DANS un village d’Orient où ils étaient nés et où ils avaient toujours vécu, personne certainement ne connaissait, mieux les étoiles que le petit berger Rhaël et sa sœur Noémie. Ils les avaient si souvent contemplées pendant les belles nuits chaudes, alors qu’ils couchaient en plein air, à côté de leurs troupeaux.
Rhaël et Noémie étaient pauvres et orphelins, mais ils n’étaient pas malheureux, car ils s’aimaient tendrement, et savaient se contenter de leur très humble position.
Ils avaient de petites âmes très poétiques et un vif sentiment du beau et de l’idéal ; c’est pourquoi les étoiles du ciel les attiraient par leur clarté et leur mystère.
Ils les appelaient par leurs noms, savaient l’heure d’après leur position sur l’horizon, et s’en servaient très bien pour se guider.
Aussi, quel ne fut, pas leur étonnement, une nuit, d’en apercevoir une nouvelle qu’ils n’avaient encore jamais vue !
Elle était petite, mais très brillante et paraissait lointaine.
Le lendemain, l’étoile était un peu plus grosse et paraissait plus près, et il en fut de même les nuits suivantes : l’astre grandissait, et se rapprochait visiblement.

Les petits bergers étaient ravis d’étonnement et d’admiration et formaient mille conjectures concernant ce phénomène ; mais ils n’en parlaient à personne ; d’abord, ils vivaient presque toujours dans la solitude, éloignés de toute habitation, et puis ils étaient peu communicatifs, se suffisant parfaitement l’un à l’autre.
Maintenant, l’étoile occupait toutes leurs pensées ; ils, attendaient la nuit avec impatience pour voir. Elle brillait d’un éclat, incomparable, jetant mille feux comme une escarboucle et montant chaque soir un peu plus haut dans le ciel.