« Hé ! Gamin, d’où viens-tu ? demande un chef de la police à un garçon de 11 ans qui sort de la maison des Sœurs.
— Je viens d’aller apprendre mon catéchisme.
— Ton catéchisme ! Pas la peine ! Bientôt il n’y aura plus en Chine ni Sœurs, ni Pères, ni Église Catholique.
Et le petit chrétien de répondre magnifiquement :
— Mais moi, je suis chez moi en Chine ! Je resterai en Chine ! Et comme je suis chrétien, baptisé, catholique, il y aura encore l’Église Catholique en Chine ! ! »
Bravo petit Chinois !
Les fillettes ne sont pas moins intrépides. Celle-ci, dix ans, fait partie de la Légion de Marie.
« Tu vas signer contre la Légion de Marie.
— Jamais !
— Tu signeras !
— Mettez-moi en prison si vous voulez ; je ne signerai pas !
— Si tu vas en prison, on te coupera la tête.
— Coupez-moi la tête ; je ne signerai pas ! »
Cette fois, c’est une maman de six enfants, dont le mari, médecin, est depuis plus d’un an en prison comme chef de l’Action Catholique :
« Une bonne nouvelle. Nous allons relâcher votre mari ; il a enfin signé… une petite formalité toute simple… Signez vous aussi et dès que vous aurez signé, votre mari sera relâché. » (Signature qui équivalait à une renonciation à la foi chrétienne.)
La femme se lève, regarde les hommes et fermement leur dit :
« Vous mentez ! Je connais mon mari ; il n’a certainement pas signé. S’il le faisait et était libéré, j’irais prendre sa place ! »
Ce n’était qu’une ruse. Il n’avait pas du tout signé.
Avec de tels parents, comment les enfants, les jeunes gens, ne seraient-ils pas magnifiques ? Les étudiants savent pourtant que s’ils restent fidèles à l’Église, ils seront refusés aux examens. Toute épreuve commence en effet par un examen politique auquel sont mêlées les questions religieuses : Église, Pape, Sainte Vierge…
L’étudiant catholique répond en catholique ; il est éliminé ! Tant pis pour le diplôme qui lui aurait ouvert une belle carrière ! Ces jeunes filles comptaient sur leur diplôme d’infirmière pour vivre une vie de dévouement et pour assurer leur pain quotidien. Elles sont réduites à la mendicité pour avoir été fidèles à leur conscience. Croyez-vous que cela abatte les autres étudiants ? Aucunement ! Ils sont à Shanghaï 2.500 étudiants et étudiantes, solidement groupés en Jeunesse Étudiante Catholique. Jusqu’ici c’étaient des chrétiens moyens, absorbés par l’étude, aimant bien s’amuser aux heures de détente. Sous les coups de la persécution, ils ont mis Dieu, l’Église, leur foi, au premier rang de leurs soucis. Ils étaient individualistes : Chacun pour soi ! Et voilà qu’ils se groupent, qu’ils font bloc. Tendus vers un même idéal, ils font, en toute loyauté, en toute volonté, quatre promesses :
1. Promesse de venir à toutes les convocations. Pourtant c’est dur ; les réunions, le plus souvent, se font la nuit et on risque d’être pris.
2. Promesse de sérieux, de bonne tenue, de pureté parfaite : On travaille pour le Christ.
3. Promesse d’accomplir toutes les missions qui leur sont confiées par l’Église catholique.
4. Promesse de ne jamais fuir la prison ni la mort.
Cette promesse d’accomplir toutes les missions confiées, et pour lesquelles souvent on se propose, peut mener loin.
Il y avait à Shanghaï 80.000 catholiques et 200 apostats. 200 ce n’était pas beaucoup contre 79.800 fidèles. C’était encore trop.
Les apostats (anciens chrétiens qui ont renoncé à leur religion) n’ont évidemment plus le droit de recevoir les sacrements, à part celui de Pénitence. Pour eux, communier serait un sacrilège.
Ces apostats de Shanghaï eurent l’idée diabolique d’aller communier comme avant : « Allons communier, dirent-ils. Comme tout le monde sait qui nous sommes le prêtre devra nous refuser la communion ; alors nous irons le dénoncer. La police viendra et on verra ! »
C’est grave. Un prêtre arrêté dans une église, les apostats se présenteront à la sainte table dans une autre et ainsi dans toutes les églises de Shanghaï, y faisant arrêter tous les prêtres déjà trop peu nombreux.
