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| Ouvrage : Autres textes .

Temps de lec­ture : 8 minutes

Daniel Brot­tier naquit le 7 sep­tembre 1876 dans un petit vil­lage de Sologne : La Fer­té-Saint-Cyr, dans le dio­cèse de Blois. Ses parents habi­taient une dépen­dance du châ­teau de Dur­fort où son père était cocher et sa mère s’ap­pli­quait comme toutes les mamans du monde, à éle­ver Daniel et son frère Gaston.

Son carac­tère fou­gueux, bagar­reur même, appa­raît dès son plus jeune âge. Il n’a rien d’un petit saint…

Un jour pour­tant, lors­qu’il a 5 ans, sa maman l’in­ter­roge : « Daniel, que feras-tu plus tard ? » Sans hési­ter, il répond : « Moi, je serai pape ! » Et quand sa maman lui fait remar­quer qu’a­vant d’être pape il faut être sémi­na­riste, prêtre, évêque…il répond : « Eh bien, je serai tout cela ! » Voi­là déjà dans ce pro­pos d’en­fant un tem­pé­ra­ment hors du com­mun, en quête d’ab­so­lu ! Dès l’âge de rai­son, Daniel mani­feste un grand amour de Dieu et le désir du sacerdoce.

En 1886, à l’âge de 10 ans il fait sa pre­mière com­mu­nion. Il se sou­vien­dra toute sa vie de ce jour béni qui mar­qua une ren­contre dans le plus intime de son cœur avec le Sei­gneur qui lui fait signe…et avec la Vierge Marie qui lui garan­tit sa mater­nelle protection.

Vie du Bienheureux Daniel Brottier pour les enfants

Un an plus tard, il rentre au petit sémi­naire de Blois. C’est un enfant débor­dant de vie, espiègle, un peu tur­bu­lent mais d’une grande géné­ro­si­té. C’est là au petit sémi­naire, qu’à l’âge de 12 ans, il entend le pre­mier appel à la vie missionnaire.

À 16 ans, il entre au grand sémi­naire : il tra­vaille bien et déve­loppe ses talents d’or­ga­niste, de des­si­na­teur, de peintre, d’ac­teur de théâtre.

Il souffre déjà de ter­ribles maux de tête, véri­table « cou­ronne d’é­pines », qu’il endu­re­ra jus­qu’à sa mort.

Il est nom­mé sur­veillant au col­lège de Pont­le­voy, il fait preuve de qua­li­tés excep­tion­nelles d’é­du­ca­teur et lais­se­ra un sou­ve­nir inef­fa­çable dans le cœur de ses anciens élèves.

Il est ordon­né prêtre à 23 ans, le 22 octobre 1899 et devient pro­fes­seur dans le même collège.

Père Brottier vélo - Histoire à lire en ligne gratuite

Le reprend alors cet irré­sis­tible appel vers les mis­sions loin­taines : il écrit alors le 15 sep­tembre 1901 à son futur maître du novi­ciat : « J’ai l’in­ten­tion d’al­ler faire une retraite sous votre direc­tion pour étu­dier la volon­té de Dieu sur moi… Je suis prêtre depuis 2 ans et actuel­le­ment pro­fes­seur et je vous ferai part de mes pro­jets d’a­ve­nir et de mon désir d’être missionnaire »

Auteur : Legeais, A. | Ouvrage : Et maintenant une histoire I .

Temps de lec­ture : 10 minutes

Moha­med Ben Ab-del­ka­der, le cara­va­nier, est venu par piste aux longues étapes de Tim­mi­moun à Ain-Tleïa, oasis à la source jaune. Il était mon­té sur sa cha­melle blanche et, à sa selle, étaient atta­chées les longes de son bour­ri­cot et de son cha­meau noir, tous deux lour­de­ment char­gés de couf­fins de belles dattes jaunes, sa seule fortune.

