Catégorie : <span>Petites Vies Illustrées pour enfants</span>

Auteur : Maldan, Juliette | Ouvrage : Petites Vies Illustrées pour enfants .

Temps de lec­ture : 19 minutes

La famille

Celui qui devait être le grand Pie X naquit dans la pau­vre­té, le 2 juin 1835, au vil­lage de Riese, en . Joseph, « Bep­pi », comme on le nom­mait fami­liè­re­ment, était l’aî­né de neuf enfants. 

Son père, Jean-Bap­tiste Sar­to, pos­sé­dait une humble mai­son et deux petits champs. Agent com­mu­nal, il balayait la mai­rie, fai­sait les courses, ce pour quoi il rece­vait chaque jour, 0 fr. 50. Maigre salaire pour nour­rir tant de monde ! La de famille, Mar­gue­rite Sar­to, essayait de son côté de gagner quelque chose. Avant son mariage, elle était cou­tu­rière. Une fois le ménage ran­gé, les petits habillés, la soupe au feu, elle repre­nait son aiguille et cou­sait pour les voisines. 

Tous ceux qui connais­saient Mar­gue­rite admi­raient ses ver­tus, son cou­rage, sa foi. C’é­tait un foyer modèle que celui des Sar­to. Chaque soir, après la jour­née de tra­vail, le père expli­quait le caté­chisme à ses enfants et réci­tait tout haut la prière. 

Éle­vé par des parents si chré­tiens, le petit Joseph ne pou­vait man­quer d’ai­mer le bon Dieu, l’é­glise, les offices, Tout petit avec une grande joie, il enfi­la une sou­tane d’en­fant de chœur et com­men­ça de balan­cer l’en­cen­soir ou de ser­vir la messe. Son recueille­ment frap­pait l’as­sis­tance. Dès 11 ans, il fut char­gé, durant les céré­mo­nies, de gui­der ses com­pa­gnons qui l’ad­mi­raient et lui obéis­saient comme à un chef. À l’é­cole, Joseph Sar­to rem­por­tait tous les prix. Pen­dant les récréa­tions, ses cama­rades le sui­vaient volon­tiers, car gai, déci­dé, il avait tou­jours des jeux amu­sants à proposer. 

À quelque dis­tance du vil­lage, au milieu des champs de maïs, des vignes et des mûriers, s’é­le­vait une église dédiée à la Vierge de l’As­somp­tion. Bien sou­vent, au temps où Joseph était enfant de chœur, cou­rant et chan­tant, il entraî­nait la troupe des gar­çons vers ce pèle­ri­nage. Devant le sanc­tuaire, les enfants réci­taient pieu­se­ment une prière à Marie, puis ren­traient en jouant à tra­vers la campagne. 

Joseph Sar­to fit à 11 ans, une pre­mière très fer­vente. Ce jour-là au fond de son cœur, il se don­na tout entier à Dieu et lui pro­mit de ne vivre que pour le ser­vir. Il ne dit rien à sa mère de cette réso­lu­tion. Mais elle, qui connais­sait l’âme de son enfant, le devi­na et l’in­ter­ro­gea dou­ce­ment. Joseph avoua qu’il vou­lait être prêtre.

Mar­gue­rite, fière et heu­reuse, remer­cia Dieu de cette grande grâce. Le père, en appre­nant la voca­tion de Joseph, son­gea tris­te­ment que, ses forces dimi­nuant, le tra­vail de son aîné eût été bien néces­saire à la famille… Mais, imi­tant la foi de sa femme, il don­na géné­reu­se­ment son consentement. 

Le bon Curé de Riese se réjouit et déci­da que son petit parois­sien irait suivre les cours au col­lège de Cas­tel­fran­co. Sept kilo­mètres sépa­raient Riese de Cas­tel­fran­co. Joseph devait fran­chir che­min à pieds, deux fois par jour. Tra­jet dur en hiver, et plus encore l’é­té, sous le soleil qui brûle la campagne. 

Joseph Sarto, enfant, va à l'école pour devenir Prêtre
Il enle­vait ses souliers…

De plus, le brave enfant savait ce qu’il en coû­tait à ses parents pour le chaus­ser. Afin de leur épar­gner une dépense, à peine sor­ti de Riese, il enle­vait ses sou­liers et les por­tait sur son dos avec le petit sac où la maman pla­çait le pain du déjeuner. 

