Catégorie : <span>Goldie, Agnès</span>

Auteur : Goldie, Agnès | Ouvrage : Petites Vies Illustrées pour enfants .

Temps de lec­ture : 20 minutes

racontée aux enfants

L’arrivée

« Elle va pas­ser ici !

— Qui ?

de  !

— Qui c’est, Notre-Dame de Boulogne ?

— Tiens, la Sainte Vierge ! Tu t’ap­pelles Jean-Claude, ça ne fait pas deux gar­çons. Je m’ap­pelle -Fran­çoise-Jeanne, ça ne fait pas trois filles ! La Sainte Vierge c’est pareil ! Elle a beau­coup de noms mais que nous l’ap­pe­lions Notre-Dame de Lourdes, ou Notre-Dame de Fati­ma, ou Notre-Dame de Bou­logne, ça ne fait pas plu­sieurs per­sonnes. C’est tou­jours la Sainte Vierge !

— C’est loin, Bou­logne ?

— Tout en haut de la France, dans le Pas-de-Calais ; en face de l’An­gle­terre. Figure-toi que la Sainte Vierge y est venue en bateau.

— En bateau ?

— Mais oui. Maman m’a racon­té l’his­toire. Il y a très long­temps de cela, encore au temps des Gau­lois, les Chré­tiens avaient éle­vé à Bou­logne une pauvre église en bois sur l’emplacement d’un temple païen. Bien des années après, un jour, comme ils priaient dans cette église, la Sainte Vierge leur appa­rut et leur dit : « Les anges, par l’ordre de Dieu, ont conduit un vais­seau dans votre rade. Allez, vous y trou­ve­rez mon image, et vous la pla­ce­rez dans cette église. C’est ici que je veux rece­voir à per­pé­tui­té le témoi­gnage d’un culte tout particulier. »

— Les Bou­lon­nais ont dû prendre leurs jambes à leur cou ?

— Oh oui ! Ils ont cou­ru bien vite au port, et ils y ont trou­vé le bateau, et dans le bateau une belle sta­tue de la Sainte Vierge por­tant l’En­fant Jésus.

— D’où venait cette statue ?

— On ne sait pas. De très loin peut-être… Sans doute du pays de Jésus, là-bas en Orient car les Maho­mé­tans pillaient la Terre Sainte, mas­sa­craient les Chré­tiens, bri­saient les sta­tues. Pour sau­ver celle-là on a dû la cacher dans une barque comme autre­fois Moïse dans sa cor­beille, et à Dieu vat !… Seule­ment, cette fois, ce n’est pas la fille du Pha­raon qui l’a trou­vée ; les anges ont conduit le bateau chez nous ! Tu penses quel voyage ! Il fal­lait lon­ger tout le sud de l’Eu­rope, contour­ner l’Es­pagne… tra­ver­ser la Médi­ter­ra­née, l’O­céan et la Manche. Regarde un peu dans ta géographie.

Histoire pour les scouts marins du Nord - Notre-Dame de Boulogne

— Et per­sonne n’a vu ce bateau arri­ver à Boulogne ?

Auteur : Goldie, Agnès | Ouvrage : Petites Vies Illustrées pour enfants .

Temps de lec­ture : 16 minutes

Ding-Dong… Deux petits moines, — des moi­nillons, — disent leur Ange­lus, leur béné­di­ci­té ; puis, tan­dis que les Pères prennent leur repas au réfec­toire, ils déballent leurs petites pro­vi­sions au pied d’une belle sta­tue de . Demi-pen­sion­naires au Couvent des Frères Prê­cheurs (Domi­ni­cains), ils arrivent tôt, servent la messe, puis reçoivent les leçons du Père Ber­nard et l’aident dans son office de . Le soir seule­ment ils dévalent la col­line pour ren­trer chez eux, au vil­lage d’Alfange.

