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Auteur : Bazin, Martine | Ouvrage : Autres textes .

Temps de lec­ture : 7 minutes

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La nuit était froide et le ciel d’O­rient écla­tait en myriades d’é­toiles plus belles les unes que les autres. Bal­tha­zar, Gas­pard et Mel­chior étaient sor­tis sur la ter­rasse de leur palais, et ils ne se las­saient pas de contem­pler le firmament.

Cette nuit-là, les Rois Mages savaient qu’un astre nou­veau devait appa­raître, dif­fé­rents de tous les autres… Un signe céleste, qui annon­ce­rait la nais­sance du Sau­veur pro­mis à tous les hommes.

Or, voi­ci qu’il appa­rut sous leurs yeux, sor­tant de l’in­fi­nie pro­fon­deur des cieux. Il res­sem­blait à une flamme immense d’où jaillis­saient des mil­liers de lumières de toutes les cou­leurs. Les Mages res­taient là, émer­veillés, n’o­sant par­ler en pré­sence du signe de Dieu.

C’est alors que le jeune frère de Bal­tha­zar, Arta­ban, les rejoi­gnit et rom­pit le silence :

— C’est le signe annon­cé, c’est la pro­messe qui se réa­lise. Vite, il faut partir !

Bal­tha­zar, Gas­pard et Mel­chior se pré­pa­rèrent en toute hâte et, bien­tôt, une magni­fique cara­vane de cha­meaux, de dro­ma­daires et de che­vaux prit le che­min des mon­tagnes et du désert d’Arabie.

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Les Rois Mages ne quit­taient pas des yeux le signe qui les pré­cé­dait et leur indi­quait la route à suivre.

Cha­cun d’eux avait empor­té pour le nou­veau-né des cadeaux dignes d’un roi : Bal­tha­zar por­tait un cof­fret d’or fin, Gas­pard un pré­cieux vase d’en­cens et Mel­chior un riche fla­con de myrrhe.

Ils avaient déjà fait une demi-jour­née de marche lorsque le jeune Arta­ban s’a­per­çut que, dans sa pré­ci­pi­ta­tion, il avait oublié ses présents.

— Conti­nuez sans moi, dit-il, je retourne au palais et je vous rejoin­drai plus tard, avec mes serviteurs.

Et c’est ain­si que Bal­tha­zar, Gas­pard et Mel­chior sui­virent l’é­toile mys­té­rieuse jus­qu’au lieu où se trou­vait le petit Roi du ciel. Les trois Mages se pros­ter­nèrent devant l’En­fant pour l’a­do­rer et dépo­sèrent à ses pieds l’or, l’en­cens et la myrrhe.

Pen­dant ce temps, Arta­ban avait pris beau­coup de retard. Lors­qu’il fut enfin prêt à par­tir avec deux com­pa­gnons, les pre­mières lueurs de l’aube fré­mis­saient à l’horizon.

Auteur : Maldan, Juliette | Ouvrage : Petites Vies Illustrées pour enfants .

Temps de lec­ture : 19 minutes

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Sainte Mar­gue­rite-Marie vint au monde le 22 juillet 1647, dans le vil­lage de Vérosvres, au hameau de Lhau­te­cour, dio­cèse d’Au­tun. Elle fut bap­ti­sée en l’é­glise de Vérosvres dont son oncle Antoine Ala­coque, qui fut son par­rain, était alors curé. Son père, Claude Ala­coque, « notaire royal », y habi­tait une pro­prié­té com­po­sée d’une ferme et d’un grand pavillon. C’est là que se pas­sa l’en­fance de Mar­gue­rite, à part, vers l’âge de quatre ans, un long séjour chez sa mar­raine, au châ­teau de Corcheval.

Sa mar­raine la lais­sait libre de jouer, de cou­rir dans les allées et les char­mil­les du parc. Mais, sur la ter­rasse du châ­teau, s’é­le­vait une cha­pelle, et Mar­gue­rite se fai­sait une joie d’y entrer à chaque ins­tant. Les per­sonnes char­gées de sa sur­veillance ne la trou­vaient-elles ni dans les jar­dins, ni dans la mai­son ? Elles n’a­vaient qu’à pous­ser la porte de la cha­pelle. Elles aper­ce­vaient l’en­fant, à genoux sur les dalles, ses petites mains jointes, immo­bile, les yeux fixés sur le taber­nacle où elle savait que Jésus habi­tait dans la sainte Hos­tie. Mar­gue­rite quit­tait la cha­pelle à regret quand on l’ap­pe­lait, car elle serait res­tée là des heures entières sans s’ennuyer.