Plus tard, son frère Ange­lo l’ac­com­pa­gnait à Cas­tel­fran­co. Le père ayant réus­si à faire l’a­chat d’un pauvre petit âne et d’une vieille char­rette, les deux enfants rou­laient fiè­re­ment dans cet équipage. 

Joseph tra­vaillait avec une grande ardeur. Vif, prompt à s’emporter, il devait lut­ter contre sa nature pour acqué­rir la dou­ceur, par la suite si remar­quable en lui. 

Ses notes le clas­saient tou­jours le pre­mier. Mais ce, n’é­tait là qu’une pré­pa­ra­tion. Il fal­lait pou­voir entrer au Sémi­naire. Grosse dif­fi­cul­té ! La famille Sar­to était sans res­sources. Le Curé de Riese en man­quait éga­le­ment, mais il mul­ti­pliait les démarches pour obte­nir une bourse gra­tuite à son cher Joseph. Celui-ci atten­dait, le cœur ser­ré par l’an­goisse. Si ardent était son désir d’être prêtre ! 

Enfin, la réponse vint. « À genoux, Bep­pi », s’é­crie le Curé, « remer­cie Dieu qui a sûre­ment quelque des­sein sur toi : bien­tôt, tu entre­ras au Sémi­naire, et comme moi, toi aus­si tu seras prêtre ! » 

Les gens de Riese qui savaient la gêne des Sar­to, quê­tèrent dis­crè­te­ment entre amis pour ache­ter les livres et les vête­ments néces­saires au futur abbé.

Le séminaire

Au mois de novembre 1850, Joseph Sar­to par­tit donc pour le grand Sémi­naire de Padoue. 

À la fin de l’an­née, il était à la tête de son cours et ses pro­fes­seurs pla­çaient en lui de grands espoirs. 

Peu après son entrée au Sémi­naire, Joseph eut le grand cha­grin de perdre son père. 

Mar­gue­rite Sar­to, res­tée veuve avec sept enfants encore à sa charge, reprit cou­ra­geu­se­ment son métier de cou­tu­rière. Aidée de ses filles, elle réus­sit à gagner le pain de la famille. 

Durant les vacances, Joseph reve­nait à la mai­son. Depuis qu’il avait revê­tu la sou­tane, sa mère, par res­pect, défen­dait à ses autres enfants de tutoyer leur aîné. Le Sémi­na­riste édi­fiait tout le vil­lage. Levé à cinq heures, il priait lon­gue­ment à l’é­glise. Tout le jour il étu­diait. Après le repas du soir, on allait en com­mun dire à l’é­glise le cha­pe­let. Puis, avant le repos de la nuit, la famille s’a­ge­nouillait une fois encore devant le cru­ci­fix du foyer. Dans cette mai­son bénie, l’exa­men de conscience sui­vait la prière, cha­cun avouait ses torts et deman­dait par­don à celui qu’il avait pu offenser. 

Aus­si, mal­gré la pau­vre­té, les pri­va­tions, la paix régnait-elle dans les cœurs. 

Un soir où Mar­gue­rite Sar­to, épui­sée, avouait tout bas à son aîné : « Bep­pi, que la vie est difficile » 

— « Elle est faite pour cela », répon­dit dou­ce­ment le jeune abbé », si elle était facile, maman, où serait notre mérite ? » 

À mesure que Joseph appro­chait du sacer­doce, sa mère priait avec une plus ardente fer­veur deman­dant à Dieu que son fils soit un saint prêtre ! 

Le 18 sep­tembre 1858, Mar­gue­rite Sar­to, trem­blante de bon­heur, assis­tait à l’or­di­na­tion de son fils, et le len­de­main, elle le voyait mon­ter à l’au­tel, pour la pre­mière fois et célé­brer la sainte messe. 

Des larmes de joie et de recon­nais­sance cou­laient de ses yeux. Son enfant, entou­ré de tant d’, de sacri­fices et de prières, enfin, il était prêtre pour toujours !

