Étiquette : <span>Charité</span>

| Ouvrage : Autres textes .

Temps de lec­ture : 6 minutes

Ce soir-là, au , le Roi Mar­son et la reine dînaient aux chan­delles. Les ménes­trels jouaient un air de man­do­line. On en était au dessert.

Sou­dain, la reine dit :

— « Les fêtes de approchent, Sire. »

— « Je sais, dit le roi. Et je n’ou­blie pas que nous régnons déjà depuis 25 ans. C’est l’oc­ca­sion de faire plai­sir à nos sujets. »

Certes, l’oc­ca­sion était rêvée, mais encore fal­lait-il trou­ver une idée ori­gi­nale, digne d’un roi.

Des idées, le roi n’en avait pas. Il n’en avait jamais et les pro­po­si­tions de la reine ne lui plai­saient guère. Quant aux ministres, ils se cas­saient bien la tête, mais ne trou­vaient rien d’ex­tra­or­di­naire. Fut alors appe­lé le seul vrai savant de la mai­son, maître Mer­lin. Il était un peu sor­cier et débor­dait d’imagination.

— « Moi, j’ai la solu­tion à votre pro­blème, sire ! » Et, il mon­tra un joli cof­fret pré­cieux rem­pli de pièces d’or et une clé.

— « Alors ? », fit le roi.

— « Alors ! Voi­ci une clé magique… Elle ne tourne dans la ser­rure que si celui qui l’a en main pense jus­te­ment ce qu’il faut pen­ser. Lui seul peut alors empor­ter le cof­fret et vivre riche. »

— « Mais, à quoi faut-il donc pen­ser ? » inter­ro­gea le roi.

— « Ah ! ça c’est un secret que je ne puis dévoi­ler ! C’est vos sujets qui doivent cher­cher ! », répon­dit Maître Merlin.

* * *

Cette idée plut au roi et à sa dame. Aus­si­tôt , un jeune trou­ba­dour par­cou­rut la ville pour en infor­mer les habitants.

Coffret magique à clef - Partage de Noël

Un cof­fret pré­cieux au palais ? Une clé à secret ? Empor­ter le conte­nu ? Pour tou­jours ? Une idée de maître Merlin ?.….

| Ouvrage : 90 Histoires pour les catéchistes I .

Temps de lec­ture : 8 minutes

Charité

Je me suis enga­gé à ne faire connaître ni le nom ni le pays de la petite héroïne de ce récit. Je puis tou­te­fois cer­ti­fier qu’il est abso­lu­ment vrai. C’é­tait en sep­tembre 1899. Étant bran­car­dier à l’hô­pi­tal des Sept-Dou­leurs, à , je venais de lever de sa voi­tu­rette une pauvre enfant de 14 ans para­ly­sée des deux jambes et du bras droit. Elle avait assis­té à la pro­ces­sion du Saint-Sacre­ment et, avec toutes les pré­cau­tions pos­sibles, je l’a­vais trans­por­tée à nou­veau sur son lit. J’al­lais m’é­loi­gner pour m’oc­cu­per d’autres malades lorsque, de sa main encore valide, Louise, c’é­tait le nom de la jeune infirme, me fit signe de m’as­seoir près d’elle.

— « Pas main­te­nant, répon­dis-je ; je n’ai pas le temps ! »

L’en­fant renou­ve­la son geste :

— « Si, asseyez-vous là, je veux ! »

La pauvre petite m’a­vait dit cela d’un ton à la fois si éner­gique et si sup­pliant qu’il ne me res­tait plus qu’à obéir ! C’est ce que je fis…

« Voyons, lui dis-je, par­lez vite. Je suis très pressé !

— Oui, mais tout bas. Je ne vou­drais pas que les autres m’entendent ! »

Je m’ap­pro­chai plus près du lit et Louise me mur­mu­ra à l’oreille :

— « J’ai fait une pro­messe à la Sainte Vierge si elle m’ac­cor­dait une grande faveur.

— Ah ! Et alors ?

— Eh ! bien, elle m’a exaucée !

— Vous vous sen­tez mieux ? repris-je étonné.

Histoire d'une petite fille malade - Lourdes - brancardiers et malades

— Oh ! non… Je n’ai rien deman­dé pour moi, répon­dit l’infirme.

— Alors, quelle grâce avez-vous obtenue ?

Auteur : Allègre, Auguste-Apollinaire | Ouvrage : Autres textes .

Temps de lec­ture : 12 minutes

Lucques, la cité guer­rière du Moyen Âge, tour à tour déchi­rée par les fac­tions, oppri­mée par les tyrans, atta­quée par des répu­bliques voi­sines, Lucques, la puis­sante rivale de Pise, était, à cette heure, calme et paci­fique. Les armes avaient été dépo­sées pour quelques jours ; les portes de la cité res­taient ouvertes ; les tours qui la défendent demeu­raient silen­cieuses. C’é­tait la nuit de  ; Noël, nuit mer­veilleuse, où l’En­fant-Dieu est né dans une étable, où les anges du ciel sont venus annon­cer la paix à la terre et la rédemp­tion à l’humanité.

