Une leçon de catéchisme

Auteur : Finn, Francis | Ouvrage : Percy Wynn .

Temps de lec­ture : 6 minutes

Le Père Midd­le­lon, au , avait par­lé avec dou­ceur et insis­tance de la misé­ri­corde de Dieu. 1l avait tout d’a­bord dit quelques mots sur la néces­si­té de la puis il avait posé des ques­tions aux élèves afin de s’as­sure qu’ils avaient bien com­pris sa pensée. 

« Har­ry Quip, com­men­ça-t-il, répon­dez-moi. Sup­po­sez mon ami, que vous êtes un grand pécheur : depuis que vous avez l’âge de rai­son, vous avez com­mis péché mor­tel sur péché mor­tel. Toutes vos fautes souillent encore votre âme, toutes vos confes­sions ont été mau­vaises, et vous appre­nez subi­te­ment que vous allez mou­rir, ici même, dans cette classe. Faut-il désespérer ? 

— Non, Père, répon­dit Har­ry. Je deman­de­rais à la Saint Vierge, notre Mère bénie, de m’ob­te­nir la grâce de faire un bon acte de contri­tion, et je me confes­se­rais, m’a­ban­don­nant dans les bras de la misé­ri­corde de Dieu. 

Le jugement dernier, Michael Ange, Chapelle Sixtine

— Mais voi­ci, Car­mo­dy, conti­nua le pro­fes­seur, vous n’a­vez jamais fait une seule bonne action, et d’un autre côté, vous avez sur la conscience tous les péchés que tous les enfants du monde ont com­mis. Que feriez-vous dans ce cas, si l’on vous disait qu’il faut mou­rir de suite ? 

— Je me confie­rais dans les mérites infi­nis du Pré­cieux Sang. 

— Joseph, voi­ci un cas plus grave : votre conscience est salie de tous les péchés dont j’ai par­lé, et vous êtes seul, sans com­pa­gnons, livré à vos faibles forces, au milieu de, l’o­céan ; aucun prêtre près de vous pour vous absoudre, aucun ami pour prier pour vous. Que faire ? 

Joseph répon­dit avec une élé­va­tion sug­gé­rée sans le vou­loir par les paroles mêmes de son professeur : 

— J’es­saie­rais avec la grâce de Dieu de faire un acte de  ; alors, je m’en­fon­ce­rais dans les vagues comme dans les bras de Dieu : Dieu est partout ! 

— Voi­là une belle réponse. Mais, Rey­nolds, sup­po­sez que Dieu, en puni­tion de tous vos péchés, vous afflige d’une hideuse mala­die. Sup­po­sez alors que vos amis s’é­loignent de vous avec hor­reur, que vos rela­tions vous rejettent par­mi les bêtes ; sup­po­sez que vous êtes mou­rant de dénue­ment et de faim, et, au moment de votre mort, vous deman­dez un prêtre pour entendre votre , mais celui-ci, épou­van­té par votre état repous­sant, s’en­fuit au loin, criant que Dieu vous a déjà dam­né ! Seriez-vous désespéré 

— Non, répon­dit Rey­nolds, avec la grâce de Dieu, même dans ce cas, je ne déses­pé­re­rais pas. 

— Le cas est encore plus embar­ras­sant, Daly. Pen­dant que, objet d’hor­reur, vous êtes mou­rant, délais­sé par ce prêtre indigne, une foule de démons se pré­ci­pite sur vous, hur­lant que votre âme est à eux, et qu’ils viennent l’emporter. Vous livre­riez-vous au  ?

L’en­fant hésitait : 

— Je… je ne pense pas, répon­dit-il enfin. 

— Très bien. Mais le cas peut être pire encore, Play­fair… En résis­tant à cette foule de démons vous appe­lez à votre aide les anges de Dieu et ses saints, et ils répondent tous, d’une seule voix, qu’il est trop tard. Que faire alors ? 

— Je ne les croi­rais pas, Père ! dit Tom : la parole de Dieu est plus pour moi que la parole des anges et des saints. 

— Mais sup­po­sez, Sum­mers, que la Sainte Vierge elle-même vous assure qu’il est trop tard.

Marie, refuge des pécheurs

— Alors, Père, j’a­ban­don­ne­rais tout.

— Vous déses­pé­re­riez ? pourquoi ? 

— Parce que Marie est une trop bonne mère pour nous tromper. 

— Pas mal ! mais ne pour­rait-on don­ner une réponse différente ? 

1l y eut une longue pause. 

— Je ne crois pas que la Sainte Vierge puisse dire telle chose, Père Midd­le­ton, dit Tom Play­fair. Vous nous avez dit sou­vent qu’elle est la meilleure sau­ve­garde des pécheurs : elle serait la der­nière des créa­tures à les abandonner. 

— Allons jus­qu’aux extrêmes : sup­po­sons un ins­tant ce cas impos­sible, Tom. Seriez-vous désespéré ? 

— Non, Père ! 

— Pour­quoi ?

Tom ne répon­dait pas. 

— Pen­sez-vous que notre bonne Mère nous tromperait ? 

Tom gar­dait tou­jours le silence. 

— Seriez-vous déses­pé­ré, Per­cy Wynn, si Marie elle-même venait nous dire qu’il est trop tard ? 

— Non, Père, elle vou­drait seule­ment dire qu’il est trop tard si je néglige de faire un acte de contri­tion par­faite, car nous savons par la sainte parole de Dieu qu’aus­si long­temps que nous vivons, il ne faut pas déses­pé­rer, et Il a pro­mis la vie éter­nelle et sa sainte grâce à tous ceux qui espèrent en Lui, et l’aiment. 

— Mes enfants, vos réponses sont belles, car elles sont si vraies. Lais­sez-moi ajou­ter deux cita­tions de ce grand écri­vain catho­lique, le Père Faber. « Au jour du juge­ment, dit-il, j’aime mieux être jugé par Dieu que par ma mère. » 

À un autre endroit, il dit en par­lant des pécheurs mori­bonds : « Dieu est infi­ni­ment misé­ri­cor­dieux pour chaque âme… Quant à ceux qui seront per­dus, je crois fer­me­ment que notre Père céleste les avait regar­dés avec des yeux d’a­mour, dans l’obs­cu­ri­té de leur vie, et que c’est de leur volon­té déli­bé­rée qu’ils n’ont pas vou­lu de Lui. Telle est, mes enfants, l’in­fi­nie misé­ri­corde et l’in­fi­nie ten­dresse de Dieu. » 

Cours de catéchisme pour les enfants sur la miséricorde de Dieu
Un silence calme comme la paix du ciel avait régné sur eux.

Et le père Midd­le­ton avait alors bais­sé la tête et s’é­tait cou­vert la figure de ses mains… Et tous les élèves de la classe avaient bais­sé les yeux. Un silence calme comme la paix du ciel avait régné sur eux tous, pen­dant que cha­cun, consi­dé­rant en soi-même sa propre misère, res­tait face à face avec la plus misé­ri­cor­dieuse véri­té que Dieu ait fait connaître à l’homme. 

Per­cyWynn, par Fran­cis Finn.— Des­clée et Cie.

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