— Quel plaisir ! quel bonheur ! encore une invitation ! Bravo, papa, qui annoncez la bonne nouvelle !
On saute au cou de son papa, on l’embrasse à grands bras comme si on était encore de petits enfants, et, rrring ! Laure et Christiane, les mains dans les mains, font un tour vertigineux. Elles ont quinze ans, elles sont charmantes. Elles aiment un peu le travail et beaucoup le plaisir, et sont expertes en cent ouvrages. Elles n’ont plus leur maman, et ont dû, bien jeunes, apprendre à mener la maison de leur papa, le bon docteur. Celui-ci trouve en elles son plus cher délassement aux rudes journées de dévouement. Leur plaisir est tout son plaisir ; on le sait bien, et les clients amis, qui sont nombreux, ne sauraient donner une fête enfantine sans y convier ses grandes filles.
— Nous comptons bien sur elles, n’est-ce pas, mon cher docteur ?
Et le cher docteur, muni de la bonne invitation, sourit d’avance de la joie qu’il apporte.
Cette fois, cela promet d’être plus amusant que jamais. Mme de Saintey donne une matinée pour le Mardi Gras, on sera costumé, et il y aura un concours de crêpes ; oui, on fera saute, les crêpes. Des prix seront distribués aux plus adroits qui enverront le plus haut la crêpe, la meilleure. Cette perspective provoque un délire de joie. Quinze jours, ce n’est pas trop pour s’entraîner aux crêpes, confectionner les costumes. Le docteur a ouvert son portefeuille :
— Voilà pour faire des merveilles, dit-il. Et dans chaque main il met un billet de cinquante francs, ce qui fait, bien compté, cent francs pour chacune. Puis d’un bon air heureux :
— Alors, tout le monde est content, et celle qui l’est le moins, ce n’est, à coup sûr, pas Marinette.
Qui, Marinette ? Mais cette vaillante enfant dont a déjà parlé papa, qui soigne sa maman malade, veille à la tripotée des petits frères, s’ingénie retenir le père dans le triste logis : elle n’y réussit pas toujours, la pauvrette. C’est une vie bien dure, bien sombre, sans joie jamais.
Papa poursuit : il explique que Mme de Saintely, cherchant une jeune fille pour tenir le vestiaire, il lui a recommandé Marinette dont la maman va mieux. Ce mardi-là, Marinette pourra sortir.
— Je viens de lui annoncer ma petite combinaison, la chère enfant n’en dormira pas de la nuit ! Cette journée lui apparait comme une féérie. Gentiment, elle pense déjà à l’emploi de l’argent qui lui en reviendra.
Le bon docteur, qui est un peu poète, s’enchante et s’émeut ; Laure, qui s’entend toujours très bien avec son papa, partage la douce impression.
— Voyez, conclut-il, elle aura une place bien humble, l’excellente enfant. Or, non seulement elle n’envie personne, mais il lui semble que personne ne sera aussi heureux qu’elle ce jour-là. « Je ne verrai rien d’aussi beau de ma vie ! » déclare-t-elle. Ce sera, on le sent, un gai rayon sur sa misérable jeunesse, ce souvenir.
— Il y a bien un hic, reprend papa. J’aurais voulu à Mariette un vêtement un peu convenable, elle ne possède qu’une pauvre robe et ne peut se rendre ainsi chez Mme de Saintely.
— Je vais lui en prêter une des miennes, s’écrie tout de suite Laure.
— Elle n’est pas de ta taille, dit le docteur. De plus, les robes si pimpantes ne conviendraient guère à sa pauvreté ; je voudrais lui faire avoir un ensemble simple et solide qui lui soit pratique à porter ensuite.
On sortait de table. Christiane, qui était restée plongée dans ses réflexions, fit soudain un bond d’enthousiasme.
— J’ai trouvé ! s’écrie-t-elle, je m’habillerai en Folie avec des grelots. Je crois en avoir vu la gravure sur un journal, je vais tâcher de le retrouver.
