Le Noël de celui qui n’est pas venu

Auteur : Noël, Marie | Ouvrage : Autres textes .

Temps de lec­ture : 6 minutes

La veille de , la vieille Mère Rachel se pré­pa­ra comme tous les ans à conduire tous ses fils à la Crèche. Elle appe­la ses trois fils pré­fé­rés : Simon, celui qui tra­vaillait la terre ; Lazare l’ou­vrier for­ge­ron ; et André, celui qui allait encore à l’école.

Elle avait aus­si un autre fils, né d’un autre lit. C’é­tait un homme qui avait énor­mé­ment tra­vaillé et beau­coup épar­gné pour aider sa mère Rachel à éle­ver ses trois petits frères. Il avait aus­si recons­truit et entre­te­nu de ses deniers la mai­son fami­liale et il conti­nuait tou­jours à don­ner géné­reu­se­ment. Pour­tant, ses frères ne l’ai­maient pas. Ils lui enviaient ses capa­ci­tés à faire le bien ; ils en étaient jaloux. Aus­si le tenaient-ils à l’é­cart et n’hé­si­taient pas à le railler quand ils le croi­saient en chemin.

* * *

En cette veille de Noël, Rachel frap­pa à sa porte.

« Jean dit-elle, je pars tout à l’heure ado­rer le Sei­gneur Jésus. Mais la route est un peu longue jus­qu’à Beth­léem et je n’ai pas assez de vivres. Peux-tu me don­ner des provisions ? »

« Voi­ci mes clés, répon­dit Jean, celle du gre­nier, celle du cel­lier, celle de la cave. Prends tout ce qu’il te faut et même plus. Mes frères ne doivent man­quer de rien pour ce beau voyage qui sera une grande fête ! »

Récit : générosité à Noël et accueil de Jésus

Sa mère prit les pro­vi­sions et s’en fut mais aus­si­tôt elle revint…

« Le man­teau de ton frère Simon est râpé, il aura froid en route, donne-moi un vête­ment pour lui. »

« Prends mon man­teau, ce sera pour moi une grande joie de savoir mon man­teau aller à Beth­léem sur les épaules de mon frère ! »

Mère Rachel prit le man­teau mais revint encore.

« Les sou­liers de ton frère Lazare ont de bien mau­vaises semelles. Tu ferais bien de m’en don­ner une paire pour lui. Tu en as une de rechange et il fait ta pointure. »

« Prends mes sou­liers du dimanche, ce sera une grande joie pour moi de savoir mes sou­liers neufs aller à Beth­léem aux pieds de mon frère ! »

Mère Rachel s’en fut avec les beaux sou­liers et le bruit du départ s’é­le­va dans la cour. Alors, Jean parut timi­de­ment sur le seuil.

« Mère Rachel, dit-il, ne m’emmènerais-tu pas avec vous pour ado­rer l’en­fant Jésus à la Crèche ? »

Mais aus­si­tôt les frères s’indignèrent :

« Tu es trop vieux pour nous suivre, tu nous retar­de­rais en plus tu n’es pas vrai­ment de la famille. Et puis, tu es riche et Dieu n’aime pas la richesse. »

Cadeau pour Jésus Enfant-Dieu bague or

Jean reti­ra de son doigt un petit anneau d’or :

« Tiens, dit il à son frère André, prends mon anneau, tu le remet­tras en cadeau de fête à notre Petit Seigneur. »

« Non, répon­dit André, ton or ne vaut rien devant Lui. »

« C’est vrai, dit hum­ble­ment Jean. Alors, porte mon cœur à Jésus pour qu’Il me fasse miséricorde. »

Les frères se moquèrent de lui….

Jean bais­sa la tête parce qu’il se sen­tait reje­té de la grâce de Noël.

* * *

La Mère Rachel par­tit avec ses fils pré­fé­rés. Quand ils arri­vèrent à Beth­léem, ce fut une grande fête à la Crèche. Mère Marie et Mère Rachel étaient si contentes de se revoir ! C’est qu’elles se connais­saient de longue date ! Rachel pré­sen­ta ses garçons :

« Les voi­ci, dit la vieille mère. Celui qui a la fau­cille, c’est Simon ; celui qui le mar­teau, c’est Lazare ; celui qui n’a qu’un livre, c’est André. N’est-ce pas qu’ils sont jeunes et forts et plein de courage ! »

« Ne manque-t-il pas quel­qu’un ? » deman­da Marie.

« Per­sonne ! » dit André

« Seule­ment le riche ! » pour­sui­vit Lazare.

« Rien que le vieux ! » expli­qua Simon.

« De si haut où je demeure, je ne connais les humains que par leur nom d’hu­main. Et je connais Jean, âme de bonne volon­té. Mais pour­quoi n’est-il pas venu ? » ques­tion­na Marie.….

Conte de Noël - Francesco Solimena - Adoration des bergers

La ques­tion de Marie res­ta sans réponse ; alors, elle se tour­na vers Jésus et murmura :

« Ah ! Petite bouche de Dieu, jus­qu’à pré­sent tu n’as guère par­lé qu’à des sourds et tu par­le­ras, j’en ai peur, à bien des sourds encore. »

Puis, elle l’as­sit sur ses genoux pour rece­voir selon l’u­sage les offrandes. Les trois fils se pros­ter­nèrent et offrirent leurs pré­sents : une fau­cille pour Simon et sa peine des quatre sai­sons ; un mar­teau pour Lazare et sa fatigue de toute la semaine ; un livre pour André et l’es­poir de l’é­ta­blis­se­ment d’une cité plus juste en détrui­sant les cités injustes.

Le regard de Jésus sem­blait triste.

* * *

Alors, Mère Rachel prit l’an­neau qu’elle avait caché près de son cœur sous son vête­ment. Elle dépo­sa aus­si le bon man­teau qu’a­vait por­té Simon, les chaus­sures qui avaient ser­vi à Lazare et une part de pro­vi­sions. L’an­neau lui­sait d’une grande lueur et le Petit Sei­gneur riait, ten­dant les mains à sa lumière comme un enfant s’a­muse avec une belle flamme de feu.

Marie dit dou­ce­ment : « Je te remer­cie, Mère Rachel et je remer­cie tes fils d’a­voir appor­té au mien des pré­sents d’un tel amour. Car, en véri­té, on sent plus d’a­mour dans un seul de ces vête­ments que dans le tra­vail de toute une vie. À l’an pro­chain, Mère Rachel. Retour­nez à la mai­son et allez dire à Jean : « Celui qui a été béni à la Crèche, c’est celui qui n’est pas venu. »

Sou­ve­nez-vous, que sert à l’homme de perdre l’Amour ?

de Marie Noël

Coloriage de Noël - Jesus et adoration des bergers

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