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De loin, assise sur une roche…

A Lhau­te­court, près de la mai­son de ses parents, se creuse un petit val­lon abri­té de chênes. Mar­gue­rite s’y plai­sait plus que par­tout ailleurs. De loin, assise sur une roche, elle aper­ce­vait l’é­glise du vil­lage, et même, à tra­vers les vitraux, le reflet de la lampe du sanc­tuaire. Elle pen­sait à Jésus et lui disait qu’elle l’ai­mait.
C’est chose extra­or­di­naire qu’une petite fille prie si long­temps ! D’ha­bi­tude, les enfants, après un « Notre Père » ou un « Je vous salue » se sauvent bien vite jouer. Mais le bon Dieu atti­rait le cœur de Mar­gue­rite comme avec un aimant et la vou­lait tout à lui, parce qu’il lui réser­vait une grande mission.

Aus­si, toute petite, lui fit-il com­prendre la lai­deur du péché et l’hor­reur de la moindre tache sur la blan­cheur de son âme. Très vive, très remuante, devant un caprice, une dis­pute, « l’on n’a­vait qu’à me dire, raconte Mar­gue­rite, que c’é­tait offen­ser Dieu, cela m’ar­rê­tait tout court ».

Un jour de car­na­val, alors que Mar­gue­rite avait cinq ans et son frère Chry­so­stome, sept, celui-ci déni­cha une épée et vint pro­po­ser à sa petite sœur de chan­ger d’ha­bits avec lui et de cou­rir après les fer­miers du voi­si­nage pour leur faire grand-peur. Mais Mar­gue­rite refu­sa, crai­gnant de com­mettre un péché. A l’âge de huit ans, Mar­gue­rite per­dit son père. Sa mère, acca­blée par le cha­grin, absor­bée par ses affaires à démê­ler, ses terres à sur­veiller, dut se déci­der à mettre sa petite fille en pen­sion chez les Cla­risses de Charolles.

Mar­gue­rite, si pieuse, se plut au milieu des reli­gieuses. Celles-ci, de leur côté, admi­raient cette char­mante enfant, docile, appli­quée à l’é­tude du caté­chisme. Elles virent que cette petite âme pure dési­rait ardem­ment rece­voir Notre-Sei­gneur dans la sainte Eucha­ris­tie. Aus­si, mal­gré tous les usages de ce temps, la pré­pa­rèrent-elles à faire, dès l’âge de neuf ans, sa pre­mière Com­mu­nion. Cette ren­contre avec Jésus allu­ma dans le cœur de Mar­gue­rite une flamme d’a­mour qui devait tou­jours gran­dir. A par­tir de ce moment, on la vit chan­ger. Elle, si joyeuse, si remuante dans les récréa­tions, ne sut plus s’a­mu­ser. A peine com­men­çait-elle à cou­rir, à jouer avec les autres élèves qu’il lui sem­blait qu’au fond de son cœur Notre-Sei­gneur lui rap­pe­lait qu’Il était là et l’in­ci­tait à le prier. Il lui fal­lait quit­ter les jeux, aller se cacher dans un coin des bâti­ments et s’y mettre à genoux.

Auteur : Maldan, Juliette | Ouvrage : Petites Vies Illustrées pour enfants .

Temps de lec­ture : 15 minutes

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Estelle Faguette

Estelle Faguette naquit en Cham­pagne, dans une famille pauvre et chré­tienne. Ses parents culti­vaient la terre et gagnaient péni­ble­ment le pain de leurs enfants.

Estelle allait à l’é­cole tenue par les Sœurs. C’é­tait une petite fille simple, sérieuse, douée d’un bon juge­ment. Elle aimait la Sainte Vierge et mon­trait une grande pitié pour les mal­heu­reux. Volon­tiers, elle eût don­né tout ce qu’elle avait sous la main.

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Estelle, bonne d’enfants

Après sa pre­mière com­mu­nion, faite pieu­se­ment dans l’é­glise Notre-Dame de Châ­lons-sur-Marne, Estelle par­tit avec ses parents pour Paris.