Christiane n’est pas méchante, mais elle pense peut-être un peu trop à elle d’abord… et alors on oublie d’être bon pour les autres.
Laure aussi était plongée dans ses réflexions. Et la voilà qui s’approche timidement de son père :
— Je me ferai un très gentil costume avec cinquante francs. explique-t-elle embarrassée et touchante, je n’ai pas besoin de tant. Si vous vouliez bien donner l’autre billet à Marinette ?…
Bonne chérie ! Papa voit le sacrifice et l’accepte. Il n’aurait garde de rendre à Laure son billet. Il n’a, d’ailleurs, le temps d’esquisser un geste, ni de faire une réflexion Laure a glissé le billet dans la poche du veston et a disparu.
Christiane s’était étonnée de l’indécision de Laure sur le choix d’un costume. Elle ne savait pas que sa sœur se livrait à des calculs répétés, et devait, tour à tour, renoncer à chaque déguisement : les cinquante francs étaient toujours dépassés. Comme elle feuilletait un album qu’elle avait composé avec des cartes postales de musées, et s’arrêtait à contempler un ange de Fra Angelico, elle sourit : mais le voilà, son costume ! De la mousseline, du papier dore, de grandes ailes.
Bavardant, taillant, cousant ou cuisinant, supputant les surprises et les joies du Mardi Gras, Laure et Christiane conviennent qu’il n’y a rien de meilleur dans la vie que de s’amuser.
Un beau matin, quand les fillettes se réveillent, est le Mardi Gras.
Leurs costumes sont prêts. Elles sont habiles en confection et sauts de crêpes autant que se peut.
Papa se fait attendre, la Folie tourbillonne, l’Ange s’envole. Comme les grelots s’impatientent un peu trop, Laure explique :

— Papa a toujours beaucoup de consultations, et puis il doit aller chercher Marinette pour la mener avec nous, Marinette qui est si contente ! Depuis ce matin, je pense à son plaisir.
— Ah ! un bruit de clé dans la porte ! C’est papa, on part. Vos grandes filles sont belles, n’est-ce pas, papa ?
— Mais oui, mes bonnes petites, dit docteur tout en descendant l’escalier, et c’est bien dommage que ce ne soit pas joie pour chacune. Notre Marinette si heureuse, qui avait, elle aussi preparé sa robe…
— Quoi ? elle ne vient pas ? elle n’est pas dans la voiture ? s’écrie Laure, déjà désolée.
Le docteur secoue la tête :
— Sa mère a voulu l’aider ces jours derniers et s’est levée trop tôt. La fatigue qu’elle a prise a causé une rechute ; j’ai dû ordonner le repos complet. La moindre imprudence compromettrait la guérison. Et voici Marinette indispensable chez elle. Il faut empêcher le père d’aller boire, garder les enfants ; les ainés ont congé. Tout cela se dispute dans la pauvre chambre, fait un bruit infernal, empêche la malade de se reposer. Le père ne reparaitra que pour retourner au café. Quelle misère ! Que de contrastes on voit en cette vie ! Et combien grande est la désolation de Marinette. Elle tâche, certes, de faire bonne contenance, mais j’ai aperçu des larmes dans ses yeux… Allons, en voiture, mes petites !
Les fillettes se blottissent sous leurs capes. La Folie est souriante et excitée ; l’Ange paraît tout triste.
— Que va dire Mme de Saintey ? reprend le docteur. J’avais justement pensé que voyant l’air si honnête de cette enfant, elle achèverait de s’y intéresser. Ce que je lui en ai dit l’avait bien disposé à son égard ; elle pourrait l’aider. Qui sait si la contrariété de ne pouvoir la remplacer au dernier moment ne va pas l’irriter ? Voilà mes plans qui échouent.
— Papa ! papa ! s’écrie Laure avec des yeux humides, ralentissez ! Dites-moi où habite Marinette, passons chez Marinette !