Les étudiants vont trouver leur Évêque : « Laissez-nous agir ; c’est notre affaire ! »
Pendant un mois, ils gardent les tables de communion de toutes les églises de Shanghaï. Les apostats se présentent ; les prêtres refusent la communion, les apostats vont chercher la police, les étudiants « se bagarrent, » vont an poste, discutent les lois de la réception des sacrements. Finalement, excédée, la police se lasse et dit aux apostats : « Laissez-nous tranquilles ! N’allez plus communier. »
Les étudiants catholiques ont gagné la partie chaudement disputée !
Promesse de ne jamais fuir la prison et la mort, disions-nous. Ils la tiennent ! Cette promesse-là, ils la renouvellent souvent et ils ont toujours à côté d’eux le petit paquet qui leur sera nécessaire en prison. Pour aller en prison il faut porter un habit sans boutons ni ceintures ni lacets. Le petit paquet contient donc, préparé d’avance, un habit de prison, à la chinoise et sans boutons, et puis une tasse, une assiette, une brosse à dents… Tous les jeunes ont leur paquet chez eux et quand ils se sentent particulièrement menacés, ils le portent sur eux, en bandoulière.
Ce n’est pas très amusant de vivre en cette attente de la mort. Appelés à la police la nuit, ils ont peur ; c’est normal.
« Tu as eu peur ?
— Oui j’ai eu peur, mais j’ai prié et la peur m’a quittée. »
Le bon Dieu, la Sainte Vierge les assistent : « On m’a demandé ceci… J’ai eu recours à la Sainte Vierge et j’ai répondu cela. »
Une jeune fille, seule catholique dans une Université païenne, est en lutte à toutes les attaques du professeur de politique : « Qu’est-ce que votre Église ? lui demande-t-il, et la Chinoise de lui répondre : « Le Christ, notre fondateur, a dit : Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas. Notre Église est éternelle. Interrogez l’Histoire. En 2 000 ans, combien d’empires ont passé ? L’Église demeure, et soyez-en sûr, elle demeurera toujours. J’ai confiance en elle quoique je sois la seule catholique de l’Université, et même si j’étais seule catholique dans toute la Chine, seule catholique dans le monde entier, je lui resterais encore fidèle car elle a les promesses d’éternité. Dieu a donné sa vie pour moi, je serais heureuse de donner la mienne pour lui. »
Alors le professeur se fâche : « Vous autres catholiques, vous êtes insupportables ! Vous dites tous la même chose ; vous avez certainement une organisation secrète. Aujourd’hui vous allez me dire quelle est cette organisation. »
La jeune fille répond calmement : « Si je vous le dis, vous ne me comprendrez pas, mais puisque vous me le demandez, voici : Notre organisation secrète c’est l’Esprit Saint. En Mandchourie, en Afrique, en Amérique, en Europe, ici, partout, les chrétiens catholiques croient et disent la même chose parce que c’est le même Esprit qui habile notre cœur et parle par notre bouche. C’est lui qui met dans ma bouche les paroles que je vous dis et c’est pourquoi je dis la même chose que les catholiques du monde entier. »
Pourquoi, dans nos églises, nos écoles, au catéchisme, nos chrétiens ne chantent-ils pas ce chant qui nous faisait vibrer quand en pension nous le chantions en chœur :
Les siècles ont passé, mais l’Église demeure,
Jésus la fonda de sa main !
En vain mille ennemis l’attaquent à toute heure,
Elle est plus forte que l’airain !
Dieu Ta dit, elle est immortelle,
Jamais les portes de l’enfer ne pourront prévaloir contre elle,
Elle est reine de l’univers !
R. Sainte Église, ô bien-aimée mère, je suis fière de t’appartenir !
Car en toi s’ouvrit ma carrière et en toi je veux la finir !
et en toi, je veux la finir !
Les jeunesses catholiques chinoises et les enfants chinois font mieux que le chanter ; ils le vivent… et s’ils en meurent, c’est pour vivre à jamais.
