Étiquette : <span>Martyr</span>

Auteur : Dardennes, Rose | Ouvrage : À l'ombre du clocher - 1. Les sacrements .

Temps de lec­ture : 10 minutes

Ordre

Toc-toc !

Sou­dain dres­sée sur son lit, Marie Gimet écoute… Mais elle n’en­tend plus que les coups de son cœur dans sa poi­trine et du sang à ses tempes…

Messe clandestine sous la TerreurPour­tant, elle n’a pas rêve. On a heur­té sa porte. Et qui peut venir à cette heure de la nuit ?… Elle fris­sonne : nul ne se sent en sécu­ri­té sous cette « Ter­reur » qui guillo­tine les nobles, ceux qui ont ser­vi chez eux, ceux qui assistent à la messe, et même, sim­ple­ment, ceux qui n’ont rien fait pour la Révo­lu­tion… Elle a été tant de fois assis­ter à la messe dans une cave ou dans une grange, elle, Marie… Elle a même deux fois por­té un pot de rillettes à Mon­sieur le Curé qui doit se cacher dans les bois pour échap­per aux gen­darmes de la Révo­lu­tion qui vou­draient le jeter en pri­son… Non, vrai­ment, elle n’est pas tranquille…

— Qui est là ?

Oui, qui est là, der­rière cette porte close ?… La mort ou la vie ?… Si ce sont les gen­darmes : c’est la mort sur la guillotine.

| Ouvrage : 90 Histoires pour les catéchistes I .

Temps de lec­ture : 9 minutes

L’Eucharistie.

La Révo­lu­tion fran­çaise venait d’é­cla­ter. Par­tout les églises étaient pro­fa­nées, les prêtres dénon­cés, tra­qués comme des bêtes fauves, sou­vent fusillés sur le bord des che­mins. Les fidèles eux-mêmes voyaient leurs mai­sons enva­hies par des bandes de for­ce­nés qui mena­çaient de les égor­ger s’ils ne dénon­çaient pas les prêtres qu’ils connaissaient.

Auteur : Daniel-Rops | Ouvrage : Légende dorée de mes filleuls .

Temps de lec­ture : 14 minutes

— Non, je ne tra­hi­rai pas le ser­ment de mon bap­tême ! Non, je n’ac­cep­te­rai pas de reve­nir aux idoles, aux fétiches ! Non, non… je pré­fère mourir !

À quel moment de l’his­toire sommes-nous donc ? À Rome, à l’é­poque des grandes per­sé­cu­tions, et cette jeune voix qui pro­clame ain­si sa foi, est-ce celle d’un frère de sainte Agnès, de sainte Blan­dine ; celle d’un mar­tyr du IIIe ou du IVe siècle ? Nul­le­ment, nous sommes en plein XIXe siècle. Il y a envi­ron soixante-cinq ans. Et où donc ? Regardez.

Les martyrs OugandaisLes jeunes enfants sont noirs, abso­lu­ment noirs, oui de jeunes nègres de qua­torze ou quinze ans. Ali­gnés les uns à côté des autres, une qua­ran­taine, ils sont enfer­més dans des cages en bam­bous ; leur cou est pris dans une fourche et de lourdes pièces de bois leur empri­sonnent un pied et un poi­gnet. Devant eux s’a­gitent des sortes de monstres gro­tesques et hor­ribles en grand nombre ; le visage enduit d’ar­gile rouge, zébré de traî­nées de suie, la tête héris­sée de plumes, des peaux de bêtes atta­chées autour des reins, un col­lier d’os­se­ments bat­tant sur la poi­trine et des gre­lots tin­tant à leurs che­villes, ce sont des sor­ciers. Mais leurs ges­ti­cu­la­tions menaçantes,leurs cris, leurs chants sau­vages, pas plus que les pré­pa­ra­tifs du grand bûcher qu’on élève non loin de là, rien ne peut faire flé­chir le cou­rage de ces jeunes héros du Christ.