Au service des âmes

À peine ordon­né prêtre, Joseph Sar­to fut nom­mé vicaire au bourg de Tom­bo­lo. Il se fit vite aimer des âmes qu’il vou­lait rame­ner à Dieu par ses ensei­gne­ments et son dévoue­ment. Il prê­chait avec un zèle infa­ti­gable et cher­chait sans cesse à pla­cer un conseil, une bonne parole. Pour cela il se mêlait fami­liè­re­ment aux hommes et aux jeunes gens, réus­sis­sant à mettre la paix dans leurs que­relles et sur­tout à les cor­ri­ger de leur vilaine habi­tude de jurer. 

Auteur : Maldan, Juliette | Ouvrage : Petites Vies Illustrées pour enfants .

Temps de lec­ture : 16 minutes

Enfance de

11 y a bien long­temps, dans un petit vil­lage des Hautes-Alpes nom­mé Saint-Etienne d’A­van­çon, vivait une famille d’humbles cultivateurs. 

Guillaume Ren­cu­rel et sa femme Cathe­rine habi­taient une chau­mière très pauvre et très petite : une chambre basse au-des­sus d’une écu­rie voû­tée, une cave, et c’é­tait tout. Une vigne et quelques petits champs sur les pentes raides des mon­tagnes, com­plé­taient leur domaine. À force de tra­vail et de peine, ces terres four­nis­saient la nour­ri­ture néces­saire pour eux et leurs enfants. 

Ces ouvriers si pauvres des biens de ce monde, pos­sé­daient pour­tant un tré­sor que beau­coup de mal­heu­reux ont per­du de nos jours une foi vive qui leur fai­sait espé­rer, après leur dure exis­tence, le royaume du ciel que Jésus leur ache­ta de son sang. 

Guillaume et Cathe­rine éle­vaient déjà une petite fille quand Dieu leur en envoya une seconde qui naquit en l’an­née 1647, le 29 sep­tembre, fête de l’ar­change saint Michel. 

Très vite, on por­ta cette petite à l’é­glise pour le saint bap­tême, et on lui don­na le nom de Benoîte qui veut dire bénie. C’é­tait un nom bien trou­vé pour l’en­fant que la sainte Vierge devait tant aimer. 

Benoîte s’é­le­vait faci­le­ment et se mon­trait douce et gentille. 

Son édu­ca­tion se fai­sait sur les genoux de sa maman et elle était simple : « Sois bien sage, ma petite, répé­tait Cathe­rine, prie bien le bon Dieu ! »

Elle lui apprit le Pater, l’Ave, le Cre­do. C’é­tait tout ce qu’elle savait elle-même. Avec cela l’en­fant pou­vait réci­ter le chapelet. 

Benoîte n’a­vait que 7 ans quand son père mou­rut. Cathe­rine res­tait veuve avec trois enfants, dans une pau­vre­té proche de la misère. Benoîte com­pre­nait ses peines et essayait de les conso­ler tout comme si elle avait été plus grande. Voyait-elle sa maman trop triste, elle s’ap­pro­chait dou­ce­ment : « Ne vous déso­lez pas, disait-elle, Dieu et sa sainte nous assisteront. » 

La détresse de la famille ne per­mit pas d’en­voyer Benoîte à l’é­cole. Elle ne sut jamais ni lire, ni écrire. Mais elle sui­vait très régu­liè­re­ment les caté­chismes, écou­tait avec grande atten­tion ce que disait M. le Curé. Son inté­rêt redou­blait quand on par­lait de la sainte Vierge. Elle écou­tait avi­de­ment ce qu’on expli­quait de sa beau­té céleste, de sa ten­dresse mater­nelle. Il lui sem­blait qu’elle aurait été si heu­reuse de la voir ! — « Mais, ajou­tait-elle hum­ble­ment, com­ment la Mère de Dieu se mon­tre­rait-elle à une pauvre pécheresse ? »

À 7 ans, Benoîte devait déjà se rendre utile et tra­vailler. Elle gar­dait le petit trou­peau de la famille par­mi les hautes mon­tagnes qui entourent son vil­lage. Tout le jour, expo­sée au soleil, au vent, à la pluie, elle cou­rait après ses mou­tons et veillait sur eux. Au moins, le soir, avait-elle la joie de se retrou­ver près de sa mère et de ses sœurs. Ensemble elles se chauf­faient tout en cau­sant autour de l’âtre où cui­sait la soupe, et Benoîte se dédom­ma­geait de sa longue soli­tude du jour. 