Cette his­toire se passe au , au XIIIe siècle. Voi­là cent ans, ce pays était encore aux mains des Maures, venus d’A­frique, et qu’ils avaient conquis cinq siècles plus tôt. Vers le XIe siècle, Alphonse VI, roi de Cas­tille, reprit par­tiel­le­ment ce ter­ri­toire et don­na ce qui était com­pris entre le Min­ho et le Dou­ro à Hen­ri de Bour­gogne, lequel prit le nom de Comte de Por­to ou de Por­tu­gal. Le fils d’Hen­ri, Alphonse-Hen­ri­quez, gagna sur les Maures une vic­toire déci­sive. Pour des Fran­çais, il est inté­res­sant de savoir que la reprise de Lis­bonne, en 1147, a été due en très grande par­tie à l’aide appor­tée à Alphonse Hen­ri­quez par une flotte de Croi­sés francs qui s’en allaient en Terre Sainte pour la deuxième croi­sade. Il y avait par­mi eux des Cha­ren­tais, des Bre­tons, des Nor­mands, et aus­si des Anglais, des Rhé­nans, des Fla­mands, tout le lit­to­ral Nord-Ouest de la chré­tien­té. Dans cette vic­toire contre les Maures, les chré­tiens furent aidés très spé­cia­le­ment par saint Michel. On dit qu’il parut dans le ciel une aile et une main indi­quant les points où la petite armée devait por­ter l’ef­fort, à la suite de quoi l’Ordre Mili­taire de l’aile de Saint Michel fut créé pour les Che­va­liers qui s’é­taient signa­lés au com­bat ; il conti­nua à se recru­ter par­mi les plus valeureux.

Nos moi­nillons étaient fils d’un de ces che­va­liers, lequel, très fervent, avait réso­lu de les don­ner à Dieu dès l’en­fance. Bien sûr, ils ne s’en­ga­ge­ront par vœux que plus tard, si telle était leur voca­tion, mais déjà ils portent le cos­tume  : robe blanche et man­teau noir ; leurs che­veux sont taillés en cou­ronne autour d’une tête rasée. Cela ne les empêche pas d’être de braves enfants joyeux. Ils aiment cette vie monas­tique et sans doute, seraient-ils tou­jours res­tés au couvent, s’il ne leur était arri­vé une étrange et belle aventure.

Quant à leur maître, le Père Ber­nard, il est ori­gi­naire de Mor­laàs, à 12 kilo­mètres de Pau, donc, Béar­nais. Ses parents, qui, contrai­re­ment au Che­va­lier d’Al­fange, n’a­vaient nul envie d’en faire un , l’a­vait fian­cé très jeune, alors que lui vou­lait être Domi­ni­cain. Un beau jour, il s’en­fuit, non dans quelque couvent de France ; ses parents l’y retrou­ve­raient ; non au nord de l’Es­pagne ; la bar­rière des Pyré­nées n’est pas infran­chis­sable ; mais au loin­tain Por­tu­gal, dans le couvent de San­ta­rem, fon­dé par un des pre­miers com­pa­gnons de saint Domi­nique, Sue­ro Gomez.

Coloriage Le Chapelet des enfants à Marie
« Ils reviennent d’eux-même dire ensemble des dizaines »

San­ta­rem… Recon­nais­sez-vous ce nom ? vous qui avez lu l’his­toire des trois ber­gers de Fati­ma… San­ta­rem, ville prin­ci­pale du dis­trict ou dépar­te­ment du même nom, dont Fati­ma dépend. Notre-Dame du n’est pas encore venue à la Cova, mais elle est déjà aimée, et com­bien ! par­ti­cu­liè­re­ment chez les Pères de San­ta­rem. En vrai Domi­ni­cain, Père Ber­nard conduit sou­vent ses élèves à la cha­pelle de Notre-Dame du Rosaire. Les Ave montent en guir­landes, en bou­quets… Les petits y prennent tel­le­ment goût que, sou­vent, ils reviennent d’eux-mêmes dire ensemble « des dizaines ». L’Es­pagne, le Por­tu­gal, ont une dévo­tion immense à la Sainte Vierge depuis que saint Jacques a évan­gé­li­sé cette terre. , (Notre-Dame del Pilar — du pilier), est vrai­ment le pilier de la foi catho­lique. Au Por­tu­gal, cette dévo­tion s’est encore for­ti­fiée par le fait que les rois du Por­tu­gal, depuis le tout pre­mier, ont choi­si la mère de Dieu pour mère de la dynas­tie et de la nation. Le peuple por­tu­gais n’a pas oublié ce contrat, mal­gré tant de révo­lu­tions, et la Sainte Vierge pas davan­tage ; elle l’a prouvé !

Bref, nos moi­nillons, impré­gnés d’es­prit chré­tien, catho­lique et domi­ni­cain, nos moi­nillons, vrais Por­tu­gais, vont à Marie de toute leur âme. Trop loin d’Al­fange pour y cou­rir déjeu­ner près de leur mère, avec leurs petits frères et sœurs, ils vont quand même déjeu­ner en famille, avec leur mère du ciel et leur frère Jésus. A nous, l’i­dée ne vien­drait pas de déjeu­ner dans une cha­pelle ; ceci encore est espa­gnol et portugais.

