Saint Pie X

Auteur : Maldan, Juliette | Ouvrage : Petites Vies Illustrées pour enfants .

Temps de lec­ture : 19 minutes

La famille

Celui qui devait être le grand Pie X naquit dans la pau­vre­té, le 2 juin 1835, au vil­lage de Riese, en Ita­lie. Joseph, « Bep­pi », comme on le nom­mait fami­liè­re­ment, était l’aî­né de neuf enfants. 

Son père, Jean-Bap­tiste Sar­to, pos­sé­dait une humble mai­son et deux petits champs. Agent com­mu­nal, il balayait la mai­rie, fai­sait les courses, ce pour quoi il rece­vait chaque jour, 0 fr. 50. Maigre salaire pour nour­rir tant de monde ! La mère de famille, Mar­gue­rite Sar­to, essayait de son côté de gagner quelque chose. Avant son mariage, elle était cou­tu­rière. Une fois le ménage ran­gé, les petits habillés, la soupe au feu, elle repre­nait son aiguille et cou­sait pour les voisines. 

Tous ceux qui connais­saient Mar­gue­rite admi­raient ses ver­tus, son cou­rage, sa foi. C’é­tait un foyer modèle que celui des Sar­to. Chaque soir, après la jour­née de tra­vail, le père expli­quait le caté­chisme à ses enfants et réci­tait tout haut la prière. 

Éle­vé par des parents si chré­tiens, le petit Joseph ne pou­vait man­quer d’ai­mer le bon Dieu, l’é­glise, les offices, Tout petit avec une grande joie, il enfi­la une sou­tane d’en­fant de chœur et com­men­ça de balan­cer l’en­cen­soir ou de ser­vir la messe. Son recueille­ment frap­pait l’as­sis­tance. Dès 11 ans, il fut char­gé, durant les céré­mo­nies, de gui­der ses com­pa­gnons qui l’ad­mi­raient et lui obéis­saient comme à un chef. À l’é­cole, Joseph Sar­to rem­por­tait tous les prix. Pen­dant les récréa­tions, ses cama­rades le sui­vaient volon­tiers, car gai, déci­dé, il avait tou­jours des jeux amu­sants à proposer. 

À quelque dis­tance du vil­lage, au milieu des champs de maïs, des vignes et des mûriers, s’é­le­vait une église dédiée à la Vierge de l’As­somp­tion. Bien sou­vent, au temps où Joseph était enfant de chœur, cou­rant et chan­tant, il entraî­nait la troupe des gar­çons vers ce pèle­ri­nage. Devant le sanc­tuaire, les enfants réci­taient pieu­se­ment une prière à Marie, puis ren­traient en jouant à tra­vers la campagne. 

Joseph Sar­to fit à 11 ans, une pre­mière très fer­vente. Ce jour-là au fond de son cœur, il se don­na tout entier à Dieu et lui pro­mit de ne vivre que pour le ser­vir. Il ne dit rien à sa mère de cette réso­lu­tion. Mais elle, qui connais­sait l’âme de son enfant, le devi­na et l’in­ter­ro­gea dou­ce­ment. Joseph avoua qu’il vou­lait être prêtre.

Mar­gue­rite, fière et heu­reuse, remer­cia Dieu de cette grande grâce. Le père, en appre­nant la voca­tion de Joseph, son­gea tris­te­ment que, ses forces dimi­nuant, le tra­vail de son aîné eût été bien néces­saire à la famille… Mais, imi­tant la foi de sa femme, il don­na géné­reu­se­ment son consentement. 

Le bon Curé de Riese se réjouit et déci­da que son petit parois­sien irait suivre les cours au col­lège de Cas­tel­fran­co. Sept kilo­mètres sépa­raient Riese de Cas­tel­fran­co. Joseph devait fran­chir che­min à pieds, deux fois par jour. Tra­jet dur en hiver, et plus encore l’é­té, sous le soleil qui brûle la campagne. 

Joseph Sarto, enfant, va à l'école pour devenir Prêtre
Il enle­vait ses souliers…

De plus, le brave enfant savait ce qu’il en coû­tait à ses parents pour le chaus­ser. Afin de leur épar­gner une dépense, à peine sor­ti de Riese, il enle­vait ses sou­liers et les por­tait sur son dos avec le petit sac où la maman pla­çait le pain du déjeuner. 

