Catégorie : <span>Autres textes</span>

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Temps de lec­ture : 4 minutes

Un sourire qui vaut de l’or.
Conte de .

Il était une fois un vieux qui aimait la nuit, son silence, son ciel par­se­mé d’é­toiles. Ces étoiles, il les connais­sait par leur nom. En les regar­dant, il disait sou­vent à son petit fils :

— Il va venir.

— Quand vien­dra-t-il ? deman­dait l’enfant.

— Bien­tôt !

Les autres ber­gers riaient.

— Bien­tôt !… Tu répètes cela depuis des années ! » Mais le vieux ber­ger ne les écou­tait pas.

Une seule chose l’in­quié­tait, son petit-fils aus­si com­men­çait à dou­ter. Et quand lui ne serait plus là, qui donc redi­rait aux plus jeunes ce que les pro­phètes avaient annon­cé depuis tou­jours ? Ah ! S’il pou­vait venir bien­tôt ! Son cœur était tout rem­pli de cette attente.

* * *

Noel - Vieux berger parlant de la venue du messie à son fils— Por­te­ra-t-il une cou­ronne en or ? deman­da sou­dain le petit-fils ?

— Oui ! Certainement.

— Et une épée d’argent ?

— Pour sûr !

— Et un man­teau de pourpre ?

— Peut-être.

Et le petit-fils sem­blait heureux.

Assis sur un rocher, le gar­çon jouait de la . Le vieux ber­ger écou­tait atten­ti­ve­ment la mélo­die simple et pure : l’en­fant s’exer­çait jour après jour, matin et soir pour être prêt quand le roi viendrait.

Auteur : André-Delastre, Louise | Ouvrage : Autres textes .

Temps de lec­ture : 7 minutes

Par­mi les fêtes chré­tiennes, avait toutes les pré­fé­rences de saint Fran­çois [d’As­sise] (il n’est pas le seul) ! Ce jour, qui nous a don­né le Sau­veur, ne pou­vait à ses yeux appor­ter assez de joie aux créa­tures, même à leur corps, ce « Frère Âne » qu’il trai­tait si mal d’or­di­naire. Une année que Noël tom­bait un ven­dre­di, les frères déli­bé­raient pour savoir si l’on ferait maigre ce jour-là. Fran­çois pro­teste : « Ne par­lez pas de ven­dre­di ni de maigre [1] un jour pareil, le jour où l’En­fant-Dieu est né. Je vou­drais qu’en ce jour les murs mêmes puissent man­ger de la viande, ou du moins qu’on les frotte de graisse puis­qu’ils ne peuvent manger ».

Il deman­dait aux riches de réga­ler les pauvres en l’hon­neur de la fête et de don­ner aux bœufs et aux ânes, com­pa­gnons de Jésus dans l’é­table, double ration d’a­voine et de foin. — « Si je connais­sais l’Em­pe­reur, disait-il encore, je le sup­plie­rais de faire une loi ordon­nant de semer du grain sur les routes pour le régal des petits oiseaux, et sur­tout de nos sœurs les Alouettes. » Ces alouettes, qui montent si haut dans le ciel en chan­tant, devaient lui rap­pe­ler les anges de Bethléem.

Bref, notre saint aimait tant Noël que, trois ans avant sa mort, lui vint à ce sujet une belle idée. Il fait appe­ler Mes­sire Jean, noble riche, ins­truit et chré­tien plus fervent encore. — « Rends-toi à Grec­cio si tu le veux bien, lui dit-il ; nous y célé­bre­rons la pro­chaine fête du Sei­gneur. Pars dès main­te­nant et occupe-toi des pré­pa­ra­tifs que je vais t’indiquer… »

Ici, nous ne tra­hi­rons pas le secret que, lon­gue­ment, Fran­çois confie à l’o­reille de Jean. Celui-ci accepte aus­si­tôt et se met en route.

La grande Nuit arrive. On a convo­qué les Frères de plu­sieurs cou­vents des envi­rons et le peuple se presse, nom­breux, avec des torches et des cierges. Tous sont fort intri­gués : il y aura une sur­prise, paraît-il. Le lieu, déjà, étonne. Une messe de minuit en plein bois, dans une grotte, une cabane ? Un frère ras­sure les scru­pu­leux : la per­mis­sion de dres­ser cet « autel por­ta­tif » — comme nous dirions — a été obte­nue de Rome. Elle était alors très rare­ment don­née, mais le Pape véné­rait beau­coup Frère François.

  1. [1] Faire maigre est se pri­ver de viande, par péni­tence, le ven­dre­di et cer­tains jours de l’Avent et du Cueille ou les veilles de grandes fêtes. L’É­glise a adou­ci ce com­man­de­ment, mais beau­coup de fidèles conti­nuent à l’ob­ser­ver ; c’est tout de même une bien petite pri­va­tion !
Auteur : Lenotre, G. | Ouvrage : Autres textes .