Écoutez ce garçon de l’Action Catholique qui, debout sur le parvis de l’église St-Pierre, à Shanghaï, offre à son Évêque, au nom de tous ses camarades, ses vœux de bonne année :
« Nous savons, dit-il, que ces difficultés de toutes sortes ne sont qu’un commencement. Nous avons fait juste nos premiers pas sur le chemin de la croix, mais nous n’avons pas peur, nous marcherons !… En songeant à l’unité de l’Église romaine, à l’avenir de notre Église de Chine, en songeant aux innombrables conversions futures, à la diffusion de la religion en Chine, nous sourions… Nous sommes heureux d’avoir la chance de vivre à une pareille époque. »
Nous qui sommes libres de pratiquer notre religion, prions-nous assez pour ces jeunes, ces enfants qui souffrent en Chine comme aussi en Pologne et dans beaucoup d’autres pays ? C’est relativement facile de dire de belles paroles quand on jouit encore d’une certaine liberté, qu’on peut s’appuyer sur son Évêque et sur ses prêtres, quand on se tient les coudes avec ses camarades, mais que c’est difficile quand on est en prison, affaibli par le manque de nourriture, interrogé jour et nuit pendant des heures, supplicié… Alors, les meilleurs même, parfois succombent.
C’était une étudiante de la faculté de Droit, ancienne faculté catholique ; une fille « épatante » diraient nos jeunes ; « une chic fille », « une fille extraordinaire », ayant un ascendant splendide sur ses camarades de l’Action Catholique. Elle menait tout le monde comme elle voulait, et toujours dans la bonne voie.
Le 27 avril 1951, elle est prise et mise en prison. Grand chagrin pour les étudiants et les étudiantes de Shanghaï ! Sans doute ne reviendra-t-elle jamais, car elle ne se dédira pas de son Credo. Chacun connaît sa foi inébranlable. Alors ses camarades se partagent entre eux les petits souvenirs qu’ils peuvent avoir d’elle, particulièrement son chapelet. Ils le démembrent respectueusement : une petite croix, sept gros grains, cinquante-deux petits grains. « Et puis, nous dit le narrateur, nous nous mîmes tous à genoux pour prier Dieu afin qu’elle ait le courage nécessaire pour tenir dans sa prison. Et les mois s’écoulaient. Nous étions heureux ; nous savions qu’elle tenait. Nous avions vu des prisonniers sortir de prison, qui étaient venus demander le baptême. Ils avaient été convertis par l’ardeur de cette jeune étudiante.
« Cela dura quatorze mois, quatorze mois de tortures morales… Et quelle ne fût pas notre déception quand notre jeune amie sortit de prison… Nous la vîmes le cerveau complètement retourné ; elle était devenue communiste. Elle monta sur la scène de l’ancienne Université Catholique de l’Aurore et se mit à accuser ses anciens camarades, à blasphémer et à affirmer son adhésion à l’Église patriotique chinoise. Les camarades étaient atterrés. Ils pleuraient.
Mais les communistes n’eurent pas la victoire. Ils avaient pensé que la défection du chef de l’Action Catholique étudiante allait entraîner vers eux les étudiants et qu’un glissement allait se produire ; ils se trompaient. L’un d’eux se leva et dit : « On nous a pris le cœur de notre sœur et nous souffrons, mais n’allez pas croire que nous sommes abattus… » Et au lieu de l’accuser, elle, de faiblesse, de lâcheté, ils s’accusent, eux, de n’avoir pas prié assez pour elle : « Si l’un tombe, c’est que les autres ne l’ont pas assez secouru ; nous n’avons pas assez prié ; nous ne nous sommes pas assez sacrifiés… » Qu’auraient-ils fait à sa place ?
Et le garçon fait la collecte ; il ramasse les grains de chapelet, il refait le chapelet et l’envoie à l’ancienne militante… Ce chapelet… son chapelet… il est là, sous ses yeux… dans sa main… et, instinctivement peut-être, elle en fait glisser les grains sous ses doigts : Ave… Ave Maria, gratia plena… Elle est bouleversée par la charité de ses camarades, bouleversée par le ton si élevé du petit discours ci-dessus, bouleversée de revoir son chapelet… de la façon si chrétienne et si simple dont il lui a été rendu… Profondément troublée, elle va voir le prêtre auquel elle avait l’habitude de se confesser et qui la dirigeait dans les passes difficiles ; c’était un Jésuite. Longuement elle cause avec lui et, dès le lendemain, elle quitte le parti communiste de Shanghaï et va rejoindre sa famille dans une autre ville. Là elle fait une sérieuse retraite, demande une pénitence publique, et rentre dans l’Église catholique. Quant au prêtre qui l’a aidée à revenir au Christ, dès le lendemain il a été appelé par la police et il n’est jamais revenu.