Là, elle est reçue « enfant de Marie », à Saint-Tho­mas-d’A­quin. Puis, à 18 ans, dési­rant se don­ner au Sei­gneur et aux pauvres, elle entre chez les reli­gieuses de l’Hô­tel-Dieu. La novice se met de tout son cœur au ser­vice des malades, mais la fai­blesse de sa san­té l’o­blige, à son grand cha­grin, à quit­ter l’hôpital.

Estelle à peu près réta­blie entre­prend, pour vivre, des jour­nées de cou­ture, puis se place comme bonne d’en­fants chez la Com­tesse de la Rochefoucauld.

Chaque année, le prin­temps venu, la jeune bonne suit ses maîtres au châ­teau de Poi­riers, à Pel­le­voi­sin, où l’on passe la belle saison.

Mais avec le temps, la san­té d’Es­telle devient de plus en plus mau­vaise. La tuber­cu­lose atteint ses pou­mons et ravage tout son corps. Mme de la Roche­fou­cauld entoure sa domes­tique des soins les meilleurs. Mal­gré tout, l’é­tat devient très grave. Une grande tris­tesse accable la pauvre Estelle. Elle com­prend que les méde­cins ne peuvent pas la gué­rir. Que devien­dront ses parents qui ont besoin de son tra­vail ?… Qui élè­ve­ra une petite nièce dont elle a pris la charge ?… Elle fait plu­sieurs neu­vaines à la Sainte Vierge pour implo­rer sa gué­ri­son ; la bonne Mère du Ciel ne semble pas l’entendre.

À l’au­tomne de 1875, Estelle, en voyant jau­nir et tom­ber les feuilles du parc, peut pen­ser qu’elle aus­si, sera bien­tôt empor­tée par la mort.

Pour­tant, elle veut encore sup­plier Marie. 

Auteur : Daniel-Rops | Ouvrage : Légende dorée de mes filleuls .

Temps de lec­ture : 16 minutes

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Sur l’eau claire de l’Oise, à cris joyeux, quatre vaillants gar­çons ont pous­sé un canot. C’est l’au­tomne : le vent frais qui balaie les nuages dans le ciel d’un bleu pâle fait fris­son­ner la sur­face de la rivière et vol­ti­ger les feuilles rousses des grands bois de l’Ile de France. « Holà, ensemble ! Allez, mes com­pa­gnons ! » Et les rameurs de frap­per en cadence, et le léger esquif de filer au courant.

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Ces gar­çons qui ont tous quatre envi­ron douze ans, à les voir ne croi­rait-on point de petits pay­sans ? Comme les fils des fer­miers du temps, ils portent chausses de grosse toile, courte robe par des­sus et un sur­cot de drap bour­ru, le tout pas­sa­ble­ment sali d’a­voir péché les gre­nouilles dans les vases de la rivière. Pour­tant, à les regar­der mieux, on observe sur leurs traits une dis­tinc­tion natu­relle, une finesse de bonne édu­ca­tion ; et par­ti­cu­liè­re­ment le plus grand, le plus mince, magni­fique enfant aux longs che­veux blonds bou­clés, aux yeux doux, au pro­fil déli­cat, à qui ses cama­rades paraissent obéir sans hési­ter. Ne vous y trom­pez pas. Ce gar­çon­net n’est autre que Mon­sei­gneur Louis, fils aîné de France, qui, dans quelques vingt ou trente ans sans doute, sera roi.

Quelques vingt ou trente ans… Non, la Pro­vi­dence en a autre­ment déci­dé. Que sont ces cava­liers ? Ils suivent la rivière en hélant le canot des gar­çons. Tout pris par leur jeu, ceux-ci, d’a­bord, n’en­tendent même pas. « Un, deux ! un, deux ! » Et les rames conti­nuent à battre vigou­reu­se­ment les eaux pai­sibles. Enfin ces cris attirent leur atten­tion. « Arrê­tez ! On nous appelle ! »