Toscane - récit de Noël - Sainte Zite

La neige était tom­bée tout le jour. Elle avait blan­chi les col­lines ondu­leuses qui cou­ronnent la cité ; elle avait jeté ses flo­cons épais sur les toits des vieux palais ; elle s’é­tait amon­ce­lée dans les rues étroites. Enve­lop­pée comme d’un voile blanc, la ville res­sem­blait à une vierge inno­cente et pure qui s’ap­proche de l’au­tel. Mal­gré le vent gla­cé qui mugis­sait, la foule, pro­té­gée par d’é­pais man­teaux, s’en allait à l’é­glise par bandes joyeuses ; elle sem­blait répondre à l’in­vi­ta­tion des pro­phètes : « Réjouis-toi, fille de Sion ; tres­saille d’al­lé­gresse, fille de Jérusalem…Voilà le Sei­gneur qui va venir avec tout le cor­tège des saints. » Valeu­reux guer­riers, riches bour­geois, indus­trieux mar­chands, tous avaient fait trêve, pour quelques heures, à leurs luttes, à leurs affaires, à leurs plaisirs.

Zite, une pauvre ser­vante, a enten­du, du fond du palais où elle sert, les joyeux échos de ces bruits paci­fiques. Fleur des mon­tagnes trans­plan­tée dans la cité, elle a appor­té dans la demeure de ses maîtres le doux par­fum du lieu natal. Elle est si pure que sa modeste chambre est, dit-on, illu­mi­née de clar­tés célestes : si cha­ri­table que, pour répa­rer les impru­dences de sa , Dieu, plus d’une fois, a dû venir à son secours. Son angé­lique pié­té l’a ren­due chère à ses maîtres pieux. Ils en ont fait la dis­pen­sa­trice de leurs aumônes : les pauvres se sont suc­cé­dé au seuil du palais, pour rece­voir de ses mains vir­gi­nales le pain qui nour­rit et le vête­ment qui réchauffe. Aux lar­gesses de ses maîtres, elle a vou­lu ajou­ter les siennes et faire l’au­mône de sa pau­vre­té. Zite a tout dis­tri­bué, jus­qu’à ses propres vête­ments d’hiver.

Auteur : Winowska, Maria | Ouvrage : 90 Histoires pour les catéchistes I .

Temps de lec­ture : 11 minutes

C’é­tait au camp de concen­tra­tion d’Os­wie­cim, en , durant l’oc­cu­pa­tion alle­mande. Par­mi les pri­son­niers de ce « Camp de la mort » se trou­vait le Père Maxi­mi­lien Kolbe, , bien connu pour son mer­veilleux apos­to­lat par la presse. Son ardent amour envers la Vierge Imma­cu­lée l’a­vait fait sur­nom­mer le fou de Notre-Dame.

Le 17 février 1941 une auto noire avait stop­pé devant la porte de son couvent. Des membres de la fameuse Ges­ta­po en étaient des­cen­dus et avaient deman­dé à voir le Père. « Loué soit Jésus-Christ », leur avait-il dit sans se troubler.

« C’est toi Maxi­mi­lien Kolbe ? » gla­pit l’un des bourreaux.

« Oui, c’est moi. »

« Alors, suis-nous ! »

Et le bon Père n’é­tait plus revenu.

Récit pour les enfants du père Kolbe dans un camp nazieEmme­né tout d’a­bord à la pri­son de Var­so­vie où il avait été bat­tu jus­qu’au sang par le Schaarfüh­rer, furieux de le voir revê­tu de son habit fran­cis­cain, il fut trans­fé­ré à Oswie­cim le 12 mai sui­vant. Il devait y res­ter trois mois, presque jour pour jour.

Vers la fin de juillet 1941, un des com­pa­gnons de cap­ti­vi­té du Père réus­sit à s’é­va­der mal­gré l’ef­froyable sévé­ri­té des gar­diens. Ce pri­son­nier appar­te­nait au « bloc » 14, celui auquel était affec­té le Père Kolbe. Or le com­man­dant du camp, un nom­mé Fritsch, avait dit que pour chaque homme qui s’é­va­de­rait et ne serait pas retrou­vé, vingt de ses com­pa­gnons de bloc seraient condam­nés à mou­rir de faim ! Aus­si, cette nuit-là per­sonne ne put dor­mir dans la baraque. Une peur mor­telle étrei­gnait les mal­heu­reux qui se deman­daient si leur cama­rade serait repris ou non. On racon­tait des choses tel­le­ment hor­ribles sur ce qui se pas­sait dans le « bloc de la mort » ! Par­fois la nuit reten­tis­sait de cris d’é­pou­vante, de véri­tables hur­le­ments de fauves ! Les condam­nés n’a­vaient plus rien d’hu­main, disait-on, et leur vue fai­sait peur à leurs geô­liers eux-mêmes ! Car il ne s’a­gis­sait pas seule­ment du mar­tyre de la faim, mais aus­si de celui de la soif ! Il fal­lait ain­si ago­ni­ser pen­dant des jours, des semaines par­fois, au milieu d’ef­froyables tor­tures qui vous séchaient les entrailles, vous emplis­saient les veines de feu et menaient sou­vent à la folie !