Braves sont les chrétiens, à plus forte raison, héroïques sont les prêtres. Pour eux, en Chine, la seule perspective est la prison ou le martyre. Des centaines de prêtres chinois ont préféré le martyre à l’apostasie. Pendant trois jours, tel prêtre qui agonisait dans sa prison, n’a fait que répéter le Credo du matin au soir afin d’exprimer sa volonté, sa délibération tenace de mourir dans l’Église catholique. C’est le Père Chaîne qui meurt les bras en croix en disant : « Je suis heureux d’être martyr. » Et tant d’autres !
Un prêtre est venu pour relever le diocèse de Chunking qui faiblissait. Il est monté à la tribune devant une grande Assemblée communiste ; il leur a dit : « Messieurs, j’ai une âme et j’ai un corps. Mon âme, je la donne à Dieu ; vous n’y verrez pas d’inconvénients puisque vous ne croyez pas à Dieu, pas à l’âme. Mon corps est matériel. Parce qu’il est matériel, vous y croyez. Prenez-le, coupez-le en morceaux si vous voulez, je ne signerai pas ! »
C’est par les chrétiens eux-mêmes, par les enfants que les communistes veulent faire dénoncer les prêtres. Lin enfant reçoit une liste d’accusations qu’il doit signer. Il refuse. On lui dit : A cause de ton refus ton père est emprisonné ; si tu continues à refuser, il sera mis à mort… sauve ton père… en refusant ta signature, tu ne sauveras pas le prêtre car il s’en trouvera bien quelqu’un d’autre pour signer ces accusations contre lui… Ainsi « travaillé », pour sauver son père, l’enfant signe… mais quels remords ensuite. De son confessionnal, l’Évêque l’aperçoit dans la foule, à Noël… Il passe devant lui. Le garçon lui glisse : « Je suis si malheureux. » Alors le prêtre lui donne rendez-vous, le confesse : « Et maintenant, va communier. — Père, je n’en suis pas digne ! Je dois faire pénitence. »
Pendant huit jours on le voit à l’église, priant, multipliant les chemins de croix. Son repentir est admirable et combien Jésus doit l’aimer ! Alors il communie.
« Oui, j’ai signé, avouait un chrétien bouleversé par sa propre faiblesse, mais je suis Pierre ; je ne suis pas Judas ! » II revenait au Christ peut-être, grâce à la prière d’un petit Français.
En lévrier 1953, le Saint-Père nous a demandé de prier beaucoup pour obtenir aux chrétiens persécutés la fidélité jusqu’au sang.
