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Étiquette : <span>Saint Joseph</span>
Dès que le convoi des Rois fut parti,
saint Joseph, qu’un ange avait averti,
prenant avec lui l’Enfant et sa mère,
et l’âne, équipé de façon sommaire,
quitta Bethléem. Le tyran maudit
n’avait pas encor porté son édit,
qu’eux fuyaient déjà, trompant sa colère,
et gagnaient au loin l’exil tutélaire.
Au cours du voyage, il advint ceci
que je vais narrer dans un bref récit.
Ayant traversé la Judée entière,
ils ont pu franchir, enfin, la frontière,
et sont, désormais, en sécurité.
De là, pour atteindre un sol habité,
c’est un long trajet qu’il leur faudra faire.
Maintenant, Joseph ne s’en trouble guère ;
il leur reste assez de pain ; et voici
de l’huile, du miel, des dattes aussi…
L’outre a conservé son eau fraîche et claire.
Le baudet, gaillard plus qu’âne sur terre,
va son petit train, comme à l’ordinaire.
Et, s’il n’avait pas, au cœur, le souci
des enfants qu’Hérode abat sans merci,
saint Joseph, d’avoir si bien réussi,
rirait, dans sa barbe et dans sa prière.
C’est toujours, pourtant, le sable et la pierre,
le morne désert, sans lac et sans bois !
À part un chétif palmier, quelquefois,
rien ne rompt l’ennui de la plaine immense,
où le chemin fuit, fuit et recommence…
Il faut s’arrêter, le soir, quelque part,
pour manger, dormir ! Ici. Sans retard,
Alors ? Votre voisin, l’pé Joseph, comment va-t-il, Madame Grincette ?
— Il baisse… il baisse… A mon avis, il baisse de plus en plus, ma pauvre amie… Je ne crois pas qu’il reprenne jamais son rabot, à moins que ce ne soit pour faire son propre cercueil !
— Le failli homme… Il ne laissera point de regrets… un mécréant… un mal commode…
— Jamais les pieds à l’église…
— Ah ! si… pardon, le jour de la saint Joseph… il allait mettre un bouquet de fleurs à la statue.
— Et vous croyez que le bon Dieu en était flatté ?… Qu’il ne Le priait seulement pas ! »
Tandis que, sur la place, les deux commères faisaient son procès, le père Joseph, seul, dans son fauteuil, soupirait. Une seule pièce lui servait à la fois de chambre, de cuisine et d’atelier… Le bois brut et les outils voisinaient avec les meubles, et cela faisait un bizarre décor.
Mais en vain le chêne et le sapin dégageaient-ils leur âcre parfum, le vieux menuisier n’avait plus la force de saisir son rabot pour les travailler.
Derrière la porte, invisible, le diable montait la garde. Pendant soixante ans, il avait réussi à tenir le bonhomme éloigné de l’Église ; il eût été cruel pour l’esprit malin que le père Joseph lui échappât à l’heure dernière.
***
Soudain, on frappa : toc… toc…
« Qui est la ? ›› s’inquiéta Satan.