(Conte dâĂpiphanie)
Un cheÂmin qui monte, monte roide entre de hauts talus couÂronÂnĂ©s de genĂȘts et dâaÂjoncs, un cheÂmin tout au plus bon pour les mules, câest le cheÂmin de GrĂ©ÂneÂfol : un vrai cheÂmin du paraÂdis, qui monte, monte, avec le ciel au bout.
Il va tout dâun Ă©lan de la borde de GrĂ©ÂneÂfol Ă lâĂ©Âglise de FigueÂblanche, tout droit, sans le moindre caprice dâĂ©Âcole buisÂsonÂniĂšre, sans le plus innoÂcent jeu de cligne-musette Ă traÂvers champs. Câest tout au plus sâil se perÂmet de loin en loin un cloche-pied.
La borde est au creux de la combe, petit capuÂchon bleu poinÂtant dans un manÂteau de bois. Le cloÂcher de lâĂ©Âglise, tout en haut de la cĂŽte, jette Ă tous vents le son de ses cloches en plein ciel, et du matin au soir surÂveille la ronde de son ombre tourÂnante sur la pousÂsiÂnĂ©e de maiÂsons qui est autour.
Et donc, monÂtant roide de la borde Ă lâĂ©Âglise Ă vous rompre lâhaÂleine, desÂcenÂdant folÂleÂment de lâĂ©Âglise Ă la borde Ă vous rompre le cou, voiÂlĂ le cheÂmin de GrĂ©ÂneÂfol, oĂč seuls frĂ©Âquentent, avec les mules du mouÂlin escorÂtĂ©es dâun PierÂrot sifÂfleur et fanÂfaÂron, quelques petits du catĂ©chisme.
Le PierÂrot peut Ă peine, tant la chausÂsĂ©e en est Ă©troite, y faire claÂquer son fouet Ă deux mĂšches, et encore Ă petite volĂ©e ; les gars du catĂ©Âchisme, petites jambes et courtes haleines, mĂȘme lâhiÂver si froid quâil fasse, ne le grimpent quâen soufflant.
Un vrai cheÂmin du paradis !
*