Mais la misère se fai­sait de plus en plus sen­tir dans la chau­mière de Cathe­rine. Plu­sieurs années de mau­vaises récoltes ame­nèrent la disette dans le pays. Il fal­lut se rési­gner à mettre Benoîte en ser­vice. Ce fut un gros sacri­fice pour la pauvre petite qui n’a­vait que 12 ans. Obéis­sante et rési­gnée, elle ne mur­mu­ra pas contre cette dure déci­sion. Elle ne deman­da qu’une chose à sa mère : c’é­tait de lui ache­ter un cha­pe­let. Avec cet unique tré­sor dans sa poche, Benoîte quit­ta cou­ra­geu­se­ment sa mai­son, sa chère maman, ses sœurs, pour aller gar­der le trou­peau d’un étran­ger. Son pre­mier maître était bon et appré­ciait les qua­li­tés de sa petite ber­gère. Mais elle n’é­tait pas depuis un an à son ser­vice, qu’il mou­rut. Sa veuve res­tée avec six enfants et peu de res­sources, ne pou­vait qu’a­vec peine leur pro­cu­rer le pain néces­saire. Elle aimait mieux se pri­ver et pri­ver ses enfants que de dimi­nuer le mor­ceau de Benoîte. Celle-ci rece­vait sans mot dire sa part de la miche, mais son cœur déli­cat ne pou­vait voir souf­frir les enfants de la mai­son. Dès que sa maî­tresse s’é­loi­gnait, elle dis­tri­buait son pain aux petits qui l’en­tou­raient. Puis, elle par­tait avec son trou­peau, et si la faim deve­nait trop criante, elle tirait son cha­pe­let de sa poche et le réci­tait pour reprendre courage. 

Benoîte par­tage son pain avec des enfants.

Benoîte ne se conten­tait pas de se pri­ver de pain pour les enfants de sa maî­tresse, elle en don­nait encore aux pauvres affa­més qu’elle ren­con­trait dans la montagne. 

Ce n’é­tait pas seule­ment son pain qu’elle don­nait, mais aus­si sa com­pas­sion et sa prière à toutes les misères qu’elle trou­vait sur son che­min et qu’elle n’a­vait pas d’autre moyen de soulager. 

Un jour, elle apprend qu’une femme gra­ve­ment malade a per­du la parole avant l’ar­ri­vée du prêtre. Déso­lée de ce mal­heur, Benoîte appelle ses com­pagnes : « Venez, dit-elle, allons dire le rosaire pour cette malade. » Et voi­là tous les enfants réci­tant le cha­pe­let avec un entrain qu’a­nime la fer­veur de Benoîte. La prière n’est pas ter­mi­née que la malade retrouve la parole. Ses pre­miers mots sont pour remer­cier la troupe des enfants qui l’en­tourent. Benoîte par­lait du bon Dieu, du para­dis, de l’en­fer, avec une foi qui tou­chait ceux qui l’écoutaient. 

Un de ses maîtres, Jean Rol­land, était un homme violent et empor­té. La petite ber­gère lui repro­cha dou­ce­ment ses colères, lui rap­pe­la ses devoirs de telle façon que cet homme n’o­sa jamais se fâcher contre cette petite fille. Bien plus, ému par ses paroles, il finit par ren­trer en lui-même et se convertir. 

Benoîte, au milieu des champs, était expo­sée à bien des dan­gers. Mais elle avait le mal en hor­reur et veillait sans cesse sur la pure­té de son âme qu’elle vou­lait lim­pide comme l’eau des sources. Elle vivait sous le regard de Dieu et sous sa protection. 

Aus­si, chas­sait-elle les moindres ten­ta­tions de mal faire. Un été, un petit ber­ger qui marau­dait dans les ver­gers, vou­lut par­ta­ger avec Benoîte les fruits qu’il avait cueillis. Mais elle refu­sa éner­gi­que­ment et ne gar­da plus ses mou­tons avec ce petit garçon. 

Plu­sieurs fois la sainte Vierge la défen­dit d’une façon mer­veilleuse contre de graves périls. 

