Temps de lecture : 2 minutesIl y avait un riche et un pauvre. Le riche faisait bonne chère ; le pauvre, nommé Lazare, était couché à sa porte, couvert d’ulcères que les chiens venaient lécher ; mais le riche ne lui donnait rien à manger. Ce dernier mourut et fut envoyé en enfer. Lazare aussi mourut, et…
Étiquette : <span>Pauvre</span>
I
Près du portail de la cathédrale de Saint-Jean, de Lyon, on remarquait un vieux pauvre qui venait, depuis vingt-cinq ans, s’asseoir régulièrement tous les jours à la même place. Sous les haillons et les lambeaux de la misère qui le couvraient, perçait une apparence de dignité qui annonçait que ce n’était pas un pauvre ordinaire. Il avait reçu une éducation supérieure à celle qui accompagne généralement la misère. Aussi jouissait-il parmi les autres pauvres d’une certaine considération.

C’était lui qui apaisait les querelles, et on le chargeait souvent de distribuer les aumônes. Sa vie et ses malheurs étaient un mystère pour tout le monde. Jean-Louis (c’était son nom) ne mettait jamais le pied dans l’église, et Jean-Louis était catholique.
Au moment des offices, le vieux pauvre se sentait entraîné à confondre sa prière avec celle des fidèles. Le chant sacré, la lumière, des cierges, l’appareil de l’autel[1], l’harmonie de l’orgue, le recueillement de la foule, tout le frappait d’admiration.
Des ruisseaux de larmes coulaient à travers les rides de son visage. Un grand malheur ou un profond remords semblaient agiter son âme. Un prêtre, l’abbé Sorel, se rendait chaque matin à Saint-Jean pour célébrer la messe, il était fort charitable ; Jean-Louis, son pauvre privilégié, recevait chaque jour sa petite aumône.
II
Un jour, Jean-Louis n’était pas à sa place accoutumée. L’abbé Sorel, jaloux de ne pas perdre le fruit de son aumône, s’informe du pauvre, cherche sa demeure, la trouve enfin, et quelle est sa surprise de voir, au lieu d’un misérable réduit, un riche appartement, et dans un coin, au milieu de la richesse, un misérable grabat sur lequel gisait le vieux mendiant.
La présence du prêtre ranima le vieillard dans ses douleurs ; et d’une voix pleine de reconnaissance, il s’écria :
« Monsieur l’abbé, vous daignez vous souvenir d’un malheureux tel que moi !
- [1] L’appareil de l’autel : la solennité et la pompe qui s’y déploient.↩
Dans la terre de Hus, vivait un homme très riche, Job, simple, droit et craignant Dieu. Il avait dix enfants, sept filles et trois fils, possédait 7.000 moutons et 3.000 chameaux et des bœufs et des ânes en grande quantité. 11 était dans la joie lorsque Satan demanda à Dieu de l’éprouver pour savoir si, dans la misère, il continuerait de bénir le Seigneur. Soudain, ses enfants moururent tous. Ses biens
furent tous perdus et lui-même dévoré d’ulcères, s’assit sur un tas de fumier, il enlevait avec des débris de pot le pus qui coulait de ses plaies. Malgré son immense misère, il prononça cette parole sublime : « Le Seigneur m’avait tout donné, Il m’a tout enlevé, que son Saint Nom soit béni ».
Ce dimanche-là, le petit Jean avait fini, plus tôt que de coutume, de vendre le paquet de journaux, dont il avait la charge.
Il compta, dans sa poche, les quelques sous qu’il venait de gagner, et se dirigea, vers la sombre maison, où vivait la vieille femme qui le gardait. Quand il arriva, elle était en conversation, avec la femme du charbonnier, et comme d’habitude, fit semblant de trouver insuffisant, le gain du petit Jean :
— Si ce n’est pas malheureux, dit-elle à sa voisine, être obligée de loger, de nourrir et d’habiller ce grand garçon, avec ces quelques sous.

