Étiquette : <span>31 décembre</span>

Auteur : Noël, Marie | Ouvrage : Autres textes .

Temps de lec­ture : 4 minutes

Le 1940.

Le der­nier jour de l’an­née, le Bon Dieu était dans le ciel et regar­dait en bas dans une église où les gens étaient en train de lui chan­ter le .

L’é­glise n’a­vait plus ni clo­cher ni cloches et le curé avait eu bien du mal à bou­cher les plus gros trous des murs et du toit pour que les fidèles ne fussent pas trop mouillés, les jours de pluie, en y réci­tant leurs prières.

Noël dans un village détruit par la guerreIl y avait là Léon­tine, dont les trois mai­sons avaient été brû­lées et qui logeait main­te­nant dans un gre­nier froid.

Il y avait là Thé­rèse, à qui les Alle­mands n’a­vaient lais­sé ni meubles, ni linge et qui était venue à l’of­fice avec le man­teau de sa voisine.

Il y avait Fran­çois, de la ferme des Noues, dont tous les che­vaux et les vaches avaient été emme­nés par la troupe, si bien qu’il ne pou­vait plus labou­rer ses terres et, à côté, dans le même banc, la pauvre Made­leine dont le mari avait été tué d’un coup de fusil à l’en­trée du bourg.

Il y avait Ger­maine, la boi­teuse, dont les trois fils étaient prisonniers…

Et Théo­dore dont la femme et les deux filles avaient péri ensemble, ense­ve­lies sous la grange…

Et Mar­gue­rite qui avait per­du, en fuite, son petit gar­çon, et per­sonne ne savait plus ce qu’il était devenu…

Auteur : Didelet, A.-M. | Ouvrage : Et maintenant une histoire II .

Temps de lec­ture : 11 minutes

De leur local de la rue de Gre­nelle, les fillettes sortent en cou­rant. Les visages sont radieux et les langues marchent bon train.

« Moi, je vou­drais une belle poupée.

— Moi, j’es­père avoir un berceau.

— Et nous, nous irons à Meu­don réveillonner ! »

Récit pour les mômes de la catéchèse

C’est demain le jour de l’an. En ce soir de la , tous les yeux rient de plaisir.

La petite Agnès ne dit rien. Elle sait déjà, la pau­vrette, bien qu’elle n’ait pas encore sept ans, que tout cela n’est pas pour elle.

Len­te­ment, elle tra­verse la cour et aper­çoit sur le trot­toir son grand-oncle qui l’at­tend en souriant.

Agnès sou­rit gen­ti­ment et son regard s’illu­mine ; mais, dans sa petite tête, elle songe :

« Ce que je vou­drais, moi, c’est avoir une maman. »

Mais Agnès découvre au coin de la rue la bicy­clette et la remorque de l’oncle Toire. Elle recon­naît l’ins­crip­tion jaune : « Gré­goire, com­mis­sion­naire, rue Malar »

« Oh ! tu me ramènes, oncle Toire ? Je peux mon­ter dans la remorque pour rentrer ?

— je vais t’of­frir bien mieux, petite. Nous allons faire une grande pro­me­nade dans Paris. J’a­vais tant de courses à faire pour les fêtes, qu’elles ne sont pas encore ter­mi­nées. Il me faut por­ter ces six bou­teilles de cham­pagne ave­nue Vic­tor-Hugo. Je ne veux pas que tu rentres seule, car ce soir, c’est le der­nier jour de l’an­née ; je t’emmène, mon agneau. »

Le pauvre vieux Gré­goire peine à tirer le lourd char­ge­ment ; pour sûr, il lui fau­dra mon­ter l’a­ve­nue Mar­ceau à pied. Une fillette et une remorque, c’est là tout l’hé­ri­tage que le vieux Gré­goire reçut de son neveu, mort voi­là bien­tôt cinq ans, quelques mois après sa femme.

Et tout le long du jour, l’oncle Gré­goire pédale pour gagner la vie de sa petite nièce. Jadis, lors­qu’il était seul, sa pen­sion lui suf­fi­sait, mais à deux, avec la vie chère, il faut travailler…

Arri­vé pres­qu’à la Seine, près du pont de l’Al­ma, le cafe­tier du coin fait un signe d’appel.

« Eh ! Père Gré­goire, pas­sez voir ici deux minutes, j’ai un petit tra­vail à vous demander. »

L’oncle Toire s’ar­rête, se retourne.

« Attends-moi, mignonne. Tiens, il pleut… Je vais… Mais, on dirait que tu t’endors…

— Oh ! je suis si bien, oncle Toire.

— Ne bouge pas, je te couvre avec la bâche. Je reviens tout de suite. »

La minute dure… un quart d’heure ; et lorsque l’oncle sort de chez son client, plus de remorque, plus de bicyclette.

Gré­goire pousse un cri d’effroi.

« Agnès, Agnès, on m’a