C’était le soir de Noël. L’horloge du clocher venait de sonner 23 heures. Peu après, les cloches appelaient les fidèles. Le vent froid de la nuit renvoyait la joyeuse invitation à la messe, minuit à travers les ruelles du village de Moncada, par-delà les rizières et les orangeraies au loin jusqu’à la ville de Valences. Quittant, les riches, leurs châteaux et les pauvres, leurs chaumières, ces Espagnols habitués au soleil sous la bise glacée se mire en route. Rien au monde n’aurait pu les chasser de leurs logis douillets ; mais par amour de l’Enfant-Jésus, ils marchaient sans hésitation, frissonnants dans le noir. Même de petits enfants, force de volonté, bien emmitouflés dans leurs lainages, marchaient un peu somnolents, mais avec d’autant plus de mérite côté des parents, vers l’église.
Voici déjà que dans le premier banc s’agenouillait une jolie petite paysanne de cinq ans, avec sa maman. Toute animée du désir d’admirer l’Enfant-Jésus avec Marie, Joseph, les anges, crèche, les bergers, et toutes les petites lumières, elle avait pressé la famille à partir vers l’église. Brillants de bonheur, ses yeux noirs et vifs allaient d’un berger à l’autre, admiraient Marie et Joseph dans la pauvre étable installée sur l’autel latéral de gauche. Tout à coup la petite poussa sa maman et demanda :
« La crèche est vide, où est donc l’Enfant-Jésus ?
– Après la messe, monsieur le Curé l’y mettra. Alors