— Mais… je t’explique qu’elle ne peut…
— Oh ! papa, je vous en prie, laissez-moi ! C’est une idée que j’ai. Papa, mon bon petit papa, vous emmènerez Marinette, et, moi, je garderai les enfants, et je vais leur faire des crêpes, ça m’amusera, tandis que là-bas, je sens bien maintenant que c’est fini, que je ne pourrais plus du tout m’amuser.
— Voyons, tu es folle ! s’exclame Christiane.
Papa reste un moment sans parler, et puis dit lentement :
— Petite fille, on fait cela dans les contes, mais, dans les contes, il arrive un prince Charmant, il survient une fée ; dans la marmite, l’eau qui bout fait jaillir des diamants, et, sous la paillasse que l’on retourne, un trésor est caché. La vie ne contient pas de ces prodiges. Ce soir, Christiane se sera amusée, et toi, ne regretteras-tu rien ? Réfléchis bien, mon enfant.
Laure réfléchit : la lumière, les danses, les cris joyeux, le concours de crêpes… que c’est attirant, le plaisir ! Pourquoi n’y cède-t-elle pas ? Qui l’incline vers le sombre logis ?
D’un ton gentil et ferme :
— Papa, c’est bien pesé, déclara-t-elle, je prends la place de Marinette.
— Bien, ma petite.
Papa n’ajoute rien. Il ne faut pas retirer à une bonne action sa simplicité.
Christiane hausse les épaules :
— Quelle idée te prend là ! Et tu ne vas, tout de même pas monter comme ça ?
— C’est vrai, s’écrie Laure déconcertée. Papa, retournons vite pour que je me change.
— Nous n’avons plus le temps, répond le docteur qui se met à sourire. Tu monteras avec ta cape, tu la retireras là-haut. Ce ne sera pas la première fois qu’un ange apparaîtra sur terre.
— Arrêtez ici, papa, s’il vous plaît ! Il faut que j’achète de quoi faire les crêpes, et laissez-moi aller à ce bazar à côté. Voulez-vous me donner un peu d’argent ?
— Fais tout ce que tu veux, petite. Voilà mon portefeuille.
Laure fait ses achats, un peu étrange de silhouette avec ses ailes cachées par la cape. Mais, le jour du Mardi Gras, personne ne s’étonne. Et elle revient avec de gros paquets.
Le docteur arrête l’auto dans une rue étroite, devant une maison miséreuse.
— C’est au cinquième, dit-il, porte 8. Fais vite descendre Marinette. Nous te reprendrons ce soir en la ramenant.
« Je ne vais pas dire qui je suis », pense Laure tout en montant. Elle bondit de marche en marche, atteint l’étage. Derrière la porte où a frappé Laure, des enfants crient, se précipitent, culbutent.
— Ouvrez, petits ! c’est un ange, comme dans les beaux récits de la Bible.
On ne vit d’abord qu’une toute jeune fille sous un manteau sombre.
— Qu’y a‑t-il, Mademoiselle ? demanda Marinette.
Elle était toute proprette dans sa robe marine qu’elle avait voulu revêtir « afin, avait-elle dit mélancoliquement, que ce ne soit pas tout à fait comme chaque jour ».
— Vite ! descendez ! s’écrie Laure. Le docteur vous attend avec l’auto pour vous mener chez Mme de Saintely.
— Mais… objecte Marinette.
— Descendez ! c’est moi qui resterai ici.
Et, comme elle ferait chez elle, elle dépose les paquets, laisse tomber sa cape… Quels cris accueillent cette blancheur, cette apparition, ces ailes… « Nous rêvons, nous rêvons !» disent les visages qui s’émerveillent, les bouches qui s’ouvrent de surprise.
— Vite, vite, descendez ! répète en riant le bel ange.
Et Marinette, éblouie, dégringole l’escalier.
Voilà Laure garde-malade et mère de famille. Daniel, dans la fosse aux lions, ne créa pas un calme plus soudain que Laure parmi les moutards.
