
La neige tombe depuis le matin. Frileusement, la petite ville campée sur la rivière de la Somme se blottit dans la vallée, toutes ses maisons serrées les unes contre les autres, comme pour mieux se défendre du froid. Cette année de l’ère chrétienne 342 débute par un hiver particulièrement rude.
Sur le seuil d’une des maisons les plus misérables du bourg, le vieil Avellin hésite à sortir : estropié, ne pouvant plus travailler, il vit de la charité publique. Chaque jour, l’infirme va s’asseoir sur une borne à l’entrée de la ville, là où le va-et-vient des voyageurs est le plus important. Habituellement, le pauvre vieux ramasse assez de menues piécettes pour assurer sa misérable existence.
Aujourd’hui, pourtant, Avellin se pose le problème : « Rester ici, au froid, certes, puisque l’âtre est vide, mais abrité de la neige ; ou aller exposer sur la route ses vieux membres à peine couverts de haillons, mais risquer cependant de recevoir quelque monnaie lui permettant de manger, car, aussi vide que l’âtre, la huche ne recèle plus la moindre miette de pain… Allons ! il faut tenter la chance… »