La grande force de Benoîte, c’é­tait la prière, le recours à la sainte Vierge, sur­tout. Elle priait très sou­vent, soit dans l’é­glise de son vil­lage, soit au pied des croix qui se dressent dans les champs.

« Benoîte aime bien à prier », disaient ses maîtres. Sa prière favo­rite était le cha­pe­let. Nous allons voir com­ment la sainte Vierge répon­dit à l’ si fidèle de sa petite bergère.

La Sainte Vierge et Benoîte

Benoîte atteint 17 ans. Au prin­temps de 1664, par un clair matin de mai, elle conduit gaî­ment ses mou­tons à tra­vers la fraîche ver­dure des mon­tagnes, si belles en cette sai­son. Les mou­tons se hâtent comme pous­sés par une invi­sible main. Au fond du val­lon vers lequel ils courent, une roche se dresse au bord d’un tor­rent. Une grotte se creuse dans la roche. Benoîte a l’ha­bi­tude de venir y réci­ter son chapelet. 

À peine arri­vée en face de la grotte, la ber­gère toute sai­sie aper­çoit une Dame d’une beau­té mer­veilleuse, tenant par la main un ravis­sant petit enfant. Une grâce céleste enve­loppe cette Dame, de ses yeux sortent comme des rayons de lumière. Ses vête­ments exhalent un par­fum si suave que l’on croi­rait le val­lon tout entier rem­plir de fleurs. 

Benoîte, émer­veillée, contemple la belle Dame… Pour­tant il ne lui vient pas à l’i­dée qu’elle puisse être la sainte Vierge.

Elle essaie de lui par­ler, l’in­ter­roge naï­ve­ment, mais l’ap­pa­ri­tion sou­rit sans mot dire. 

Auteur : Goldie, Agnès | Ouvrage : Petites Vies Illustrées pour enfants .

Temps de lec­ture : 19 minutes

(D’après le R. P. Bessières, S. J.)

Sienne-.

Un joyeux son de cloche : Ding-Dong !… C’est le bap­tême d’An­na-Maria Gian­net­ti, née le 29 mai 1769.

Ajaccio-Corse.

Ding-Dong !… C’est le bap­tême de Bona­parte, né comme Anna de parents Tos­cans, le 15 août 1769. 

Qui se dou­te­rait que le petit sera Empe­reur et que l’autre, son aînée de deux mois, aura un rôle à jouer près de lui ?

Pie­tro Gian­net­ti, phar­ma­cien à Sienne, est tout content d’être grand-père ; il s’in­té­resse à cette gamine qui, dès qu’elle peut trot­ter, « joue par­mi les oli­viers et les cyprès, les espa­liers de vignes et de roses qui couvrent le haut pla­teau aux rem­parts rouges. » 

Le grand-père meurt. Son fils, qui a fait ses études de phar­ma­cie, le rem­place, et bien­tôt se ruine. Où cacher sa misère ? Louis décide de gagner Rome. Annette, six ans, fera le voyage à pied, empor­tant sa charge de hardes… Ils arrivent au quar­tier popu­laire des Monts. Pen­dant huit ans, ils y ren­con­tre­ront sou­vent le fran­çais Benoît Labre, un jeune qui s’est fait pèle­rin et pauvre volon­taire, pour expier le luxe de son temps. On l’a­per­çoit en prière aux pieds de la Vierge mira­cu­leuse de Notre-Dame des Monts. À trente-cinq ans, il meurt ; la d’An­nette aide à la der­nière toi­lette, tan­dis que les enfants crient à tra­vers les rues : « E morio il san­to : Le saint est mort ! »

En arri­vant à Rome, les Gian­net­ti ont dû cher­cher du tra­vail. Lui­gi a fini par accep­ter de faire des ménages. La petite va à l’é­cole des Sœurs de la Via Gra­zio­sa ; une épi­dé­mie fait licen­cier les classes, et après deux ans seule­ment d’é­tude, la fillette entre en appren­tis­sage chez deux bonnes demoi­selles. Elle dévide la soie, apprend à tailler et à coudre, ce qui, un jour, lui sera bien utile dans sa nom­breuse famille. Le soir, de retour au logis de la rue de la Vierge, Annette lave le linge, pré­pare la polen­ta. Tout n’est pas rose à la mai­son ! Le père, qui regrette Sienne et sa phar­ma­cie, s’ai­grit tous les jours un peu plus et décharge sa mau­vaise humeur sur sa fille. Il va jus­qu’à la maltraiter. 