Moha­med le Tar­gui appar­tient à la grande tri­bu des Aouel­li­min­den. Âgé de trente ans à peine, il aurait pu se joindre à la cara­vane annuelle qui par­tait quelques jours après. Mais il a pré­fé­ré voya­ger seul dans les grandes dunes d’A­drar et de Béni-Abbès. Moha­med est pro­fon­dé­ment croyant ; jamais il n’a enten­du par­ler de Jésus de Naza­reth, mais chaque soir, à la halte, il des­cend de sa cha­melle et se pros­terne sur le sable, ado­rant Dieu le Tout-Puissant.

Touareg et le missionnaireLa nuit venue, il abreuve ses ani­maux ; de sa grande « tas­souf­fra » en cuir, il retire aus­si l’orge et l’a­voine qu’il leur donne en leur par­lant dou­ce­ment, car Moha­med aime ses bêtes, ses seuls com­pa­gnons dans ce désert immense. Lui-même se nour­rit fru­ga­le­ment d’une poi­gnée de dattes sèches, arro­sée d’une tasse brû­lante de thé à la menthe sucré, la bois­son natio­nale des nomades. Puis il se roule dans son bur­nous brun et s’en­dort sous le ciel constel­lé d’é­toiles près du ventre chaud de ses animaux.

Après de longues jour­nées dans les sables mou­vants, il a dépas­sé Taghit, Kenad­sa la ville sainte, et Colomb-Béchar la neuve. Enfin, pour­sui­vant sa route au pas lent de ses bêtes, il a atteint la longue ham­ma­da rocheuse de Dje­nien Bou Rezgt, celle qui indique que désor­mais le domaine du désert est bien ter­mi­né, celle aus­si où les ani­maux des nomades doivent subir la dou­lou­reuse épreuve des arêtes du che­min, aiguës et coupantes.

Enfin, trois jours après, au cou­chant, voi­ci qu’il aper­çoit devant lui les cou­poles blanches et le mina­ret du ksar d’Ain-Tleïa. Le mina­ret res­plen­dit sous les der­niers rayons du cou­chant. Le muez­zin, ain­si que le nomment les fidèles, appelle à la prière : Moha­med se pros­terne. Près du mina­ret s’é­lève un autre monu­ment, sur­mon­té d’une croix. Le Tar­gui connaît aus­si ce lieu de prière : c’est celui d’un mara­bout-rou­mi (un blanc) venu là il y a quelques années. Le père de Moha­med a connu un sem­blable mara­bout-rou­mi qui, durant sa vie, a sans cesse séjour­né entre Béni-Abbès et Taman­ras­set, où il repose au cœur du pays Tar­gui ; il lui a racon­té la sain­te­té de vie de cet homme et de ses sem­blables. Aus­si, Moha­med res­pecte-t-il beau­coup ces hommes, qui n’ont pas la même reli­gion que lui, mais qui prient tout le temps le Dieu Infi­ni, et vivent si pieusement.

La nuit tom­bée, Moha­med campe seul, un peu à l’é­cart de la ville, aux abords du vil­lage nègre. Il a ramas­sé quelque bois mort pour son feu, et décharge déjà ses bêtes, quand une brû­lure vio­lente à son talon lui arrache un cri de dou­leur ; il se retourne : un gros scor­pion noir, déran­gé par le Tar­gui dans son som­meil, vient de le piquer. Un coup de pierre écrase la bête mal­fai­sante, mais la dou­leur force Moha­med à s’as­seoir, tant elle est forte. Il connaît les scor­pions noirs ce sont les plus dan­ge­reux et les plus veni­meux. Aus­si, avec son cou­teau bien aigui­sé n’hé­site-t-il pas à essayer d’in­ci­ser sa bles­sure pour la faire sai­gner et la dés­in­fec­ter. Mais ce remède pri­mi­tif est sans effet : sa plaie ouverte le fait encore plus souf­frir et son pied enfle déjà rapidement.

| Ouvrage : Autres textes .