« Bonjour, mes petits. » Il faudrait moucher cette bambine, donner un coup de peigne à ce hérissé, débarbouiller ce gamin. Et la maman, que voudrait-elle ? Si on lui retapait son oreiller ?
— Une tisane chaude ne vous ferait-elle pas du bien, et une bonne boule, aussi, chaude aux pieds ?
La maman s’abandonne, se laisse faire.
— Je ne demande rien, murmure-t-elle, je ne veux rien savoir sinon que le bon Dieu veille sur nous puisqu’il envoie des anges.
Sous la main légère et bienfaisante, le mal s’endort, les petits prennent tournure et le dernier-né fait taire ses hurlements.
Ah ! dressons la table. La jolie nappe à carreaux bleus, gaie comme un morceau de ciel ! Voilà des verres, voilà des assiettes, voilà des fourchettes. Déballons les paquets. Tout cela, oui, tout cela vient du Paradis, même la poêle ronde, noire et luisante, où va frissonner le beurre.
L’Ange, délicatement, sans ternir sa robe immaculée, va, vient, active le feu, apprête les bonheurs. Les enfants, éblouis, le suivent en retenant leur souffle. La chambre s’est emplie d’un calme inaccoutumé, et la malade, en une détente miraculeuse, a glissé dans le sommeil.
La porte s’ouvre brusquement, un homme parait. Il n’a pas bien bonne allure, et sur les visages maigriots des petits s’éteint l’enchantement. L’Ange perdra-t-il son sourire ? Loin de là, il le rend plus suave et accueillant, tandis que le doigt se porte aux lèvre, et fait : « Chut ! » désignant la malade qui repose si tranquillement. L’homme, interdit, s’arrête :
— Ah çà ! fait-il. Et, ne trouvant pas d’autres mots, s’assied tout bêtement sur la chaise que lui a tendue l’ange. Il répète encore : « Ah ! çà… ah çà… » mais en un decrescendo qui s’en va en douceur, et les petits enfants, que quitte la crainte, s’ébaubissent devant la crêpe.
Hop ! elle est montée tout droit en l’air, et retourne sur elle-même, et retombe, et frétille. Elle glisse dans l’assiette. Qui veut la manger ? Un cri d’admiration avait salué son envol ; l’homme a ri, la mère s’est éveillée… Où est-elle ? serait-ce ainsi au ciel ? Le mari souriant, oui, souriant ! les petits sages et radieux, et cet apaisement dans son pauvre corps souffrant, ce bien-être… Mais non, elle n’est pas au ciel et, tant mieux, car on a bien besoin d’elle sur terre. D’où vient donc l’illumination soudaine ? Oh ! ce n’est pas grand’chose, c’est simplement un ange qui, dans la pauvre chambre, fait sauter des crêpes.

Celles-ci se succèdent et disparaissent. Tout en mangeant, on cause. L’Ange complimente le père :
— Vous en avez une belle famille.
— Pff… fait le père.
— Ah ! mais si, et c’est qu’ils n’ont pas l’air bête, ces gamins. Le grand garçon, à la façon dont il a arrangé tout à l’heure le fourneau et le tuyau, je parie qu’il ne tardera pas à faire un bon mécanicien. On voit que ça le connait le bricolage.
— Ma foi, peut-être bien, concède l’homme.
— Et cette mioche, tenez, elle va faire sa crêpe elle-même, vous allez voir ça. À son âge, être déjà si adroite !…
— N’empêche que la maladie est là, grommelle l’homme dont la mauvaise tête fait des siennes.
— Mais la maladie guérit. Encore un peu de patience.
— Ça fait tout de même bien du monde à élever.
— Bah ! il faut se dire qu’en ce moment c’est le plus dur. Quand tout ça sera débrouillé, ça vous fera bien de l’honneur.
De l’honneur ! Ce beau mot là pour lui ! Du coup, notre homme se redresse.