Auteur : Goldie, Agnès | Ouvrage : Petites Vies Illustrées pour enfants .

Temps de lec­ture : 20 minutes

« Hé ! Gamin, d’où viens-tu ? demande un chef de la police à un gar­çon de 11 ans qui sort de la mai­son des Sœurs.

— Je viens d’al­ler apprendre mon catéchisme.

II y aura encore l'Église Catholique en Chine !
« II y aura encore l’É­glise Catho­lique en  ! »

— Ton caté­chisme ! Pas la peine ! Bien­tôt il n’y aura plus en Chine ni Sœurs, ni Pères, ni Église Catholique.

Et le petit chré­tien de répondre magnifiquement :

— Mais moi, je suis chez moi en Chine ! Je res­te­rai en Chine ! Et comme je suis chré­tien, bap­ti­sé, catho­lique, il y aura encore l’É­glise Catho­lique en Chine ! ! »

Bra­vo petit Chinois !

Les fillettes ne sont pas moins intré­pides. Celle-ci, dix ans, fait par­tie de la Légion de .

« Tu vas signer contre la Légion de Marie.

— Jamais !

— Tu signeras !

— Met­tez-moi en pri­son si vous vou­lez ; je ne signe­rai pas !

— Si tu vas en pri­son, on te cou­pe­ra la tête.

— Cou­pez-moi la tête ; je ne signe­rai pas ! »

Cette fois, c’est une maman de six enfants, dont le mari, méde­cin, est depuis plus d’un an en pri­son comme chef de l’Ac­tion Catholique :

« Une bonne nou­velle. Nous allons relâ­cher votre mari ; il a enfin signé… une petite for­ma­li­té toute simple… Signez vous aus­si et dès que vous aurez signé, votre mari sera relâ­ché. » (Signa­ture qui équi­va­lait à une renon­cia­tion à la foi chrétienne.)

La femme se lève, regarde les hommes et fer­me­ment leur dit :

« Vous men­tez ! Je connais mon mari ; il n’a cer­tai­ne­ment pas signé. S’il le fai­sait et était libé­ré, j’i­rais prendre sa place ! »

Ce n’é­tait qu’une ruse. Il n’a­vait pas du tout signé.

Auteur : Goldie, Agnès | Ouvrage : Petites Vies Illustrées pour enfants .

Temps de lec­ture : 15 minutes
Histoire de Charles de Foucauld pour les enfants du catéchisme
Charles de Fou­cauld quitte Stras­bourg avec son grand-père et sa sœur

Enfance et jeunesse

1870. Les Alle­mands entrent en Alsace-Lor­raine ; le canon tonne, les mai­sons flambent, les gens s’enfuient…

Par­mi les fuyards se trouve M. de Moret. Il quitte Stras­bourg en hâte, emme­nant les enfants de sa fille. Ce sont deux orphe­lins : Charles de Fou­cauld, âgé de douze ans, et , de trois ans plus jeune. Ils passent en Suisse, et, la guerre finie, se fixent à Nancy.

Fai­sons connais­sance avec Charles. C’est un enfant bien doué, mais dif­fi­cile. Son cher grand-père ne sait rien lui refu­ser, et Charles en pro­fite ; il se montre empor­té, violent, pares­seux, tout en res­tant bon gar­çon à ses heures.

De mau­vaises lec­tures vien­dront plus tard empoi­son­ner son esprit et son cœur… plus de prières, plus de sacre­ments, et bien­tôt plus de foi.

Du lycée de Nan­cy, il passe à l’É­cole de la rue des Postes, pour pré­pa­rer Saint-Cyr.

Le voi­là à Paris. Il vou­drait s’a­mu­ser, mais le tra­vail est là ; un futur offi­cier ne sau­rait être un igno­rant… Le tra­vail, le tra­vail… mais le tra­vail l’en­nuie ; il fait tout ce qu’il peut pour se faire ren­voyer et il y réussit.

Son grand-père, mécon­tent, exige qu’il reprenne ses études à Nan­cy, et ce grand pares­seux, grâce à sa belle intel­li­gence, a la chance d’être reçu à l’exa­men et d’en­trer à Saint-Cyr.

Voi­ci main­te­nant Charles à Sau­mur, puis à Pont-à-Mous­son sur la fron­tière de l’Est. Par­tout il laisse la répu­ta­tion d’un bon cama­rade très géné­reux, mais aus­si, d’un gour­mand, d’un pares­seux et d’un mau­vais sujet.