Aus­si cha­cun se deman­dait avec ter­reur : « Sera-ce moi ? » Et ces héros pleu­raient comme de petits enfants…

Le len­de­main, à l’ap­pel, le chef de camp annonce que le fugi­tif n’a pas été retrou­vé ; le bloc 14 reçoit l’ordre de res­ter debout sous un soleil de feu et il est inter­dit de lui don­ner à boire. Vers trois heures de l’a­près-midi les gar­diens per­mettent cepen­dant aux pri­son­niers de man­ger un peu de soupe. Ce sera le der­nier repas de ceux qui seront choi­sis pour le « bloc de la faim » !

Auteur : Legeais, A. | Ouvrage : Et maintenant une histoire I .

Temps de lec­ture : 10 minutes

Moha­med Ben Ab-del­ka­der, le cara­va­nier, est venu par piste aux longues étapes de Tim­mi­moun à Ain-Tleïa, oasis à la source jaune. Il était mon­té sur sa cha­melle blanche et, à sa selle, étaient atta­chées les longes de son bour­ri­cot et de son cha­meau noir, tous deux lour­de­ment char­gés de couf­fins de belles dattes jaunes, sa seule fortune.

Moha­med le Tar­gui appar­tient à la grande tri­bu des Aouel­li­min­den. Âgé de trente ans à peine, il aurait pu se joindre à la cara­vane annuelle qui par­tait quelques jours après. Mais il a pré­fé­ré voya­ger seul dans les grandes dunes d’A­drar et de Béni-Abbès. Moha­med est pro­fon­dé­ment croyant ; jamais il n’a enten­du par­ler de Jésus de Naza­reth, mais chaque soir, à la halte, il des­cend de sa cha­melle et se pros­terne sur le sable, ado­rant Dieu le Tout-Puissant.

Touareg et le missionnaireLa nuit venue, il abreuve ses ani­maux ; de sa grande « tas­souf­fra » en cuir, il retire aus­si l’orge et l’a­voine qu’il leur donne en leur par­lant dou­ce­ment, car Moha­med aime ses bêtes, ses seuls com­pa­gnons dans ce immense. Lui-même se nour­rit fru­ga­le­ment d’une poi­gnée de dattes sèches, arro­sée d’une tasse brû­lante de thé à la menthe sucré, la bois­son natio­nale des nomades. Puis il se roule dans son bur­nous brun et s’en­dort sous le ciel constel­lé d’é­toiles près du ventre chaud de ses animaux.

Après de longues jour­nées dans les sables mou­vants, il a dépas­sé Taghit, Kenad­sa la ville sainte, et Colomb-Béchar la neuve. Enfin, pour­sui­vant sa route au pas lent de ses bêtes, il a atteint la longue ham­ma­da rocheuse de Dje­nien Bou Rezgt, celle qui indique que désor­mais le domaine du désert est bien ter­mi­né, celle aus­si où les ani­maux des nomades doivent subir la dou­lou­reuse épreuve des arêtes du che­min, aiguës et coupantes.

Enfin, trois jours après, au cou­chant, voi­ci qu’il aper­çoit devant lui les cou­poles blanches et le mina­ret du ksar d’Ain-Tleïa. Le mina­ret res­plen­dit sous les der­niers rayons du cou­chant. Le muez­zin, ain­si que le nomment les fidèles, appelle à la prière : Moha­med se pros­terne. Près du mina­ret s’é­lève un autre monu­ment, sur­mon­té d’une croix. Le Tar­gui connaît aus­si ce lieu de prière : c’est celui d’un mara­bout-rou­mi (un blanc) venu là il y a quelques années. Le père de Moha­med a connu un sem­blable mara­bout-rou­mi qui, durant sa vie, a sans cesse séjour­né entre Béni-Abbès et Taman­ras­set, où il repose au cœur du pays Tar­gui ; il lui a racon­té la sain­te­té de vie de cet homme et de ses sem­blables. Aus­si, Moha­med res­pecte-t-il beau­coup ces hommes, qui n’ont pas la même reli­gion que lui, mais qui prient tout le temps le Dieu Infi­ni, et vivent si pieusement.

La nuit tom­bée, Moha­med campe seul, un peu à l’é­cart de la ville, aux abords du vil­lage nègre. Il a ramas­sé quelque bois mort pour son feu, et décharge déjà ses bêtes, quand une brû­lure vio­lente à son talon lui arrache un cri de dou­leur ; il se retourne : un gros scor­pion noir, déran­gé par le Tar­gui dans son som­meil, vient de le piquer. Un coup de pierre écrase la bête mal­fai­sante, mais la dou­leur force Moha­med à s’as­seoir, tant elle est forte. Il connaît les scor­pions noirs ce sont les plus dan­ge­reux et les plus veni­meux. Aus­si, avec son cou­teau bien aigui­sé n’hé­site-t-il pas à essayer d’in­ci­ser sa bles­sure pour la faire sai­gner et la dés­in­fec­ter. Mais ce remède pri­mi­tif est sans effet : sa plaie ouverte le fait encore plus souf­frir et son pied enfle déjà rapidement.