Et, prompt aux émotions, comme le sont les gens rudes, il sentirait presque ses yeux le picoter. Mais il ne faudrait pas avoir l’air de s’en faire accroire, et, pour rechigner encore :
— En attendant, c’est pas toujours facile, dit-il.
— Je pense bien, déclare l’Ange, il ne manquerait plus que ça qu’on ait tous les bonheurs à la fois.
Et, reprenant gentiment :
— Tenez, la belle crêpe de ma petite élève. Elle a bonne mine. C’est vous qui allez nous dire ce qu’elle vaut.
— C’est pas de refus, c’est bon, ces sucreries-là.
Mais oui, il faut bien le dire, on n’est pas si mal que ça, tous ensemble. Ce bon plaisir sain, la petite fête partagée, le visage heureux de sa pauvre femme, la marmaille qui ose rire devant le père. Il semble que chacun réapprenne la joie, à sentir la joie des autres.
Toc toc. L’entrée joyeuse de Marinette !
— Maman, papa, mes petits, que c’était beau ! J’en aurai à vous raconter. Et tenez, regardez !
D’un vieux porte-monnaie s’échappent sur la table une nuée de pièces nickelées, dorées, parmi lesquelles sont même venus s’égarer quelques billets. Les menottes agrippent le trésor,
— Ne touchez pas, petits !
Marinette ramasse en petit tas son butin :
— C’est maman qui décidera de l’emploi !
Et, se tournant vers l’Ange avec enthousiasme et reconnaissance :
— Oh ! mademoiselle, c’est grâce à vous ! Le docteur m’a raconté. Vous êtes trop, trop bonne. Et je n’ai pas tout dit. La dame a promis de s’occuper de nous ; elle te donnera de la couture, maman, que tu pourras faire étendue, et elle veut envoyer les enfants à des colonies de vacances. Elle viendra ici nous voir. Mais je bavarde… et l’auto vous attend Mademoiselle.
Quel chagrin ! L’Ange va s’en aller.
— Oh ! dites, vous reviendrez ?
— Je crois bien que je reviendrai ! Mais… il n’y aura plus d’ange.
— Si, si, vous serez toujours notre ange !
Dans l’auto qui ramène chez elles les deux fillettés, l’une est rouge, excitée, et parle, parle
— Oh ! on s’est bien amusé, il y en avait du monde !
Christiane retape sa robe chiffonnée, des pans sont arrachés, des grelots manquent.
— Dans quel état me voilà ! je me suis tachée. Crois-tu que ma crêpe est retombée sur moi, ça a été une vraie malchance ; c’est le petit Philippe qui m’a poussée, tu sais comme il est mal élevé. Mais c’est bien fait, sa crêpe a été manquée aussi. Moi qui pensais avoir le premier prix, j’ai enragé. Tu n’imagines pas l’entrain ! On a fait une farandole ; on a dû emporter une petite qui s’est donné une entorse. Il faisait une chaleur ! On riait, on criait, on tombait, c’était très amusant. Par exemple, celle qui avait une coiffure merveilleuse, on ne la reconnaissait pas. C’était Hélène, avec une perruque Louis XVI. Elle disait que ça lui faisait mal à la tête ; moi ça m’aurait été égal d’avoir mal à la tête, si j’avais pu être la plus belle… Au fond, j’aurais dû m’habiller en Persane ; figure-toi, un costume chamarré…
Le babil continue. Et c’est cela, qui, d’habitude, amuse tant Laure ? C’est dans cette agitation qu’elle trouve son meilleur plaisir ?
— Et toi, demande Christiane, tu ne t’es pas trop ennuyée ?
— Mais non, répond Laure simplement.
Tandis que, près d’elle, le verbiage reprend, elle s’abandonne aux pensées nouvelles sans savoir encore si c’est un rêve ou un appel… la grande souffrance enserrant la terre, la mère malade, les enfants abandonnés, l’homme brutal… et, soi, se poser comme un ange sur la misère du monde.
MARIE MARTEAU DE LANGLE.
La semaine de Suzette, 19 février 1931

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