Plus tard, son frère Ange­lo l’ac­com­pa­gnait à Cas­tel­fran­co. Le père ayant réus­si à faire l’a­chat d’un pauvre petit âne et d’une vieille char­rette, les deux enfants rou­laient fiè­re­ment dans cet équipage. 

Joseph tra­vaillait avec une grande ardeur. Vif, prompt à s’emporter, il devait lut­ter contre sa nature pour acqué­rir la dou­ceur, par la suite si remar­quable en lui. 

Ses notes le clas­saient tou­jours le pre­mier. Mais ce, n’é­tait là qu’une pré­pa­ra­tion. Il fal­lait pou­voir entrer au Sémi­naire. Grosse dif­fi­cul­té ! La famille Sar­to était sans res­sources. Le Curé de Riese en man­quait éga­le­ment, mais il mul­ti­pliait les démarches pour obte­nir une bourse gra­tuite à son cher Joseph. Celui-ci atten­dait, le cœur ser­ré par l’an­goisse. Si ardent était son désir d’être prêtre ! 

Enfin, la réponse vint. « À genoux, Bep­pi », s’é­crie le Curé, « remer­cie Dieu qui a sûre­ment quelque des­sein sur toi : bien­tôt, tu entre­ras au Sémi­naire, et comme moi, toi aus­si tu seras prêtre ! » 

Les gens de Riese qui savaient la gêne des Sar­to, quê­tèrent dis­crè­te­ment entre amis pour ache­ter les livres et les vête­ments néces­saires au futur abbé.

Le séminaire

Au mois de novembre 1850, Joseph Sar­to par­tit donc pour le grand Sémi­naire de Padoue. 

À la fin de l’an­née, il était à la tête de son cours et ses pro­fes­seurs pla­çaient en lui de grands espoirs. 

Peu après son entrée au Sémi­naire, Joseph eut le grand cha­grin de perdre son père. 

Mar­gue­rite Sar­to, res­tée veuve avec sept enfants encore à sa charge, reprit cou­ra­geu­se­ment son métier de cou­tu­rière. Aidée de ses filles, elle réus­sit à gagner le pain de la famille. 

Durant les vacances, Joseph reve­nait à la mai­son. Depuis qu’il avait revê­tu la sou­tane, sa mère, par res­pect, défen­dait à ses autres enfants de tutoyer leur aîné. Le Sémi­na­riste édi­fiait tout le vil­lage. Levé à cinq heures, il priait lon­gue­ment à l’é­glise. Tout le jour il étu­diait. Après le repas du soir, on allait en com­mun dire à l’é­glise le cha­pe­let. Puis, avant le repos de la nuit, la famille s’a­ge­nouillait une fois encore devant le cru­ci­fix du foyer. Dans cette mai­son bénie, l’exa­men de conscience sui­vait la prière, cha­cun avouait ses torts et deman­dait par­don à celui qu’il avait pu offenser. 

Aus­si, mal­gré la pau­vre­té, les pri­va­tions, la paix régnait-elle dans les cœurs. 

Un soir où Mar­gue­rite Sar­to, épui­sée, avouait tout bas à son aîné : « Bep­pi, que la vie est difficile » 

— « Elle est faite pour cela », répon­dit dou­ce­ment le jeune abbé », si elle était facile, maman, où serait notre mérite ? » 

À mesure que Joseph appro­chait du sacer­doce, sa mère priait avec une plus ardente fer­veur deman­dant à Dieu que son fils soit un saint prêtre ! 

Le 18 sep­tembre 1858, Mar­gue­rite Sar­to, trem­blante de bon­heur, assis­tait à l’or­di­na­tion de son fils, et le len­de­main, elle le voyait mon­ter à l’au­tel, pour la pre­mière fois et célé­brer la sainte messe. 

Des larmes de joie et de recon­nais­sance cou­laient de ses yeux. Son enfant, entou­ré de tant d’a­mour, de sacri­fices et de prières, enfin, il était prêtre pour toujours !