Temps de lec­ture : 8 minutes

Des singes encombrants

« Ce matin-là, dit le mis­sion­naire, tou­jours à bicy­clette, je plonge dans la val­lée : une val­lée toute verte, pleine de grands arbres et de champs de maïs. Je suis seul comme d’ha­bi­tude. On ne risque pas, il est vrai de se que­rel­ler avec son com­pa­gnon, mais par­fois il est bon d’en avoir un à ses côtés. En pleine des­cente, une cin­quan­taine de singes, des gros cyno­cé­phales (cyno­cé­phale veut dire : tête de chien) me barrent la route. Je freine et m’ar­rête à peine à 10 mètres d’un gros singe, le chef de la troupe, le sur­veillant géné­ral, bien assis, atten­dant que toute la bande des mâles et des gue­nons soit passée.

« De loin, c’est joli à voir tous ces petits singes accro­chés au ventre de leur mère qui criaillent, peu­reux comme des enfants en larmes. Je gre­lotte… je veux dire que j’a­gite sans arrêt le gre­lot de ma bicy­clette… mais rien à faire. Ils viennent sur ma gauche, alors c’est à moi de pas­ser : j’ai la prio­ri­té, pas vrai ?

« Mais le digne patriarche ne s’en sou­cie guère et reste tou­jours là, méfiant, l’œil mau­vais dans une tête peu sym­pa­thique. Allons… ça y est, toute la famille est dans la brousse, grim­pée aux arbres. Le vieux chef quitte len­te­ment la route et moi je passe vite… vite.

Récit de missionnaires pour le enfants en Afrique

« Quelques minutes après, en grim­pant la côte, j’ai le souffle cou­pé, les jambes molles et suis obli­gé de m’ar­rê­ter. Je gre­lotte, mais cette fois-ci pour de bon ; je claque des dents. Quelle peur, Sei­gneur ! Oui, la peur phy­sique, irrai­son­née me ter­rasse. Pen­dant un quart d’heure je reste là, sur le bord du fos­sé, à attendre que mon petit cœur folâtre se remette à battre normalement.

Auteur : Goyau, Georges | Ouvrage : À la conquête du monde païen .

Temps de lec­ture : 6 minutes

Il y a sur terre un mil­liard sept cent vingt-six mil­lions d’hommes.

Sur ce nombre, un mil­liard qua­rante-trois mil­lions ne sont pas encore chrétiens.

Sur les six cent quatre-vingt-trois mil­lions de chré­tiens, les catho­liques sont trois cent cinq millions.

Donc, dans l’en­semble du monde, sur cent hommes vivants, il n’y en a pas plus de dix-sept ou dix-huit qui aient été bap­ti­sés catholiques.

En Afrique, sur cent hommes vivants, la pro­por­tion des catho­liques est de deux, plus trois dixièmes.

En Asie, sur cent hommes vivants, la pro­por­tion des catho­liques est de un, plus six dixièmes.

Histoire des missions pour les jeunes et le catéchisme
MADAGASCAR. — Une leçon de musique chez les Fran­cis­caines Mis­sion­naires de Marie.

Ces chiffres montrent quel immense champ de tra­vail s’offre encore à l’É­glise ; ces chiffres font com­prendre tout ce qu’il y a de pres­sant, tout ce qu’il y a d’im­pé­rieux dans les accents du pape Pie XI, lors­qu’il demande que tous les évêques, que tous les prêtres, que tous les catho­liques, hommes et femmes, prêtent aux mis­sion­naires le genre d’aide qu’ils peuvent, cha­cun dans sa sphère, leur apporter.

Les tout jeunes aus­si, ceux à qui ce livre s’a­dresse, peuvent beau­coup pour les mis­sions. Ils peuvent les ser­vir par leur prière, cette prière des cœurs purs, que Dieu accueille volontiers.