Temps de lec­ture : 24 minutes
Légende de Noël sous la Révolution - G. Lenôtre
C’é­tait une grande .

Aus­si loin que se reportent dans le pas­sé mes sou­ve­nirs, je revois la vieille mar­quise de Fla­vi­gny, sou­riante et sereine, habi­tuel­le­ment assise dans une antique ber­gère gar­nie de velours cou­leur de pêche, sur lequel se déta­chaient ses che­veux gris et ses grands bon­nets de den­telle ornés de nœuds tremblants.

Près d’elle se tenait, presque sans cesse, sur une chaise basse, une femme du même âge, sou­riante aus­si, le visage calme et apai­sé. On appe­lait celle-ci « made­moi­selle Odile ». Ce n’é­tait pas une ser­vante ; une grande fami­lia­ri­té sem­blait unir les deux vieilles dames qui, tout en tri­co­tant des jupons de laine bleue à grosses mailles qu’elles dis­tri­buaient aux pauvres, le jeu­di matin, avec une miche de pain et cinq pièces de deux liards, échan­geaient à voix basse, d’un air de cama­ra­de­rie, presque de com­pli­ci­té, d’in­ter­mi­nables confi­dences. À cer­tains jours, jours de grands ran­ge­ments, quand le tri­cot chô­mait, les deux amies entre­pre­naient la visite de leurs armoires, immenses bahuts de chêne ver­ni à longues pom­melles de cuivre, avec des entrées de ser­rures, étroites et hautes, décou­pées en ara­besques ; elles ouvraient des boîtes, enru­ban­naient le linge, éten­daient sur les rayons de beaux nap­pe­rons bro­dés, épous­se­taient, frot­taient toute la jour­née. Nous étions là une bande d’en­fants admis à ce spec­tacle salu­taire, à condi­tion de ne tou­cher à rien.

Au fond d’une de ces mys­té­rieuses armoires, comme en un sanc­tuaire, repo­sait, debout dans une boîte de verre, un objet pour lequel les deux dames sem­blaient avoir une sorte de véné­ra­tion. C’é­tait une grande pou­pée vêtue, à l’an­cienne mode, d’une robe de soie éli­mée ; les années l’a­vaient faite presque chauve ; son nez était cas­sé, ses mains et son visage étaient écaillés et déver­nis, et je me rap­pelle qu’elle n’a­vait plus qu’un sou­lier, un vieux sou­lier de maro­quin tout cra­que­lé, avec une boucle d’argent noir­ci et un haut talon qui avait été rouge.

Quand elles en arri­vaient à cet impo­sant bibe­lot, la mar­quise et Mlle Odile le dépla­çaient avec des ména­ge­ments d’en­fant de chœur maniant un reli­quaire : elles en par­laient à voix crain­tive, en phrases courtes :

« ELLE a encore per­du des che­veux… Son jupon est main­te­nant tout usé… Voi­là un doigt qui tom­be­ra bientôt. »

On sou­le­vait avec mille pré­cau­tions le cou­vercle de verre, on rajeu­nis­sait le poivre, on défri­pait la jupe à petits coups d’ongle très pru­dents. Puis on remet­tait la pou­pée en place, debout sur le plus beau rayon, comme sur un autel.

« Tient-elle bien, ma mie ? » deman­dait la mar­quise. C’est ain­si qu’elle dési­gnait Mlle Odile. Celle-ci, fami­liè­re­ment, l’ap­pe­lait « madame Solange », sans jamais lui don­ner son titre, par­lant avec une sorte d’ac­cent loin­tain d’Al­sace, sans rudesse pour­tant, et si dis­cret qu’on l’eût dit estom­pé par le temps.

Nous n’en savions pas davan­tage sur l’his­toire des deux vieilles dames et de leur pou­pée quand, un soir — c’é­tait la veille de d’une année qui est déjà bien loin — nous fûmes, d’un coup, ini­tiés à tout le mys­tère. Ce jour-là, Odile et la mar­quise avaient bavar­dé avec plus d’a­ni­ma­tion encore qu’à l’or­di­naire. Vers le soir, toutes deux s’é­taient recueillies et avaient fait silence : les mains jointes, elles se regar­daient d’un air atten­dri et l’on devi­nait qu’un com­mun sou­ve­nir leur rem­plis­sait l’âme.

Quand la nuit fut tout à fait tom­bée, Odile allu­ma les bou­gies ; puis, sor­tant de des­sous son tablier un trous­seau de clefs, elle ouvrit l’ar­moire à la pou­pée. On tira la pou­pée de sa boîte ; dans ses fal­ba­las ter­nis, avec sa tête sans che­veux, elle parais­sait bien plus vieille que les deux dames qui se la pas­saient, de main en main, avec des mou­ve­ments soi­gneux, presque tendres. La mar­quise la prit sur ses genoux, rame­na dou­ce­ment le long du corps les bras de plâtre, dont les join­tures firent entendre un vieux petit grin­ce­ment sem­blable à une plainte, et elle se mit à contem­pler la « dame » avec un sou­rire d’affection.

