La montre du Pape

Auteur : Hunermann, Père Guillaume | Ouvrage : Les Tables de Moïse .

Temps de lec­ture : 5 minutes

Vie de Saint Pie X pour les enfantsLe pape Pie X eut la visite, un jour, d’un très riche Amé­ri­cain, qui comp­tait ses mil­lions comme d’autres leurs écus. Au cours de la conver­sa­tion, le Pape tira sa montre pour voir l’heure.

« Quelle piètre montre avez-vous là, Saint Père », s’é­ton­na le mil­lion­naire. « Elle n’est pas digne d’un pape. »

La montre en ques­tion était vrai­ment quelque chose de gros­sier, en nickel et de forme démo­dée. « En Amé­rique on pour­rait cer­tai­ne­ment ache­ter une montre de ce genre pour un dol­lar », dit le visi­teur, avec un sou­rire. En même temps, il tirait de son gous­set une lourde montre en or ornée de dia­mants. « Celle-ci a coû­té mille dol­lars. » Le mil­lion­naire pres­sa sur un petit bou­ton en perle fine, et l’heure sonna.

« C’est réel­le­ment une montre remar­quable », approu­va le pape.

« Eh ! bien », pro­po­sa le mil­lion­naire. « J’ai­me­rais tant un sou­ve­nir de Votre Sain­te­té ; don­nez-moi votre montre en nickel si bon mar­ché. Je vous lais­se­rai la mienne en échange qui vaut mille dol­lars. Il me semble que c’est un échange que vous ne pou­vez qu’agréer. »

Mais le pape hocha la tête et répon­dit : « Non, cher Mon­sieur, ce serait un mau­vais échange ; ma montre est infi­ni­ment plus pré­cieuse que la vôtre. »

Histoire pour l'aumônerie - Montre Gousset OrÉton­né, le visi­teur ne put s’empêcher d’en deman­der la raison.

« Je vais vous le dire », répli­qua le pape, avec un léger sou­rire. « Mes parents étaient des gens très pauvres. Mon père était fac­teur rural et gagnait à peine de quoi nous nour­rir, tout en exer­çant un dur métier qui l’o­bli­geait à de longues ran­don­nées quo­ti­diennes. Pour­tant, nous étions contents de peu et vivions heu­reux dans notre pauvre chau­mière. Un jour, alors que j’é­tais encore un tout petit gar­çon, mon père tom­ba gra­ve­ment malade et mou­rut. A par­tir de ce moment-là com­men­ça seule­ment la vraie misère. Ma pauvre dut aller faire des les­sives et des ménages, tra­vaillant et pei­nant jus­qu’à l’ex­trême pour gagner le pain quo­ti­dien de ses enfants. »

Le Saint Père médi­ta un moment en silence, et il se pas­sa un bon moment avant qu’il ne reprenne : « Nous autres gar­çons, nous devions aider à éco­no­mi­ser dans toute la mesure du pos­sible. Nous fai­sions la longue route de l’é­cole pieds nus, por­tant nos chaus­sures en ban­dou­lière par les lacets pour ne pas les user trop vite. Un peu avant d’ar­ri­ver à l’é­cole, nous les remet­tions aux pieds. A la mai­son, nous cher­chions de l’herbe pour notre unique chèvre aimée de nous tous et qui repré­sen­tait toute notre for­tune puis­qu’elle nous four­nis­sait le lait. A 13 ans, je m’ap­pro­chai pour la pre­mière fois de la table du Sei­gneur. Oh ! comme avait dû pei­ner afin que nous puis­sions célé­brer une petite fête. Au sor­tir de l’é­glise, elle me dit : « Mon enfant, tu connais notre pau­vre­té depuis la mort de papa. Et pour­tant je tiens à te don­ner un petit sou­ve­nir en ce grand jour, où tu as reçu le Sei­gneur pour la pre­mière fois. » En disant ces mots, elle tira d’un petit fou­lard de soie Catéchèse des enfants - Saint Pie X - Montre Gousset simplecette très pauvre montre en nickel, et moi j’é­tais heu­reux comme si elle m’a­vait don­né toute la for­tune du monde. Je me jetai à son cou et l’embrassai de joie et de recon­nais­sance. Comme maman avait dû tra­vailler dur pour pou­voir m’of­frir ce petit cadeau. Depuis, j’ai gar­dé cette montre comme une relique, et je ne vou­drais pas m’en sépa­rer jus­qu’à mon der­nier jour. En retour, elle m’a récom­pen­sé de la fidé­li­té que je lui porte. Je n’ai jamais été obli­gé de la por­ter à un hor­lo­ger parce qu’elle a tou­jours, au cours des années, accom­pli conscien­cieu­se­ment son ser­vice. Com­pre­nez-vous, à pré­sent, pour­quoi elle est plus pré­cieuse à mes yeux que la montre la plus chère du monde ? »

« Oui, je com­prends », acquies­ça le mil­lion­naire en hochant la tête. Et, confus, il remit sa montre en or dans son gous­set. « Comme votre mère était heu­reuse d’a­voir un fils aus­si reconnaissant. »

« Et quel bon­heur donc pour un fils d’a­voir une mère si bonne et si cou­ra­geuse », dit le pape tout en remet­tant soi­gneu­se­ment sa montre dans sa poche.

Père Guillaume Hunermann

Ressources pour la catéchèse sur internet - Tombeau de Saint Pie X

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