Temps de lecture : 13 minutes Chapitre XI Vacances de Pâques ! Qui dira ce que ces trois mots contiennent de joie ? L’hiver est passé. Les petites primevères blanches ou roses étalent leurs grosses touffes dans la mousse ; les pervenches courent à travers le lierre, sous les bois. Il y a de gros bourgeons dodus au bout des…
Étiquette : <span>Don de piété</span>
À Tipasa vivait une femme jeune encore (elle n’avait que quatorze ans), mais le glorieux martyre qu’elle y souffrit lui a donné le respect qu’entraîne la maturité de l’âge. Le courage qu’elle montra couvrit de gloire sa jeunesse, à ce point qu’elle parut née pour le martyre. Elle s’était donnée tout entière au Christ, avait foulé aux pieds toutes les séductions et tous les plaisirs de la terre, sachant qu’elle n’était pas née pour le siècle. Il faut d’ailleurs se souvenir qu’on se prépare au martyre par la pratique des vertus. La première palme à cueillir n’est-elle pas la victoire sur soi-même ? Les parents étaient païens, mais le soleil de la vérité avait lui à ses yeux, et, renonçant à tout ce que la nature pouvait lui offrir, elle s’attacha seulement à ce que lui donnait la grâce, afin de pouvoir vivre au ciel et mourir pour le Christ. Je ne parle pas de sa beauté reconnue de tous. Ceci après tout n’est pas motif à louanges ; car, dans les choses divines, ce n’est pas la beauté corporelle qui importe, mais la beauté morale.
À cette époque, la superstition païenne était commune, rare la foi ; elle n’en était que plus vive. Pour échapper aux trahisons perfides et ténébreuses, elle se cachait opprimée et brillait modeste dans quelques âmes. Un temple s’élevait sur une colline de rochers dominant la ville et baignant dans les flots sa base rocheuse.
Ce lieu avait été consacré dès les temps les plus reculés du culte aux faux dieux, et pour ce motif, on lui avait donné le nom de colline des Temples. Entre tous les édicules élevés aux démons, que la vieillesse faisait tomber en ruines, on en distinguait un qui renfermait un dragon d’airain. La tête en était dorée et les yeux brillants comme des éclairs. C’est le démon qu’on adorait dans ce dragon ; c’est à lui qu’on offrait des libations et des sacrifices. Heureusement ce lieu a changé de destination.
Depuis le temple des idoles a été remplacé par une synagogue juive, et un changement encore meilleur l’a fait passer au Christ ; et dès lors, dans ce lieu où avaient régné les sacrilèges, s’élève une église triomphale en l’honneur de notre Dieu.
Un jour vint où les malheureux parents de cette martyre vénérable se réunirent à d’autres personnes pour vaquer à leur culte sacrilège.
Ils emmenèrent avec eux leur fille,