Maria San­ta, la maman, est au contraire fière de son Annette qu’elle appelle un peu trop sou­vent : « ma toute belle ». 

Belle, elle l’é­tait en effet, l’é­co­lière au fichu rouge, et elle l’est encore plus de qua­torze à seize ans. 

Et Napo­léon, lui, que devient-il ? — Il est à l’é­cole mili­taire de Brienne. Il n’a pas quinze ans que, d’un ton sans réplique, il réclame de l’argent à son père : « Mon­sieur, … je suis las d’af­fi­cher l’in­di­gence… Et quoi, mon­sieur, votre fils sera conti­nuel­le­ment le plas­tron de quelques nobles pal­to­quets…? Non mon père ; non ! Si la for­tune se refuse abso­lu­ment à l’a­mé­lio­ra­tion de mon sort, arra­chez-moi de Brienne ; don­nez-moi, s’il le faut, un état méca­nique. »

C’est la mère qui répond. Elle a de trop grandes ambi­tions pour son fils pour en faire un simple méca­no !
Ajac­cio — 2 juin 1784 — « Si je reçois jamais une pareille épître de vous, je ne m’oc­cupe plus de Napo­léon ! Où avez-vous appris, jeune homme, qu’un fils s’a­dres­sât à son père comme vous l’a­vez fait ?… Vous deviez être convain­cu qu’une impos­si­bi­li­té abso­lue de venir à votre secours était la seule cause de notre silence. » 

Les deux familles ne sont pas riches, mais Annette, mieux que Napo­léon, accepte sa pau­vre­té ; elle ne serait tout de même pas fâchée de se mettre « à gagner ». Son père est main­te­nant en ser­vice au palais Mut­ti. La Seno­ra Ser­ra, sa patronne, cherche une jeune femme de chambre. Annette, qui a seize ans, quitte l’ou­vroir et va avec sa mère s’ins­tal­ler dans deux pièces du palais. 

Hâtée d’a­voir une jolie sou­brette, Maria Ser­ra, qui n’a elle-même que trente ans, ne tarit pas d’é­loges sur sa petite ser­vante. Les parents, comme Per­rette, écha­faudent mille châ­teaux en Espagne. Leur Annette, comme une Cen­drillon, a pas­sé de la ruelle obs­cure aux gale­ries pleines de musique et de lumière. Ne lais­se­ra-t-elle pas sa pan­toufle à quelque prince char­mant ? à quelque riche gar­çon qui ren­dra son lustre à la famille ? — Mais non ! Annette a les goûts simples. Une seule chose la pré­oc­cupe : fon­der un foyer chré­tien. Jus­te­ment, elle a sou­vent l’oc­ca­sion de ren­con­trer un employé du palais Chi­gi, Domé­ni­co Tal­gi, un peu fruste, disons même assez rustre, gros­sier même, dif­fi­cile de carac­tère, mais droit, hon­nête, fon­ciè­re­ment bon. Annette a vingt ans quand le mariage se célèbre le 7 jan­vier 1790. Tous com­mu­nient, puis il y a dîner, chants et danses.

Pie­tro Gian­net­ti est tout content d’être grand-père…

Napo­léon fait aus­si son che­min. Le voi­ci lieu­te­nant d’ar­tille­rie à seize ans, géné­ral à vingt-quatre, com­man­dant en chef de l’ar­mée d’I­ta­lie à vingt-six, pre­mier Consul à trente, Empe­reur à trente-cinq, dis­tri­buant cou­ronnes et prin­ci­pau­tés à neuf de ses frères, beaux frères et parents …

Après son mariage, Anna va vivre au palais Chi­gi, actuel minis­tère des affaires étran­gères… immense palais aux trois cents fenêtres, gar­nies aux étages infé­rieurs d’é­paisses grilles de fer. À l’in­té­rieur, enfi­lades de larges cou­loirs, d’es­ca­liers de marbre, de salons… Tout au fond, sur la ruelle de la Glis­sière, deux pièces d’ha­bi­ta­tion pour le ménage. 