Ils mour­ront tous, sans un moment de fai­blesse, sans qu’un seul aban­donne la foi et tra­hisse. Cette his­toire des petits mar­tyrs de l’Ou­gan­da est un des plus beaux cha­pitres de toute la grande his­toire de l’Église… Écoutez-la !

* * *

L’im­mense conti­nent noir, l’A­frique, a été péné­tré par le Chris­tia­nisme sur­tout depuis un siècle… Et cette péné­tra­tion a été l’œuvre d’hommes admi­rables, les Mis­sion­naires, prêtres et moines d’un dévoue­ment sans trêve, d’un cou­rage à toute épreuve, d’une mer­veilleuse bon­té. Aus­si braves quand il s’a­git d’al­ler, en des pays hos­tiles, par­mi des peuples encore sau­vages, pour y semer la bonne parole du Christ, l’Évangile, que patients et bons orga­ni­sa­teurs quand il s’a­git ensuite de vivre au milieu des noirs, pour leur appor­ter non seule­ment l’en­sei­gne­ment chré­tien, mais toutes sortes de secours, les mis­sion­naires ont été, dans toute l’A­frique, de véri­tables conqué­rants paci­fiques qui, sans armes, ont gagné à la civi­li­sa­tion des espaces géants. Aujourd’­hui, il n’est contrée si loin­taine, si per­due, qui n’ait ses Mis­sion­naires. Au Père, les indi­gènes viennent deman­der tout : un conseil, un médi­ca­ment, une pro­tec­tion. Si l’Église a désor­mais des mil­liers de fidèles dans le conti­nent noir, c’est aux Mis­sion­naires que ce grand suc­cès est dû.

Cardinal Lavigerie fondateur des Pères Blancs, missionnairesPar­mi ceux qui ont par­ti­ci­pé le mieux à cette grande tâche se trouvent au pre­mier rang les Pères Blancs. Ils ont été fon­dés par un homme de génie, le Car­di­nal Lavi­ge­rie, tout exprès pour vivre la même vie que les indi­gènes, s’ha­billant comme eux, par­lant leur langue, aidés aus­si par les Sœurs Blanches qui, vivant de la même façon, s’oc­cupent spé­cia­le­ment des femmes et des enfants. « II y a là-bas cent mil­lions d’êtres humains qui attendent le Christ ; je veux les don­ner à Lui ! » s’é­tait écrié un jour Lavi­ge­rie devant le Pape Pie IX. Et, fidèles à cette pro­messe, Pères blancs et Sœurs blanches n’ont pas ces­sé, depuis lors, de tra­vailler à sa réalisation.

Vers 1880, les Pères blancs avaient péné­tré dans l’Ou­gan­da. Savez-vous où se trouve, sur la carte d’A­frique, ce pays ? Regar­dez au sud du Sou­dan et de l’Éthiopie, c’est-à-dire à l’est du conti­nent. Là s’é­tend un immense pla­teau, grand à peu près comme la France, que domine la puis­sante masse du vol­can Elgon. Une magni­fique nappe d’eau, le lac Vic­to­ria, — si vaste qu’il s’y pro­duit de petites marées,— en occupe le sud, et c’est de ce lac que sort une des deux rivières qui, en s’u­nis­sant, vont for­mer le Nil. Ce haut pla­teau, où le cli­mat est frais, où les pluies sont suf­fi­santes sans être exces­sives, ne manque pas de richesses : bana­niers, épices, café, maïs, sor­gho, bœufs et mou­tons y font vivre à l’aise une popu­la­tion qui se déve­loppe. Cette popu­la­tion est for­mée de nègres ; des nègres intel­li­gents, tra­vailleurs, qu’on appelle « bantous ».

Comme la presque tota­li­té des nègres d’A­frique, les ban­tous de l’Ou­gan­da étaient

Auteur : Daniel-Rops | Ouvrage : Légende dorée de mes filleuls .

