minutes

De leur local de la rue de Gre­nelle, les fillettes sortent en cou­rant. Les visages sont radieux et les langues marchent bon train.

« Moi, je vou­drais une belle poupée.

— Moi, j’es­père avoir un berceau.

— Et nous, nous irons à Meu­don réveillonner ! »

Récit pour les mômes de la catéchèse

C’est demain le jour de l’an. En ce soir de la , tous les yeux rient de plaisir.

La petite Agnès ne dit rien. Elle sait déjà, la pau­vrette, bien qu’elle n’ait pas encore sept ans, que tout cela n’est pas pour elle.

Len­te­ment, elle tra­verse la cour et aper­çoit sur le trot­toir son grand-oncle qui l’at­tend en souriant.

Agnès sou­rit gen­ti­ment et son regard s’illu­mine ; mais, dans sa petite tête, elle songe :

« Ce que je vou­drais, moi, c’est avoir une maman. »

Mais Agnès découvre au coin de la rue la bicy­clette et la remorque de l’oncle Toire. Elle recon­naît l’ins­crip­tion jaune : « Gré­goire, com­mis­sion­naire, rue Malar »

« Oh ! tu me ramènes, oncle Toire ? Je peux mon­ter dans la remorque pour rentrer ?

— je vais t’of­frir bien mieux, petite. Nous allons faire une grande pro­me­nade dans Paris. J’a­vais tant de courses à faire pour les fêtes, qu’elles ne sont pas encore ter­mi­nées. Il me faut por­ter ces six bou­teilles de cham­pagne ave­nue Vic­tor-Hugo. Je ne veux pas que tu rentres seule, car ce soir, c’est le der­nier jour de l’an­née ; je t’emmène, mon agneau. »

Le pauvre vieux Gré­goire peine à tirer le lourd char­ge­ment ; pour sûr, il lui fau­dra mon­ter l’a­ve­nue Mar­ceau à pied. Une fillette et une remorque, c’est là tout l’hé­ri­tage que le vieux Gré­goire reçut de son neveu, mort voi­là bien­tôt cinq ans, quelques mois après sa femme.

Et tout le long du jour, l’oncle Gré­goire pédale pour gagner la vie de sa petite nièce. Jadis, lors­qu’il était seul, sa pen­sion lui suf­fi­sait, mais à deux, avec la vie chère, il faut travailler…

Arri­vé pres­qu’à la Seine, près du pont de l’Al­ma, le cafe­tier du coin fait un signe d’appel.

« Eh ! Père Gré­goire, pas­sez voir ici deux minutes, j’ai un petit tra­vail à vous demander. »

L’oncle Toire s’ar­rête, se retourne.

« Attends-moi, mignonne. Tiens, il pleut… Je vais… Mais, on dirait que tu t’endors…

— Oh ! je suis si bien, oncle Toire.

— Ne bouge pas, je te couvre avec la bâche. Je reviens tout de suite. »

La minute dure… un quart d’heure ; et lorsque l’oncle sort de chez son client, plus de remorque, plus de bicyclette.

Gré­goire pousse un cri d’effroi.

« Agnès, Agnès, on m’a

Auteur : Diethelm, P. Walther | Ouvrage : Le plus beau cadeau .

Temps de lec­ture : 9 minutes

La vie était tou­jours très gaie dans la famille Dumas. Cela ne peut être autre­ment dans une mai­son où habitent quatre enfants, tous en bonne san­té. Léon, qui était en cin­quième classe, aimait à sif­fler, ou à crier. Suzette, fillette de dix ans, sau­tait et chan­tait toute la jour­née. Et les deux autres, les petits, un frère de deux ans et une sœur de cinq semaines, fai­saient du bruit aus­si, à leur façon.

* * *

Histoire pour le KT : Ignacio Pinazo - Petite fille lisantUn jour tout se trou­va calme dans la mai­son, bien que, per­sonne ne man­quât. Y avait-il quel­qu’un de malade ? Pas pré­ci­sé­ment, mais depuis quelques jours déjà, Léon était de mau­vaise humeur ; il avait mal aux dents. Depuis hier, il avait une joue enflée, et son humeur allait de mal en pis. On n’au­rait su dire ce qui le tour­men­tait le plus : ses dents, ou ce que sa maman avait ordon­né : aller chez le den­tiste. Ah ! on n’aime pas y aller, chez le dentiste !

Mais Suzette, pour­quoi était-elle pen­chée sur son livre, toute silen­cieuse ? Il y avait sûre­ment quelque chose qui n’al­lait pas. Elle n’é­tait pas à son affaire. Dis­traite, elle regar­dait tou­jours la même page, sans pour­tant la lire. Était-ce com­pas­sion envers son frère ? — Avait-elle mal, elle aussi ?