Le dimanche, joie de sor­tir ensemble ! Pour faire plai­sir à son mari, Anna-Maria fait toi­lette : robe de soie rouge, que lui a offerte son Domé­ni­co, pen­dants d’o­reilles et col­liers de perles qui s’a­joutent au col­lier corail et or, don­né par Maria Ser­ra. Est-ce trop pour une Ita­lienne jolie, joyeuse, por­tée à rire, à chan­ter, à se dis­traire ? Ce qui ne l’empêche pas d’être très fidèle à sa messe du dimanche et sou­vent à la messe en semaine ; très fidèle au cha­pe­let qu’à genoux elle dit chaque soir avec Doménico. 

Auteur : Goldie, Agnès | Ouvrage : Petites Vies Illustrées pour enfants .

Temps de lec­ture : 12 minutesCette his­toire com­mence qua­rante-sept ans après l’ar­ri­vée de au . L’a­pôtre des Indes n’y a pas­sé que deux ans et cela lui a suf­fi pour fon­der une Église flo­ris­sante. Vers 1595, on y compte 300.000 chré­tiens ; ce n’est pas pour plaire à l’Em­pe­reur, très fana­tique de ses idoles. Ordre est don­né aux mis­sion­naires de quit­ter le pays.

Voyez ce que dit l’ du ber­ger qui s’en­fuit devant le loup, et du Bon Pas­teur qui donne sa vie pour ses bre­bis. Bref ! Tous les mis­sion­naires res­tent à leur poste. Qu’ar­rive-t-il ? — Neuf d’entre eux sont arrê­tés ; des Fran­cis­cains, des Jésuites, dont un prêtre japonais.

Quinze chré­tiens sont arrê­tés aus­si. Par­mi eux, trois enfants de chœur : Louis, 11 ans, Antoine, 14, Tho­mas, 15. Les pri­son­niers sont ame­nés sur la grande place de Miya­do ; d’un coup de cou­teau, on leur coupe le bout de l’o­reille ; le sang coule sur leurs joues, sur leur cou et sur leurs vête­ments : les voi­ci mar­qués comme vous avez pu voir les ani­maux des­ti­nés à l’abattoir.

La foule s’a­pi­toie devant les trois enfants, et aus­si les bour­reaux : « Voyons Vous n’al­lez pas vous faire tuer ! Renon­cez à votre Dieu Nous vous relâ­che­rons aussitôt »

Les trois gar­çons, pour toute réponse, chantent à tue-tête le Notre Père.

Bra­vo !

Main­te­nant, voi­là tous les déte­nus sur des cha­riots. On les pro­mène à tra­vers la ville, puis dans toutes les cités du sud, comme pour dire aux chré­tiens : « Voyez ce qui vous attend ! »

Les enfants chantent toujours !

« Toi du moins, dit le bour­reau à Louis, le plus jeune, va-t-en ! Tu es trop petit ! Nous ne vou­lons pas de toi ; » mais Louis reste.

Bien sûr, il pour­rait par­tir sans renier son Dieu, puisque, cette fois, la liber­té lui est offerte sans condi­tion, mais il se doute que les païens diront ensuite bien haut qu’il a renié sa foi. Et puis, quel scan­dale pour les chré­tiens qui pour­raient s’y trom­per ! Lui, un rené­gat ?… Trois fois non !!! Il pré­fère res­ter avec ses camarades.

Main­te­nant, c’est au trio que l’on pro­pose la liber­té. La nuit, leurs liens sont des­ser­rés ; la porte de leur pri­son reste ouverte, Dehors, c’est la vie sauve, le pain… et les trois gar­çons ne bougent pas. Ils mour­ront plu­tôt que de lais­ser croire aux païens et aux chré­tiens qu’ils ont tra­hi le Christ ! Quels cœurs vaillants n’est-ce pas !

La pro­me­nade à tra­vers le sud conti­nue. Il fait froid, il pleut… rien à man­ger… Défense aux chré­tiens mas­sés sur le par­cours, d’of­frir aux condam­nés quoi que ce soit. Imi­tant Véro­nique au che­min de la croix, quelques intré­pides brisent le cor­don des sol­dats et donnent aux mal­heu­reux des vête­ments, des vivres. Deux sont pris. Désor­mais, ils seront vingt-six au lieu de vingt-quatre, sur les charrettes.