Temps de lec­ture : 15 minutes

Rab­bi Gama­liel fit un signe et se tut. Le cours était fini. Les dix ou douze ado­les­cents qui l’en­tou­raient se levèrent, s’é­brouèrent, com­men­cèrent à par­ler avec ani­ma­tion. Depuis près de trois heures qu’ils étaient là, assis en tailleur sur leurs petits tapis, les jambes croi­sées sous eux, et qu’ils écou­taient de toutes leurs oreilles les paroles de leur maître, ils avaient bien le droit de prendre un peu de mou­ve­ment. C’é­taient des jeunes gens de seize à dix-huit ans ; tous por­taient des vête­ments sombres et sans orne­ments aux­quels se recon­nais­saient les plus pieux des Juifs, les Phari­siens, et, accro­chés à leurs vête­ments, des sortes de petites boîtes qui conte­naient, reco­piés sur un mince rou­leau de par­che­min, quelques ver­sets de la Loi de Dieu.

Vie de Saint Paul pour les enfants - Ecole juive : Eleves écoutant le RabbitLa Loi de Dieu ! c’é­tait elle qu’ils étu­diaient, à lon­gueur de jour­née, avec une atten­tion infa­ti­gable. A cette époque, dans l’en­sei­gne­ment, on uti­li­sait peu de livres, mais, par contre, on fai­sait beau­coup appel à la mémoire. « Un bon élève, assu­rait un dic­ton, est comme une citerne sans fis­sures ; il ne laisse rien perdre de ce que son Maître a ver­sé en lui. » Donc, à lon­gueur de jour­nées, durant des années, les futurs « rab­bis » ou « doc­teurs de la Loi » écou­taient un Maître leur réci­ter des pas­sages du Livre Saint, puis les com­men­ter en citant tout ce que les anciens avaient pu dire à leur pro­pos. Tour à tour, ils appre­naient l’his­toire des Patriarches et celle des Rois ; ils chan­taient en chœur les admi­rables Psaumes ; ils s’en­thou­sias­maient à recher­cher, dans les écrits pro­di­gieux des Pro­phètes, les textes qui annon­çaient la venue du Sau­veur du monde, du Roi glo­rieux qui tire­rait Israël de sa misère, du Mes­sie. Et quand Rab­bi Gama­liel avait fini de par­ler, —comme il par­lait bien ! comme il était savant !— cha­cun des étu­diants devait se répé­ter en soi-même les phrases enten­dues pour être capable de les redire à son tour.

Ils s’é­loi­gnèrent par groupes, sor­tant de l’es­pla­nade du Temple, sous le por­tique duquel ils avaient assis­té au cours, se dis­per­sant à tra­vers Jéru­sa­lem par les petites rues en pente, cou­pées de marches. L’un d’eux, cepen­dant, demeu­ra seul. Quelques ins­tants il sem­bla médi­ter pro­fon­dé­ment. Puis, il sor­tit à son tour de l’es­pla­nade mais, au lieu de des­cendre en ville, s’en alla vers la porte for­ti­fiée, se diri­geant vers la cam­pagne. Quel âge avait-il ? On n’au­rait guère pu le dire. Son visage était déjà si grave, déjà si creu­sé pour un ado­lescent ! Il n’é­tait pas bien beau : de médiocre sta­ture, tra­pu, les jambes torses, l’air malingre ; sur sa tête les che­veux roux se clair­se­maient ; pour­tant pour qui consi­dé­rait son visage, aux sour­cils touf­fus et joints, au nez bom­bé, au regard d’une extrême viva­ci­té, il parais­sait bien évident que ce jeune homme était d’une intel­li­gence extra­or­di­naire. Pour faire ses études de Rab­bi, il était venu de la loin­taine ville où il avait vu le jour, Tarse en Cili­cie, et nul, depuis deux ans, par­mi les élèves du Maître Gama­liel, n’é­tait plus assi­du au labeur, ni plus atten­tif, plus avide d’ap­prendre et de com­prendre. Ce jeune homme tou­jours soli­taire se nom­mait Saul.