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Temps de lec­ture : 7 minutes

1570… Une situation de crise

Les pays d’Eu­rope, prin­ci­pa­le­ment à cause des suites de la révolte de Luther et des débuts du pro­tes­tan­tisme, se dis­putent et se jalousent. Les « Otto­mans », c’est à dire les Turcs (musul­mans), en pro­fitent pour deve­nir de plus en plus agres­sifs. Ils prennent ville après ville et port après port. Cela devient très inquiétant.

Seul le pape de ce temps-là, le pape , voit vrai­ment le dan­ger. Il sonne l’a­larme : tout l’Oc­ci­dent risque d’être enva­hi par l’Is­lam, enne­mi de la Croix et des chrétiens.

Les musulmans envahissent ChypreSeptembre 1570… L’île de Chypre presque conquise

Le sul­tan Sélim écrase la ville de Nico­sie, capi­tale de Chypre et assiège Fama­gouste, l’autre grande ville de l’île.

Pen­dant ce temps là, les ami­raux de la flotte chré­tienne se dis­putent… et cer­tains font marche arrière. Ils n’ont pas du tout le moral… et ont peur de la puis­sance meur­trière des Ottomans…

S’unir et s’organiser

Le pape réagit. Avec beau­coup de cou­rage et d’éner­gie, il mul­ti­plie les démarches auprès des gou­ver­nants. D’a­bord pour que, en tant que princes chré­tiens, ils se décident à faire face.

Seules l’Es­pagne et la Répu­blique de Venise répon­dront à l’ap­pel du pape.

Ensuite, il faut que ces deux pays acceptent de se ran­ger sous une auto­ri­té unique, sinon ce serait la pagaille dans les com­bats : fina­le­ment, avec l’ac­cord de tous, le pape nomme le fils de Charles-Quint, Don Juan, seul et unique géné­ral des armées de terre et de mer.

Décembre 1570… « Au nom du Christ, vous vaincrez »

Etendard donné par Saint Pie V à la Ligue - LépanteLa guerre est décla­rée aux Turcs pour leur reprendre « toutes les places qu’ils ont usur­pées aux chrétiens ».
Don Juan se voit remettre un magni­fique éten­dard pour l’ar­mée confédérée :

  • d’un côté, Notre-Sei­gneur en croix ;
  • de l’autre, les armes de l’É­glise entre les armes du roi d’Es­pagne et celles de Venise.

« Allez, lui dit le pape, allez, au nom du Christ, com­battre son enne­mi, vous vain­crez ».

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Temps de lec­ture : 6 minutes

Par­mi les mis­sion­naires fran­çais qui se ren­dirent au (Nou­velle France), se trouvent les Pères Jésuites Isaac Jogues (1607 – 1646), René Gou­pil (1608 – 1642) et Jean de la Lande (1620 – 1646), tous trois, prêtres, mas­sa­crés par les Iro­quois pour avoir conver­ti ces indiens sau­vages à la foi catho­lique. Ils feront par­tie des huit prêtres cano­ni­sés en 1930 par Pie XI. On dit que le sang des mar­tyrs devient une semence de chré­tiens. On ver­ra que cela fut vrai aus­si en terre américaine.

La petite sainte indienne du Canada Kateri TEKAKWITHADix ans plus tard, un lys de pure­té appar­te­nant à la nation iro­quoise, Kate­ri, deve­nue la « Pro­tec­trice du Cana­da », nais­sait à Osser­ne­non (aujourd’­hui Auries­ville) dans l’é­tat de New York en 1656. Son père est un Mohawk (Iro­quois païen), chef de son Clan. Sa mère (Kahen­ta, Fleur de la Prai­rie), est une Algon­quine, bap­ti­sée et éle­vée par des Fran­çais à Trois-Rivières. Prise par une attaque d’A­gniers, elle devien­dra la femme du chef (Ken­hon­won­kha, du Clan des Tor­tues). Elle trans­met­tra à ses deux enfants, Kate­ri et son petit frère, l’exemple d’une mère chré­tienne. Kate­ri ver­ra sa maman prier tous les jours, suivre les pré­ceptes d’une vie chré­tienne et cer­tai­ne­ment, ces pre­mières années seront très impor­tantes pour la vie future de Kateri.

À l’âge de quatre ans, Kate­ri perd sa famille (ses parents et son frère) à cause d’une épi­dé­mie de petite vérole. Elle échappe à la mort, mais gar­de­ra le visage avec des tâches de rou­geur vio­lette . C’est un oncle (Grand-Loup) et une tante qui la recueillent et vont habi­ter à Kah­na­wa­ké. Kate­ri fut bien soi­gnée. À ce moment, on lui don­na le nom de « Tekak­wi­ta » qui signi­fie en iro­quois, celle qui avance en hésitant.