Le conte des trois Mages et des trois vertus

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Temps de lec­ture : 5 minutes

Foi, espérance et charité.

Ange de l'Épiphanie, parlant aux rois magesComme chaque année, les trois Mages, Gas­pard, Bal­tha­zar et Mel­chior, gui­dés par l’étoile d’Orient qui flam­bait, plus que jamais, dans la nuit de nos temps, se diri­geaient avec la même fer­veur vers la crèche de l’Enfant Roi pour lui offrir leurs tra­di­tion­nels pré­sents – de l’or, de l’encens et de la myrrhe – lorsque, contre toute habi­tude, un ange leur appa­rut en che­min pour leur annon­cer que cette fois-ci l’Enfant dési­rait d’autres cadeaux qui ne lui soient pas des­ti­nés à lui, mais aux visi­teurs de sa crèche.

Les mages furent aus­si sur­pris que trou­blés et inter­ro­gèrent l’Envoyé :

Gas­pard — Com­ment ? D’autres cadeaux ? Et pas à LUI ? Pour­quoi ? Il n’apprécie plus nos cadeaux ? Il s’est las­sé de nous ?

L’ange — Non, non, pas du tout, au contraire, mais il s’est peut-être las­sé des mêmes cadeaux. De plus, il n’en veut pas pour Lui. Il est venu pour don­ner et se don­ner, pas pour recevoir.

Bal­tha­zar — Mais quels autres cadeaux offrir ? Et à des visi­teurs ? Nous sommes déjà en route et nous allons presque arri­ver à Beth­léem ! Nous ne pou­vons pas rebrous­ser che­min, retour­ner en ville pour en cher­cher d’autres !

L’ange — Je sais, mais vous pour­riez pen­ser à des cadeaux imma­té­riels, que vous por­tez déjà en vous. C’est à vous de vous concer­ter et de les trou­ver. Je n’en dirai pas plus.

Et l’ange dis­pa­rut. Les Rois mages, encore sous le choc, échan­gèrent leurs émo­tions avant de se cal­mer pour échan­ger des idées :

Gas­pard — Mel­chior, tu as une idée ? Tu viens d’Europe, tu dois avoir plein d’idées !

Mel­chior — Mal­heu­reu­se­ment, ma région est cette année à court d’idées et aux prises avec des idéo­lo­gies. Mais nous gar­dons espoir…

Bal­tha­zar — Moi, je viens d’une région pauvre d’Afrique où nous avons plus besoin de res­sources que d’idées. La cha­ri­té manque.

Gas­pard — Moi, mon Asie natale est deve­nue une pépi­nière de croyances où cha­cun a son idée de Dieu. On ne s’en sort plus. Il faut s’armer de la vraie foi… Mais nous n’en sommes pas plus avan­cés, dans cet échange, pour trou­ver l’idée…

Mel­chior — Tiens, tiens…Tu viens de sor­tir une idée !

Gas­pard — Laquelle ?

Mel­chior — Tu as men­tion­né la foi… la vraie.

Gas­pard — C’est vrai, et Bal­tha­zar a men­tion­né la charité !

Bal­tha­zar — Et toi, Mel­chior, tu as men­tion­né l’espoir ! Ça ne vous rap­pelle pas quelque chose ?

Et les trois s’exclamèrent en chœur :

– Les trois ver­tus théologales !

Foi, Espérance, Charité !

Schnorr von Carolsfeld - Foi, Espérance et Charité - les trois vertus théologales

Bal­tha­zar — Très bien ! Nous irons offrir ces pré­sents aux visi­teurs de la crèche, cette fois-ci, comme le veut l’Enfant. Moi je prends la Cha­ri­té, et toi Gaspard…

Mel­chior — Non, moi je veux la Cha­ri­té ! Toi, prends l’Espérance…

Gas­pard — Toutes les trois sont aus­si pré­cieuses aux yeux du Sei­gneur, et puis nous n’allons pas faire comme cer­tains visi­teurs de crèche et nous cha­mailler ! Nous sommes des mages et de bons chré­tiens, nous devons don­ner le bon exemple !

Mel­chior — C’est vrai, je crois avoir péché. Choi­sis­sez, vous, les ver­tus que vous vou­lez et je pren­drai celle qui reste.

Bal­tha­zar — En fait, cha­cun a déjà fait son choix en men­tion­nant sa ver­tu durant notre remue-méninges. Mel­chior offri­ra l’Espérance, Gas­pard la Foi et moi la Cha­ri­té. Mais nous devrons les offrir toutes les trois à cha­cun des visi­teurs, comme nous avons l’habitude d’offrir l’or, la myrrhe et l’encens à l’Enfant !

Et les trois Mages pour­sui­virent leur route sous le scin­tille­ment favo­rable de l’étoile qui les gui­da vers toutes les crèches du monde où ils offrirent à chaque visi­teur, curieux, pas­sant, fidèle, pèle­rin… les trois pré­sents réunis : les trois ver­tus théo­lo­gales, avec la recom­man­da­tion de les par­ta­ger avec leur entourage.

Epiphanie - Adoration des magesLes jours qui sui­virent l’Épiphanie mar­quèrent un tour­nant dans la marche pré­ci­pi­tée, désor­don­née et boi­teuse du monde : une amé­lio­ra­tion notable était obser­vée. Les églises d’Orient étaient plus rem­plies que d’ordinaire, et celles, désertes ou déser­tées, des pays d’Occident, repre­naient vie. Les célé­brants voyaient des fidèles se pré­sen­ter à la messe escor­tés de leurs trois ver­tus. Des mariages mys­tiques étaient contrac­tés, par­tout. Les trois ver­tus étaient deve­nues les épouses d’un grand nombre de chré­tiens. Ceux-là parais­saient tel­le­ment heu­reux, tel­le­ment épa­nouis, qu’ils firent des conver­tis. Beau­coup d’athées furent séduits à l’idée de contrac­ter ce genre d’alliance, de connaître un tel bon­heur et suc­com­bèrent à la force de la foi, à la cha­leur de l’espérance et au charme de la cha­ri­té. Le monde était deve­nu moins déses­pé­rant et plus cha­ri­table. Les œuvres cari­ta­tives se mul­ti­plièrent. La haine et la vio­lence accu­sèrent un net recul et l’amour gagna plus de cœurs, jusqu’aux plus hauts éche­lons, où il manque le plus.

En cette année-là, l’Enfant de la crèche était plus rayon­nant que jamais. Et les Rois mages enchan­tés de leur propre magie.

Ronald Bara­kat

Source : https://fr.aleteia.org/2017/01/13/le-conte-des-trois-mages-et-des-trois-vertus/

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