Oui, Suzette avait mal ; pas aux dents. Suzette avait mal dans son cœur, qui bat­tait fort et drô­le­ment, sur­tout le soir, quand elle ne pou­vait pas dor­mir. Suzette avait peur de la

Auteur : Dardennes, Rose | Ouvrage : Et maintenant une histoire II .

Temps de lec­ture : 9 minutes

Ils sont deux, Mar­tine et Vincent, petits et tran­sis, seuls entre le bois et la plaine immense, dans la pro­fonde nuit. Leurs yeux grands ouverts sur tout ce noir hos­tile gardent encore l’af­freuse vision du châ­teau pater­nel assailli, rava­gé, pillé…

Et leur cœur est en eux comme avec une grande déchi­rure béante qui les fait pleu­rer et appe­ler dou­lou­reu­se­ment le papa et la maman que le sire de Mau­roc a emme­nés prisonniers…

« Papa !…

– Maman !… »

Chateau en ruine - histoire pour NoëlAh ! dès que s’a­pai­sa le tumulte de la bataille, durant laquelle ils s’é­taient cachés tous les deux der­rière une ten­ture, comme ils les ont cher­chés !… Dans tout le châ­teau désert et rui­né, sinistre comme si la mort y rôdait encore, ils ont appe­lé… crié… Pleu­ré, aus­si ; car dans la chère demeure rava­gée, l’é­cho de leur propre voix répon­dait seul, lugu­bre­ment, à leurs appels ; et toutes les portes béantes ou enfon­cées ouvraient sur des salles vides, aban­don­nées, glacées…

Tant qu’une lueur de jour péné­tra par les hautes fenêtres à meneaux, ils ont erré par les cou­loirs et les gale­ries, et lors­qu’ils n’y virent plus à l’in­té­rieur, ils furent cher­cher encore par les cours et les jardins…

Mais en vain.

Parents, ser­vi­teurs, amis, tous étaient morts ou pri­son­niers ; il n’y avait plus personne.

Per­sonne, qu’un petit gar­çon de sept ans, et sa sœur qui en avait à peine six…

Dans la grande nuit tout à fait venue, un grand fris­son les sai­sit et ils s’en­fuirent sans savoir où, tout droit devant eux, cou­rant comme si dans cette ombre affreuse le sire de Mau­roc allait les poursuivre…

Tant cou­rurent et crièrent, et pleu­rèrent, les pau­vrets, qu’ils tom­bèrent épui­sés au pied d’un grand chêne tout en haut de la col­line… C’é­tait fini, leurs petites jambes ne pou­vaient plus avan­cer, et ils avaient si peur, si peur…

Alors ils se ser­rèrent très fort l’un contre l’autre, et tous les deux contre le grand arbre…

Mais comme le grand arbre était raide et froid !… 

Auteur : Jean-Claude | Ouvrage : Et maintenant une histoire II .

Temps de lec­ture : 6 minutes

Commémoration des défunts

Devant la porte de la salle de classe, les élèves s’ap­prêtent à entrer pour subir les épreuves du cer­ti­fi­cat. Un à un, on les appelle et ils vont s’ins­tal­ler au bureau que leur indique le surveillant.

Pour les cours de caté - certificat d'étude« Robert Lenoir… Ber­nard Lernier… »

Robert, fur­ti­ve­ment, a glis­sé un coup d’œil à Ber­nard. Tous deux sont de la même école.

Robert Lenoir, élève médiocre, peu scru­pu­leux, n’a pas tra­vaillé beau­coup durant l’an­née. C’est un bon cœur, mais, mal­heu­reu­se­ment, il lui a man­qué, dès son jeune âge, l’in­fluence d’une mère, morte lors­qu’il avait quatre ans. Il ne lui reste que sa grand-mère, qui l’aime beau­coup mais qui n’a sur lui aucune auto­ri­té, et son père, trop pris par les affaires, ne s’oc­cupe guère de lui.

Ber­nard, au contraire, est tra­vailleur. Très ambi­tieux, il arrive tou­jours dans les pre­miers de sa classe.

Aus­si, Robert se réjouit d’être pla­cé près de son camarade.

* * *

Les can­di­dats, après avoir ren­du leurs rédac­tions, com­mencent main­te­nant la com­po­si­tion de calcul.

« Hem !… Bernard… »

Ber­nard a levé la tête à l’ap­pel dis­cret de son voisin.

« Passe-moi le problème. »

Mais à ce moment, le sur­veillant, enten­dant chu­cho­ter, lève la tête et regarde fixe­ment dans la direc­tion des deux enfants.