Coloriage petits martyrs japonais embrassant la croix
Il court d’un trait vers elle, tombe à genoux et l’embrasse
Auteur : Fleury Marduel | Ouvrage : Petites Vies Illustrées pour enfants .

Temps de lec­ture : 18 minutes l’É­van­gé­liste est un des douze Apôtres aux­quels Jésus a confié son Église. On l’a appe­lé « l’É­van­gé­liste », parce qu’il a écrit l’un des quatre Évan­giles, livres où nous pou­vons lire la vie de Jésus.

Le papa de Jean s’ap­pe­lait Zébé­dée ; il était pêcheur et lan­çait ses filets sur les bords du lac de Tibé­riade, un lac si grand qu’on l’ap­pe­lait quel­que­fois « la mer de Gali­lée » [1] ; il avait des ouvriers pour l’ai­der et aus­si ses deux fils, Jacques et Jean. Il y avait beau­coup de pois­sons dans ce lac et on les ven­dait bien : c’é­tait donc un tra­vail important.

Nous savons qu’une autre famille de pêcheurs y tra­vaillait éga­le­ment ; il s’a­gis­sait d’un autre Jean qui avait aus­si deux fils : Simon et André. Ces deux familles vivaient en grande ami­tié et s’en­trai­daient sou­vent dans leurs pêches.

Tout petits, ces gar­çons ont dû jouer sou­vent ensemble ; Simon aimait beau­coup son petit ami Jean qui était le plus jeune de la bande et celui-ci le lui ren­dait bien.

Quand ils furent plus grands, ils enten­dirent par­ler de Jean-Bap­tiste qui appre­nait à ceux qui venaient l’é­cou­ter à deve­nir meilleurs et à aimer Dieu de tout leur cœur. Il annon­çait aus­si une belle et grande nou­velle : la venue pro­chaine du Mes­sie, Sau­veur pro­mis dans la Bible et que tous les Juifs atten­daient, d’au­tant plus que leur pays avait été pris et occu­pé par les Romains et qu’ils espé­raient que le Mes­sie les délivrerait.

Saint Jean, Le premier apôtre à suivre Jésus - Histoire du Nouveau Testament pour les enfants

Jean fait la connaissance de Jésus

Les quatre amis devinrent les dis­ciples de Jean-Bap­tiste, tout en conti­nuant à tra­vailler avec leur père. Or, un jour, Jean-Bap­tiste mon­tra à ceux qui l’en­tou­raient un Juif qui s’é­tait joint à eux et il décla­ra : « Voi­ci l’A­gneau de Dieu, celui qui ôte les péchés du monde » ; il vou­lait faire com­prendre que le Mes­sie était celui-là.

Jean et son ami André l’en­ten­dirent et sui­virent Jésus qui se retour­na et leur deman­da : « Que voulez-vous ? »

Embar­ras­sés, ils dirent seule­ment : « Maître, où demeures-tu ? »

— Venez et voyez, répon­dit Jésus.

Alors tous deux l’ac­com­pa­gnèrent et pas­sèrent avec lui la fin de la jour­née ; ils en étaient si contents que, tout de suite, André alla dire à son frère Simon : « Nous avons trou­vé le Mes­sie. » On peut pen­ser que, de son côté, Jean alla trou­ver son frère Jacques car, depuis ce moment, tous les quatre sui­virent Jésus ; Jean et André furent donc les pre­miers Apôtres.

Jean est appe­lé dans l’ : « le dis­ciple que Jésus aimait », sans doute parce qu’il était, plus que les autres dis­ciples très aimant et ardent, peut-être aus­si parce que, très jeune encore, il ne vou­lut dès lors jamais prendre femme afin de réser­ver son cœur entiè­re­ment au Sei­gneur. C’est lui qui nous a racon­té le pre­mier des miracles de Jésus ; c’é­tait à Cana, en Gali­lée, lors d’un repas de noces.

  1. [1] La Gali­lée est une par­tie de la Pales­tine.