Au service des âmes

À peine ordon­né prêtre, Joseph Sar­to fut nom­mé vicaire au bourg de Tom­bo­lo. Il se fit vite aimer des âmes qu’il vou­lait rame­ner à Dieu par ses ensei­gne­ments et son dévoue­ment. Il prê­chait avec un zèle infa­ti­gable et cher­chait sans cesse à pla­cer un conseil, une bonne parole. Pour cela il se mêlait fami­liè­re­ment aux hommes et aux jeunes gens, réus­sis­sant à mettre la paix dans leurs que­relles et sur­tout à les cor­ri­ger de leur vilaine habi­tude de jurer. 

Le vicaire par­ta­geait ses maigres res­sources entre sa mère et les pauvres, nom­breux à Tombolo. 

Pour lui, il ne gar­dait rien. Sa sœur Rosa, qui tenait son modeste logis, cher­chait en vain à l’ar­rê­ter : « Il ne se ménage jamais, sou­pi­rait-elle, il dit oui à tout le monde ! » Et elle consta­tait en gémis­sant qu’à force de se dépen­ser, « son frère n’a­vait plus que la peau sur les os. » 

L’ab­bé Sar­to put don­ner la mesure de sa cha­ri­té durant une épi­dé­mie de cho­lé­ra. Il pas­sait les jours et les nuits près du lit des conta­gieux, les soi­gnait, les pré­pa­rait à paraître devant Dieu, conso­lant ceux qui res­taient et dis­tri­buant aux plus misé­reux son linge et ses vêtements. 

« Mon vicaire est un saint » disait le curé ; « il ne par­tage pas son man­teau avec les mal­heu­reux, il le leur donne tout entier ! » 

On juge de la déso­la­tion des parois­siens de Tom­bo­lo quand leur vicaire fut nom­mé curé de Salzano ! 

Le nou­veau curé trans­for­ma sa paroisse. Il s’oc­cu­pait par­ti­cu­liè­re­ment des enfants. Chaque jour, il visi­tait l’é­cole. Là, par ses paroles, les exemples qu’il don­nait, il cher­chait à éveiller dans le cœur des petits un grand amour pour le pro­chain. À tous il répé­tait : « que la cha­ri­té seule pou­vait sau­ver le monde. » 

Quant aux malades, aux pauvres, à force de leur venir en aide, le bon curé Sar­to finit par mettre en gage, au mont-de-pié­té, tout ce qu’il possédait…

L’évêque de Mantoue

Un si grand mérite ne pou­vait man­quer d’être remarqué. 

En appre­nant que le Pape Léon XIII le nom­mait évêque de Man­toue, l’humble Joseph Sar­to pâlit, se cou­vrit le visage de ses mains et se prit à pleu­rer comme un enfant. 

Il fal­lut bien se rési­gner à la charge. 

Mgr Sar­to, revê­tu de son cos­tume vio­let, vint visi­ter sa bonne mère : « Tenez, maman », dit-il, « voyez le bel anneau dont on m’a fait présent. » 

La bonne vieille sou­rit en regar­dant la bague où brillait une pierre pré­cieuse. Puis, mon­trant à son doigt ridé l’humble anneau de mariage qu’elle ne quit­tait jamais : « Hé, mon fils, sans celui-ci, sans ce mince cercle d’argent, tu n’au­rais pas eu celui-là, vois-tu ! » 

Deux larmes de joie tom­bèrent sur l’al­liance que l’é­vêque tout ému por­ta à ses lèvres.

À l’é­vê­ché de Man­toue, Mgr Sar­to conti­nua de vivre avec la même simplicité. 

Maman Sarto est heureuse de voir son fils, Joseph Sarto, évêque de Mantoue
La bonne vieille sou­rit en regar­dant la bague.

Un jour, une de ses sœurs qui s’oc­cu­pait de la cui­sine, entre toute agi­tée dans le bureau de l’é­vêque, et lui annonce que l’on a volé le pot-au-feu des­ti­né au souper. 

— « Que vou­lez-vous, ma bonne sœur, c’est peut-être le chat qui a fait le coup… 

— Le chat ! Le chat n’emporte pas la mar­mite, et pour­tant on me l’a volée aussi. 

