Étiquette : <span>9 février</span>

Auteur : Goldie, Agnès | Ouvrage : Petites Vies Illustrées pour enfants .

Temps de lec­ture : 15 minutes

Trois paires d'amis

Saprice et Nécéphore
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« Quels bons amis ! » disait-on, en voyant pas­ser par les rues d’An­tioche, Saprice et Nécé­phore. Qu’ar­ri­va-t-il ? De quelle faute Nécé­phore se ren­dit-il cou­pable envers Saprice ?… Tou­jours est-il que ces deux hommes si liés jusque là, se brouillèrent ; bien plus, se détes­tèrent et, se haïrent. L’Évangile dit que « Caïphe et Pilate, d’en­ne­mis qu’ils étaient, devinrent amis » ; à rebours, Saprice et Nécé­phore, d’a­mis qu’ils étaient, devinrent enne­mis Scan­dale pour les païens ; ne disaient-ils pas des chré­tiens : « Voyez comme ils s’aiment ! »

Nécé­phore recon­naît sa faute et court se récon­ci­lier avec Saprice ; mais Saprice refuse son pardon.

Sous Valé­rien éclate une grande per­sé­cu­tion : l’Em­pe­reur ordonne de sacri­fier aux idoles ; sinon, c’est la mort.

Saprice est arrê­té. Il a la foi, il est cou­ra­geux, et se montre brave dans les tor­tures : « Mon corps est en votre puis­sance, dit-il aux bour­reaux ; pas mon âme ! Dieu seul en est le Maître !

— Qu’il ait la tête tran­chée ! » ordonne Valérien.

Appre­nant la condam­na­tion de son ancien ami, qu’il a d’ailleurs recom­men­cé à aimer, Nécé­phore se place sur le che­min que pren­dra le cor­tège. Quand passe Saprice, il se jette à ses pieds : « Mar­tyr de Jésus-Christ, par­donne-moi la faute que j’ai com­mise contre toi

— Non ! »

Par une tra­verse, Nécé­phore prend de l’a­vance, et quand passe son ami : « Par­don ! Par­don !… Par­donne-moi, je t’en prie ! »

Saprice ne le regarde même pas. Arri­vé au lieu de l’exé­cu­tion, Nécé­phore tombe aux genoux de celui qui va mou­rir, et mal­gré les moque­ries, il s’ac­cuse encore, il sup­plie : « Ami, par­donne-moi au nom du Christ ! »

Saprice ne des­serre pas les lèvres. A‑t-il donc renié la parole de Jésus : « Si au moment de pré­sen­ter ton offrande à l’au­tel, tu te sou­viens que ton frère a quelque chose contre toi ; — À plus forte rai­son, si c’est toi qui a quelque chose contre ton frère ; laisse là ton offrande et va, d’a­bord, te récon­ci­lier avec ton frère. »