Ils peuvent les ser­vir par leurs géné­ro­si­tés, en s’ins­cri­vant à l’Œuvre de la Pro­pa­ga­tion de la Foi, qui assure au Pape les res­sources néces­saires pour l’en­tre­tien des mis­sions sur la sur­face de la terre ; à l’Œuvre de la Sainte-Enfance, qui sauve de la mort, en pays païens, les enfants aban­don­nés, et qui fait d’eux des chré­tiens ; à l’Œuvre de Saint-Pierre Apôtre, qui fonde des sémi­naires pour la for­ma­tion des cler­gés jaunes ou des cler­gés noirs ; à l’Œuvre des Écoles d’O­rient, qui, par­tout sur les rives de la Médi­ter­ra­née orien­tale, entre­tient des écoles catho­liques au milieu des popu­la­tions chré­tiennes encore sépa­rées de Rome ; à l’Œuvre Apos­to­lique, qui four­nit aux Mis­sion­naires les objets litur­giques et pour­voit à leurs autres besoins.

Auteur : Goyau, Georges | Ouvrage : À la conquête du monde païen .

Temps de lec­ture : 5 minutes

XXVII

Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus

Une femme, sainte Thé­rèse de l’En­fant-Jésus, a été don­née comme patronne, par Pie XI, aux mis­sion­naires du monde entier. Elle avait dit, toute jeune, en son car­mel de Lisieux : « Je vou­drais être mis­sion­naire, non seule­ment pen­dant quelques années, mais je vou­drais l’a­voir été depuis la créa­tion du monde, et conti­nuer de l’être jus­qu’à la consom­ma­tion des siècles. »

Sainte Thérèse de Lisiseux, patronne des missions
Cha­pelle de car­mel de Saïgon

Ce car­mel auquel elle appar­te­nait avait eu l’hon­neur, aux alen­tours de 1860, d’en­voyer en Indo-Chine quelques reli­gieuses, pour y fon­der un car­mel à Saï­gon. Mère Gene­viève de Sainte-Thé­rèse, prieure de Lisieux, avait défé­ré, tout de suite, aux dési­rs d’un grand mis­sion­naire, Mgr Lefebvre, des Mis­sions Étran­gères, et vou­lu que plu­sieurs de ses Sœurs par­tissent pour la Cochin­chine, afin de prier, là-bas, pour les apôtres qui tra­vaillaient. Et l’on avait vu d’autres car­mels se créer en Indo-Chine, à l’exemple de Saïgon.

L’i­ma­gi­na­tion de sainte Thé­rèse de l’En­fant-Jésus s’é­va­dait vers ces races jaunes, où l’on avait, par­fois, le goût de la vie contem­pla­tive : pour­quoi ne pas leur mon­trer qu’au lieu de cher­cher dans la reli­gion de Boud­dha une satis­fac­tion pour cet attrait, elles pou­vaient la trou­ver dans la reli­gion du Christ ? Mais il était dans les des­ti­nées de sainte Thé­rèse de l’En­fant-Jésus de ne point quit­ter son monas­tère de Lisieux. Elle aidait les mis­sion­naires, certes, mais elle les aidait en sacri­fiant à la volon­té de Dieu, — son Dieu et le leur, — l’ardent désir qu’elle aurait eu d’être auprès d’eux.

Dieu enten­dait son désir, et un peu plus de trente ans après sa mort, le pape Pie XI l’exauça.

Sainte Thé­rèse de l’En­fant-Jésus est aujourd’­hui auprès de tous les mis­sion­naires, pour la suite des siècles : elle les assiste, elle les pro­tège ; elle est, de par la parole du Pape, leur bien­fai­trice tou­jours pré­sente ; le rêve qu’elle fai­sait d’être mis­sion­naire elle-même jus­qu’à la consom­ma­tion des temps est ain­si réalisé.