— … Si vous vou­lez le savoir, c’est moi qui ai pris la marmite. 

— Vous !

— Oui, moi, il est venu un pauvre homme dont la femme est malade, elle vou­lait un bouillon, je le lui ai don­né tout préparé. » 

Il y avait beau­coup à faire dans le dio­cèse de Man­toue. Mgr Sar­to remit l’ordre, l’u­nion, la paix. Lui-même visi­tait cha­cune de ses paroisses, aidait ses prêtres, tra­vaillait avec ardeur à réveiller la foi, la pié­té de son peuple. 

Son dio­cèse, grâce à ses efforts, devint un dio­cèse modèle. 

Aus­si, le Pape qui voyait les mer­veilleux résul­tats du zèle de Mgr Sar­to, réso­lut de le faire mon­ter encore plus haut. Il le nom­ma patriarche de Venise et cardinal. 

Mar­gue­rite Sar­to était alors très vieille et infirme. Son fils vint l’embrasser, et sur son désir, revê­tit la pourpre des car­di­naux, la croix et la chaîne d’or. En voyant son Joseph éle­vé à un tel hon­neur, l’humble femme fut toute sai­sie, elle ne ces­sa plus de sup­plier Dieu d’ai­der son enfant sous un si lourd far­deau, et mou­rut peu de temps après. 

Cette mort cau­sa au car­di­nal Sar­to une immense dou­leur. Plu­sieurs jours durant, dans la petite mai­son de Riese, il pleu­ra sa chère maman, repas­sant dans son cœur toutes les leçons qu’elle lui avait données.

Puis, s’ar­ra­chant à ses sou­ve­nirs, il revint à la tâche que Dieu lui imposait. 

À Venise, sur la place Saint-Marc, le palais des­ti­né au car­di­nal était vaste et beau. Mais là comme ailleurs, Mgr Sar­to décla­ra que ses sœurs suf­fi­raient bien à tenir sa mai­son et à pré­pa­rer ses modestes repas. 

Sou­vent, à l’heure du sou­per, le car­di­nal rete­nait les prêtres venus pour le visi­ter. Il appe­lait alors sa sœur Rosa et lui disait en sou­riant : « Tu met­tras deux verres d’eau de plus dans le bouillon, il y aura un peu moins d’yeux, voi­là tout ; ces mes­sieurs dînent avec nous. » 

La mai­son, ouverte à tout le monde, fut vite connue des pauvres. 

Par­fois, le car­di­nal par­cou­rait Venise dans la belle gon­dole qu’on lui avait offerte. Mais plus sou­vent seul, en sou­tane noire comme un simple prêtre, il allait par les étroites ruelles, arrê­tant et bénis­sant les enfants, cau­sant avec leurs mères, s’in­té­res­sant aux plus misé­rables, visi­tant les hôpi­taux et les pri­sons. D’humbles femmes qui le voyaient pas­ser lui envoyait des sou­haits de béné­dic­tion : « Bénie soit aus­si sa maman ! » criaient-elles. 

Tout son peuple, dont il était la pro­vi­dence et l’a­mi, l’ai­mait et s’at­ta­chait à ses pas. 

Les Véni­tiens se réjouis­saient chaque fois qu’ils voyaient leur car­di­nal mon­ter en chaire. 

Éner­gique pour repous­ser le mal et l’er­reur, Mgr Sar­to ne ces­sait d’ins­truire et de tour­ner vers Dieu les âmes qui lui étaient confiées. 

Lorsque Léon XIII mou­rut, le car­di­nal Sar­to dut se rendre à Rome pour prendre part à l’é­lec­tion du nou­veau pape. Le jour de son départ, sur son pas­sage, les quais de Venise étaient noirs d’une foule qui l’ac­cla­mait avec enthou­siasme. : « Bénis­sez-nous une fois encore… ! » criait le peuple. « Reve­nez ! Revenez ! »

Le Pape Pie X

Quelques jours plus tard, Mgr Sar­to, enfer­mé dans le Vati­can avec les car­di­naux du monde entier, priait Dieu de don­ner un pape à l’Église. 