Quand ils abordent, le pelo­ton des cava­liers les attend. D’un coup d’œil, Mon­sei­gneur Louis recon­naît le Conné­table, le Grand Écuyer, le Cha­pe­lain du Palais et de hauts offi­ciers. Qu’y a‑t-il ? Ce n’est point pour abré­ger leur inno­cente pro­me­nade qu’on a envoyé vers lui tous ces puis­sants sei­gneurs. Et tous ont l’air grave, la face sou­cieuse et inquiète. D’instinct,avant même que le Conné­table ait par­lé, l’en­fant a devi­né la dou­lou­reuse nou­velle. Il pense à son père, le roi Louis VIII, qui se bat quelque part dans le sud du royaume et a déjà si bra­ve­ment taillé en pièces l’An­glais. A la guerre, sait-on qui peut être indemne ? « Mon­sei­gneur mon père ?» inter­roge-t-il. Rapide, il a repris sa cotte demi-longue de drap fin, ser­rée d’une cor­de­lière de soie et d’or, son man­teau écar­late dou­blé de petit-gris qu’il avait posé à terre avant de sau­ter dans la barque. Rien qu’à la façon dont ces hommes s’in­clinent devant lui, il a com­pris : non pas au com­bat, mais d’une mala­die étrange, d’une fièvre incon­nue, —et cer­tains diront peut-être du poi­son,— le roi Louis VIII est mort en tra­ver­sant l’Au­vergne à l’âge de trente-six ans. On est à l’au­tomne 1226 ; un nou­veau règne va commencer.

Auteur : Goldie, Agnès | Ouvrage : Petites Vies Illustrées pour enfants .

Temps de lec­ture : 14 minutes

Yves Nicolazic

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Sainte Anne, ô bonne mère, 
Toi que nous implorons,
Entends notre prière,
Et bénis tes Bretons !

Tel était à Rome, le chant de ral­lie­ment de toute la Bre­tagne, pen­dant le pèle­ri­nage bre­ton de l’An­née Sainte.

Ce ne sont pas les Bre­tons qui ont choi­si Anne pour patronne ; c’est Dieu lui-même qui a don­né à Sainte Anne la Bre­tagne, et sainte Anne aux Bre­tons. Belle et curieuse histoire.

Il y a fort long­temps, s’é­le­vait au vil­lage de Ker-Anna, (dans l’ac­tuel Mor­bi­han), une cha­pelle dédiée à l’aïeule de Jésus. De cette cha­pelle, détruite vers l’an 700, il ne res­ta dans les siècles sui­vants qu’un sou­ve­nir de plus en plus vague ; des ves­tiges de plus en plus rares, au champ du Bocenno.

Une nuit de l’an­née 1623, Yves Nico­la­zic, culti­va­teur au vil­lage de Ker-Anna est éveillé par une clar­té qui rem­plit sa chambre. Au milieu de cette grande lumière, il voit une chan­delle allumée.

Six semaines plus tard, même chose ; cette fois au Bocenno.

Sainte Anne d'Auray raconté aux enfants - La chandelle de cire marche à côté de lui
La chan­delle de cire marche à côté de lui

Sou­vent encore, Nico­la­zic trouve sa chambre illu­mi­née par le mys­té­rieux cierge : le plus fort est que, lors­qu’il rentre à la ferme à la nuit tom­bée, « la chan­delle de cire « marche à côté de lui pour éclai­rer son che­min. Plus besoin de lan­terne ! Et, chose curieuse, si le vent balaie la lande, et incline les genêts, la flamme de la chan­delle ne vacille même pas.

Nico­la­zic s’in­quiète. S’il avait bu, rien à cela d’é­trange ; cha­cun sait que le cidre, ça donne des idées… Un brave homme n’a-t-il pas assu­ré avoir ren­con­tré sur sa route une marée de ser­pents. Un peu plus loin, une troupe d’é­lé­phants… en Bre­tagne ! Et que sais-je encore !… Mais Nico­la­zic ne buvait pas ; nul ne l’a­vait vu titu­ber au long des mai­sons et dans les che­mins creux. Chré­tien exem­plaire, il jouis­sait de l’es­time de tous. S’il aper­ce­vait des lumières à la mai­son, aux champs, il n’a­vait pour tant rien d’un illu­mi­né. Alors, que signi­fiait tout cela ?

Si encore il ne fai­sait que voir ; mais il entend : deux fois en cinq semaines, à l’en­droit de l’an­cienne cha­pelle, il a été char­mé par des chants angé­liques accom­pa­gnés d’une musique agréable et d’une intense clar­té qui éclai­rait jus­qu’au vil­lage, à cent mètres de là.