On dit : « Ne parlons pas de ça, c’est trop triste ! Surtout n’en parlez pas aux jeunes, aux enfants… Ils ont besoin de gaîté, de chansons. » Et pourtant les enfants sont aux premières loges pour prier leur Maman du ciel d’intercéder pour notre pauvre monde. A Fatima, la Sainte Vierge n’a pas craint de parler à des enfants dont la plus jeune avait six ans, de l’enfer, de la guerre et du communisme : Le 13 juillet 1917, alors que cinq à six mille personnes se pressaient autour d’eux, la Sainte Vierge dit aux enfants : « Vous avez vu l’enfer où vont aboutir les âmes des pauvres pécheurs. Pour les sauver, le Seigneur veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé. Si on fait ce que je vous dirai, beaucoup d’âmes se sauveront et on aura la paix ; mais si on ne le fait pas, si on ne cesse pas d’offenser le Seigneur, la divine justice se manifestera de nouveau par de nouveaux châtiments. Une propagande impie répandra dans le monde ses erreurs ; suscitera des guerres et aussi des persécutions contre l’Église ; beaucoup de bons seront martyrisés ; le Saint-Père aura beaucoup à souffrir… »
Une jeune légionnaire de Marie, sur le point d’aller en prison, et seule chrétienne dans une famille païenne, écrivait à sa compagne : « Prie pour moi ; tu ne peux t’imaginer à quel point je souffre. Plusieurs de mes compagnes m’ont trahie. Prie et fais pénitence pour que Dieu leur pardonne. La plupart des prêtres que nous avons connus ont été emprisonnés ; ne les oublie pas dans tes prières afin qu’ils aient le courage d’accepter le martyre. Le plus pénible de tout, c’est ma famille. Le jour où mes parents ont aperçu dans le journal, mon nom au milieu de la liste des accusés, ils sont tombés à mes genoux en me suppliant d’abandonner ma foi. O mon Dieu ; c’est alors, pour la première fois, que j’ai compris ce que peut être la souffrance. Je n’ai plus rien à t’offrir à part mon affection. Même si je dois perdre la vie, je préfère cette mort à la mort éternelle que je mériterais en reniant ma foi. Chante l’Alléluia avec moi ! »
Nous nous associons à leur Alléluia, mais pensons-nous assez à leur passion ?
Le dernier dimanche de la Passion, je vais voir des amis dans une grande paroisse de la campagne : Pas de cérémonie religieuse, pas de chemin de croix, autrefois régulier, chaque dimanche de Carême après vêpres. Il y a pièce au patronage… Reprenant le car, je vais déjeuner dans la paroisse voisine, grande paroisse elle aussi : « Si nous allions à vêpres ? C’est le dimanche de la Passion.
— Non, il n’y a rien ; il y a pièce au patronage. » La frimousse épanouie, tous les enfants y courent. Dans les deux paroisses, sitôt déjeuner, un chapelet, un « petit salut » ont clôturé « la journée du Seigneur ». A part les Sœurs, qui a pu y aller ?
« Je pars au collège de mes fils, voulez-vous m’y accompagner, demande une maman de nombreuse famille. La chorale donne une séance pour récolter quelque argent en vue d’une randonnée à tel grand monastère bénédictin. »
Une chorale de collège… un dimanche de la Passion… Pour aller s’unir au chant des moines… ce ne peut être que sérieux.
Et voilà : Des chants mimés, très drôles, une pièce comique de Labiche, très réussie, entre les numéros, un jazz effréné, des gâteaux et des bonbons à profusion… compliments pour avoir dévalisé si promptement le buffet… l’invitation présente n’y avait pas manqué, le sol est jonché des papillotes des sucreries… Et tout cela à l’heure des offices de l’église et de la chapelle voisines ; à l’heure du sermon à Notre-Dame de Paris. Tous ces chrétiens qui remplissent la grande salle n’ont pu être à l’office ou à leur poste de T.S.F. Dimanche de la Passion.
Vite, vite, mettons-nous du plomb dans la tête ; cela presse ! Les chrétiens de Chine nous attendent, le Pape nous supplie, la Sainte Vierge insiste. Certes, il faut de l’argent pour nos écoles, pour nos promenades, mais les écoles, les promenades ont pour but de former les enfants et on ne forme pas des enfants en les faisant s’amuser le jour de la Passion. N’était-ce pas le jour ou jamais de songer à la grande passion de nos frères et de prier pour eux ?… En Chine, trois millions et demi de chrétiens doivent garder leur foi au prix de leur sang, contre une population totale de cinq cents millions environ. Ce sont nos prières, nos sacrifices, qui leur obtiendront la grâce, qui redonneront le courage à ceux qui faiblissent.
Écoutez l’appel des catholiques chinois :
« Nous, Chinois catholiques, après avoir prié le Seigneur, éprouvons le besoin de faire appel à l’esprit de catholicité de tous nos amis en leur demandant de vouloir prier chaque jour pour obtenir de Dieu le courage aux persécutés, la force aux prisonniers, la conversion des persécuteurs. Dans ce but, nous demandons d’offrir à Dieu les différentes circonstances de votre journée en union avec l’Église souffrante de Chine. »
Enfants, ajoutez‑y beaucoup d’Ave !
Agnès Goldie.
Imprimatur
Verdun, le 30 juin 1953, Max. Huard, vic. gén.
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