Quand le car­di­nal Sar­to apprit que les voix se por­taient sur lui, et enfin qu’il était élu, il défaillit d’é­mo­tion et de douleur. 

— « Que ce calice s’é­loigne de moi ! dit-il, cepen­dant que la volon­té de Dieu soit faite ! » 

On demande au nou­veau pape com­ment il veut être appelé ? 

— « Puisque je dois souf­frir, je prends le nom de ceux qui ont souf­fert, je me nom­me­rai Pie. »

« Quelle croix vous m’im­po­sez ! » ne ces­sait-il de répé­ter. Et on l’en­ten­dait mur­mu­rer : « Oh ! ma chère mère, ma mère bien aimée !… » 

À l’ins­tant où Pie X, revê­tu de la sou­tane blanche, parut au bal­con du Vati­can pour bénir la foule qui s’é­cra­sait sur la place Saint-Pierre, des applau­dis­se­ments fré­né­tiques écla­tèrent : « Vive le Pape ! Vive Pie X ! » 

La devise du nou­veau pape : « Tout res­tau­rer tout dans le Christ »[1], résume son pontificat. 

Appuyé sur Dieu seul, il se mit à la tâche avec une foi ardente, une immense charité. 

Pla­cé à la tête de l’É­glise, Joseph Sar­to, deve­nu Pie X, res­ta tou­jours simple et modeste. Son regard encore plus pro­fond et plus doux, se voi­lait par­fois de tris­tesse à la pen­sée de tous les maux qui sont sur la terre. 

Une grande majes­té l’en­ve­lop­pait. Avec un cou­rage intré­pide, il ne ces­sait de lut­ter contre le mal et les dan­gers de toutes sortes qui mena­çaient les âmes. 

Par­mi les grands actes du règne de Pie X, il en est un qui fait vrai­ment de lui le Pape des petits enfants.

Pie X, après avoir encou­ra­gé tous les fidèles à rece­voir plus sou­vent Notre-Sei­gneur pré­sent dans la sainte Hos­tie, songe aux enfants, qui, eux, n’ont pas ce bon­heur avant 11, 12, et même par­fois 14 ans, l’u­sage ne leur per­met­tant pas alors de com­mu­nier plus tôt. 

Pour­quoi pri­ver les plus inno­cents de s’ap­pro­cher de Jésus ?

À ces petits, le Pape dit : « Venez à Lui, dès que vous serez en âge de le com­prendre et de l’ai­mer. »

Et il rap­pelle l’an­tique pra­tique de l’É­glise, d’a­près laquelle l’âge de la pre­mière com­mu­nion est l’âge de rai­son, c’est-à-dire envi­ron sept ans, un peu plus tôt, un peu plus tard, selon la connais­sance de l’en­fant et ses dispositions. 

« Lais­sez venir les petits enfants et ne les empê­chez pas de s’as­seoir à la Table Sainte », ajoute Pie X. « Il convient que le pain des anges soit man­gé par ces petits anges mortels. » 

En avril 1912, arri­vait à Rome un pèle­ri­nage « tel que jamais on n’en avait vu ». 

Quatre cents petits enfants de France venaient remer­cier le Pape de leur avoir per­mis de rece­voir Jésus. Ils avaient 7, 8, 9 ans, tous ces enfants conduits par leurs mamans ou leurs institutrices. 

Le Pape encou­ra­gea ces chers petits à fré­quen­ter encore long­temps le caté­chisme, à com­mu­nier sou­vent. Il leur sou­hai­ta « d’être trans­for­més en apôtres de la gloire de Dieu » et les bénit avec toute la ten­dresse de son cœur. 

Les enfants, enchan­tés de l’ac­cueil du Saint-Père, quit­tèrent le Vati­can en se retour­nant sans cesse. Ils agi­taient la main en criant : « Vive notre bon Pape ! Nous revien­drons vous voir ! » 

« Il y aura des saints par­mi les enfants », avait pré­dit Pie X, qui savait que Jésus, en venant tôt et sou­vent dans ces âmes toutes blanches, y impri­me­rait son image. 