La mère Mathieu exagérait : d’abord, l’Assistance Publique la payait pour entretenir l’enfant. De plus, elle le logeait dans un grenier, où une caisse pleine de paille lui servait de lit, et le nourrissait de pain sec et de châtaignes bouillies. Quant à ses vêtements, il valait mieux n’en pas parler : le pauvre petit avait une culotte rapiécée que recouvrait, entièrement, une veste si longue et si large, qu’on aurait pu y tailler un costume complet. Dépourvu de bas et de chaussettes, il portait, été comme hiver, de lourdes galoches, et ses cheveux ébouriffés s’échappaient d’une casquette, que la pluie et le soleil avaient fanée, tour à tour.
Temps de lecture : 15 minutesMes petits enfants, par ce temps de misère, il y a beaucoup de pauvres. Il faut prier pour tous ceux qui sont sans feu, sans maison…, pour ceux qui, en France, ont quitté leur chez eux, n’emportant que si peu de chose ! Savez-vous que tous ceux-là sont de grands amis du bon Dieu ? N’a-t-il pas choisi pour Lui-même, quand Il S’est fait homme, d’être pauvre et dénué de tout ?

À Noël, vous avez fait la crèche ; vous avez couché l’Enfant Jésus sur la paille… Vous L’avez entouré de bergers… Lui, le Seigneur et Maître, le Créateur du Monde : de la terre, du ciel, des étoiles, de tous les anges, de tous les hommes… C’est pourquoi je veux vous conter l’histoire de Jeanne Jugan, une pauvre qui aima tant les pauvres.
Jeanne est née à Cancale en Bretagne, le 25 octobre 1792, pendant la grande Révolution. Son père était marin comme la plupart des Cancalais ; six mois sur douze, il était en mer pour la grande pêche… et un jour, il ne revint pas… Son doris s’était sans doute perdu dans les brumes de Terre-Neuve… Pauvre petite Jeanne Elle n’avait que cinq ans !
Des sept enfants de Jugan le marin, trois moururent en bas âge.
Jeanne, la cinquième de la petite famille, était une très bonne petite fille, obéissante et travailleuse. Elle gardait les deux benjamins, aidait sa mère de toutes ses forces, et dès qu’elle fut assez grande, se plaça comme aide de cuisine à la Mettrie-aux-Chouettes. Ce n’était pas loin de chez elle, mais un jour il lui fallut dire adieu à sa maison, à son village des Petites-Croix… C’était dur, et elle pleura beaucoup. Pourtant, elle n’allait pas très loin…, seulement à Saint-Servan, près de Saint-Malo… Elle entrait comme infirmière à l’Hôpital du Rosais, sur la Rance.
Jeanne avait pensé se marier, puis au cours d’une mission, elle avait compris que le bon Dieu la voulait toute à Lui, pour une œuvre… mais sans savoir laquelle… Alors elle attendait, en secourant les malheureux.
Et voilà qu’une bonne demoiselle la pria de quitter l’hôpital pour venir la soigner. Jeanne accepta, et vint habiter rue du Centre, chez Mlle Lecoq. Elle avait beaucoup de manies ; Jeanne la servit et la soigna avec tant de patience qu’elles devinrent de grandes amies, si bien qu’en mourant, la bonne demoiselle légua à sa servante son mobilier et 400 francs.
Où mettre ce mobilier ? Ça coûte de louer une chambre !… Justement, Françoise Aubert, dite Fanchon, cherche une compagne… À deux, les frais seront moins lourds. Fanchon restera au logis, fera le ménage et le « fricot », filera sa quenouille, tandis que Jeanne ira en journées pour gagner le pain quotidien.
Bien que peu solide la grande Jugan, comme on disait, était une travailleuse. Elle s’entendait à coudre, à astiquer, faire des lessives ; elle s’entendait surtout à soigner les malades…
Bientôt, à Saint-Servan, beaucoup de familles l’employèrent.
En allant et venant, Jeanne rencontrait beaucoup de pauvres… Elle les aimait, voyant en eux les membres souffrants de Jésus-Christ.
Une fois même, elle pleura en apprenant qu’une vieille aveugle, impotente et dénuée de tout, restait seule. Que faire ? La visiter matin et soir ? Ce n’est pas suffisant. Notre bonne Jeanne lui fait une place dans sa chambre et lui prodigue toute l’affection et tous les soins qu’elle prodiguerait à sa maman.