* * *

Comme il venait de sor­tir de la ville, se diri­geant vers un bois d’o­li­viers où il avait des­sein de s’é­tendre pour réflé­chir et se répé­ter la leçon du jour, des cris le firent retour­ner. Une foule hur­lante jaillis­sait par la porte forte, ges­ti­cu­lant, fré­né­tique. Elle entou­rait un homme, un grand gar­çon mince, au regard fier, qui sem­blait extra­or­di­nai­re­ment calme au milieu de ce déchaî­ne­ment. Saul le vit et un violent mou­ve­ment se pro­dui­sit dans son cœur, de colère et de haine.

Encore un de ces gens-là ! Alors, cela n’a­vait donc pas suf­fi qu’on eût mis à mort, —et de quelle façon infa­mante !— leur fameux pro­phète ! Depuis six ans que tout Jéru­sa­lem avait pu le voir pen­du à une croix, comme un voleur ou un assas­sin, ils ne ces­saient de

Auteur : Daniel-Rops | Ouvrage : Légende dorée de mes filleuls .

Temps de lec­ture : 14 minutes

Les lourds bro­de­quins des légion­naires sonnent sur les dalles des rues. A la porte de la mai­son, des coups vio­lents. Le jour se lève à peine sur Rome. « Ouvrez ! » Les sol­dats entrent, mena­çants, glaive en main, prêts à frap­per qui leur résis­te­rait. Mais ceux qu’on vient arrê­ter ne résistent nul­le­ment. D’a­vance, ils ont accep­té le sort qui les attend ; d’a­vance ils ont don­né leur vie au Christ.

Ils ne le renie­ront pas. Emme­nés devant un magis­trat de l’Em­pire, ils lui tien­dront tête sans trem­bler. On enten­dra à peu près ce dialogue :

récit du martyre de chrétiens jetés aux lions— Es-tu chrétien ?

— Oui, je le suis.

— Acceptes-tu d’of­frir un sacri­fice aux dieux de Rome ?

— Je ne puis pas.

— Si tu refuses, tu mourras.

— Je refuse.

Ce dia­logue, c’est par dizaines, par cen­taines qu’il s’est répé­té. Innom­brables ont été les hommes, les femmes, les enfants, qui, en face des auto­ri­tés impé­riales, ont pro­cla­mé fiè­re­ment leur foi dans le Christ Jésus et pré­fé­ré mou­rir plu­tôt que de le tra­hir. C’est sans doute le cha­pitre le plus admi­rable de toute l’his­toire de l’Église que celui que com­posent ces « Pas­sions », ces récits sublimes du sacri­fice accep­té, dési­ré, par des géné­ra­tions de chré­tiens, et nos ancêtres au Moyen Age, dans les pages de la Légende dorée, ont par­ti­cu­liè­re­ment aimé à entendre celles où cet héroïsme était glo­ri­fié. Les mar­tyrs ne sont-ce pas les témoins du Christ ? —en grec, mar­tyr veut dire témoin. Ne sont-ce pas les preuves vivantes que, pour des chré­tiens, la fidé­li­té aux pro­messes du bap­tême est plus impor­tante que l’exis­tence même ? De siècle en siècle on cite­ra leurs noms, on répé­te­ra leur his­toire, on les invo­que­ra comme des inter­ces­seurs auprès de Dieu.

Dans cette troupe glo­rieuse, ce n’est pas une des moindres causes d’ad­mi­ra­tion que de voir figu­rer de nom­breux enfants. Aus­si cou­ra­geux que les grandes per­sonnes, ils ont, comme leurs parents, fait preuve d’un héroïsme sans fis­sure en face des pires sup­plices. Et quels sup­plices ! Car, aux mar­tyrs chré­tiens, les Romains païens ont réser­vé des tor­tures à