Le Pape comp­tait aus­si sur leurs prières inno­centes pour obte­nir de Dieu des grâces de conversion. 

À tous, petits et grands, Pie X ne ces­sait de recom­man­der la prière, le recours à Marie et il déclarait : 

« Si vous vou­lez que la paix règne dans vos familles et dans votre Patrie, réci­tez tous les jours le cha­pe­let avec les vôtres. »

Pie X et la France

Pie X qui aimait tant la France, souf­frait pro­fon­dé­ment de voir son Gou­ver­ne­ment faire la guerre à la religion. 

Mgr Bis­let­ti vit le Pape en extase

Le 29 novembre 1911, Pie X pas­sa de longues heures à genoux, en prière. Mgr Biset­ti, entrou­vrant la porte, vit le Pape en extase et, tout ému, se reti­ra. Un moment après, Pie X reve­nu à lui, mais le visage encore trans­fi­gu­ré, lui disait : « Oh ! que la Sainte Vierge est bonne ! Elle vient de me conso­ler gran­de­ment, en me don­nant l’as­su­rance que la France serait sauvée ! » 

C’est alors que le Saint-Père adres­sa aux car­di­naux fran­çais les paroles qui nous res­tent comme une espé­rance et doivent être pour les enfants un puis­sant encou­ra­ge­ment à la prière :

« … Que vous dirai-je, main­te­nant, à vous, chers Fils de France, qui gémis­sez sous le poids de la per­sé­cu­tion ? Le peuple qui a fait alliance avec Dieu aux fonts bap­tis­maux de Reims, se repen­ti­ra et retour­ne­ra à sa pre­mière vocation. 

« Les mérites de tant de ses fils qui prêchent la véri­té de l’É­van­gile dans le monde presque entier et dont beau­coup l’ont scel­lé de leur sang, les prières de tant de saints, et par des­sus tout, les vagis­se­ments de tant de petits enfants qui, devant les taber­nacles, répandent leur âme dans les expres­sions que Dieu même met sur leurs lèvres, appel­le­ront cer­tai­ne­ment, sur cette nation, les misé­ri­cordes divines.

« Les fautes ne res­te­ront pas impu­nies, mais elle ne péri­ra pas la Fille de tant de mérites, de tant de sou­pirs et de tant de larmes. ! » 

À mesure que les années pas­saient, les ver­tus, la cha­ri­té de Pie X ne ces­saient de gran­dir. On attri­buait à ses prières des grâces, de mer­veilleuses gué­ri­sons que son humi­li­té ne par­ve­nait pas à cacher. 

Pie X, éclai­ré de Dieu, avait pré­vu et pré­dit les bou­le­ver­se­ments du monde qui s’ap­pro­chaient : « Elle vient, répé­tait-il, la grande guerre : 1914 ne pas­se­ra pas avant qu’elle n’éclate. » 

Il fit tout pour détour­ner cette catas­trophe. Puis quand la guerre fut décla­rée, on enten­dit plu­sieurs fois le Pape péné­tré de dou­leur qui mur­mu­rait : « Je don­ne­rai volon­tiers ma vie pour conju­rer cet hor­rible fléau. » 

Son grand cœur ne put sup­por­ter de voir cou­ler tant de sang. Pie X, bri­sé par le cha­grin, mou­rut sain­te­ment le 20 août 1914.


Depuis la mort de Pie X, les grâces, les miracles obte­nus par son inter­ces­sion, vinrent prou­ver sa grande puis­sance près de Dieu.

À la fin de l’An­née Sainte, le Pape Pie XII signait le Décret qui pla­çait Pie X par­mi les saints et nous per­met­tait de dire avec confiance : « Bien­heu­reux Pie X, priez-pour nous ! »[2]

J. M.

Le Pape Saint Pie X, le pape de la communion des enfants

Per­mis d’imprimer. 

Ver­dun, le 2 Février 1951.

Max. HUARD, vic. gén.


  1. [1] « Omnia ins­tau­rare in Chris­to »
  2. [2] Le 29 mai 1954, trois ans après la paru­tion de ce livret, Saint Pie X fut cano­ni­sé par le pape Pie XII

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