Il pense plus à se com­po­ser des dîners fins qu’à gagner des galons.

Par­fois, il se fait por­ter malade, pour être exemp­té du ser­vice et res­ter plus long­temps au lit.

Enfin, il ne croit pas en Dieu et se moque de la reli­gion. Il est loin d’être un saint.

Aus­si est-il fort mécon­tent lors­qu’il apprend que le 4e Hus­sards part pour l’. Il lui faut dire adieu aux fêtes et aux plai­sirs ; il n’en a pas le cou­rage, et à peine ren­du en Afrique, sur un grave reproche de ses chefs, il se fait mettre en non-acti­vi­té et rentre en France.

Nous sommes cepen­dant sur terre pour autre chose que pour nous amuser !

Auteur : Goldie, Agnès | Ouvrage : Petites Vies Illustrées pour enfants .

Temps de lec­ture : 13 minutes

Ne disons pas : « La sain­te­té, ce n’est pas pour moi ; je ne suis ni un évêque, ni un , ni ceci, ni cela… » Il est des saints de tous métiers : caba­re­tiers, agri­cul­teurs, cor­don­niers, ser­vi­teurs, -col­por­teurs, char­bon­niers, sol­dats, méde­cins, avo­cats, ins­ti­tu­teurs.… on trouve même un ex-. De même, pour les femmes, nous avons des culti­va­trices, des ser­vantes, une tein­tu­rière, et… une star d’Athènes !

Le comédien

Il se nom­mait Genès, et sans doute, dans tout l’é­lan de sa « jeu­nesse », ne son­geait-il qu’à faire le pitre, à rire et à faire rire. C’est ain­si que, païen de Rome, il se fit ins­truire des céré­mo­nies chré­tiennes pour les tour­ner en ridi­cule sur la scène. Les spec­tacles de ce genre étaient très à la mode au temps de Dioclétien.

Aujourd’­hui, Genès s’ap­prête à jouer une farce impie dont il tien­dra le rôle prin­ci­pal, celui du néo­phyte un peu niais qui va rece­voir le bap­tême. La comé­die com­mence… Les spec­ta­teurs s’en donnent à cœur quand, sou­dain, sai­si par la grâce, le jeune homme se sent enva­hi d’un ardent désir du bap­tême : « O Dieu, s’é­crie-t-il en son cœur, lavez-moi en cette eau bap­tis­male ; en toute sin­cé­ri­té je veux être chré­tien ! »

Per­sonne n’a pu voir l’ac­tion inté­rieure de la grâce ni entendre le cri de Genès, mais tout le monde remarque le sérieux de l’ac­teur. Il entre trop bien dans son rôle ; ce n’est plus amu­sant du tout ; les rires se sont tus : « Dis donc ! fais-nous rire un peu ! »

Coloriage - Vie pour les jeunes de Saint Genès, comédien et martyr
« O Dieu, lavez-moi en cette eau »

Ces sortes de paro­dies se ter­mi­naient géné­ra­le­ment par l’in­ter­ro­ga­toire du soi-disant nou­veau chré­tien qui, à la grande joie des spec­ta­teurs, n’hé­si­tait pas à sacri­fier aux idoles, après avoir répon­du aux inter­ro­ga­toires de la façon la plus cocasse, ou bien, qui refu­sait de sacri­fier et rece­vait, pour la forme, sa condam­na­tion. Un magis­trat com­plai­sant (un vrai, celui-la !) consent à se prê­ter à cette comé­die. Genès est donc conduit à l’in­ter­ro­ga­toire par des acteurs dégui­sés en sol­dats : mais quoi, il répond avec une fer­me­té, une sin­cé­ri­té qui ne laissent pas de doute : « Jus­qu’i­ci j’a­vais une telle haine contre les chré­tiens que je ne savais que les tour­ner en déri­sion ; je raillais leurs céré­mo­nies sur la scène, j’al­lais les insul­ter au milieu des tour­ments. Aujourd’­hui, à peine l’eau du bap­tême a‑t-elle tou­ché mon front, que toute ma vie m’a fait hor­reur. Vous qui avez applau­di aux pro­fa­na­tions que j’ai faites des mys­tères chré­tiens, com­men­cez donc par les révé­rer avec moi. »

La foi, l’a­mour, éclatent dans le regard et l’at­ti­tude du comé­dien. Il est clair qu’il n’est plus seule­ment « dans so